Seize ans. La jeune Mascarenhas n'avait que seize ans lorsqu'elle a apprit sa grossesse lors d'un rendez-vous de contrôle chez le médecin. Une prise de sang pourtant si simple et anodine à la fois. Une aiguille qui fit basculer sa vie. La jolie argentine ne s'était jamais occupée de la procréation. Pour elle, c'était un plaisir qu'elle partageait avec son copain. Elle était jeune et crédule. Et elle buvait toute les paroles de son copain sans s'en inquiéter. Le problème, c'était que désormais elle avait un problème sur les bras. Un problème que les Mascarenhas n'accepterait jamais que leur fille de seize ans enfante un bébé non désiré. Elle n'était ni mariée et était censé être vierge. Tant de choses qui poserait problème à la famille. Seulement, famille religieuse oblige, Samiyäh n'eut pas le choix et fut obligée d'être envoyé dans un pensionnat pendant sept mois. Sept long mois où elle s'attacha à cet enfant. L'enfant de celui qu'elle aimait. Celui qui l'avait abandonné, continuant ses deals et laissant la jeune femme seule, face à l'inévitable. Elle savait qu'une fois à terme, sa fille ne serait plus à elle. Et bien qu'elle savait que c'était une erreur cette grossesse, elle aurait tout fait pour garder sa fille...


Le retour à la civilisation fut plus dur que prévu pour la jolie caribéenne. Si elle pensait que l'argent de son père lui ferait oublier la blessure qui s'était ouverte en elle lorsqu'elle donna sa petite fille à l'adoption, elle faisait une grave erreur. Essayant tant bien que mal de reprendre sa vie d'avant, retrouver lycée et note à la normale, il était certain qu'une noirceur s'était crée chez la jeune fille. Elle n'avait jamais été une fille modèle, sa grossesse renforçant cette idée chez les Mascarenhas. Néanmoins, elle n'avait encore jamais décidé de se diriger vers les fêtes et l'alcool pour éviter toute peine. Et c'est en plongeant peu à peu dans la sombre vie d'une rebelle qu'elle revu son ex petit-ami (et père de sa fille). Seulement, avec cette grossesse Samiyäh avait compris quelque chose. Il ne l'avait jamais aimé. Ce jeune de vingt-trois ans ne voyait en elle qu'un potentiel de contact pour ses deals. Un potentiel avec du cul en plus. Alors évidement, lorsqu'elle lui avait appris qu'elle était enceinte, il avait coupé les ponts. Mais son retour sans enfant lui permettait de reprendre sa vie correctement. Seulement, la belle brune en avait eu assez du comportement du jeune homme et elle a finit par l'envoyer bouler. Si bien qu'elle fit un acte qu'elle ne se pensait pas capable lorsqu'elle le dénonça aux policiers, mettant fin à ce premier amour dont elle a tant aimé et où elle a tant perdue.


Dansant sous le rythme de la musique et verre à la main, Samiyäh s'éclatait. Ses dix-huit ans s'étaient installés dans sa vie, lui laissant désormais bien plus de responsabilités et un avenir à créer désormais. En deux ans, la vie de la belle avait énormément changé. Passant d'une adolescente en couple avec un dealeur et enceinte de ce dernier, elle finit major de promo décrochant son diplôme de fin d'année avec brio et une admission à Harvard. Rien de mieux pour faire plaisir à ses parents. Bien évidemment, tout n'était pas si rose dans la vie de la jeune femme. Et si par ses écrits, on pourrait penser que cette dernière s'avère être une fille modèle, on est loin du compte. Samiyäh a beau être major de promo et s'en sortir très bien scolairement parlant, niveau social elle fait parti de ses jeunes à ne pas forcément fréquenter. Buvant et sortant dès qu'elle le pouvait, ses parents avaient beau essayer de l'enfermer chez elle ou encore de la faire suivre par un thérapeute, rien n'y faisait. Samiyäh n'en faisait qu'à sa tête et cela faisait parti de son caractère. Elle voulait s'amuser, et oublier tous les problèmes qui avaient pu lui arriver. Parce que la grossesse était loin d'être la seule ombre sur le tableau dans la vie de Samiyäh. Bien loin de la richesse dont elle profite désormais, cette dernière était avant tout une enfant des rues, abandonnés par sa mère trop droguée pour assumer sa petite fille de quatre ans et demi. Ballotée de familles en familles pendant près de sept ans, c'est à ses treize ans que la famille Mascarenhas la recueillit. Une famille se rapprochant le plus de ses origines et lui couvrant de cadeaux et d'amours dès son arrivée. Le problème dans tout cela c'est que Samiyäh n'a jamais connu l'amour avant. Elle connaissait les coups, les insultes ou encore l'harcèlement moral -et physique-. Loin d'un passé tranquille, Samiyäh n'a jamais réussi à être l'enfant modèle pour ses parents par ce manque de confiance en elle qu'elle refoule dans l'alcool et les soirées. Elle a une grande gueule, c'est certain. Une grande gueule qui lui permet de se former une carapace assez large pour ne pas faire apparaître cette petite fille pleurant toute les larmes de son corps et suppliant à son énième parent d'accueil d'arrêter de la frapper. Voilà ce que Samiyäh refoule tant bien que mal.


Un verre, deux verres, trois verres... La jeune femme avait pourtant promis il y a deux ans de cela qu'elle allait essayer d'arrêter. Qu'elle allait essayer de filer droit avec les Cabots, et qu'elle finirait par rendre fière ses parents et lui à son tour. Deux ans que la jeune femme se contrôlait en soirée et qu'elle finissait très rarement saoule contrairement aux ans passés. Seulement, cette nuit-là, elle avait bu. Beaucoup trop bu, lui laissant rater son réveil et ne se réveillant que plusieurs heures plus tard. Assez d'heures pour la séparer définitivement de son meilleur ami. La prise d'otage avait eu lieu alors qu'elle était encore dans les bras de Morphée, lutant contre la gueule de bois se réveillant en elle de plus en plus. Ratant alors son rendez-vous quotidien à la cafétéria de l'université, elle s'était instinctivement réveillée le portable à la main afin de s'excuser de son comportement. Le problème, c'était ses messages. Un seul en fait. "Souviens-toi que je t'aime, Samiyäh. Je t'aime, vraiment. Comme un cochon aimerait la boue, mais aussi comme un homme aimerait la femme de sa vie..." Ses lèvres avaient étés sèches lors de la lecture de ce message. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait ni pourquoi son meilleur ami décidait de lui faire une telle déclaration. Après tout, ils n'avaient jamais étés ambigüe et Samiyäh jusqu'à présent n'avait jamais vu son meilleur ami en tant qu'homme potentiel. Néanmoins, ce ne fut que plusieurs minutes plus tard qu'elle réalisa. Ce message était en fait son dernier message. Un message qu'elle ne relirait plus, un message qui annonçait la fin de leur duo, de son amitié. Samiyäh avait les mains qui tremblaient alors que les sanglots commençaient désormais à éclater. Un fil d'actualité twitter, un seul. Ce dernier lui annonçant la mort de certains élèves dont un. Le seul dont elle aurait préféré être à sa place. Le seul qui aurait du être épargné. Elle avait perdu son meilleur ami, son âme-soeur, son tout. Et elle le regretterait toute sa vie.


L'ancienne Samiyäh est réapparue quelques mois après la mort de son meilleur ami. Assez longtemps pour se remettre de la mort de son meilleur ami ou du moins, prétendre s'en être remise. Il était temps pour elle de se relever quitte à retrouver ces vieux démons autrefois parti. Samiyäh n'en avait désormais que faire de ce que l'on pouvait penser d'elle et c'est ainsi qu'elle quitta les filles parfaites (les cabots) dont elle ne méritait pas la place pour retrouver la vraie Samiyäh. La Samiyäh préférant cacher ses sentiments et paraître insensible quitte à blesser. La Samiyäh qui chante haut et fort : l'alcool c'est de l'eau (coucou les aquarhums) et serait prête à tout pour éclater la gueule de celle ou celui qui ne l'encadrait pas. C'est simple, elle avait décidé de ne plus se prendre la tête et de prendre la vie comme elle vient. La seule chose qui perdurait c'était ses notes. Elle comptait bien avoir un avenir digne de ce nom et bien qu'elle ne fasse que des conneries, elle reste une jeune femme assez responsable pour palier à ses deux vies opposées.