Pétage de plomb. Voilà qu’en allumant mon téléphone je reçois l’ordre d’Ayma de la faire débarquer urgemment à la prochaine escale. Et dans la foulée j’avais également un sms de Cléo qui me réclamait elle aussi de s’en aller. Waw waw waw. Que s’était-il passé côté Strauss ? La seule hypothèse qui me vint à l’esprit c’était qu’encore une fois, Ayma fâchée de mes propos à l’égard de son clown de nouveau mec, avait monté sa sœur contre moi. Forcément, il n’y avait que ça comme explication possible. Depuis le pont du bateau, je pris en photo une barque douteuse à la peinture écaillée, avec ses rames, et je la postais sur insta en guise de réponse aux deux demoiselles : message subliminal, si vous voulez rentrer, ramez. MON yacht. Je suis aux commandes. Et qu’elles ne pensent pas faire leur princesses divas capricieuses avec moi… Et comme toujours quand j’agissais impulsivement, je le regrettais quasiment aussi vite. J’appris la véritable motivation du départ d’Aym. Son père. Je supposais que c’était pareil pour Cléo mais non, la brunette, elle, voulait juste rejoindre Cam suite au cocufiage de Pluton. Je me sentais doublement plus con d’avoir réagi de la sorte. Froissant ma meilleure amie. Froissant ma… camarade de cabine ? Bref, froissant Cléo qui, vexée, avait plié bagage, préférant aller tenir compagnie à mon cousin. Revenu à ma cabine ensuite, je trouvais les lettres de Cléolya, qui ne firent qu’amplifier mes regrets. Elle finit par me révéler qu’elle se trouvait à l’arrière du bateau et je m’y rendis. Allongée sur un transat, elle ne daigna pas ouvrir les yeux. Pas un regard. Juste un ton froid qui me demandait ce que je voulais. « Je voulais te rendre ça… » Excuse parfaite, pour lui faire ouvrir les paupières. J’avais entre les mains une jolie culotte, que la demoiselle avait perdu dans mes draps lors d’une de nos précédentes nuits. Oui, le prétexte était parfait pour justifier que je sois là devant elle. J’attendis qu’elle ouvre les yeux et je lui tendis le vêtement, guettant le moment où ses doigts se posaient sur la dentelle pour m’en emparer, emprisonnant sa main, tirant doucement sur son bras ainsi pour la faire se relever, l’attirer à moi, mon autre main se perdant dans le bas de son dos et mes lèvres partant à l’assaut des siennes.

 J’avais dit à Nicho que je devais parler à Cléo. Oui j’avais annoncé cela, mais j’étais vraiment trop nul en parlotte. Alors j’avais trouvé sa petite culotte dans ma suite et j’avais sauté sur l’occasion : un prétexte parfait pour la revoir. Sauf que en lui rendant le morceau de dentelle, en effleurant ses doigts, j’avais succombé aussitôt en ressentant ce violent besoin de goûter encore une fois ses lèvres. Cléolya contre moi, sa bouche contre la mienne, mon geste parut la surprendre mais elle ne me repoussa pas pour autant. Elle écartait ensuite son visage et ses prunelles bleutées se plongeaient dans les miennes pour me demander sur un ton froid si elle pouvait retourner à ses occupations : bronzer. « Oui tu peux. » Et si ma main droite qui tenait la sienne l’avait libérée, mon autre main, elle, restait toujours dans le bas de son dos pour la maintenir près de moi. Mon corps lui refusant cette liberté que ma parole lui accordait. Joueuse malgré tout, la brunette me glissait son sous vêtement dans la poche de mon pantalon, comme souvenir disait-elle. «C’est pas ma préférée celle ci aussi… » Ma préférée ça allait forcément être celle qu’elle avait sous ses habits aujourd’hui, évidemment. « Je peux pas te lâcher sans un vrai souvenir tu vois : mon dessous préféré … » Et ma main voyagea dans son dos venant se glisser sous le tissu de son T shirt, joueur… Donc à la base, j'étais venu pour m'excuser, pour lui parler, et comme toujours, fidèle à moi même, je me retrouvais à semer l'ambiguité, jouant avec le feu, quémandant ses sous vêtements à la demoiselle... Classe.

 
Et comme toujours quand je me raisonnais à l'avance et que je me décidais à une conversation sérieuse, toutes mes résolutions évaporaient.. D'abord avec un baiser volé, extorqué, ensuite avec ce jeu. Elle glissa sa culotte dans ma poche.  Cadeau souvenir qu'elle disait. Le moment que j'aurais pu saisir pour avouer que je n'avais aucune envie de la classer dans la case 'souvenir' justement. C'était au présent que je la désirais. Dans mon quotidien. Pas dans ma mémoire... Mais comme d'hab, c'est joueur que je me faisais plutôt que locace sur mes sentiments. Et donc mes mains courraient sur son T shirt pour réclamer d'autres dessous, ceux qu'elle avait sur elle, forcément... Elle m'intima l'ordre de défaire les agrafes de son dessous, et mes doigts exécutèrent. Habilement, elle se sépara de son soutien gorge, qui termina dans ma poche. Elle remonta ensuite sa jupe pour se défaire de sa petite culotte qu'elle me tendit en annonçant qu'on était 'quittes'" Secouant la tête pour protester, j'objectais : "On ne l'est pas. Moi je ne t'ai rien laissé en souvenir..." Excuse à deux balles oui. Pour refuser de m'en aller alors qu'elle retirait mes mains du bas de son dos pour se défaire de mon emprise. "Je suis un gars honnête. J'aime pas accepter des cadeaux comme ça,  me sentir redevable... alors dis moi quel souvenir tu veux que je t'offre..." Mes doigts retrouvaient le chemin de son corps, glissant cette fois plus bas, venant soulever sa jupe, caressant ses fesses parfaites que plus aucun dessous ne recouvrait désormais, la rendant encore plus excitante... Ma bouche venait jusqu'à son oreille pour lui souffler une idée de souvenir impérissable que j'aimerais lui offrir : "Un dernier orgasme ?"

  Peut être que j’aurais du m’en tenir à mon idée de départ, juste la retrouver, juste lui avouer que je ne voulais pas qu’elle s’en aille, que c’était aussi pour cela que j’avais aussi mal pris sa demande, peut être que j’aurais du simplement lui parler. Mais voilà un baiser, et ce prétexte de sa petite culotte, ça avait suffit à faire très vite déraper les choses. Elle était plus que fermée, hermétique au jeu, pourtant habituel entre nous, me répondant froidement que de moi, elle ne désirait aucun souvenir. Ce qui ne m’empêcha de laisser mes doigts se perdre sur sa peau, soulevant sa jupe, susurrant à son oreille… Mais elle ne voulait rien, rien que je ne sois en mesure de lui offrir. Pourtant, Cléo enroula ses bras autour de mon cou, et le frisson que mes caresses lui arrachèrent ne m’échappa pas. « Peut être que moi non plus, je ne veux plus de dernières fois. » soufflai-je à mon tour. Enfin, ce que je ne voulais plus, c'était le 'dernières' surtout. Alors abandonnant un peu le jeu, quelques instant, j'optais pour une autre option : la franchise. « On devrait juste arrêter de se dire au revoir Cléo. » Mes yeux venaient se planter dans les siens avant de poursuivre : « Je m’emporte, je m’énerve, et là encore je m’y prends surement comme un manche, mais la vérité c’est que je ne veux pas que tu t’en ailles. C’est pour ça que je perds aussi facilement mon sang froid. Je veux te retenir mais je ne sais pas comment le faire, comment te garder. »

  J'avais essayé ma façon, avec mes faux prétextes, la culotte à lui rendre, celle d'un dernier souvenir que je voulais lui laisser, j'avais essayé aussi en laissant glisser mes doigts sur son corps de la faire flancher mais Cléo résistait. Peut être qu'elle commençait à trop bien me connaître, à trop anticiper mes actions. Ça ne l'empêcha de frissonner. Donc aussi froide qu'elle pouvait être avec moi à cet instant, son frémissement trahissait qu'elle n'était pas complètement indifférente. Alors finalement, j'optais pour sa technique à elle : la franchise. Peut être que s'en était fini de jouer. Qu'il fallait mettre carte sur table. Alors me voilà reconnaissant à voix haute que je m'y prenais comme un manche mais que si je m'énervais, si j'avais perdu mon calme, si j'avais posté en mode rageux sur instagram après son sms, c'était parce que je ne savais pas comment la retenir, la garder... Ce qu'elle comprit au sens physique du terme puisqu'elle répliqua ne pas avoir le choix de partir,  Cam avait besoin d'elle. Mais ce qu'elle ajouta ensuite fit apparaître un large sourire sur mes lèvres,  parce qu'elle allait revenir, sourire qu'elle ne vit pas trop occupée à baisser la tête et puisqu'elle enchaînait sur son envie de ne pas s'attacher davantage. "Je vais recommencer Cléo. Je sais pas faire confiance, je suis plus doué pour repousser que pour m'ouvrir. T'es prévenue." Au moins là dessus, je ne mentais pas. J'annonçais la couleur. Et ensuite, elle insistait sur la place qu'elle voulait. La première place. Celle qui brillait et eclipsait les autres. Être avec quelqu'un qui ne voyait qu'elle, critère que je ne remplissais pas selon elle. " Cléo... Je ne pense qu'à toi là, tout de suite, maintenant..." Ma main sur elle se faisait plus pressante pour l'attirer contre amoi alors que mon autre main allait chercher son menton avec douceur pour lui faire relever le visage vers moi. " Et là, c'est toi qui ne me fais pas confiance en fait..." Pas de reproche. Juste une constatation.