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« Un p’tit tour le long de Charles River, ça te dit ? »

Elle avait hésité de longues secondes avant d’envoyer le message à son destinataire. Les mains moites, Lisbeth avait reposé son téléphone sur le comptoir de la cuisine avant de faire les cents pas, un verre d’eau à la main. Oui, vous avez bien lu, elle tenait bien un verre rempli de liquide transparent non-alcoolisé. Ses pieds nus allaient et venaient, heureux de la fraîcheur du carrelage anthracite. Déjà prête, la jeune femme n’attendait plus que la réponse du fameux destinataire pour se décider à quitter son appartement silencieux, Loïs étant au Summer Camp. Finalement, son téléphone vibra et elle se jeta presque dessus. Sa pâleur inhabituelle disparut à la lecture de la réponse attendue et un petit sourire naquit sur ses lèvres. A quoi s’était-elle attendue, au juste ? A être remballée, envoyée sur les roses ? Peut-être bien. Soulagée mais quand même un peu anxieuse, Lisbeth alla finir de se coiffer. Elle opta pour un chignon destructuré (de toute façon, elle détestait tout ce qui était bien trop structuré, la preuve résidant dans sa manière de s’habiller et dans sa coiffure). Elle attrapa sa veste légère et son éternel sac en bandoulière et enfila ses baskets avant de quitter son appartement.

Le soleil avait pratiquement disparu de l’horizon quand elle arriva près de Charles River. Il y avait déjà foule mais elle repéra rapidement le point de rendez-vous que son mystérieux interlocuteur par messages lui avait indiqué. Ce soir, aucun signe distinctif ne permettait de la reconnaître de loin : ses tatouages étaient pratiquement tous camouflés à l’exception de ceux ornant ses cuisses. Mais de loin et dans le crépuscule, il était difficile de les distinguer. Finalement, la jeune femme baissa sa garde, chose qu’elle ne s’était pas permise de faire depuis des mois et elle leva les yeux au ciel pour contempler les premières étoiles qui s’allumaient.

@Clay Fitz. Cooper

   

« Along Charles River

"  Happy Independence Day ! " ⤇ TG La fête nationale est prétexte chaque année à un déploiement des forces de l'ordre assez conséquent, qui ne laisse en rien douter de nos faiblesses du fait d'un manque d'engouement croissant pour cette profession tellement banalisée par les séries télévisées. Mais je ne suis pas de la fête aujourd'hui, ayant voulu disposer de ma journée comme bon me semble au détriment de mes hommes qui devront se passer de mes conseils avisés. Et pourquoi? Pour me retrouver seul à cogiter sur les récents événements qui ont plus ou moins marqué ma vie affective, dans l'uniformité morbide de cet appartement qui m'a été attribué il y a quelques semaines de çà. Il est lumineux, vaste, d'un concept industriel qui me correspond tout à fait mais le fait est qu'il manque cruellement de vie et dans l'espoir de combler ce vide, un aquarium est venu s'incruster au décors. C'est une animation silencieuse qui chaque soir m'apaise mais cette fois-ci déroge à la règle puisqu'une légère tonalité accompagnée de vibrations me font sortir de ma léthargie. Durant quelque secondes, l'écran de mon téléphone abandonné sur cette table basse boisée s'est illuminé bien que je n'ai eu la présence d'esprit d'y jeter un coup d'œil, persuadé qu'il s'agissait texto m'avisant à reprendre mes fonctions. Pas vu pas pris, j'suis là pour personne, tant pis. Mais la curiosité l'emporte au bout de quelques minutes et c'est un peu surpris que j'en détaille méthodiquement le faible contenu:  « Un p’tit tour le long de Charles River, ça te dit ? » Pas un ordre de ma hiérarchie mais une demande habillement tournée de la part d'une... amie. Les choses ont bien changé depuis le jour de notre première rencontre et je ne saurais à présent comment qualifier Lisbeth bien que mes relations avec les femmes ont toujours été conflictuelles. Décidant qu'une entrevue n'engageait à rien, mes doigts entament une symphonie au rythme accéléré jusqu'à s'arrêter quant vient le moment de se décider sur le point de rendez-vous. Le kiosque à journaux, le fleuriste du coin ou l'esplanade dont les cerisiers japonais se sont parés de leurs plus beaux atours? Après des secondes de réflexions, le texto est achevé puis envoyé pour aller enfin me préparer. Mon congé posé à la dernière minute, je n'ai pas pris la peine de contacter Bambi ou Anna afin de récupérer Tobias aujourd'hui. Charles River et ses péniches qui pour l'occasion demeurent impassibles au beau milieu des flots, aux premières loges et fin prêtes quand viendra le temps de tirer les feux de Bengale... J'ai, quant à moi, opté pour quelque chose de décontracté, affublé d'un jean, t-shirt blanc col v et d'un sweet bleu marine rappelant les cieux qui daignent petit à petit s'illuminer, le regard posé ici et là sur les petites tenues légères et échancrées. Et comme d'accoutumée, Larsson se détache des autres de part sa féminité cachée, les yeux levés vers ce firmament étoilé, songeuse à je ne sais quel fait. " Pas de robe ce soir...? "

MAY
@Lisbeth Larsson

Contemplant le ciel qui commençait à s’étoiler, Lisbeth n’avait pas entendu Clay s’approcher d’elle. De toute façon, il y avait tellement de va-et-vient qu’elle n’aurait peut-être pas pu deviner que c’était le jeune homme qu’elle attendait qui s’était approché d’elle. Observant le ciel, elle s’était perdue dans ses pensées. Des images défilaient dans son esprit comme toutes les tentatives d’assassinat qu’elle avait déjouées, ses recherches qui, subitement, avançaient beaucoup trop vite et son accident de voiture qui l’avait pas mal chamboulée même si, comme d’habitude, elle n’en montrait rien. Sauf à cet instant où son véritable visage se révélait aux cieux crépusculaires. Si Clay avait pu contempler à souhait ses quelques hématomes apparus à cause de sa dernière chute, ils semblaient minuscules face à ceux qui couvraient sa poitrine. Une des raisons à sa tenue un peu moins féminine que ces derniers temps. Devinez quelles parties de son corps avait été épargnée ? Ses jambes, son dos, son visage. Elle revoyait parfaitement ce con de chauffard débarquer de nulle part, grillant ce stop comme s’il n’avait jamais existé et puis le choc. Durant un court instant, sa respiration se coupa comme si elle revivait physiquement cette collision. Elle se rappelait la panique qui l’avait envahie quand elle s’était rendue compte qu’elle n’arrivait plus à respirer. Elle avait dû faire un sacré travail de maîtrise de ses émotions avant de pouvoir à nouveau inspirer et expirer normalement. Son souffle se débloqua au moment où une voix bien connue la tira de ses souvenirs. Elle baissa le regard sur le lieutenant alors qu’un petit sourire se dessinait sur ses lèvres.

« Non, pas ce soir. Déçu ? »

Elle décroisa les bras, dévoilant son haut au tissu blanc et un peu plus épais que ce qu’elle avait l’habitude de porter ces derniers temps. Un début de décolleté mettait quand même sa silhouette en valeur mais cette fois-ci, il en dévoilait un peu moins que d’habitude. Lisbeth se permit de détailler Clay d’un œil approbateur.

« Tu es pas mal, ce soir. »

Et pas que ce soir… Elle rajusta son sac en bandoulière et grimaça légèrement quand la lanière fit frotter le tissu sur sa peau meurtrie.

« J’aurais pensé que tu travaillerais mais… Je suis contente que ça ne soit pas le cas. »

Petit à petit, elle commençait à dire ce qu’elle pensait vraiment. Enfin, elle l’avait toujours fait mais pas en des termes très élogieux. Là, elle révélait plus des choses qu’elle ressentait et elle n’en avait pas l’habitude. Un peu plus et elle se mettait à rougir (si ce n’était pas déjà fait).

@Clay Fitz. Cooper

   

« Along Charles River

"  Happy Independence Day ! " ⤇ TG « Non, pas ce soir. Déçu ? » Un peu et mon air enjôleur le laisse suffisamment suggérer. Au moment même où elle a dégagé son décolleté, mes yeux se sont frayés un chemin vers ce dernier mais à mon grand désespoir je la découvre bien plus habillée que d'ordinaire, surprenant de sa part surtout avec le redoux de la saison.  « Tu es pas mal, ce soir. » Aussi surprenant qu'il paraisse, je me suis aussitôt observé, prenant le soin de reconsidérer ma tenue pourtant légèrement débraillée mais certes plus personnelle que ce que j'ai jusque là porté devant elle tandis qu'elle réajuste, comme si elle était indisposée par son compliment, l'anse de son sac à même son épaule. « J’aurais pensé que tu travaillerais mais… Je suis contente que ça ne soit pas le cas. » J'aurais pu, j'aurais certainement dû... " Le privilège d'être un gradé: pouvoir m'absenter, " tout en restant néanmoins joignable si jamais il advenait qu'on ait besoin de moi sur le terrain. A cette pensée d'ailleurs, ma main s'est dérobée jusqu'à l'une de mes poches à la recherche de mon portable, m'assurant de sa présence avant d'aller plus loin. Les doigts effleurent une coque à peine tiède, témoignage de l'activité de l'objet toujours prêt à me rappeler à l'ordre pour finalement soupirer, un brin confus par la situation, grimant des mains toujours logées dans mon pantalon. " C'est pas un rencard au moins ? "  Qu'on mette les choses au point avant d'entamer cette promenade nocturne peu banale parmi la plèbe qui s'extasie bêtement de ce jour béni des Dieux. Ce que j'en dis, c'est que je me sais avoir outrepassé les limites de la simple amitié avec elle mais le fait est que je n'ai jamais encore éprouvé cette même gêne avec une autre, preuve en est qu'elle est belle et bien unique à mes yeux, une autre faiblesse que je ne veux m'avouer. Alors nous entamons cote à cote cette balade sous de meilleurs auspices, flânant inconsciemment entre les nombreuses silhouettes. Un peu plus loin sur les bords de la rive s'amusent joyeusement quelques gamins sous l'œil attentif de leurs mères respectives. Que je hais les gosses des autres, toujours à brailler, à courir à droite et à gauche, manquant cruellement de discipline faute de parents peu autoritaires. Et les reluquant, je ne peux m'empêcher de grincer entre mes dents involontairement le fond de ma pensée lorsque l'un d'entre eux s'en prend au vélo d'un autre par simple méchanceté: " Sale gosse... "

MAY
@Lisbeth Larsson

Lisbeth lut la déception dans le regard de Clay quand elle lui demanda s’il n’était pas trop déçu qu’elle soit plus habillée que d’habitude. Elle ne put s’empêcher de sourire avec une légère ironie. Elle n’allait tout de même pas se justifier et lui balancer qu’un connard avait grillé un stop et qu’elle lui était joliment rentrée dedans. Sans oublier qu’elle se serait senti obligée de lui faire un état des lieux de son état de santé : de magnifiques contusions et cette fois, une côte cassée. Autant dire qu’elle passait de mauvaises nuits et qu’elle surveillait ses positions et surtout elle modérait ses éclats de rire. Euh… Ouais, d’accord, ils n’étaient pas très nombreux ces derniers temps alors ça ne lui posait pas trop de problème de ne pas rire.

« J’avais oublié la chance que tu as d’être lieutenant. »

Comment le savait-elle ? Non, pas grâce à son ami son ordinateur portable. Pour une fois qu’elle récoltait des informations sans ses fidèles ordinateurs ! Toutefois, la jeune femme se doutait bien qu’il devait bien être de piquet et répondre à tout appel de la part de ses collègues. Quand il lui demanda si ce n’était pas un rancard, elle ne put s’empêcher de rire. Rire qui fut bien rapidement réprimé quand elle sentit la douleur lui couper littéralement le souffle. Quelle saloperie de blessure !

« Non… Ce n’est pas un rancard, sois rassuré ! »

Ils commencèrent leur promenade nocturne parmi la population de Boston qui semblait s’être rassemblée près de Charles River. Le silence s’était installé entre eux, perturbé par des cris et des rires d’enfants. Lisbeth les suivait du regard et remarqua le fameux sale gosse qui s’en prenait au vélo d’un autre. Ah, Clay avait bien raison ! Elle allait lui répondre quand elle remarqua que la bicyclette appartenait à une fillette. Et il ne fallait pas s’en prendre à la gente féminine, peu importe son âge. La jeune suédoise dévia du chemin qu’ils suivaient et se dirigea vers le gamin en question alors que la fillette lui criait dessus. Elle se reconnut un peu en elle et était certaine qu’elle savait se défendre toute seule. Le garçon la vit approcher et, inutile de préciser que Lisbeth avait sorti son regard froid et dur. Le gamin hésita un instant, prêt à la provoquer, mais la fillette en profita pour lui arracher son vélo des mains en le prenant par le guidon. Surpris, il lâcha le bien et reçut au passage un coup de pédale dans le tibia. Il partit en courant et en boitillant. La fillette se tourna vers Lisbeth et lui sourit avant de déguerpir avec sa bicyclette. Satisfaite et surtout contente de n’avoir pas eu besoin d’ouvrir la bouche pour faire fuir le sale gosse, elle rejoignit Clay.

« L’opération sale gosse a vite été réglée… » Plaisanta-t-elle.

Son regard s’était radouci et elle sourit à l’homme qui l’accompagnait.

« Au fait, je voulais te parler de quelque chose… En fait, j’aimerais avoir ton avis. J’ai reçu une proposition du MIT pour y enseigner mais j’ai aussi la possibilité d’enseigner à Harvard. La différence c’est qu’au MIT, j’aurais la possibilité de faire de la recherche, également. »

Et peut-être savait-il qu’elle était surdouée et que si elle ne stimulait pas sa matière grise, elle allait virer folle-dingue. La recherche était tout indiquée pour elle. Surtout avec ce qu’elle créait de son côté. Le MIT semblait beaucoup plus adapté. Cependant, elle voulait entendre l’avis de Clay. Et c’était bien la première fois qu’elle demandait l’avis de quelqu’un au sujet de son avenir professionnel. Mais c’était aussi la première fois qu’elle était confrontée à une décision de ce genre.

@Clay Fitz. Cooper

   

« Along Charles River

"  Happy Independence Day ! " ⤇ TG Évidemment la demande n'était pas très subtile et un brin ridicule faut dire vu nos âges respectifs, peut-être d'avantage venant de ma part, chose qui l'a fit aussitôt rire. « Non… Ce n’est pas un rancard, sois rassuré ! » Sur le coup un peu troublé par cette conversation, je me suis brusquement frotté la nuque pour signaler de mon embarras avant de faire un bout de chemin à ses cotés jusqu'à ces deux gamins en train de se chamailler. Ou plutôt jusqu'à celui qui s'était insurgé bourreau d'une fillette aux cheveux bouclés, petite créature fluette qui les mains devant les yeux pleurait son pauvre vélo maltraité. Mais dès mes mots soufflés Lisbeth prend la tangente à mon grand étonnement et se dirige droit vers les deux protagonistes du triste spectacle. Ma main s'élève en vain, prétextant vouloir l'arrêter alors qu'elle est en si bon chemin pour en terminer mais elle est déjà bien loin, trop loin pour la stopper. Elle s'approche tandis que je regarde un peu dubitatif ce qui peu à peu se dépeint sous mes yeux: une jeune femme prête à rendre justice et à défendre l'opprimé, un brin touchante sous ce voile d'autorité qu'elle expérimente auprès des plus jeunes. Elle campe sur ses positions, fait face à l'effronté qui ne voit pas le danger arriver: une main frêle qui empoigne le guidon afin de lui arracher son précieux bien volé, quitte à lui donner un coup bien mérité au passage. Il s'enfuit aussitôt sans demander son reste, claudiquant de temps à autres sur son membre diminué pour aller, je le devine, nous causer des ennuis en allant se plaindre à autrui. C'est pas bon. Et discrètement j'examine les environs, à la recherche de ce garçon que j'ai lâché du regard quelques secondes en faveur de la petite remerciant sa justicière. Mais personne à l'horizon. « L’opération sale gosse a vite été réglée… » Hein? Elle est revenue jusqu'à moi sans que je ne m'en sois rendu compte et son sourire apaise pour quelques temps mon appréhension. Je sais d'expérience que certains parents sont bien trop cons pour voir le mal qui ronge de l'intérieur leur propre progéniture. Toujours des gueules d'anges et de ce fait jamais corrigés, de la graine de délinquant à ne pas en douter. Elle m'arrache un sourire, le premier de la soirée que j'affiche clairement. Touché par la confiance qu'elle me porte, j'estime un instant sa question pour être aussi objectif que possible. " Le MIT? Plutôt prestigieux comme établissement pour un premier job et son entrée dans la vie active. " Bah... Tu seras au moins certaine d'avoir en plus des élèves assidus." Deux mondes différents, deux poids et deux mesures. " J'veux dire... C'est pas la même chose que ces étudiants bourrés de fric qui achètent leur place et leurs examens. " Et du point de vue financier y'a pas à tortiller, elle y sera bien mieux payée.

MAY
@Lisbeth Larsson

Voir un parent débarquer et lui foutre une bordée ne l’impressionnait pas le moins du monde. De plus, elle n’avait absolument rien fait ni dit au garçon. Un regard avait suffi et la fillette avait fait le reste. Lisbeth avait juste déstabilisé le gamin en venant vers eux, ce qui avait permis à la petite fille de récupérer elle-même son vélo. Le coup de pédale et tout le reste n’avait pas été de son ressort. Oui, elle détestait l’injustice même si cette petite scène ne l’avait en aucun cas regardé. Même si peut-être, elle aurait dû laisser ces gosses se débrouiller tout seuls. Mais ç’avait été au-dessus de ses forces. Etant petite, on l’avait trop laissé se démerder seule alors qu’elle aurait voulu que quelqu’un la défende. Alors oui, elle s’était mêlée de ce qui ne la regardait pas et tant pis ! La reconnaissance de la petite fille aux bouclettes valait toutes les récompenses du monde et Lisbeth la regarda s’éloigner sur son vélo un court instant, perdue dans ses pensées. Si un jour elle devait avoir des enfants, elle veillerait à ce que jamais ils ne soient comme ce garçon qui s’était cru tout permis. Euh… Ses pensées s’égaraient un peu trop loin, même très très très loin. Peut-être qu’elle devrait arrêter les antalgiques forts. Finalement, elle revint vers Clay, qui avait suivi toute la scène de loin.

La jeune suédoise fut surprise par le sourire sincère du jeune homme. Elle resta un moment silencieuse, se demandant comment elle, la femme qu’il avait méprisée en un coup d’œil lors de leur première rencontre, en était arrivée au stade où il lui souriait de la sorte. Elle se reprit rapidement et lui exposa son dilemme : Harvard ou le MIT ? Même si son choix penchait plus d’un côté de la balance que de l’autre, elle était intéressée par le point de vue du lieutenant. Elle croisa les bras alors qu’ils poursuivaient leur balade, se frayant habilement un chemin parmi la foule. Sa remarque concernant les étudiants bourrés de fric lui fit hocher la tête.

« C’est plus compliqué d’acheter sa place au MIT, voire impossible alors je ne me fais pas de souci pour l’assiduité des étudiants. »

Et si elle avait été contactée par l’Institut, ce n’était pas parce qu’elle avait payé pour passer ses examens. Ses professeurs s’étaient acharnés sur elle pour la pousser dans ses retranchements si bien qu’elle s’était mise à les détester tout en comprenant ce qu’ils attendaient d’elle. Ça devait leur changer de ces gosses de riches. Elle ne pensait en aucun cas être au-dessus de tout le monde mais elle constatait seulement ce qu’elle avait vu et ressenti.

« Si on m’avait dit ce que je ferais aujourd’hui une année plus tôt, je n’y aurais jamais cru. Hésiter entre enseigner au MIT ou à Harvard, complètement insensé. »

Lisbeth se rendait compte du chemin parcouru et ça lui faisait un peu peur. Tellement de changements avaient perturbé sa vie qu’elle se demandait comment cela était possible et quand sa vie avait commencé à prendre un autre tournant.

« Je pense à un truc : tu sais pas mal de choses sur moi alors que je ne sais pratiquement rien de toi, hormis que tu es un lieutenant de la DEA particulièrement doué. Qui a réussi à me démasquer. Bon, pas de manière super loyale mais… J’aurais utilisé les mêmes méthodes pour avoir ce que je veux. Surtout si mon instinct me souffle que j’ai raison. »

Était-ce une manière détournée de lui faire comprendre qu’elle lui avait pardonné ? Ou qu’elle s’y attelait ? Un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

« Alors dis-moi, d’où est-ce que tu viens ? Où as-tu grandi ? Est-ce que tu as des frères et sœurs ? Tu travailles depuis combien de temps pour la police de Boston ? Ce sont des informations que j’aurais pu trouver toute seule mais… Je laisse peu à peu tomber cette méthode… »

Ça y’est, elle était devenue Lisbeth l’interrogatrice. Si Clay l’envoyait sur les roses, elle aurait au moins essayé. Et puis, il n’était pas obligé de répondre à toutes ses questions.

@Clay Fitz. Cooper