Depuis quelques temps, je savais que Grand'ma n'était plus elle même. Son regard se perdait souvent dans le vague, elle oubliait des petites choses par ci par là. Je l'avais remarqué, mais je préférais me mentir à moi même, comme si de quoi elle souffrait allait s'envoler d'un jour à l'autre. Pourtant, c'était son âme qui petit à petit me quittait. Les premiers mois, je fis autant d'efforts que possible pour palier à ses manquements, mais au fur et à mesure, je ne pouvais plus la laisser seule. Assurer mes cours et mes petits boulots devenait donc compliqué, d'autant que les voisins commençaient à se douter de quelque chose. Voir ma grand mère se promener dans la rue en demandant où étaient ses clés et son livre préféré, les ont convaincu d'appeler un médecin qui l'a directement envoyé après quelques examens dans un centre de soins. Autrement dit : une sorte de mouroir pour vieux.

Sauf que j'avais 16 ans et ma grand mère était tout ce que j'avais. Ma mère s'était tirée à ma naissance et mon père était décédé quelques mois plus tard. Bref, nous n'étions plus que toutes les deux. Dans une même galère, mais au moins nous nous avions l'une l'autre. J'ai donc fini en famille d'accueil, j'en ai enchaîné deux jusqu'à ma majorité. Trouver un boulot était primordial si je voulais être indépendante et aider ma grand mère dans les frais de son centre de soins. Finalement j'ai poursuivis mon petit bout de chemin et mis un point d'honneur à toujours me donner à fond dans mes études. J'étais certaine qu'en ayant un bon boulot qui paye bien, je pourrais offrir à ma grand mère un petit coin douillet avec des gens qui s'occuperaient réellement d'elle.

Lors de mes 18 ans, j'ai reçu ma lettre de convocation pour passer des tests dans la prestigieuse université d'Harvard. Je n'en revenais pas ! On formait les meilleurs têtes des Etats Unis et l'on me donnait une chance de réussir. Dès le départ, je me suis sentie chez moi et ma nouvelle confrérie m'a bien aidé dans ce sens. Lorsque j'avais besoin d'aide ou de me changer les idées, il suffisait que je fasse appel à eux. Les premières années furent néanmoins un peu compliquées car je peinais à payer les frais de scolarité, en plus de ceux de ma grand mère.. j'ai donc du me rabattre sur un job qui paye mieux : être strip teaseuse. J'en ai un peu honte, mais rien n'est plus précieux que ma réussite...
en m'élevant je pourrais aider les autres et surtout ma Grand'Ma.