C'était ça le problème avec Agathe dans le fond. Tellement terrifiée à l'idée d'aimer quelqu'un qu'elle fonçait elle-même dans le mur à chaque fois. Elle avait trop souffert, elle avait trop donné et maintenant, rien que ressentir une légère attirance pour quelqu'un la terrorisait à un point inimaginable. Elle était en souffrance princesse et n'avait aucune idée de comment faire pour canaliser ses émotions. Elle avait la trouille d'aimer les autres parce qu'à chaque fois qu'elle s'était risquée à le faire, on avait finit par la briser. Lui briser le coeur, briser son âme, briser son corps et sa confiance. Il ne lui restait plus grand chose maintenant. Alors même si elle savait qu'Aisling était totalement différent des autres, même s'il représentait l'exact opposé de ceux qu'elle avait pu choisir par le passé, elle était tellement persuadée d'être maudite dans ce domaine là qu'elle ne serait certainement pas étonnée de voir les choses foirer encore une fois. Preuve étant qu'ils avaient déjà atteris dans le mur une fois, rien ne les empêchaient de recommencer encore et encore. "Mais tu crois que je le fais exprès ? Tu crois que je me suis levée ce matin avec mes doutes et que je prends plaisir à te les envoyer ?" Parce que ce n'était pas du tout le cas. La chose qu'elle supportait le moins au monde était sûrement de lui faire du mal et pourtant, elle avait l'impression de n'être bonne qu'à ça ces derniers temps. Lui donner un peu de répit pour mieux l'amocher par la suite et elle détestait être comme ça. Elle détestait le fait de le fissurer un peu plus à chaque fois parce qu'il méritait tellement mieux que ce qu'elle lui offrait à cet instant précis. "Ca n'a rien à voir, c'est pas parce que je suis en colère que ça fais de toi quelqu'un de pas assez bien." Il mélangeait tout en fait. Et depuis quand était-il aussi peu en sécurité vis à vis d'elle ? Avait-elle créé autant de dommage que ça ? Parce qu'elle avait l'impression de l'avoir complètement bousillé pendant ces quelques mois et elle ne savait plus quoi faire pour réparer ses erreurs. Peut-être qu'elle ne le pouvait juste pas. "Alors pourquoi tu ne me comprends pas ? Pourquoi tu ne comprends pas que j'ai la trouille de te perdre ?" Si elle était aussi importante comme il le disait, il devait ressentir la même cose de son côté, ce n'était pas possible autrement. "Quand t'es avec ces filles-là, je me dis qu'elle pourrais te raconter n'importe quoi sur moi. Qu'elles pourraient te dire à quel point je suis mauvaise et dérangée et tu pourrais potentiellement finir par les écouter parce que c'est probablement la vérité." Alors ouais, au delà de tout, elle avait peur princesse qu'il finisse par se rendre compte à quel point il valait mieux qu'elle. Elle plonge ses yeux dans les siens, le coeur battant à trois mille, prête à défaillir d'un instant à l'autre tant la pression était dure à supporter mais quand il posait ses lèvres sur les siennes -aussi bref que ça puisse être- c'était comme s'il l'apaisait soudainement, calmant le feu intérieur brûlant en elle et ses envies de destruction. Et pour la première fois depuis le début de cette altercation, elle l'écoutait vraiment. Elle écoutait ce qu'il avait à dire se rendant compte qu'elle était sûrement bien trop excessive et qu'elle pouvait avoir confiance en lui. Plus qu'en n'importe qui d'autre. "Je ne veux pas être cette fille-là Ais. Je ne veux pas te rendre la vie impossible parce que je suis incapable de me contrôler mais.. J'voudrais pouvoir te garder que pour moi, te couper du monde si je le pouvais parce que je veux pas qu'un jour tu finisses par en regarder une autre en te disant qu'elle serait bien mieux pour toi" qu'elle soufflait la voix brisée. Ouais, elle était en souffrance Agathe, plus que jamais. On avait créés tellement de dégâts chez elle que parfois, elle donnait l'impression que rien ne pourrait jamais la sauver. "Je m'en veux tellement de t'avoir fait autant de mal."

Il assiste à sa souffrance, essayant lui même de contrôler la sienne. Il y avait des dégâts suite à leur séparation au début de l’année. Des dégâts qu’il ne constate que maintenant. Il savait déjà qu’Agathe était plus que brisée par ses précédentes relations, que son coeur avait subi plus de dommages qu’il ne pouvait l’imaginer. Trahison, mensonges, violences. Elle avait souffert en amour au delà de l’imaginable. Il se pensait le médicament, la guérison suite à cet enfer. Mais il faut du temps et il n’en sont qu’au début. Ils sont encore dans la phase où tout devait être beau et merveilleux. Mais non. Parce que le coeur d’Agathe est constamment en train de lui faire mal à cause de ses doutes. Parce qu’ils n’étaient plus ensemble et qu’ils se sont fait du mal. « Je sais que tu ne le fais pas exprès. » Il en a marre, il n’en peux plus. Il sent son sang bouillir dans ses veines. Il sent comme des fourmillements sous sa peau, l’irritant au plus haut point. Son corps entier est en ébullition, cherchant par tous les moyens de sortir d’ici. Mais son coeur, ce qui guide Aisling tous les jours, lui ordonne de rester. Lui ordonne d’être là pour elle comme elle l’a été quand il était mal, quand il a compris qu’il devait se faire soigner, encore. Alors il reste. Il repasse à la défense au lieu de l’attaque. Il l’écoute et répond après, livrant son coeur, livrant ses états d’âmes. Il n’a pas honte de verser une larme, de pleurer devant elle. Parce que s’il y a bien une seule personne qui peut le voir pleurer, c’est elle. Il croise les bras quand elle lui dit le contraire de ce qu’il vient de dire. Non. Il n’est pas assez bien. Il reste convaincu de ça parce que sinon, elle ne serait pas en train de péter un plomb en ce moment, sinon, elle ne serait pas aussi peu confiante sur ses sentiments, sur leurs relations. Ils ont beau s’aimer comme des fous, ils sont brisés. Coeur et esprit. « Parce que je sais que je ne partirais pas. Je ne vais nulle part. Je veux que tu le comprennes, que tu crois en ça parce que jusqu’à présent, je n’ai brisé qu’une promesse. Celle de rester loin de toi. » Il donne tout, il livre tout. Ils sont comme deux livres ouverts à présent, donnant tout ce qu’ils ont sur le coeur. Après tout, ce n’est pas un mauvais début de tout livrer pour savoir où ils en sont. Aisling sait à présent qu’elle a peur de le perdre, qu’il aille voir ailleurs. Elle a peur qu’il fasse ce qu’elle a fait. Mais il n’est pas comme ça, et elle non plus. On avait profité de sa faiblesse, manipuler pour ne pas dire le mot. « Elles peuvent dire ce qu’elles veulent. Ce n’est pas elles qui vont changer ce que je ressens pour toi. Bien au contraire. » Parce qu’il sait qui est Agathe. Elle n’est plus aussi gentille qu’avant, plus aussi douce, plus aussi généreuse, parce qu’on lui a tout pris. Petit à petit, on a pris ce qui faisait d’elle cette personne et elle est devenue plus froide, plus méfiante, plus nerveuse. Elle s’est construit cette carapace pour se protéger des autres. Elle a pris cette froideur comme masque pour ne pas se faire brûler. Alors il lui dit exactement ça. Il lui assure qu’il aime celle qu’elle est maintenant, autant, si ce n’est pas plus, que ce qu’elle était avant. Il aime Agathe, bons et mauvais côtés. Parce qu’elle est qui elle est. Lui aussi a changé. Il est moins avenant, moins naïf, plus violent, plus colérique. Et dans son esprit brisé, il est encore plus instable. « Je te comprends. Tu as peur de me perdre, encore. Mais jamais, je te dis bien jamais, je ne regarderais une autre fille comme je te regarde toi. Parce que celle à qui j’ai demandé de m’épouser il y a une semaine, c’est toi et personne d’autres. Tu es comme tu es et je ne regrette en aucuns cas de m’être battue pour toi. » Il redéposa ses lèvres sur les siennes, voyant bien l’effet apaisant que cela avait sur Agathe. Elle est fragile sa fiancée. Brisée. En mille morceaux. « Pas moi. Je ne t’en veux pas. » Parce qu’il l’aime tellement plus que ça. Il a pris du temps pour lui pardonner, pour ne plus lui en vouloir. Mais il a réussit à passer par dessus ça. Sa mère lui a bien dit une chose qu’il fait tourner en boucle dans sa tête : Celle qui te fait le plus souffrir est celle qui t’aimeras le plus. Agathe lui a fait du mal, mais son amour est incomparable. « Je t’aime Agathe. N’en doute jamais. » Il la prend dans ses bras, sur le sol de sa chambre. L’entourant avec douceur, il la berce, déposant des baisers sur son crâne, son front, ses lèvres. Il la berce, voulant que tous les doutes qu’elle a dans son coeur s’envole. « Dis moi tout ce dont tu as peur. On peut réussir cette fois Agathe. J’en suis sur. Mais il faut que tu me dises. Pas forcément maintenant, mais dis le moi. »

Il n'avait jamais mérité ce qu'elle lui avait fait endurer et elle avait été terriblement égoïste de lui faire subir tout ça. Jamais au grand jamais elle n'aurait dû lui infliger ça. Elle le savait et s'en rendait malade parce que peu importait ce qu'il pourrait dire, ça n'effacerait jamais rien. Ce serait toujours là, dans un coin de son esprit. Avait-il confiance en elle où le faisait-il seulement croire ? Dans un sens, il aurait été totalement logique qu'il ne lui porte plus cette confiance aveugle qu'ils avaient pourtant partagés pendant tant d'années. "Et je veux y croire. Je veux réellement y croire mais à chaque fois que je le fais, j'ai l'impression de me voiler la face et que ça ne sera pas éternel." Alors bien sûr que dans un sens, ça la réconfortait d'entendre ce genre de mot parce que forcément, elle avait besoin d'être rassurée plus que quiconque mais ça ne changeait pas le fait qu'y croire était sûrement au dessus de ses forces pour le moment. "Promet le. Promet que rien ni personne ne pourra changer ce que tu ressent pour moi." Ni les rumeurs, ni les gens, ni les temps. Et si en règle générale, Agathe détestait les promesses puisqu'elle considérait que chacune d'entre elle finissait par être brisée, cette fois, elle voulait l'entendre. Entendre que jamais rien ni personne ne pourrait changer les sentiments qu'ils avaient l'un pour l'autre, l'amour qu'ils pouvaient se porter. Elle avait besoin de l'entendre et même si ça ne suffirait pas à lui faire croire dur comme fer que tout irait bien, sûrement que ça pourrait l'appaiser un peu."Est-ce que tu regrettes des fois ? Est-ce que tu regrttes d'être tombé amoureux de moi ?" Parce qu'avec toute la peine qu'elle lui avait causé, il aurait tous les droits du monde de regretter de lui avoir donné son coeur. Même si ce n'était pas le genre de chose qu'on pouvait contrôler, dans le fond, elle le comprendrait. Il venait récupérer ses lèvres doucement lui assurant une nouvelle fois ne pas lui en vouloir sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi. Parce que elle, elle lui en voulait. Elle lui en voulait d'avoir couché avec Hippolyte, elle lui en voulait d'avoir été dans le lit de sa meilleure amie et elle savait que le sentiment ne partirait pas en un temps éclair. Il lui faudrait sûrement encore des mois et des mois avant de passer au dessus de ça. Soufflant un coup, elle se laissait entraîner dans ses bras à même le sol comme une enfant le laissant la bercer et lui déposer une multitude de baiser sans rien dire. Il fallait qu'elle s'apaise. Il fallait qu'elle se calme réellement pour ne pas laisser les choses empirer, pour ne pas les voir se déchirer encore et encore. "C'était l'enfer là-bas Aisling.. C'était vraiment l'enfer avec Jaden" qu'elle murmurait fermant ses prunelles. Il était peut-être temps qu'elle lui raconte vraiment ce qui avait pu se passer là-bas, ce qu'elle avait vraiment vécut. "J'étais son trophée qu'il aimait exposer aux yeux de tout le monde mais qu'il ne supportait pas partager. Si quelqu'un me regardait, c'était de ma faute parce que j'aguichais, parce que je ne savais pas bien me comporter." Elle se collait un peu plus à lui frissonnant doucement. "Il a réussi à me convaincre. A me faire croire que c'était de ma faute et que je méritais tout ce qui m'arrivait." Attrapant sa main pour enlacer ses doigts avec les siens, elle semblait éprouver de la difficulté à respirer. "Quand il était dans ses bons jours, il m'enfermait dans les sous-sols parfois seulement pour quelques heures, parfois pendant des jours." Et elle haïssait l'obscurité maintenant, obligée de dormir avec une lumière allumer pour éviter les crises d'angoisse à répétition. "Dans ses mauvais jours, je devenais son objet. Je devais lui demander pardon pendant des heures pour éviter de prendre des coups et si je pleurais, c'était pire que tout.." Faisant glisser la main d'Aisling sur sa cuisse, elle posait ses doigts sur une légère cicatrice en forme de "j" si on y prétait attention. "Ca c'était pour la première fois où j'ai tenté de m'enfuir." Et elle n'avait pas la force de continuer, pas maintenant.

Elle est trop bonne pour lui. Son amour pour lui, elle n’en n’a pas conscience, est la seule chose de bien chez lui. Sa manière de vouloir l’avoir pour elle seule, de ne pas vouloir la partager. De vouloir que son avis sur elle ne soit pas entachée par les erreurs qu’elle a pu faire, les rumeurs que l’on colporte sur elle. Elle est trop bonne pour lui. Un amour pur, une attraction intense. Elle est trop bonne pour lui, malgré ce qu’elle peut penser. Malgré ses doutes. Malgré ses questionnements. Malgré sa peur paranoïaque de l’abandon. Il restera. Parce qu’il l’aime au delà de tout. Elle est la seule chose qu’il aime chez lui. Son amour pour lui est teinté. Teinté de regrets, de remords, mais ces tâches disparaissent à mesure qu’elle l’aime. A mesure qu’il l’aime. « Personne ne changera ce que je ressens pour toi. A part si l’on a un enfant, tu seras toujours la première personne dans mon coeur. » Parce que s’ils arrivent à s’appartenir jusqu’à ce stade, s’ils arrivent à se marier, à avoir un fruit de leur amour sur Terre, il sait que personne ne remplacera ces deux personnes. Il va loin dans ses pensées mais il voit Agathe ainsi. Il la voit comme la femme qui sera à ses côtés jusque là. Qui sera la femme qu’il mariera, la mère de ses enfants, la personne avec qui il finira sa vie. C’est sur et certain. Il le sait. C’est une certitude, c’est écrit. « Pas du tout. Au contraire. Avant toi, j’étais perdue. Je ne savais pas ce qu’était d’aimer. » Il n’est jamais tombé amoureux d’une personne avant elle. Il a aimé, il a aimé Oswald, Ariel, il les a aimé, mais il n’était pas amoureux. C’est sans doute la raison pour laquelle il est toujours ami avec elles, pourquoi il est le parrain de James, la fille d’Os, pourquoi il prend des nouvelles d’Ariel de temps en temps. Mais il n’a jamais été amoureux d’elle comme il l’est d’Agathe. Elle est la première personne a qui il pense en se réveillant, et la dernière en se couchant, ses rêves sont habités par elle, ses pensées sont hantées par elle. Il l’aime tellement que ça fait mal. On pourrait le prendre pour un idiot, le penser complètement imbécile d’aimer autant une personne, mais c’est ainsi. Et même si quand il a mal, il a vraiment mal, si bien qu’il aimerait mourir. Quand elle le fait sourire, quand elle l’embrasse, quand elle caresse son visage avec ses mains douces, il ne pourrait pas être plus heureux. Elle est sa kryptonite et son soleil. Tel Superman, elle représente la force et la faiblesse du jeune homme. Il se laissa tomber sur le sol, Agathe dans ses bras. Il ne tenait plus sur ses jambes. Il ne tenait plus tout court. Ils s’aiment tellement qu’ils ont mal. Les larmes d’Agathe roulaient sur ses joues, Aisling la parsemait de baiser. Il voulait absolument faire taire ses pleurs mais elle en avait besoin. Il s’attendait à ce qu’elle s’effondre mais comme toujours, la blonde le surprenait. Il la laissa parler, la laissa raconter son enfer. Son enfer personnel qu’elle combat tous les jours. Ses yeux bleu étaient cachés par ses paupières fermées. Il l’écoutait parler. Il l’écoutait lui raconter ce qui s’était passé. Jusque là, elle n’avait jamais rien dit de ce qu’elle avait vécu. Aisling est assez observateur alors il a compris parfois certaines choses, mais l’entendre parler de ça brisait le coeur du blond. Littéralement. Il sentit les larmes couler sur ses joues, il sentait son coeur se serrer à chaque fois qu’elle prononçait un mot. Elle se rapprochait de lui. Prenait sa main pour entrelacer leur main. Il comprenait à présent sa peur du noir. Il comprenait pourquoi chaque nuit, une lumière devait être allumée. Il sentit la cicatrice du bout de ses doits. Il s’était toujours demandé ce qu’elle était et en la caressant, il sentit le J se dessiner sur la peau parfaite d’Agathe. J comme Jaden. L’enfoiré. Il resserra son emprise sur Agathe, les larmes sortant de ses yeux se déversant sur eux. « Plus jamais. Plus jamais tu ne vivras ça Agathe. Je ne partirais pas, je ne te laisserais pas seule. T’es mon trésor que je chérirais, protègerais à tout prix. » Elle est sa princesse. Sa princesse faite en cristal qui méritait tellement mieux que tout ce qu’elle avait vécu avec ce connard. « Plus jamais il ne te fera du mal. Tu peux en être sur et certain. Comme tu peux être sur et certain que tu m’auras dans ta vie toujours. »

"Je veux être la première indéfiniment." Et c'était étrange d'entendre Aising parler d'enfant parce que forcément, ça paraissait prématuré. Surtout avec tout ce qu'ils pouvaient traverser en ce moment. Mais d'un autre côté, ça prouvait qu'il se projettait réellement à ses côtés et peut-être qu'elle devrait se sentir rassurée par ça. Parce que c'était l'ultime preuve qu'il pouvait vraiment être avec elle et qu'elle n'avait aucun souci à se faire. "Je suis vide sans toi" qu'elle confessait à mi-voix avant que le sujet ne tourne sur quelque chose de bien plus douloureux. C'était trop difficile de parler de tout ça. Trop difficile de revenir sur ce qui avait pu se passer. C'était la deuxième fois qu'elle tentait avec Aisling, la deuxième fois qu'elle était incapable d'aller jusqu'au bout. Quelque part, elle avait l'impression que c'était la preuve que jamais elle n'arriverait à tirer un trait sur tout ça. Parce qu'après tout ce temps, elle était toujours bien trop marquée, bien trop affaiblis par tout ça. Malgré les jours, les semaines, les mois, elle continuait à en souffrir comme au premier jour lui donnant l'impression que jamais au grand jamais elle n'arriverait à s'en sortir. Et c'était difficie pour les autres de comprendre puisqu'elle préférait taire ses blessures plutôt qu'avouer à quel point elle pouvait avoir mal. Mais elle refusait d'être placée comme la victime dans tout ça. Elle refusait d'exposer au monde ce qu'elle avait subit parce qu'elle passerait pour une personne faible. Et même si elle l'était, elle ne voulait pas donner l'occasion aux autres de profiter de ses faiblesses. Les yeux toujours fermés, elle tentait de faire abstraction de la douleur la submergeant comme à chaque fois que les souvenirs venaient la prendre d'assault. C'était horrible, horrible pour elle d'être condamnée à se souvenir encore et toujours. Et elle sentait les larmes d'Aisling venir s'écraser sur son visage alors qu'il la serrait un peu plus contre lui. "On ne sait pas ce qui peut arriver Ais.." Et s'il y avait bien une chose qu'elle n'oublierait jamais était les mots de Jaden. Jamais elle ne lui échapperait complètement. Jamais il ne l'a laisserait réellement s'en aller. Et parfois, quand elle était seule dans la rue, elle se surprenait à sursauter au moindre bruit, à suffoquer à la moindre silhouette, à courir dans les ruelles comme si elle cherchait à échapper à quelque chose. "J'suis désolée d'avoir pété les plombs.." Parce que c'était exactement ce qu'elle avait fait. Péter les plombs. Tout retourner autour d'elle les rendant misérable. C'était de sa faute tout ça. Comme toujours.

« Tu le seras. » Il lui promet. Il ne supporterait pas de perdre Agathe une seconde fois. Il ne supporterait pas de la voir s’éloigner, de la sentir loin de lui. Ce n’était pas possible pour lui d’être loin d’elle. Il ne le supporterait pas. At all. Ils avaient tellement mal tous les deux. Ils étaient ni blessés que s’aimer leur faisait du mal, les rendaient aussi fragile qu’une rose fanée. Mais en même temps, leur amour les rendait fort. Il le voyait bien, surtout chez Agathe. Parce qu’il y a encore quelques mois, elle n’aurait jamais pu lui raconter son histoire avec Jaden. Et bien qu’il se doute que ce n’était pas tout, il était fier d’elle de réussir à lui avouer tout ça. Malgré les larmes, les tremblements et la peur qu’elle avait, elle avait réussi à lui dire ce qu’elle avait vécu et ne pas complètement s’effondrer. Une force dont elle aurait été incapable à son retour. Il la serrait dans ses bras, ses propres larmes coulant sur ses joues. Il se doutait de l’horreur qu’elle avait du traverser, mais l’entendre de sa bouche, sa voix tremblante et pleine de douleur, c’était différent. C‘était horrible. Les yeux bleus perçants d’Agathe refusaient de s’ouvrir. Et avec raison. Si elle ouvrait les yeux, il était sur de plonger dans un océan de douleur et de peine qui la traversaient en cet instant. « Oui, mais je te protègerais. Je ferais tout pour qu’il ne t’atteigne pas. Je ferais tout pour qu’il ne t’arrive rien mon amour. » Absolument tout. Pour les gens qu’il aime, Aisling pourrait commettre des atrocités, alors imaginer pour Agathe qu’il met au dessus de tout le monde. S’il n’était pas aussi pacifiste, il aurait déjà engagé une personne pour retrouver l’enflure qui a fait souffrir sa fiancée. « Non, chuut. Ce n’est pas grave. Je comprends maintenant. » Elle a peur de le perdre. Elle a peur de le voir partir et ne jamais revenir. « Je vais essayer de voir pour que tu puisses venir avec moi, sinon, je n’irais pas. On est un couple, un vrai couple, alors on doit nous prendre à deux ou personne. » Ça sera ainsi maintenant. Et les gens pourront dire ce qu’ils veulent. Il n’aura pas honte de dire qu’il ne sort pas sans elle, ni qu’il a mieux à faire que d’aller regarder un match de foot en buvant de la bière parce que sa fiancée l’attend chez eux. C’est tout ou rien avec Aisling. « Et si tu peux venir, tu rencontreras Denys. Il est adorable. Et puis, tu verras mes amis. » C’est tout de même essentiel pour eux de connaître leur cercle d’amis, de se fondre autant dans l’un que dans l’autre.

C'était dingue de ressentir autant de peine. D'être aussi blessée par les aléas de la vie. Parfois, elle se demandait ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter un truc pareil. Pour avoir autant de chagrin, autant de coup bas. Est-ce qu'il y avait un acharnement sur sa personne ? Est-ce que ça allait continuer indéfiniment comme ça ? Parce qu'elle avait beau tenté de garder la face, de ne pas couler, elle n'était pas invincible. Et peu importait le soutien qu'on pouvait lui apporter, elle finirait par sombrer si les choses ne s'arrangeaient pas. "Je te crois" qu'elle soufflait doucement. Aisling, son éternel protecteur. Celui qui mine de rien avait toujours été là pour l'aider à se relever, pour la sauver de ses mauvais choix, pour l'attendre quand elle s'éloignait trop du chemin. Aisling, il représentait son tout et Agathe, elle s'éteignait aussitôt qu'il quittait la pièce. C'était comme si elle ne vivait réellement que quand il était là. Pendant ses absences, elle n'était rien d'autre que d'un froid glacial, sans vie et méprisante. Il était le seul à savoir la réanimer, à lui redonner vie. Et comme une enfant, elle s'accrocait un peu plus à lui, blotissant sa tête dans son cou, inspirant son odeur, refusant de s'éloigner même pour une fraction de seconde. "Non, non, te prends pas la tête Ais.. Vas y et j'essaierais de survivre une soirée sans toi.." Elle avait été excessive, elle le savait. Et même si ça ne lui plaisait pas, elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait pas le lui interdire. "C'est grave si j'aime pas la moitié de tes amis ?" Parce que si elle suivait bien, il était proche de pas mal de mather ce qui par contre lui était totalement interdit à la blonde. Elle avait signé un règlement à la mather lui interdisant d'être en contact avec les verts et même si parfois elle commettait quelques infractions, elle restait le plus discrète possible. "J'veux dire.. On fréquente pas du tout le même type de personne." Preuve étant qu'ils n'avaient quasi aucun amis en commun pour ne pas aucun. Et ouais, ça prouvait que leurs proches n'étaient pas vraiment compatible en fait et du coup, elle appréhendait légèrement de comment les choses pourraient s'passer.

La voir aussi anéantie par son passé brisait le coeur du jeune homme. La voir souffrir encore des conséquences d’une personne sans coeur, sans remord, qui était près à tout pour la mettre à terre le rendait fou de rage. Rage qu’il contenait tant bien que mal à l’intérieur de lui. Ça le bousillait de l’intérieur, mais il gardait bonne figure. Pour elle. Pour tout le monde. Parce que tout le monde sait à quoi ressemble un Aisling qui perd la tête, qui pète un plomb. Ce n’est pas beau à voir. C’est affreux, plein de carnage et de conséquences dont il ne prend conscience qu’après la crise passée. Elle le croit. Enfin. Une épreuve de passée. Un obstacle de franchis. Ils vont y réussir, petit à petit, à se reconstruire. A passer au dessus de tout ça. Il regagnera complètement sa confiance. Complètement. « Tu es sur ? Je vais quand même voir avec les filles. Je ne veux pas que tu passes la soirée à t’inquiéter et à te ronger les ongles. » Parce qu’elle est sa putain de fiancée quand même. Elle passe avant tout. Il a besoin de savoir qu’elle va bien, même quand il n’est pas là. Même s’il sait pertinemment que ce n’était pas vrai et qu’il allait sans doute passer toute la soirée à lui envoyer des messages et des photos pour savoir si elle va bien et être un minimum là pour elle. « Parce que tu crois que j’aime tous tes amis moi ? » répondit-il en riant. Il avait beau avoir eut un semblant d’amitié avec Hippo, c’était fini. Plus de contact depuis leur dérapage. Il y avait aussi Clary mais c’était surtout quand ils étaient séparés. Sinon, la plupart des amis d’Agathe étaient des Eliot et il a du mal. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne veut pas faire des efforts. Rien que pour elle. « Au moins, tu peux être sur que Maxine m’adore. C’est déjà ça. On est comme frère et soeur, elle et moi. » C’est rassurant, apaisant. Le plus important, c’est la famille après tout. « Ça t’inquiète ? Qu’on ne fréquente pas les mêmes types de personnes ? » qu’il demande. C’est vraiment quelque chose dont il ne s’était jamais réellement inquiété. Même avant, ils n’avaient pas vraiment les mêmes fréquentations alors maintenant, ça ne lui semblait pas plus étrange.

"Je ne vais pas pouvoir t'empêcher de sortir à chaque fois.." Et même si elle le voudrait. Même si elle souhaiterait du plus profond de son coeur de ne jamais le voir partir sans elle, elle savait que ce n'était absolument pas raisonnable et qu'elle n'avait aucun droit de lui faire une telle demande. Faudrait juste.. Qu'elle apprenne à se contrôler en fait. Qu'elle apprenne à rester calme et qu'elle ne lui fasse pas des crises à tour de bras parce qu'ils ne partageaient pas les mêmes amis ou les mêmes sorties. Et ouais, ça allait lui demander beaucoup d'effort mine de rien parce qu'Agathe, elle était tout sauf raisonnable. Une vraie princesse s'attendant à avoir ce qu'elle désire en un claquement de doigt mais.. Elle ne pouvait pas agir sans arrêt comme la plus grande des capricieuses avec lui. "Non, t'en aimes aucun.." Ouais, et mine de rien, c'était un problème. Comment allait-ils faire s'ils n'aimaient pas leurs proches respectifs en fait ? Parce que construire une vie à deux c'était bien mais pas mal compliqué s'ils avaient du mal à accepter les fréquentations de l'un et de l'autre. Alors ouais, elle avait pas mal d'incertitude pour la peine. "Ouais bah c'est ma jumelle quand même, pas touche." Maxine, c'est la prunelle de ses yeux. Impossible que quelqu'un ne l'a lui prenne même rien que pour quelques secondes. Même si elles avaient eu des différents dernièrement, elles avaient toujours eu une relation des plus fusionnelles alors forcément, Agathe n'aimait pas trop quand on approchait de son double. Même s'il s'agissait d'Aisling. "Ouais, un peu.." Autant dire la vérité pas vrai ? Parce que clairement, elle n'était pas sereine en fait. Ils partaient avec une sacré dose de différence et elle n'était pas sûre que ça puisse coller. "C'est comme si.. On venait de deux monde complètement différent et qu'on tentait de les faire cohabiter en sachant par avance que ça ne pourra jamais fonctionner." Défaitiste ? Ouais. Du Agathe tout craché.

Elle le pourrait. Il ne répondit pas à sa phrase parce qu’il y a des moments où il préfère ne rien dire. Le silence répond à sa place. Une affirmation. Elle pourrait clairement lui interdire, l’empêcher de sortir si elle le voulait. Parce qu’il n’y a pas de doutes, il se plierait à ses moindres volontés pour le plaisir de voir son sourire sur son visage. La dispute qu’ils venaient d’avoir lui avait déchiré le coeur, et ce qu’elle venait de lui raconter lui avait scié l’esprit en deux. Savoir qu’elle avait vécu ce genre de violence, d’abus, le rendait malade. Malade pour elle. Il avait l’impression de se revoir en elle, de se revoir en train de craindre pour son existence, de craindre pour le lendemain, pour l’heure d’après. Sauf qu’il ne vivait pas avec ses bourreaux, elle oui. Mais elle a réussi à lui avouer ces choses et il ne voulait pas empirer les choses en parlant de ça encore et encore alors ils étaient passés à un autre sujet. Au sujet initial. « Pour ma gouverne, ils ne m’aiment pas trop non plus. » A part Hippolyte, il ne s’entendait pas trop avec le reste. Pas qu’il ne voulaient pas, mais ce n’était pas le même monde, ce n’était pas le même cercle de personnes. Et bien qu’il apprécie qu’ils aient deux mondes différents, parfois, ils se cognaient l’un contre l’autre et ça faisait des étincelles. Il n’y avait réellement que Maxine avec qui il n’y avait aucuns problèmes. « J’y touche pas, je n’ai d’yeux que pour toi. Et en plus, elle même me donnerait une tape sur la tête. Elle m’en donne déjà quand j’ai des idées débiles alors ouais. » Il aurait aimé qu’Agathe soit aussi proche de Rhia, sa propre soeur. Enfin, demi soeur, mais tout de même sa soeur à ses yeux. « On devrait faire un repas de famille. Avec Rhiannon. » Parce que la mather était importante pour Aisling. Elle est sa soeur pour lui, malgré qu’ils ne se soient connu que récemment à cause de leur parent, il la considère ainsi. Mais ça dérangeait Agathe que leurs amis ne s’entendent pas, qu’ils ne s’entendent pas avec les amis de l’autre. « On vient de deux mondes différents. Mais on a pas l’obligation de les faire totalement cohabiter. Je ne sais pas mais je n’y vois pas d’inconvénient. Je ferais l’effort de connaître les tiens, mais je ne veux pas te forcer à te faire connaître les miens. A part Rhia, parce que c’est la famille, et Melchior parce qu’il est comme mon frère et Melusine. Mais sinon, je comprends que tu ne puisses pas t’habituer aux autres. » Ce sont les deux exceptions pour Aisling. Melchior est son meilleur ami depuis des années malgré leur trois ans de différence. Rhia est de la famille. « D’ailleurs, je suis sûre que tu t’entendrais à merveille avec Melusine, vous avez plus en commun que vous ne le pensez. » Clairement. Un passé difficile et des relations dysfonctionnelles. Tout pour s’entendre. « De toutes les façons, on a le temps. On n’est ensemble que depuis quelques jours maintenant. On a le temps de trouver une solution. »