A nouveau, je l'écoute et je ne sais plus quoi dire. Je suis perdu soudainement dans mes pensées. Je n'ose plus bouger de mon coin de tranquillité, loin d'elle. Elle ne comprend pas et poursuis ses monologues presque épuisants en se défendant ; elle n'est pas en sucre. Je le sais mais elle n'est pas assez blindé si elle accorde tant d'importance à moi, une si ancienne histoire. Elle se remet à mes papiers et je reste spectateur de ses agissements. Elle m'explique l'histoire qui a suivi la notre et je reste bouche bée mais je tente de rester impassible. Je me sens monter intérieurement, la soudaine colère : QUOIIII? qui est ce bâtard que je le défonce ? dis-je protecteur car je le suis toujours, quand j'en veux pas à une personne pour qui j'ai eu de l'affection. Je reviens me poser donc face à elle et je me frotte l'arrière de la tête, signe de réflexion.

Bambi s'attendait-elle à une quelconque réaction ? Pas spécialement. Ni colère, ni dépit et surtout pas de pitié, qu'elle fuyait telle la peste espagnole. Aussi, après avoir conté ce qui lui était arrivé et qui avait alimenté en quelque sorte sa rancune, l'italienne avait repris ses annotations, sérieusement, professionnellement. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'emporte pour savoir où était le salopard lui ayant fait ça, pour mieux venir se pointer devant elle. Je ne sais pas expliqua-t-elle dans un élan de vérité dont personne ne pouvait douter, pas même lui à moins d'être dans un flou artistique total. Il a fuit après tout ça, et moi je n'ai pas porté plainte. J'ai juste... tenté de de survivre. Alors ça ne sert à rien de vouloir lui faire la peau... ça ne me rendra pas sexy, et... non ça ne servira à rien Emrys.

Je suis perturbée d'entendre qu'un tel connard puisse exister, j'ai une fois fait l'erreur de lever la main contre mon gré sur Eliah et je m'en suis voulu au point de partir, la quitter, plus oser l'approcher même quand elle m'assurait ne pas m'en vouloir. Là, c'était trop, j'avais la rage alors que pourtant, je ne ressentais pas spécialement de sentiments amoureux pour elle. Je peux pas dire que la voir faisait rien mais j'étais pas amoureux, j'avais tourné la page. Grimace, j'étais estomaqué et attristé, que la demoiselle n'ait rien fait. Je poursuivais : Je ne veux rien je précise mais tu étais et tu es toujours sexy... tu as un charme fou et ne l'oublie pas s'il te plait ! Celui qui t'aura ... il pourra s'estimer heureux. Je tente de l'aider et je m'étonne de réussir à me calmer et à devenir tout à coup si différent.

L'atmosphère devenait tout à coup très différente. Les propos et le ton employé, par Emrys comme par Bambi également. A croire qu'il leur fallait approcher du point de non retour pour parvenir à se calmer et à se parler comme deux adultes. L'italienne en était la première étonnée, surtout qu'il la complimentait, ce qui lui arracha un sourire. Faible, mais néanmoins présent. A vrai dire j'ai trouvé quelqu'un de bien... cela ne m'empêche pas de douter de beaucoup de choses me concernant mais je suis chanceuse. Je dois quand même vivre avec ces cicatrices à vie et non ce n'est pas sexy... admit-elle en haussant un peu les épaules, sans forcément le regarder pour le coup. Mais je ne suis pas à plaindre. Est-ce que toi tu as trouvé quelqu'un qui t'a poussé à venir ici ou c'est pour ton frère ?

Bambi me parle alors de sa nouvelle vie et de son manque de confiance avec ses cicatrices, tout ça, tout ça. Je me mord la lèvre perturbé pour elle. Ça me désole et surtout qu'elle n'est rien fait mais je suis heureux de savoir qu'elle a trouvé une personne. C'est bien, félicitation je vous souhaite du bonheur alors ! le pauvre il doit te supporter... dis-je pour  montrer que je restais arrogant et be-bête. Elle poursuit et me questionne se montrant intéressé vis à vis de de ma vie. Je souris et serrant les dents, je reprend : bien écoute, tout simplement pour mon frère... Priape veut qu'il parte d'ici et il veut pas... je comprend pas leur délire donc je viens le surveiller ! Je croise les bras sur moi. Je regarde ce qu'elle a écrit et pour changer de sujet car ça devient étrange, je reprend donc, plus calme : donc tu écris quoi sur ton bout de papier ?

Bambi savait que sous ses airs arrogants et provocateurs, Emrys lui faisait un réel compliment, et ce fut pourquoi elle esquissa un petit sourire. Pour le moment il n'a pas l'air de trop s'en plaindre... l'amour doit rendre aveugle ! plaisanta-t-elle tout en sachant que l'italienne était la plus chanceuse du monde d'avoir trouvé l'amour dans les bras de son meilleur ami. Elle en remerciait chaque jour la chance de l'avoir mis sur sa route. Peut-être qu'il a une raison objective de rester... comme une fille par exemple ? arqua-t-elle un sourcil. Si son frère le surveillait, il s'en rendrait très vite compte cependant, c'était l'évidence même. J'écris mes observations... je dis que t'es chiant comme la pluie notamment ! lui tira-t-elle la langue.

La demoiselle Faon s'adoucissait peu à peu et ça faisait plaisir meme si je ne le montrais que peu car on n'apprivoise pas un Zacharias si vite. On se charrit gentiement sans arrière pensée, preuve qu'on ne se hait pas tant que ça tout simplement. Pas amis, pas ennemis ! Un sourire narquois, je la félicite du regard en acquiesçant quand elle parle de son nouvel amour et pour une dernière note positive, je baisse la garde : je vous souhaite du bonheur, réellement. Je lui fais un petit clin d’œil. Je m'étonne ensuite de son humour lorsqu'elle me répond concernant son compte rendu et qu'elle m'explique avoir marqué que je suis chiant. Je fais une mine offusquée et face à elle, je m'approche sur le bureau : Ah ouais, c'est l'infirmière Joël à la mode Pokemon qui ose dire que je suis chiant ! Je fais le show moi n'importe quoi... dis-je soudain pleins d'humour. Je passe une main dans mes cheveux, nerveusement et fait style en me mettant au dessus de sa feuille de lui dicter ce qu'elle doit écrire, tout doucement, en hachant les mots : Monsieur Zacharias est un homme impressionnant et exceptionnel que je trouve formidable... Oui, oui, tout à fait ! Je m'esclaffe et sort mon plus beau sourire.

Il faudra que tu essayes de venir à ma baby shower dans ce cas... renchérit-elle avec un grand sourire, alors que Emrys leur souhaitait du bonheur, à Maxence et à elle. Il s'agissait là de la meilleure façon qu'ait trouvé Bambi pour annoncer sa grossesse au jeune homme, sachant que si elle avait pris un peu de ventre, cela ne se voyait encore que peu, surtout pour ceux ne l'ayant pas vue depuis un moment. Tu sais que je ne suis toujours pas infirmière ? Mais j'aime bien ce personnage alors ça va, je te pardonne... mais juste pour cette fois hein ! lui tira-t-elle la langue de façon cabotine, lui jetant une petite œillade avant de reprendre en vérité ses notes au niveau des pulsations cardiaques qu'elle avait pu entendre à l'auscultation au stéthoscope. N'en jetez plus, la cour est pleine ! éclata-t-elle de rire. C'est moi ou tu adooooores te complimenter ? arqua-t-elle un sourcil avant de faire semblant de noter : Monsieur Zacharias est le dernier des emmerdeurs, imbu de sa personne et qui pense avoir la science infuse... voilàààà ça c'est mieux !

Soudainement, j'apprenais donc que la demoiselle était enceinte et l'idée qu'elle avait vraiment réussi sa vie; ça me faisait plaisir mais je n'étais pourtant pas au top, je me rendais compte que j'étais surement le plus gros raté. Elle se moqua ensuite de moi parce que je me vantais acceptant néanmoins mon appellation envers elle. Je riais donc sans soucie. Là, elle me charia encore un peu et dans cette conversation empathique si soudaine, je clignais des yeux et me rendis compte que je ne voulais pas ou n'osais pas passer dans ces eaux là, ces relations étranges, cette empathie qui n'avait pas lieu d’être. Bien, as tu fini ? Dis-je alors que cela dévié trop. Je me levais et regardais sans honte le papier que j'attrapais avant de me diriger vers la porte. C'était bien de savoir que tu allais bien, je vais y aller, je dois bosser... froideur. Surement une connerie mais au moins, c'était fait. Je claquais la porte doucement et partais le cœur lourd.

Bambi n'avait pas eu l'impression de dépasser les bornes en faisant preuve d'humour mais en constatant la réaction d'Emrys, sans doute était-ce le cas. Elle l'observa prendre le papier après qu'il lui ait demandé si elle avait fini, ce à quoi elle répondit par un simple hochement de tête. Désolée si je t'ai blessé, ou... L'italienne n'eut hélas pas eu le temps de finir sa phrase que déjà, il prétextait devoir aller bosser dans un élan de froideur qu'elle ne lui connaissait pas. La brunette hocha à nouveau à la tête, se redressant pour le saluer tout de même. Très bien... bon courage... eut-elle à peine le temps de murmurer que déjà la porte se refermait sur lui, sans qu'elle n'ait pu bien comprendre ce qui venait de se passer au juste.