Oui, j’allais recommencer, à douter, à perdre confiance, à paniquer et à réagir impulsivement lorsque j’avais posté cette photo de barque en ligne. Cléo, elle devait être prévenue et le savoir que ça se reproduirait, que j’étais comme ça. J’étais quand même le gars qu’avait largué sa copine sur l’instagram de CS en y découvrant un certain article sur cette dernière. Alors certes, Agathe était pas toute blanche dans l’histoire, le baiser avec Aisling relaté par la gossip girl de la fac ou encore sa visite nocturne à l’un de ses amis que je lui avais explicitement demandé d’éviter, ça, c’était pas clean, mais une personne lambda aurait réagit en appelant la concernée, en lui écrivant, en exigeant de la rencontrer pour une explication. Moi ? J’avais réagi à la Cole, en demandant à CS de larguer la demoiselle pour moi. Et avec Cléo, je reproduisais ce schéma de la méfiance à outrance, comme si cette confiance je n’arrivais pas à l’offrir. Pourtant elle me répétait qu’elle faisait tout pour, pour que j’aie confiance. Elle reprit notamment sur notre discussion chez moi, le fait qu’elle essayait de ne pas écouter les autres, comme je le lui avais demandé, soulignant qu’il était dur pour elle d’entendre de la bouche de mes proches certains avertissements à mon sujet. Je levais les yeux au ciel, sachant très bien que ceux qui lui servaient ce discours devaient être nos amis communs, mes cousins, Ayma, pour ne citer qu’eux. « Ils feraient mieux de se mêler de leur vie si tu veux mon avis… » Nicho et son mariage bancal. Dimitriste et sa copine volage et névrosée. Ayma et son nouveau guignol qui ne lui permettrait jamais de ravoir Abé. Ouais, merde, qu’ils se mêlent de leurs histoires, ils avaient bien assez à faire non. « Je suis sincère Cléolya. » Mes phalanges venaient accrocher son menton, relevant délicatement son visage, mon autre main resserrait son emprise pour l’attirer un peu plus contre moi pour avouer que je ne pensais qu’à elle à cet instant, aveu qui me valut une remarque taquine sur la raison de cette obsession : l’absence de sous vêtement de mon interlocutrice. Petit rire amusé de ma part. « Si je dis oui, tu vas te promener sans culotte à chaque fois qu’on sera ensemble ? » répliquai-je, avec le même ton, plaisantant, pas sérieux. Sauf que le sérieux reprit vite place. Je sentis ses doigts dans mon cou, et mon sourire s’effaça pour écouter la suite de ses mots, au sujet de sa confiance que j’allais devoir gagner. Elle précisa que l’objet de ses doutes c’était surtout ma relation avec sa sœur. J’allais ouvrir la bouche pour argumenter discuter mais ses lèvres emprisonnèrent les miennes pour un baiser qui me surprit mais que je prolongeai avec plaisir… Et lorsque nos lèvres se détachèrent, je repris donc au sujet de sa phrase précédente : « Je dois faire quoi pour que t’arrêtes de douter ? » 

  Je n'arrivais pas à m'empêcher de lever les yeux au ciel et de manifester on agacement en apprenant combien mes proches se mêlaient de nos vies et se permettaient des avertissements peu flatteurs à mon égard auprès de Cléo.  Elle était bien assez grande pour décider toute seule si elle voulait tout stopper entre nous non ? Et la demoiselle répliqua  que si elle était toujours là, c'était bien qu'elle n'avait pas pris en compte toutes ces mises en garde. Si elle avait quitté ma cabine,c'était juste de ma faute. Ouais... Le coup du post sur instagram, mon coup de gueule ensuite,  quand j'avais cru à un énième complot de soeurs Strauss, ça avait clairement poussé Cléolya à s'éloigner. "Je suis désolé. " m'excusai-je, conscient qu'il aurait été plus judicieux alors de ne pas m'énerver et de discuter calmement avec elle. On ne me changerait pas. Je restais un impulsif colérique et nerveux. Mais là je faisais l'effort de m'ouvrir un peu. Avouant que je voulais la garder, que j'étais sincère ce qui la fit reprendre sur la place que j'avais pour elle, référence à notre discussion houleuse d'avant la croisière, chez moi. "Peut être que t'avais raison. Peut être que tu l'occupais déjà un peu cette place, je ne voulais juste pas le reconnaître..." Mes doigts sur son menton lui firent relever les yeux et nos regards s'accrochèrent. Elle plaisantait sur son absence de sous vêtements ce qui détendait un instant l'atmosphère. Mais ensuite le sérieux revenait car Cléo évoquait ses doutes, en parlant notamment d'Ayma. Ses lèvres finirent sur les miennes comme si elle ne voulait finalement pas m'entendre parler de sa soeur, bien qu'elle ait elle même amené le sujet. Et c'est finalement après ce baiser que j'avais prolongé avec plaisir, que je la questionnais sur ce qui pourrait faire s'envoler ses doutes. Mais Cléolya me filait entre les doigts, s'échappant de mon emprise pour s'approcher de la rambarde ... Je l'observais un instant,  immobile, figé. La scrutant alors qu'elle semblait perdue dans sa contemplation de l'eau qui nous entourait, songeuse. Et puis je finis par la rejoindre, comme aimanté, arrivant dans son dos, mes mains venant l'entourer, mes lèvres se perdant dans son cou pour y déposer quelques baisers...

 
Oui peut être que c'était ma faute. Que même si je levais les yeux au ciel en apprenant que les autres essayaient de la monter contre moi, même si je les blamais,  je savais que mon comportement impulsif et irréfléchi avait été dans le sens de leurs avertissements. Je leur avais donné raison en agissant ainsi et ça avait contribué à ce que Cléo s'en aille, qu'elle m'évite. Alors je m'excusais et elle proposait qu'on oublie ça. Une nouvelle vague dans notre tsunami. "On oublie." Acquiesçai-je. Nouvel épisode tumultueux. Qui s'effacerait sûrement... Surtout quand je finissais par reconnaître la place que Cléo occupait depuis quelques temps déjà. Chose que j'avais nié lors de notre précédente dispute. J'accrochais son menton puis son regard et à mon tour je souris en entendant sa réplique. "Je tacherais de m'en rappeller." Et si l'espace d'un instant tout semblait parfait, c'était sans compter sur la remise sur le tapis du gros sujet épineux de ma vie en ce moment : Ayma. Sa soeur. Ma meilleure amie. Celle qu'aimait mon BFF. Celle qui m'avait fait le perdre... Et maintenant celle qui me faisait perdre Cléo ? Car comment effacer ses doutes quand j'avais reconnu la dernière fois que j'aimais vraiment Aym? Forcément que Cléo doutait. Elle s'éloigna. Et je l'observais quelques instants, la bas contre sa rambarde. Puis je la rejoignais, mes bras l'entouraient avec douceur, mes lèvres se perdaient dans sa nuque,  son cou, inspirant son parfum. Et elle reprenait finalement à ma question, ses mains sur les miennes. Enfin elle n'y répondait pas vraiment. Elle n'avait pas de réponse. "Peut-être que je pourrais t'embarquer dans ma cabine pour te faire passionnément l'amour, ça te ferait peut être un peu moins douter déjà ? " suggérai-je avec amusement en laissant une nouvelle fois mes lèvres se poser sur sa peau. Sauf qu'elle se retournait ensuite et que sa question ne se comprenait sûrement pas au sens propre mais bien de façon plus large. Que faisons-nous pour nous, notre relation ?  " qu'est ce que t'en penses toi Cléo ? "

  Si pendant un instant, tombant d’accord pour oublier mon emportement et cette nouvelle dispute, on aurait pu croire que ça allait de nouveau être calme entre nous, y’avait le sujet Ayma qui arrivait et là, mademoiselle Strauss fuyait, s’approchant de la rambarde. J’aurais pu comprendre ça de bien des façons, je choisis finalement de la rejoindre, d’enrouler mes bras autour d’elle et de laisser mes lèvres se perdre sur sa peau. Elle savait pas comment je pouvais m’y prendre pour qu’elle arrête de douter, et elle me questionnait sur la suite. Prenant le parti pris de répondre au sens littéral, qu’allions nous faire maintenant, je proposais notre activité favorite : l’occupation de lit et le froissage de draps. Lui faire passionnément l’amour l’empêcherait peut être un peu de douter. Amusée, elle répondit qu’il fallait essayer. Et elle se retournait ensuite vers moi, reprenant un air sérieux pour poursuivre. « Je joue pas Cléo… Je suis bien avec toi… » lui assurai-je avant de déposer mes lèvres sur son front avec douceur alors qu’ensuite je me raidissais un peu en entendant la suite de ses paroles. « Je vois d’autres personnes Cléo, ça change rien au fait que j’aime passer du temps avec toi. Tu vas me demander de ne fréquenter que toi alors qu’on n’est même pas ensemble et qu’en plus tu vas partir au SC si ? Je veux dire on sait très bien ce qui se passe là bas… » Soirée, alcool, beuverie et sexe… Tout un programme. Et oui, quand je disais plus tôt que j’allais à nouveau douter, here we go. C’était reparti.

On avait été à deux doigts du tableau parfait sauf que comme d’habitude, je gâchais tout. Ou elle gâchait tout. Je ne savais pas qui pointer du doigts dans le nouveau changement radical d’ambiance s’opérant soudain entre nous. Cléo faisait clairement comprendre qu’elle voulait quelque chose d’exclusif, alors même qu’on n’était pas ensemble, alors qu’elle allait partir pour le Laos, alors que je savais très bien que depuis que je fréquentais Cléo, je ne m’étais pas freiné pour autant avec les autres femmes. Alors quoi ? J’aurais pu lui mentir, lui jurer qu’elle était la seule, l’embobiner, mais non encore une fois je jouais franc jeu : je fréquentais d’autres personnes et je n’allais certainement pas mettre un stop à tout ça alors qu’elle et moi n’étions même pas ensemble. No way. Et elle souriait, un sourire amer, ses yeux trahissant un peu l’agacement qui transparut clairement dans la suite de ses mots. Elle laissait sa place, j’avais ‘gagné’ et elle m’en félicitait en me demandant de la lâcher. Mes bras la relâchèrent alors que mon visage se tendait un peu plus et que la mauvaise humeur revenait à la charge. « C’est bon, je n’en peux plus de tes sautes d’humeur. Tu joues les prudes alors que tu passes maintenant tes nuits dans la cabine de mon cousin ? J’ai pas de leçon à recevoir de toi, j’suis pas un mec comme ça, mais visiblement toi non plus alors ne joue pas les saintes. » grognai-je en faisant volte face ensuite, m’éloignant d’un pas énervé, agacé de ses retournements de situation qui ne menait à rien… J’avais bien assez de tracas en tête en ce moment tiens. Je devrais juste chasser Cléo de mon esprit voilà tout.