J’avais l’impression d’étouffer dans ce pays qui n’était pas le mien. Je ne lui avouerais jamais, mais la présence de mon petit frère, aussi pénible soit-il, ça me permettait d’arriver à poser doucement un équilibre sur cette nouvelle vie que je devrai construire ici. J’étudierais ce qu’il faut pour rentrer le plus rapidement possible en Allemagne, loin de ce climat où les gens ne savaient même pas retrouver une valise quand on le leur demandait.

- Tu resteras toujours bien naïf petit frère.

Dans un sens, ici je pourrai le surveiller un peu plus, il ne sera pas dit qu’un Schäfer demeure aussi fragile. Ce nom dont on avait hérité, c’était la seule chose qui nous restait loin de ce pays qui nous a vus naitre, et je refusais de laisser Millow faire comme si on était personne. Je soupirais et m’affublait de ce casque qu’il m’avait tendu pour la moto.

En le dévisageant, je me demandais comment il avait fait pour survivre ici sans moi, et pourtant, c’était lui qui venait me chercher aujourd’hui. Dans la situation inverse, je me demandais si je serais venu le récupéré à l’aéroport, ça serait terrible de penser que je ne l’aurais pas fait ? Cette idée me faisait à la fois sourire et frémir quand ce dernier semblait s’impatienter.

J’étais monté derrière lui, et je visitais la ville à califourchon derrière celui qui me servait de frère, de chauffeur aujourd’hui. Il avait l’air presque sur de lui sur cette moto, pourtant je faisais quand même attention à ce qui se passait autour, c’était moi qui me trouvait moins rassurée. Quand il s’aventurait au cœur de la ville, je regardais les yeux écarquillés lorsqu’on ralentissait pas loin des galeries avec des noms d’enseignes que je connaissais bien.

- Ça me semble bien et … hé tu fais quoi !

Pendant le temps d’un coup d’œil on effleurait la rue qui deviendrait certainement ma préférée mais déjà Millow avançait en accélérant. Je toquais avec le dos de mon majeur sur son casque, mais la peste continuait d’avancer comme s’il cherchait une nouvelle fois à me narguer. Décidément on n’arriverait rien à faire de lui, même pas un bon guide touristique.

On terminait la route jusqu’à cette grande maison qui devrait être ma future résidence. Si les filles m’acceptait ici, je pense que je serais bien, j’avais étudié un peu chacune des maison avant de faire mon choix et je pense que c’était la seule qui pouvait me convenir. Je n’allais quand  même pas partager ma maison avec des garçons ? A cette idée je grimaçais.

- On est arrivé ? Enfin !

Je descendais de la moto, soulagée de pouvoir retrouver le plancher des vaches. J’observais la grande maison avec des grand yeux écarquillé, je crois que je serais bien ici, ça n’avait pas l’air très différent de notre maison en Allemagne, si ce n’est qu’il faudrait que je partage tout avec plusieurs dizaines de filles. Me retournant vers Millow, je me rendais compte que je n’avais toujours pas de bagage, encore même pas de quoi m’installer dans ma nouvelle chambre.

- Mes clés, mes papiers d’admissions … c’était tout dans ma valise,  je ne pourrais rien faire ici sans mes affaires.

C’était inenvisageable de trouver quelqu’un pour me refaire mes clés, surtout pendant les vacances scolaire, je ne savais même pas comment j’allais me débrouillée sans mon nécessaire de survie. Alors avant qu’il ait le temps de repartir tout fier avec sa bécane,  je renfilais son casque pour venir me remettre derrière mon frère.

- Ok j’ai vu où c’était, maintenant on va chez toi ? Je peux pas rester là, tu vas bien faire une petite place dans ta chambre pour ta sœur adorée.

à dos de milow, j'arrivais finalement jusqu'à cette sorosité où je devrais passer au moins l'année à venir. Quand on s'arrêtait devant cette grande bâtisse, je me demandais qu'elle fenêtre au milieu de toute les autres serait la mienne. Est ce que j'aurais même plusieurs fenêtres ? D'une certaine façon j'avais hâte de visiter, j'étais curieuse de nature, et d'un autre côté j'essayais de ne pas trop le montrer mais tout ce changement me faisait peur.

- Tu arrêtes de te moquer ? Depuis quand tu as l'impression que tu as le droit d'être drôle ?

En me montrant ce panneau avec le nom de la maison en grand, Milow semblait tout fier de lui. Il devenait insolent, plus qu'avant à la maison ou il ne se permettait pas autant de fantaisie avec moi. Je crois qu'il faudrait vite que je le recadre pour qu'il n'oublie pas qui était l'aînée de nous deux. Il était resté trop longtemps loin de moi, sûrement trop pour se souvenir qu'il me devait le respect.

- Entrer dans une maison sans y avoir été invitée ? Tu veux me faire passer pour la sans abris de service ?

Pas question que la première impression qu'auraient mes nouvelles soeur de moi soit la suivante. Je devais au moins trouver un endroit pour me changer, prendre une douche et respirer un peu. Venir squater chez mon petit frère ça n'était pas que ça me réjouissait, mais je m'en serais accommodé pour quelques jours.

J'imaginais que depuis le temps Milow avait eu le temps de se construire un peu. Il semblait différent, je crois qu'on pourrait dire en mieux, mais quand il me parlait de son collocataire je toussais nerveusement. Sérieusement ? Il vivait avec un autre garçon dans sa chambre ? Le moteur de la moto était coupé et quand mon frère se retournait pour me regarder avec ses gros yeux et bras croisé je ne pouvais pas m'empêcher de rire.

- Tu es sérieux ? Tu partages ta chambre avec un autre... garçon ?

S'il m'avait dit qu'il vivait avec une fille j'aurais compri, mais un garçon, quelle idée ? Un doute me prenait subitement, je ne devrait pas partager ma chambre avec une fille ? Sinon je ne crois pas que je le supporterais. Au moins l'air autoritaire de mon frère avait pour effet en continuer à me faire rire, je le regardais qui était tout sauf crédible quand il s énervait.

- Déstresse petit frère, tu n'as pas cru que j'allais partager une chambre avec un autre que toi ? Même pas en rêve.

Déjà milow ça aurait été compliqué, mais l'idée de son collocataire m'avait refroidi. On trouverait un autre plan, qui n'impliquerait pas de me montrer vulnérable. Je voulais juste me reposer pour réfléchir à la suite, je soupirais, puis souriais en venant chatouiller un des bras que milow gardait croisé.

- Allez arrête de bouder ! Je veux juste me reposer. Tu peux me trouver un hôtel pas trop naze dans le coin ? Juste pour ce soir, je me débrouillerai pour demain.