Peut être que son détachement j’avais envie d’en jouer, de la tester. M’approchant, jouant les sévères, avec mes réprimandes sur l’irrespect de son entrée, téléphone en main, communication encore en cours, elle s’excusa brièvement et ses joues rosies avaient le don de faire fondre toute trace d’agacement chez moi. Et puis c’est finalement sur l’absence de baiser pour me saluer que j’insistais, venant donc voler ce que je réclamais, mains sur sa taille, l’attirant à moi pour emprisonner furtivement ses lèvres. Baiser qu’elle me rendit avant que je ne m’écarte, pour l’interroger avec une méfiance certaine quant à cet appel, retrouvant d’un coup tout mon sérieux. Elle essaya de plaisanter, d’abord, ce qui accentua d’autant plus ma méfiance en fait. Surtout quand ensuite, elle me demandait de ne pas m’énerver quant à sa réponse. « Ok. » soufflai-je en plissant des paupières et en lui jetant un regard plus que suspicieux. « Oui, ok, je promets, dis… » la pressai-je avec néanmoins déjà une pointe d’agacement dans la voix. Alors forcément, quand elle commença en lâchant le mot ‘ex’ j’avais les dents qui grinçaient quelque peu. Visage fermé. Mâchoire crispée. Je venais de promettre de garder mon calme mais la jalousie devait se peindre sur chacun de mes traits assurément. « Tu l’as ‘croisé’ au Laos ? » fis-je ensuite pour reprendre ses mots. « Il s’est passé quoi entre vous exactement ? » Est-ce qu’elle s’était ‘vengée’ de mes aventures en finissant dans les bras e ce type ? Cette simple idée me rendait dingue en fait… Ca me faisait un peu comprendre ans quelle situation je l’avais mise, lorsque, plusieurs jours auparavant, sur ce bateau, on avait eu cette altercation au sujet de mes conquêtes, dispute qui avait précipité son départ.

 La savoir à l’instant en ligne avec son ex, apprendre que c’était d’un ‘bisous’ un peu trop affectueux qu’elle le saluait avant de raccrocher, ça me rendait intérieurement dingue, réveillant ma jalousie malgré moi, malgré ma promesse de ne pas m’énerver. Ma voix restait calme, mais tous les traits de mon visage se crispaient et mon regard assombri trahissait bien l’agacement que cette situation, que le fait d’imaginer ses retrouvailles avec ce fameux ‘ex’ faisait naitre en moi. Je repris ses mots, pointe accusatrice dans la voix, insinuant ainsi qu’elle ne me disait pas tout et elle s’approcha alors, pour me souffler calmement et d’une voix rassurante que c’était bien ça, qu’ils s’étaient bien juste croisés. Ses doigts effleurèrent mon visage qui se dérida un peu à leur contact, alors que ça remarque suivante me fit ronchonner : « Ca ne me donne pas envie de sourire Cléo… Je pensais que t’y allais pour Cam. Je pensais que tu sortais pas de ta suite… Et puis tu postes cette photo de toi dans une robe provocante, sublime mais provocante, et maintenant j’apprends que tu as retrouvé ton ex là bas… » Alors oui, elle ne me devait rien, parce qu’on n’était… rien ? Oui peut être que c’était ça le gros problèmes, le truc qui faisait qu’on se déchirait sans cesse. On était dans le flou le plus total concernant notre relation, indéfinissable par ma faute, parce que j’avais toujours freiné des quatre pieds pour reconnaître un quelconque attachement. Enfin, ça ne m’empêchait pas de vouloir en savoir plus sur cet ancien petit ami. Elle me raconta donc, brièvement. Un an de relation. Lorsqu’elle était en Angleterre. Elle, elle l’avait aimé. Lui, apparemment, c’était purement physique. C’était censé être rassurant ça ? Qui me disait qu’elle n’avait pas flanché à nouveau ? Qu’elle n’était pas retombée dans ses filets ou qu’elle allait le faire ? Parce que si pour lui c’était physique, il risquait de vouloir remettre ça assurément. Alors non, même si elle m’assurait que la page était tournée, je gardais un air boudeur pour répliquer un « Non. » ferme à sa question. Ses doigts contre ma nuque, son visage tout proche du mien, j’avais terriblement envie de l’embrasser, là tout de suite maintenant, sauf que mes appréhensions concernant cette ancienne relation me retenaient de le faire : « J’aime pas que tu vois ce type… J’aime pas que tu revois tes exs, n’importe lesquels en fait. Je sais très bien comment ça se passe dans ces cas là… » Un souffle, une parole, un regard, et tout dérapait trop facilement. Et j’étais on ne peut plus bien placé pour le savoir que j’en avais moi même fait les frais avec Lucky.  

Forcément qu’en apprenant ça, ses retrouvailles avec son ex, je me faisais tout un tas de films, guidés par une jalousie certaine que j’avais de plus en plus de mal à étouffer. Je lui rappelais donc, un peu sèchement, le but de son passage par le Laos, à la base, Camila, et ce qu’ensuite elle m’avait raconté y faire : ne pas quitter sa suite. Elle avait quand même trouvé moyen de sortir, dans une tenue sublime, mais outrageusement provoquante et dévoilant un peu trop à mon goût ses jambes parfaites , et elle avait également eu le temps de ‘croiser’ son ex.  Elle reprit donc sa version des choses à elle, ton légèrement piqué, rappelant que malgré tout cela elle n’en restait pas moins sérieuse. « Donc y’a eu aucun rapprochement avec ce type ? Ni avec aucun autre ? » Elle pourrait me répondre ‘de quoi je me mêle ?’ parce que clairement, on n’était pas ensemble, c’était injustifié que je me montre aussi jaloux quand moi j’avais passé ces derniers temps à multiplier flirts et rapprochements. Mais j’arrivais pas. J’arrivais pas à ne pas me laisser envahir par cet agacement possessif de la savoir avec ce mec, cet ancien petit ami, imaginant forcément qu’ils avaient succombé, ou qu’ils le feraient… Pourquoi je me torturais l’esprit comme ça ? Probablement parce que je n’avais pas la conscience tranquille vis à vis de ma propre ex copine. Cléo dut le pressentir, puisqu’elle s’amusa à reprendre mes mots. Mon front vint se poser sur le sien alors, doucement, alors que mes mains emprisonnaient sa taille pour la maintenir là, face à moi, tout contre moi. « Tu voulais ? Ca veut dire que tu ne le veux plus ? » repris-je en soulignant son choix de conjugaison au passé.

 J’aimais pas ça. Etre de l’autre côté. Celui qui voit l’autre s’éloigner dans d’autres bras. J’avais jamais été doué à ce jeu. Peut être qu’un psy de bas étages se lancerait dans une interprétation farfelue. Du genre que l’infidélité de l’autre m’effrayait à cause de mon histoire personnelle, familiale, avec l’adultère dont avait été victime ma mère et qui l’avait humilié publiquement lorsque l’enfant batard issu de la relation extra conjugale de mon paternel s’était retrouvé en place majeure sur son testament après son décès. Peut être qu’on expliquerait que c’était pour ça, que je refusais l’engagement, que je refusais l’idée de couple, que je faisais tout merder avant que ça ne devienne trop sérieux, trop intense… Ma dernière relation pour preuve. J’avais tellement été flippé qu’Agathe me lâche qu’un baiser à son ex et une visite nocturne à un de ses anciens plans culs révélés par cette chère CS, mais nullement confirmés ou discutés avec la principale intéressée, ça m’avait suffit pour lui dire bye bye et la larguer sans gants en direct d’internet. Alors oui, peut être que c’était pour ça, que j’avais avoué à Cléo, mes aventures avec d’autres filles, pour l’entendre me dire ça en retour : qu’elle, elle n’avait personne d’autre. Qu’il n’y avait eu aucun rapprochement. Et je me sentis un peu plus détendu déjà. « J’ai été sage Cléo… » Pendant son absence, j’avais eu le temps de prendre conscience des choses. Et quand elle parlait de me vouloir mais en conjuguant cela au passé, ça me fit l’interroger sur le présent. Est-ce qu’elle avait changé d’avis ? Mon front contre le sien, nos regards se connectèrent alors qu’elle me répondait, que ça dépendait de moi. Elle me demandait de la choisir, yeux dans les yeux, puis sa bouche contre son oreille me répéta cette demande dans un murmure qui termina de faire fondre mes résistances. Toutes mes hésitations disparurent. « C’est toi que je veux Cléo. Toi et personne d’autre. » lui soufflai-je à mon tour à l’oreille.  « Prends ta place… » Ma main attrapa la sienne, la guidant contre mon thorax en poursuivant : « Prends toute la place que tu veux ici. Et sois à moi… »