J'ai toujours été meilleure à jouer qu'à être sincère, tu pourra demander à Scarlett, elle sait comment ça se passe, elle sait comment je suis. C'est celle qui le sait mieux que personne, même. « Je ne pense pas que tu sois la mauvaise personne au contraire, tu es sans doute celle qui la connaît le mieux. » Je le regarde, sans être complètement convaincue. Possible, comme l'inverse. Le visage ne change pas, tu veux jouer, jouons. « C'est justement parce qu'elle m'a parlé de toi, que tu semblais importante pour elle, que tu es là aujourd'hui. » Hochement de tête, relevé d'un petit "Ah." léger et sec. Viens en au fait, « Je pense que c'est pas Scarlett qui était visée directement. » Les sourcils se haussent, fausse interrogatrice. « Ça s'est passé devant chez toi, et clairement on a voulu faire passer un message je pense. » Fait l'ignorante, fait l'innocente. « Je sais pas ce que tu as pu faire, mais je sais que tu es plutôt mystérieuse, que ton côté fille de l'Ohio sans histoire, c'est pas vraiment toi. » un léger sourire en coin se présente, c'est pas parce que ça te plaît pas que ce n'est pas le cas. Je suis juste une personne basique, comme t'en trouve à tous les coins de rue. Je vivais avec mon père, j'ai eu la chance d'être prise à Harvard, je profite de la vie comme tous les étudiants, j'ai pas une vie ou une histoire extraordinaire. Rare sont les personnes qui viennent de l'Oahio qui en ont, d'ailleurs. « Je pense qu'on a fauché Scarlett, pour te faire du mal à toi Tamsin. » Mes yeux se bloquent dans les siens, essayant de prendre l'informations. Le cerveau tremble, bouillonne, et passe en revue les dernières actions plus ou moins légales avant l'accident de Scarlett. « Est-ce que quelqu'un pourrait vouloir te nuire ? » lui offre un léger sourire, sans plus. Je passe tout, mes demandes, les potentiels clients, mais je me couvre à chaque fois, je sais faire mon affaire, je sais comment gérer ça. Sauf peut-être une erreur, ou deux. "Qu'est-ce qui me retient ici, légalement parlant ?" marque une pause, explicite la question, "Si je quitte la pièce maintenant, qu'est-ce qui se passe ?" j'en ai les droits, je veux dire ? Dis moi que oui, j'ai des choses à faire, j'veux pas devoir passer je ne sais combien de temps ici à être interrogé par toi.

Il joue carte sur table parce qu'il sent que c'est ainsi qu'il doit faire. Les deux amies ne le sont pas pour rien. Il a l'impression d'affronter un cerbère là en fait. Première tête Scarlett, et deuxième Tamsin, prions simplement qu'il n'en existe pas une troisième. Le résultat semble pas probant en tout cas, parce que la seule chose à laquelle elle pense, c'est la fuite. Enfin, probant oui et non, parce que ça lui indique qu'il est plutôt sur la bonne piste. On s'enfuit pas quand on a rien à se reprocher. « Légalement, tu risques rien pour le moment. » Elle a juste éveillé sa curiosité en fait, elle a juste confirmé qu'il se dirige sur la bonne piste. Reste juste à savoir ce qu'elle peut avoir à se reprocher mais ça quelques jours de filature, et quelques questions posées ici et là, quelques experts lancés dans les méandres des réseaux lui permettront de savoir ce que Tamsin peut bien avoir à cacher de louche. « Mais il se passera que je ne vais pas te lâcher Tamsin, que tu le veuilles ou non, que ce soit par en face, ou de façon détournée, je creuserai chaque méandre de ta vie d'étudiante jusqu'à ce que je trouve quelque chose qui me convienne. » Alors c'est peut-être mieux d'en parler tout de suite. Parce que ce que ces deux insouciantes ne semblent pas comprendre c'est qu'il n'est pas l'ennemi. Il est là pour les protéger de l'ennemi et pour ça, il n'a pas besoin de leur consentement, la loi est de son côté.

« Légalement, tu risques rien pour le moment. » C’est tout ce qui me fallait pour que mes jambes me lèvent de ma chaise. J’avais rien besoin de plus que ça. Légalement, parce que malgré tout, je tiens à ce que mon casier judiciaire reste vierge. « Mais il se passera que je ne vais pas te lâcher Tamsin, que tu le veuilles ou non, que ce soit par en face, ou de façon détournée, je creuserai chaque méandre de ta vie d'étudiante jusqu'à ce que je trouve quelque chose qui me convienne. » Le sourire en coin naît sur les lèvres, “Amuse toi bien, alors.” Fouilles, fait-toi plaisir. Oui, tu trouvera des choses que personne ne sait, tu verra une mère disparue sans donner de nouvelle, un père qui se plie en quatre pour sa fille, tu trouvera une maladie dont une greffe serait la bienvenue et c’est tout. Le reste, c’est en dessous de l’iceberg. Le reste est protégé par un pare-feu tellement puissant qu’à peine quelqu’un essaie d’y entrer, j’en suis alerté. L’humain est bien faible face à des codes mathématiques, face à une intelligence que seuls peu d’entre nous contrôle. Dommage que j’ai appris assez tôt. Ma main attrape la poignée de porte, l’entre-ouvre, “Tu peux toujours venir boire un café à la maison ce soir, si tu veux.” C’est pas en toi que je manque de confiance, c’est en cette pièce. C’est en ce système installé autour de nous, ces caméras, ces micros, cette vitre. Tu parlais de façon détournée ? Je t’offre tout sur un plateau, mais dans un endroit où je me sais en sécurité. Dans un endroit où tu n'enregistrera pas, où mes mots seront simplement ce qu’ils sont et où rien ne pourra être repris contre moi. Je suis en mesure de t’aider, si tu détournes un peu les choses.

Elle se lève, trop heureuse de prendre la fuite. Il n'est pas vraiment étonné. En réalité, il a eu ce qu'il voulait. Il conçoit que le cadre est formel, impressionnant. Mais les règles sont les règles et il doit au moins en donner l'illusion. Un sourire en coin rétorque silencieusement au sien. Il va s'amuser certes, mais il va surtout essayer de comprendre pourquoi on veut lui faire payer quelque chose en attaquant son amie. Elle a en tout cas l'air bien sûr d'elle pour assurer sa garde. La jeunesse donne parfois l'illusion d'avoir des ailes, et pourtant quelques années seulement les sépare, mais l'histoire de chacun est bien différente. La Demoiselle s'arrête ainsi quelques secondes à la porte, l'invitant à boire le café, au moins, elle ne se ferme pas complètement. « Je sais où te trouver Tamsin, je viendrai en temps voulu. » Rien, ni personne ne lui échappe et peu importe le temps que ça lui prend. Quelque chose lui dit qu'il reverra bientôt la Brune et sa meilleure amie, et que cette fois les sourires de façade seront peut-être moins de circonstances.