Sortie au restau avec Camila. A la base c’était censé être un bon moment sauf que Cléo m’avait entre temps avoué ce qui avait motivé son rapprochement avec moi à la base : une demande d’Ayma. Elle avait missioné Cléolya de me divertir. Genre j’étais un gosse qu’on devait occuper avec des puzzles ? Non mais sérieusement. Cette position, celle d’être le manipulé, la « clible » ça m’avait mis dans une rage folle. Et comme toujours dans ces cas là, action-réaction. Du grand Cole. J’avais aboyé sur Ayma, lui avais balancé ses quatres vérités, et lui avais révélé au passage les futures noces de son cher et tendre. A Abé j’avais révélé le coup qu’Ayma m’avait fait, expliquant ça par de possibles sentiments de sa blonde pour moi, et résultats des courses. Chaos total. Bam. Au moins ça occupera Ayma, elle pensera moins à feu sa toxico de sœur. Et j'avais donc passé le dîner à être sur les nerfs et pas très agréable pour ma pauvre cousine qui n'avait rien à voir avec ça. Et le truc dans mon plan de vengeance, c’était que j’avais pas prévu les dommages collatéraux. Camila qui devait supporter ma mauvaise humeur. Danneel qui me virait de sa vie. Qui s’énervait. Qui menaçait presque de compromettre mon amitié pour Roman. Oui, ça, ça m’énervait aussi tiens. Parce que c’était ce que Carter avait toujours essayé de faire : se mettre entre nous. Alors si maintenant mon ancienne petite protégée s’y mettait... L’autre dommage imprévu c’était Cléo. Elle s’en était prise plein la tronche par Ayma. Des paroles horribles. Blessantes. Entre autre le fait qu’Aym aurait préféré voir Cléo mourir à la place d’Ash. Un passage auprès de la jeune femme s’imposait. Même si elle m’avait assuré que ça allait. Après avoir salué Camila, je frappais à la porte de sa suite, que je connaissais bien pour y avoir passé quelques jours plus tôt, une nuit torride dans ses draps.  

 Je frappai puis patientai, quelques instants seulement avant qu’elle n’apparaisse. Cléo et son sourire. Sa première remarque eut le don d’en faire apparaître un, de sourire, sur mon visage quelque peu crispé par les révélations de la soirée. « Peut être que tu devrais, ça simplifierait mes visites… Je pourrais venir te faire des surprises comme ça. » répliquai-je avec amusement avant de passer le pas de la porte lorsqu’elle m’invita à entrer, refermant derrière moi. « C’était tendu. » Pour répondre à la question avec Cam. « Je crois que de perdre son père et de voir son frère dans le coma maintenant, tout ça en très peu de temps, c’est trop pour elle. » commentai-je avec une certaine inquiétude. « Et puis, y’a ce gars là… Aaron, un ancien mather. Elle t’en a parlé ? » Les deux jeunes femmes étant meilleures amies, peut être que Camila s’était confiée à Cléo. Ou peut être que je venais de faire une boulette. Qu’importe, Cléo avait les intérêts de ma cousine à cœur. Je savais que là dessus je pouvais avoir une entière confiance. Et lorsqu’elle me demanda ensuite, en parfait hôtesse d’accueil, si je voulais quelque chose, je m’avançai jusqu’à elle, réduisant en quelques pas l’espace qui nous séparait, glissant mes mains autour de sa taille pour l’attirer à moi en répondant : « Un baiser. » Et avant qu’elle ne proteste, qu’elle ne refuse, n’objecte, mes lèvres venaient se poser sur les siennes malicieusement, volant ce baiser que je venais de réclamer. Et en m’écartant un peu ensuite, je repris sur le sujet qui m’avait amené ici : « Comment tu te sens Cléo ? » 

Je souriais d’autant plus quand elle répliqua de ne pas la tenter. Et parce que j’avais l’esprit de contradiction, parce que quand on me disait de ne pas faire un truc j’avais tendance à foncer, je repris, continuant d’argumenter pour la tenter justement : « Imagine, tu rentres et tu retrouves ta suite remplie de pétales de rose. Ton bain chaud déjà mis à couler par mes soins… Une bouteille de champ’ dans un seau de glace qui t’attendrait… » Et reprenant ensuite mon sérieux pour parler de Cam, je confiais à la brunette mes inquiétudes à son sujet. Ca faisait beaucoup d’épreuves en peu de temps. «  C’est une Wildingham. » On était des durs à cuire mine de rien. Des habitués du fracas. Du chaos. Mais juste, là, coup sur coup, perdre son père, son frère se retrouvant dans le coma, plus les aléas à côté… C’était ces ‘aléas’ que j’évoquais avec un air soucieux à Cléo qui n’était pas encore au courant. « Ok. Dis pas que ça vient de moi, mais voilà le topo : elle a passé une nuit avec un type du nom d’Aaron, et ce salop est un ancien mather, un de mes ennemis. Il lui a ensuite balancé qu’il s’était juste servi d’elle pour m’atteindre, et il fanfaronne par sms auprès de moi. Il est complètement taré, il veut se taper ma mère ensuite. » Je massai un instant mes paupières en soupirant. « J’avais bien pensé à dire à Cam de porter plainte contre lui mais… elle n’a pas la tête à ça. Je ne peux pas l’embarquer dans mes magouilles en ce moment. Mais ça peut pas rester impuni. On ne se moque pas de Camila. On ne s’attaque pas à mes proches sans en découdre avec moi. » Et je relevai les yeux vers la demoiselle pour scruter son regard, analyser sa réaction, chercher à savoir si elle approuvait, si elle avait des idées même pour s’en prendre à ce nabot. Et puis l’instant d’après, quand elle me demanda si je désirais quelque chose pour m’accueillir comme il se doit, je fondais sur elle pour lui voler un baiser. Elle ne me repoussa pas, répondant même, ses mains se glissant dans ma nuque au cours de ce contact trop bref entre nos deux bouches. Je m’écartais, et elle, elle se rapprochait, pour me frapper doucement le torse. « J’ai pas le droit, pourquoi ? Tu m’as demandé ce que je voulais, alors je me sers… » rétorquai-je avec le même amusement, reprenant une mine plus grave quelques instants quand même, pour m’enquérir de son état. « Oui, tu me l’as dit pas sms. Maintenant je veux que tu me le prouves. » Des mots, ça restait des mots. J’avais envie de voir de mes propres yeux qu’elle se laisserait pas abattre par les horribles paroles blessantes d’Ayma. Puis j’étais pas dupe de son ‘ça va.’ Je la connaissais la technique du ‘sourire’, du ‘tout va bien’, du ‘rien ne m’atteint’.  
 

 Peut être qu’on devrait pas. Peut être que j’aurais du garder ma mine grave, mon air énervé, peut être que j’aurais pas du sourire, pas du répliquer, ne pas entrer dans ce jeu… Mais c’était trop tard je l’avais fait et quand elle renchérit à son tour, c’était trop tard, la pente était prise et je glissais déjà. Le scénario que j’avais commencé, elle le poursuivait. Si je me risquais à une telle surprise, elle retirerait chacun de ses vêtements en découvrant cela, et là mes yeux parcoururent sa silhouette de haut en bas, se rappelant de ses courbes superbes masquées sous ses habits, mon sourire s’élargit un peu plus alors qu’elle poursuivait, imaginant comment elle m’embrasserait, comment elle m’entrainerait dans la salle de bain pour m’inviter à se joindre à elle, et là les photos de son snap envoyé un peu plus tôt alimente mon imaginaire. « Ok il faut clairement que tu me fasses faire une carte d’accès. » Ou au contraire, il ne valait peut être mieux pas. Parce que la fin du scénario ‘surprise’ pas besoin de se la dire, on ne jouerait pas au tarot dans le bain, clairement… Et puis ensuite, je reprenais un peu ma contenance et mon sérieux livrant l’un de mes tracas du moment, tracas qui concernait Cam, comme si le coma de Dim ne suffisait pas à occuper nos esprits. Y’avait Aaron, petit merdeux, qui avait sauté Camila pour m’atteindre, lui révélant, la blessant, la réduisant au statut de femme objet, utilisée, manipulée, et en plus de cela ce connard fanfaronnait par sms auprès de moi. Ca ne passait pas. Je nourrissais des plans de vengeance, mais je ne pouvais pas embarquer ma cousine là dedans. Je ne voulais pas qu’elle se retrouve au milieu de tout cela, et puis elle avait clairement la tête à autre chose. « Je me méfie de lui Cléo. C’est pas un mather comme les autres. Il est malin. Il a reçu une éducation, comme nous, c’est un gars de la haute société irlandaise, on se fréquentait quand on était mômes. Je le crois capable du tout. Et du pire surtout. » M’étonnerait même pas qu’il essaie vraiment d’approcher ma mère quoi. « En tout cas, il s’est fichu de Cam, et ça, ça ne passera pas. » Et sur ce point, mon interlocutrice était sur la même longueur d’onde. Elle planchait déjà sur un plan de vengeance, émettant l’hypothèse d’aller s’en prendre à sa famille à lui. « Impossible. Fils unique. Pas de famille connu au bataillon dans les environ. MAIS… On peut s’attaquer à ses potes. Il traine avec toute la racaille mather tu sais. Ce crétin de Forbes, l’autre raté de Maxime, ou encore ce taulard là, Denys. » Peut être qu’un des noms lui sonnerait suffisamment familier pour qu’elle s’en fasse de futures cibles.  Une pause dans nos manigances, le temps de lui voler un baiser qu’elle ne refusa pas, mais qu’elle me reprocha ensuite. Elle se reculait en m’expliquant que je n’avais pas le droit, parce qu’elle allait y prendre goût, qu’elle ne voulait pas ça. Mon regard planté dans le sien, je la regardais remettre un peu de distance entre nous. « Faut que t’arrêtes de me regarder comme ça alors, sinon je ne promets rien, je risque de recommencer. » On s’y noierait dans ses billes bleutées. Elle avait ce regard… Concentrons nous sur son moral, oui. Parce qu’à la base, j’étais venu pour ça. M’assurer que je ne lui avais pas trop causé de dommage dans ma petite vendetta contre sa sœur. « Peut être que t’es une Strauss, mais moi je suis un Wildingham. Et on ne me berne pas avec un sourire. Même aussi ravissant que le tien… » Et peut être parce que moi aussi, je la connaissais la chanson. On se ressemblait sur pas mal de point avec Cléo. Et celui de sauver les apparences et de jouer les stoïques inatteignables en faisait partie.  

  Elle était douée. Oh oui, elle était plus que cela même. Ses mots, pesés, calculés, savamment choisis, l’inflexion de sa voix, le regard qu’elle me lançait, jusqu’à la façon dont ses lèvres bougeaient, tout semblait fait pour me séduire. Elle ne chauffait pas Cléo, elle n’allumait pas, non. Ca c’était des termes valables pour les roulures des bas quartiers. Cléolya, elle, elle était bien au dessus. Elle ne chauffait pas, n’allumait pas, elle enflammait, elle incendiait, elle mettait complètement le feu. Et en quelques échanges, elle avait réussi à me donner envie de l’avoir, cette fameuse carte d’accès pour sa suite. « La mériter tu dis ? Et t’as une idée de comment je pourrais gagner mon précieux sésame ? » demandai-je, yeux plantés dans les siens, sourire charmé aux lèvres.  Elle s’écartait ensuite, sagement, instaurant une petite distance qui était surement nécessaire vu la tension montant clairement entre nous. Et parler sérieusement, de Camila, de ses problèmes, ça calma le jeu, calmer le feu. Ma colère contre Aaron était contagieuse, et en quelques paroles, j’avais acquis une nouvelle alliée contre l’ancien mather. Cléo parlait déjà de plan. L’idée de lui rendre la monnaie de sa pièce était bonne, mais il n’avait pas de famille. Je citais quelques uns des potes du garçon, les premiers qui me venaient à l’esprit. Cléo sembla alors mal à l’aise elle commença par répondre que pour Forbes ou Max, elle était opé, mais pas le taulard… Ha oui, Ashleigh, j’en oubliais presque que cette toxico était sa sœur. Oui parce que pendant un quart de secondes, je pensais que les réticences de mon interlocutrice étaient dues à cela, mais ce qu’elle ajouta ensuite, ce qu’elle me révéla, ça je ne m’y attendais pas. « Ton ex ? Non mais qu’est-ce que vous avez toutes avec ce gars à la fin ? » Ca m’avait mis en rogne de savoir qu’Hippo l’avait hébergé et avait couché avec lui l’an passé, mais là de savoir qu’il était carrément sorti avec Cléo, ça me foutait encore plus les boules. Ca me donnait envie de le renvoyer directement case prison… Je me repris, revenant sur notre plan de base, chassant l’autre junkie de ma tête pour me concentrer sur nos deux autres cibles. Réfléchissant à un plan d’attaque. « On a donc Forbes et Maxime dans notre viseur… Juste une chose Cléo, ne couche pas avec Wade Forbes. Il a volé mon héritage, il a ruiné mon premier couple avec Kyla, il fait une espèce de fixette sur moi et veut me voler ma vie alors, juste, ne couche pas avec lui… » Et en fait, en y réfléchissant… « Ne couche avec pas avec Maxime non plus… On trouvera une autre façon de les atteindre. » Ouais en gros je n’avais pas du tout envie de la savoir dans les bras de ces raclures… Ou dans les bras de n’importe qui d’autres d’ailleurs. Et puis ensuite ce baiser volé, cette interdiction de recommencer, cette distance qu’elle accentuait entre nous, mais ce regard, qu’elle gardait planté dans le mien. Je soulignais donc que si elle continuait de me regarder comme ça, j’allais recommencer. Et elle me disait de prendre sur elle, qu’elle ne contrôlait pas, avouant à demi mot son attirance. « Cléo… » soufflai-je avec l’irrépressible envie de fondre à nouveau sur elle. Mais ce n’était pas ça que j’étais venu faire, à la base, j’étais passé dans sa chambre pour m’assurer qu’elle allait bien. Ce qu’elle faisait, elle m’assurait que ça allait, fière, stoïque, forte… Mais je n’étais pas dupe. Je comprenais ce qui se cachait derrière ses sourires, et même si à nouveau elle se défendit d’être touchée, elle finit par s’avancer jusqu’à moi, venant se blottir contre moi. Mes bras s’enroulèrent autour d’elle, l’enlaçant avec douceur. « Tu sais que si je peux faire quoi que ce soit pour te faire aller mieux, je le ferais…. » Parce que bon, c’était un peu ma crise à Ayma et ma magouille contre elle qui avait provoqué la dispute entre les deux sœurs, j’avais donc un peu ma responsabilité dans cette histoire.