remember who you were — “Laisse-moi prôner la belle voix du christianisme merci” Jésus, tout ça. C'était elle qui m'avait lancé dessus. Et quand bien même je n'avais pas la barbe et la toge, j'étais persuadé que je faisais le Jésus parfait. Du moins, à ses yeux. Les miens, ils voient surtout Francis Lalanne. Quoiqu'il en soit, durant cette marche des plus saines, on en venait à parler de nos aventures respectives. Les siennes, qui semblaient être assez compliquées et je tentais forcément de la réconforter sur le fait que ça ira mieux éventuellement, et les miennes. De la simple peur anticipée, rien de plus, mais parce que je sens le drame arriver incessamment sous peu. Est-ce que je lui ai dit que je me retrouvais avec les deux gros crushs de Cam dans mon équipe ? Avec Cam de surcroît ? Non, c'était ma parano qui me jouait des tours, comme à chaque fois. “T'as raison, on est trop jeune pour se griller le cerveau” Et c'est le cas de le dire en fait, parce que c'était plus se griller le cerveau à ce niveau là, c'était se le carboniser à coup de lance flamme. N'empêche, en lui racontant tout, elle avait trouvé les mots justes pour me réconforter et clairement, c'était bien appréciable. Faut dire, j'avais plus grand monde dans ma vie actuellement. Mon frère et ma sœur s'étaient barrés. Rylie aussi. Hayden faisait le mort avec sa copine. Ouais, il y avait tout plein de choses qui faisaient que j'étais avec seulement quelques proches. Y compris Kath. Quoiqu'il en soit, je lui souriais en guise de réponse avant d'ajouter un “Merci” Et bizarrement, je me sentais un peu plus léger pour le coup. Mais voilà, trop parler de moi, et je me sentais mal à l'aise de lui avoir infligé ça. “Ah bah si ça fait du bien alors ! Tu crois que ça fait autant de bien que si tu plongeais dans la rivière ?” disais-je d'un sourire narquois, prêt à la pousser dedans pour le simple plaisir de me venger de ses paroles.

remember who you were — Au final, c'était peut-être ce qu'il fallait faire tout le temps. Discuter, sortir des sentiers battus pour arrêter d'être dans une zone de confort ou pire, de paranoïa. C'était clairement ce qui m'attendait avec Camila si je ne cessais pas mes agissements. Et je ne voulais pas la perdre alors valait mieux changer nos habitudes. Mes habitudes. Et Katherine, mine de rien, était d'une aide précieuse pour me permettre de prendre conscience de tout ça. Mais pour le coup, je n'avais pas tellement envie de continuer là-dessus, me prendre la tête avec ces histoires qui, pour le coup, allaient disparaître bien assez vite. Tout ce qu'il me fallait là, tout de suite, maintenant ? C'était passer du bon temps avec mon amie. Et c'était en commençant par la taquiner, sur le Mekong qui était juste là, à portée de main. “Hey, j'te ferai dire que je suis aussi chef d'équipe. Et même si mon sous-chef rêve que je me noie, d'autres seraient prêts à se battre contre toi pour ma mort malencontreuse” avouais-je en rigolant à la jeune femme, me rendant compte qu'on était tous deux chefs d'équipe et qu'on allait être en compétition durant tout l'été. Ça ne m'empêcherait pas de passer du bon temps en sa compagnie, clairement pas non. “T'en fais pas que si tu meurs, je m'esquinterai mes boyaux, en gage d'autoflagellation”

remember who you were — Faut croire que ce tête à tête était plus que nécessaire dans le fond. Parler avec Katherine était sûrement bien plus bénéfique que tous les débats intérieurs que j'ai pu avoir depuis l'instant même où je me suis mis avec Camila. Et puis, avec un peu de chance, ma paranoïa allait se calmer petit à petit, laissant alors place à une confiance aveugle en cette femme dont je tombais amoureux en ce moment. Ouais, sûrement que tout ça allait bien finir finalement, fallait l'espérer tout du moins. “Conclusion, l'humanité toute entière a encore besoin de nous” Et il était vital de ne pas nous retirer de ce décompte qu'est la population terrestre. Il fallait qu'on reste en vie. Pour nos équipes, pour nos proches et.. d'ailleurs, je crois que j'avais sa meilleure amie dans mon équipe. Meh, elle doit le savoir je crois. “T'as vu. Ils seront tout retournés de savoir que tu t'es noyé, faisant en sorte que je ne digère pas le contenu de mon estomac” C'était une vision des plus dégueulasses dans le fond, mais impossible de savoir si elle allait se mettre à exécution ou pas. Preuve étant qu'elle voulait au moins me le faire croire, vu comment elle se rapprochait du bord de l'eau, moi à son bras. “T'es sûre de vouloir faire ça ? Genre vraaaiment, vraaaaaaaaiment sûre ?”

remember who you were — Disons que je ne faisais jamais les choses bien. Ou dans la convention dirons-nous. Alors oui, c'était certainement un après-midi des plus revigorants qui aurait du nous attendre mais on était plutôt partis sur de la taquinerie pure et dure. Après, elle me connaissait Katherine et elle savait très bien que je rentrais dans tous les jeux qu'on pouvait m'offrir, quitte à y plonger la tête la première. Sauter dans le Mekong ? Je dis pas non. Mais sans noyade parce que tous deux étions des piliers de l'humanité et il ne fallait donc pas se débarrasser de nous, sinon les représailles pouvaient être spectaculaires. C'était à nos risques et périls. Mais voilà, elle avouait avoir vraiment envie de me mettre à l'eau, chose qu'elle n'était sûrement pas sûre d'y arriver. A mon plus grand bonheur pour le coup, parce que c'était un avantage considérable pour moi, Pluton Westerberg, troisième du nom. “C'est vrai que j'ai un peu plus de force. Alors... serait-ce à moi de te pousser ? Je pense bien que oui” Grand sourire sur les lèvres et voilà que je posais ma main sur son épaule, comme pour la préparer à l'inévitable. La baignade laotienne.

remember who you were — C'était elle qui avait commencé à me provoquer, voulant me faire plonger dans cette eau laotienne, séparant alors le pays de la Thaïlande. Oui, elle avait commencé et je ne faisais que répondre à ses diverses provocations sans aucun regret. Après tout, si elle avait eu assez de forces pour me foutre à l'eau, elle l'aurait fait. Dans le cas actuel, c'était moi qui était en position de force et advienne que pourra. “Ils ont des nems. Je peux décemment pas renoncer aux nems.” Piètre excuse. J'étais simplement gourmand et c'était comme ça. En plus de manger à foison, je buvais la bière et je m'amusais à découvrir tout ce qui sortait de l'ordinaire pour un caucasien comme moi. “Tu devrais essayer toi aussi... les nems et tout ce qu'ils ont de bon ici” Parce que là, elle était légère comme une plume et autant dire qu'une fois ma main sur son épaule, c'est parti tout seul. Et voilà que Kate se retrouvait à l'eau, et un grand sourire venait se dessiner sur mes lèvres, alors que j'étais au sec et hors d'atteinte. Laissant l'hilarité s'emparer de moi, elle flottait comme elle pouvait, histoire de ne pas se noyer - ce qui serait bien dommage, je devais l'admettre - tout en cherchant à me faire venir la rejoindre par tous les moyens. “Si ce n'est que ça, on peut aller à la piscine de l'hôtel, je suis sûr qu'elle est bien meilleure et beaucoup plus propre” finissais-je par dire, clairement pas attiré par cette eau marronâtre qui donnait tout, sauf l'envie de se baigner.