Un plafond blanc des plus banals, mais il fascinait Katherine en ce moment même, écoutant Ilhan lui répondre honnêtement, il semblait perdu, comme elle. Elle ne saurait probablement jamais ce qui avait rendu Ilhan ainsi, inaccessible, fermé. Elle voulait pouvoir l'atteindre plus qu'elle ne le faisait, elle voulait qu'il se confie entièrement à elle, pas en passant par des phrases bidons. Mais le connaissant bien, elle restait derrière la ligne, consciente qu'il n'y avait pas de retour en arrière si elle la dépassait. Rester son amie avec des petits plus lui suffisait pour l'instant puisqu'elle cherchait la même chose, ne voulant pas parler de ce triangle amoureux qui lui pourrissait la vie. Elle aimait bien être loin de tout ça, auprès d'une personne lui faisant oublier ses soucis. « Le plus important c'est que tu sois heureux, pas de trouver le meilleur mode de vie que la société nous a imposé. » Lui dit-elle, parce qu'elle ne voulait pas qu'il se sente coupable de ce qu'il faisait, comment il vivait. Elle espérait du fond du cœur qu'il finirait par trouver la perle rare, mais peut-être n'était-il tout simplement pas fait pour ça. Certaines choses ne doivent pas être forcées et l'amour en fait parti. Se tournant vers Ilhan qui venait de s'allonger à ses côtés, Katherine le fixait alors qu'il affichait un regard doux, tellement que pendant quelques minutes, elle oublia son comportement vis à vis des femmes, préférant profiter du moment avec lui, pour venir s'immiscer dans ses bras où elle trouvait refuge. « Le truc c'est que je veux pas devenir hypocondriaque de l'amour, alors j'ai peur de lui donner mon cœur parce que ça brisera des choses au passage... » Parce qu'un couple avec Nate, ça signifiait un adieu à Absolem et elle ne pouvait l'envisager.

Ma main caressait doucement ses cheveux alors qu'elle se confiait à moi, m'ouvrant une infime partie de son cœur. Et le mien se remettait à battre à sa cadence habituelle. Je ne savais comment, Katherine arrivait à me réconforter avec juste quelques mots, pas de baisers, pas de gestes tendres, rien. Juste en me disant que l'essentiel était que je sois heureux. Mais l'étais-je vraiment en vivant comme ça ? En passant de lit en lit, repassant parfois dans le même, prétendant que rien ne pouvait me toucher quand juste un sourire de sa part me réchauffait le cœur ? « T'as pas à avoir peur de lui donner ton cœur, parce que tu l'as déjà fait Kat ». Ce n'était pas une supposition mais une évidence. Cette femme qui avait tant de choses à offrir avait finalement décidé qui était assez digne pour les recevoir. Malheureusement, je n'étais pas l'élu, sans grand étonnement d'ailleurs mais aussi avec un certain soulagement. Parce que lui briser le cœur aurait fait de moi un monstre, m'arrachant encore une partie de mon âme. Plus de promesses en l'air Ilhan, plus d'attachement, tu te l'étais juré. Pourtant mes lèvres saisirent les siennes, tendrement, pour ne pas brusquer les choses, lui rappeler que pour l'instant elle était avec moi, pas lui. « Je suis content pour toi Kat, juste le laisse pas se foutre de ta gueule. Parce que les mecs sont comme ça, ils tombent amoureux plusieurs fois, parfois de la même fille, parfois de filles différentes ». Et ça me fait carrément chier que tu t'en rendes pas compte. « Bon cette discussion devient trop sérieuse pour moi, c'est le summer camp alors profite, pense pas à l'amour, vois qui tu veux, pense à qui tu veux mais n'oublie pas que si tu veux passer me voir appelle moi d'abord ». Au cas où je suis occupé avec une autre tu vois.    

Ilhan la rassurait, elle se sentait en sécurité dans ses bras, la main du jeune homme passant dans ses cheveux. Depuis combien de temps avait-elle besoin d'une telle conversation ? Bien trop longtemps et elle était heureuse d'avoir pu l'avoir avec Ilhan, quelqu'un qui ne connaissait pas Nate, du moins à sa connaissance. Cependant, était-elle vraiment prête à donner une chance au quincy avec le passé qu'il avait ? Il était d'ailleurs attiré par Absolem deux semaines avant cette conversation. Au final, Ilhan et lui étaient pas si différents que ça, Nate avait juste su dépasser cette phase de sa vie. « Je suis pas sûre de lui avoir déjà donné, je sais même pas si j'en suis capable. » avoua-t-elle, sa peur qu'elle avait si bien dissimulé était pourtant réelle, présente dans chacune de ses actions envers Nate. Elle n'avait ce genre d'interdit avec Ilhan, puisque les règles avaient été fixés depuis le début. Peut-être qu'au fond elle tenait un peu plus au jeune homme qu'elle ne le disait, mais elle savait bien que tomber amoureuse de lui n'était pas possible à ce jour, alors que Nathanaël, elle le faisait un peu plus chaque jour. C'était simple de se laisser aller, se laisser faire tandis qu'Ilhan déposait un baiser sur ses lèvres, elle savait où elle se tenait. « Qu'est-ce que tu crois ? Je suis une badass moi. » mensonge. Elle finirait en milles morceaux si le quincy venait à lui briser le cœur, mais il valait mieux dissimiler tout ça. Le mather à ses côtés la fit rire alors qu'il tentait de détendre l'atmosphère qui était devenu maussade après cette discussion. Retour à la réalité Katherine ne voulait déjà plus penser à Nate, ils n'étaient encore rien l'un pour l'autre, ne le seraient peut-être jamais, pourquoi se poser des questions ? « Tu sais quoi ? T'as raison, je vais pas me prendre la tête pour l'instant. » annonça-t-elle en se positionnant au dessus du jeune homme, se retrouvant à califourchon, son visage près du sien.

Comme un idiot j'étais prêt à l'encourager à aller voir ce mec, celui qui hantait son esprit. Même si elle était à califourchon sur moi, ses lèvres près des miennes, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle n'était plus à moi. Tout ça n'était plus qu'une comédie grotesque, jouée par un homme qui ne pouvait plus donner son cœur et une femme qui l'avait déjà donné, malheureusement à un autre. « En fait je suis désolé, je viens de me souvenir que ce soir j'avais un truc à faire ». Mensonge. C'était juste que je ne supportais pas de t'embrasser en sachant que t'espérais goûter aux lèvres d'un autre. Ça ne flattait pas vraiment mon ego tu vois. Lorsqu'on aimait quelqu'un, il fallait assumer et ne pas se le cacher. Tout le contraire de ce que j'avais fait subir à Billie. Si Kat allait voir ailleurs alors que ce mec l'attendait... Son cœur finirait en mille morceaux. Avec une certaine tristesse dans le regard, je la poussais sur le côté, me levant pour ne pas qu'elle se remette sur moi. « Il faudrait mieux que tu ailles voir ailleurs ce soir, je dois aller boire avec des potes ». Etais-je seulement crédible ? Peu importait. Allumant une cigarette, j'en tirais une bouffée, évitant son regard. Peut-être que je regretterais cette décision, non, c'était sûr en fait. Une fois qu'elle serait partie, je m'affalerais sur le lit, pensant à ce que j'ai raté avant d'aller vraiment boire un verre ou deux. Mais sans personne pour me tenir compagnie. Parce que dans ces moments là, mieux valait être seul pas vrai ? Alors, ouvrant la porte de ma chambre, j'osais enfin planter mes yeux dans les siens, essayant de paraître neutre, comme si rien ne me touchait. Pars, Kat, pars avant que je ne change d'avis et que je devienne le gamin irresponsable et possessif que tu côtoies normalement.

Katherine aurait dû savoir que rien n'allait se passer comme prévu avant de venir voir Ilhan, elle aurait dû se douter que comme rien n'allait dans sa vie, une rencontre avec son ami ne serait pas mieux. Cette conversation avait sûrement jetée une gêne entre les deux étudiants, Katherine sentait déjà le jeune homme se tendre sous elle alors qu'elle était à quelques centimètres de ses lèvres. Elle pensait vraiment qu'Ilhan était le genre à passer au dessus de ça, qu'il se souciait pas de ce qu'elle pouvait penser alors qu'elle était avec lui. « Un truc ? » dit-elle alors qu'il la poussait sur le lit, le libérant de son emprise. Elle disait pas grand chose la dunster mais elle était blessée, elle était venue pour retrouver un peu de confort, qu'il lui dise qu'elle était désirable, que quelqu'un était prêt à la choisir, elle, seulement elle, mais ce n'était pas le cas. Une cigarette au bec, près de la porte comme pour lui dire "dégage de là", si Katherine n'avait pas d'amour propre, elle aurait fondu en larmes sur le moment, complètement vexée. Sauf que voilà, sa fierté avant tout, la blonde attrape ses affaires et se rend dans le couloir avant de se retourner. « Garde la bouteille, pour la prochaine. » Oui la prochaine fille qui allait sûrement arriver, non pas la prochaine fois. Elle était pas conne Katherine, fallait pas la prendre pour une buse. Alors, sans se retourner, elle se dirige vers la sortie, pressée de rejoindre sa chambre d'hôtel.