« Il est mort Jekyll. » J’étais à deux doigts de briser mon portable. Mais j’pensais que j’devais arrêter mes conneries, j’avais déjà changé 4 fois l’écran cette année. Mâchoires serrées, j’relisais le texte encore et encore. Le texto provenait de ma mère. Depuis combien de temps je l’avais pas vu… j’pourrais même plus le dire. Depuis mes premières années d’Harvard sûrement. J’venais d’apprendre que mon père était mort, d’on ne sait quoi, à vrai dire je m’en foutais. Fallait que j’me calme. J’pensais pas que ça allait m’affecter autant. Mon père était un connard, un genre de dictateur qui voulait que j’finisse avocat, juge ou autre médecin alors que moi j’étais manuel, j’avais la vague à l’âme et surtout j’étais bi-polaire, du genre artiste quoi. Le côté instable, j’le tenais de ma mère. Ils s’étaient mariés jeunes, avant que mon père hérite de sa grande fortune. Elle, grande blonde aux yeux bleus avait su charmer le petit français et quelques années j’avais pointé le bout de mon nez. Elle était belle, innocente, amoureuse et mon père était innocent lui aussi à l’époque. Bien avant qu’il se transforme en hypocrite. Ça faisait des années que ma mère n’était plus avec lui, comment avait-elle appris cette nouvelle ? J’étais con, j’devais être sur le testament et elle aussi, ils nous devaient bien ça après le bordel qu’il avait foutu. J’prenais mon souffle tout en passant mes doigts dans ma barbe. J’le sentais mal cette histoire. « Il t’a laissé une lettre. » Bordel et puis quoi encore ? Mon père n’était pas du genre larmoyant alors une lettre pour s’excuser, plutôt crever, bien qu’il soit déjà mort. Une lettre pour m’en foutre plein la gueule ? Sans doute. Ma mère me spécifiait qu’elle ne l’avait pas ouverte, qu’elle me l’envoyait et que j’allais être contacté par le notaire afin de finaliser les dernières modalités du testament. Si je n’avais pas vu ma mère depuis un moment, parce qu’elle avait refait sa vie et parce que j’avais fait la mienne, j’avais pas vu mon père depuis encore plus longtemps. J’comptais même plus les années, depuis qu’il m’avait foutu à l’armée, depuis que j’avais fait une connerie d’ado en fuguant, me faisant passer pour mort. J’pensais voir dans ses yeux du regret, de la douleur, mais j’avais eu le droit qu’à du mépris. Bon débarras. J’avais pris ma vie en main en décidant de me couper de la sienne et je m’en sortais pas si mal. Pourtant, j’ressentais des émotions contradictoires à l’heure actuelle, sûrement à cause de ma mère, de mon foutu détraquement mental et de mes conneries. J’étais loin de me douter que la lettre que j’allais recevoir allait changer ma vie. Que quelqu’un allait à nouveau entrer dans la mienne. J’en oubliais presque que j’avais un frère et une sœur… Faudrait peut être que j’les appelle… Bordel je supportais pas ce genre de situation, j’étais à bout de nerfs. J’étais en colère, pour tout ce qu’il avait fait et encore… j’étais loin de m’imaginer ce qui allait me tomber sur la gueule par la suite…