Le ciel, noir d'encre, avec des taches lumineuses ici ou la, la nuit aussi belle que la précédente, et le corps immergé dans l’eau, comme à peu près chaque soir depuis notre arrivé au Laos.
Je me demandes s’il serait possible d’avoir une piscine installé dans le manoir d’oncle Fred. Ou encore… si on change le loft pour un autre avec une piscine…. Interne peut être, pour qu’on puisse l’utiliser l’hiver aussi. Ou serait ce une mauvaise idée? Je n’aurais plus autant d’argument à proposer si je veux le faire voyager. Benji sera aussi content qu’en se moment, et on l’utilisera au moins autant qu’on le fait pendant la dernière semaine … On y fera plein de “trucs” comme la tout de suite. Il sera peut être nu chaque soir à faire la planche, et moi heureux, béat, accroché à la paroie de la piscine, tête rejeté en arrière à regarder le ciel.
Noir, avec une multitude de tâches lumineuses.
J’aime ce genre de calme qui succède à la tempête, le genre ou je me trouves complètement vidé, et n’ai besoin de rien d’autre que quelques battements de jambes pour exprimer cette hyperactivité qui me caractérise.
Le genre qui me laisse encore assez chaud, pour apprécier la fraîcheur de la nuit, et de l’eau. Bientôt cependant, je vais peut être sortir, me sécher, et me poser sur un transat, à le regarder encore combattre ce froid qu’il ne ressent pas.
- Jona...?  
-Hum?
Répondis je, pas tout à fait redescendu, toujours à regarder les étoiles.
- Baby, si je veux faire un voyage cet été, tu m'accompagnerais? le questionnais-je. Quelques jours. Peut-être une semaine.
Je redescends lentement. Trés légérement, encore avec un sourire
-Qui est ce qui t’embrassera pendant le décalage sinon?
Demandais je
-Ou est ce que tu veux qu’on aille babe?

C'était calme pourtant.
Rien que quelques secondes sont passé, entre le moment ou mon corp décontracté appréciait le jeu de l'eau sur ma peau, et le moment ou tout mes muscles se tendent. Mes yeux passent du noir du ciel, au visage de Benji. Et je crois bien que ma tête tourne un moment, à cause du geste brusque, que je viens de faire.
Est ce qu'il a vraiment dit ... Salcha?
Est ce que l'eau s'est refroidit d'un coup?
Salcha. Merde... Ce nom que j'ai toqué quelque part dans mon esprit, très loins avec le peu de souvenir que je veux pas me rappeler. A coté d'une image de moi vomissant mes tripes à Londre, et d'un souvenir d'enfance de moi entrain d'embrasser la fille de la voisine...
Salcha est le nom d'une connaissance de Benji, qui m'a tenue éveillé, 2 jours. La femme qu'il a connu longtemps auparavant et qui est devenue mannequin ... Celle la même qui s'est débarrassé d'un enfant, et l'a donné à l'adoption à Milan, 9 mois après avoir quitté le brun qui flotte devant moi.

Je le fixe, sans rien dire, l'écoutant parler, me demander de chercher ou elle peut être... Et un gout amère dans ma bouche me fait légèrement grimacer. Juste un peu, avant de me reprendre. Je me rends compte que mes mains agrippent le bords, quand mes jointures blanchissent, et commencent à me faire mal.
Calme Jonathan.
Détachant lentement mes mais des bords, je lisse les expressions de mon visage, et rejette à nouveau la tête en arrière.
-Tu veux voir Salcha?
Demandais je, enfin, d'un timbre égale. N'ayant rien d'autre à dire vraiment...

"Ça me travaille depuis que tu m'en a parler."
J'aurais voulu ne jamais lui en avoir.
J'aurais préféré ne jamais avoir fait cette découverte. Ou peut être même ne pas avoir continué mes recherches.
Voila à quoi ça mène de fouiner. Quelques part, ou on tombe sur quelque chose, qu'on aurait voulu ne jamais savoir. Maintenant il veut vérifier la véracité des informations que je lui ai rapporté, alors que le soir même, quand j'étais pas assez éveillé pour comprendre ce que mes mots voulaient vraiment dire, il m'a rassuré. Il était sur, que ça ne pouvait pas être vrai...
Le lendemain quand j'ai texté Sloan, pour qu'il me rassure lui aussi, et que j'ai eu des sueurs froides en lisant ses réponses, je me suis rendu compte que la perspective qu'il soit père, était aussi effrayante que si je l'étais moi même. Ca m'a chamboulé, moi qui ne croit pas en la famille, en ayant une complètement perturbé. Ca m'a empêché de dormir. J'ai même triché en prenant un cachet qui m'a assommé... dérangé. Le lendemain, cependant, j'ai radicalement décidé que cette éventualité n'existe pas (plus).
Jusqu'a aujourd'hui.. Maintenant.
J'aurais dû me rendre compte plus tôt, qu'il ne laisserait tomber. Comprendre qu'une fois complètement éveillé le lendemain matin il aurait continué à y pensé. Je l'ai peut être espéré...
-Tu m'as dit que ce n'était pas possible. Que tu te protégeais.  

En vrai, je n'y ai jamais cru. Mais si je m'écoute, je ne vais plus parler, alors je parle... Bougeant légèrement, je n'attends pas qu'il me réponde, pour me diriger vers l'escalier de la piscine. En sors, et prends mon peignoir.
Parce que finalement, il fait trop froid dans l'eau.

Je dois rester.
Je suis obligé de rester, je ne dois pas le laisser tomber, lui tourner le dos. Je dois combattre cette envie qui me taraude de le laisser dans la piscine et m'en eloigner le plus possible. Parce qu'il en a besoin... Et que peut être, quelque part, moi aussi j'en ai besoin.
Lui? Parce qu'il a toujours tout fuis, tous ses problème, et ne s'est jamais attaché à personne, et à aucun endroit. Jusqu'a ce que je le convainc, qu'il n'avait rien à craindre avec moi. Si je m'en vais, maintenant, ne serait ce pas un abandon de ma part?
Même si toutes les fibres de mon être cherchent à mettre de la distance, entre moi, et le problème.
Moi? Tout simplement parce que, si je pars maintenant, je ne suis pas sur de ce qui va se passer dans ma tête. Je ne sais pas encore, comment je vais gérer. Et je suis beaucoup plus effrayé par ma réaction, que par ce que je ressens. Et puis ... je n'ai pas envie d'une autre pillule.
Je me dis aussi, d'une façon trés égoiste, si je reste il va pouvoir me rassurer. D'une manière ou d'une autre .
Même si je n'ai pas envie qu'il me touche. La tout de suite, je préfère m'emmitoufler dans mon peignoir tout doux, qui bizarrement à l'air bien rugueux ce soir.

N'ai je pas sortit un paquet de cigarette hier? Ou est ce que je l'ai mis? Je le cherche du regard, rien que pour avoir quelque chose à faire, tandis qu'il me réponds, trés calme. M'explique que les accidents peuvent arriver...
Ah le voila, sur la table pas loins, avec un briquet. J'allume une cigarette, gagne du temps, et m'adosse à la table, pour regarder mon homme. Inhalant une langue inspiration d'air souillé, je sens la nicotine me piquer la gorge. En même temps que j'entends ma voix demander.  
-Et si c'est le tien...?
Question.

J'hinale une nouvelle fois, sous les yeux interrogateur de Benji.
Il semble ne pas saisir le bouleversement que ça provoque en moi, puisqu'il semble surpris par ma posture. Je souffle la fumé blanchâtre, la regarde s'évaporer sans rien ajouter, attendant ce qu'il aurait à me dire.
Ce qu'il me réponds me fait légèrement sourire "J'en sais rien".
Moi je sais... Je le connais mon homme, je sais ce qui va se passer si c'est le sien, surtout si son enfant est adopté, dans un orphelinat, ou chez des personnes qu'il ne connait pas.
S'il avait été avec sa mère, il aurait pu le laisser avec elle, et être impliqué de loins. Sauf que, la, avec un enfant arraché à sa famille biologique. Je sais exactement ce qu'il va faire.
Je ne dis rien, la non plus. Je continue à le regarder, et à fumer ma cigarette, dont la longueur diminue...
-Tu veux que je vérifie ou est ce qu'elle est?  
Demandais je, avant de continuer Pendant mes recherches j'ai su qu'elle était de retour à Milan. Elle y a pris un appartement depuis 2 ans, et même si son boulot la fait voyager longtemps, elle y retourne toujours.
Déposant le mégot de ma cigarette dans un cendrier posé la table sur laquelle je me suis adossé, je reprends :
-T'as qu'a me dire quand est ce que tu veux qu'on y aille, je pourrais vérifier ou elle se trouves.
Voila. Je serais la pour lui. Avec lui ... On verra.