Tu es née dans cette famille si particulière, si célèbre, dans le palais de Monaco. Bien entendu, tu étais la plus belle petit fille du monde entier, surtout aux yeux de tes parents, de ton frère. Mais il paraît que tu avais une tête si énorme qu'il a fallut plus de trente-six heures pour que ta mère parvienne à t'expulser de son corps. Et tu hurlais le plus fort possible une fois que tes petits poumons se sont remplis d'air. Et comme ton frère, tu as fais la fierté de ta famille, la fierté de ton peuple. Enfin, la petite Alice était née.


« Un... Deux... Trois ! » Et tu te mets à courir dans la pièce comme une folle. Tu renverses une chaise mais tu t'en fiches. Tu cours. Il ne doit pas t'attraper sinon il va te manger. Il a le rôle du loup. Toi, tu es la petite brebis, innocente et chaste, pure. Lui tu l'entends grogner dans ton dos alors qu'il est tout près, prêt à t'attraper et te dévorer toute crue. Tu cries en riant, tu sais que ce n'est qu'un jeu mais tu es petite et l'excitation est à son comble. Tu cries, tu cours dans le palais. Parce que tu sais que ces instants ne seront à jamais qu'éphémère. Mais tu t'en fiches complètement parce que tu es petite et que tu aimes jouer avec ton frère. Le seul enfant de la famille avec toi. Ce n'est pas parce que vous avez du sang royal que vous devez vous tenir assis sur une chaise toute la journée en observant les grands parler. Il y a un an, on t'a appris que ton grand frère était malade. Tu ne comprends pas tout. Pour toi, il est là et il va bien. Il va bien quand il n'est pas souffrant dans son lit ou qu'il n'est pas à l'hôpital. Tu pensais, naïvement, que ton lien avec ce grand frère ne serait jamais aussi fort mais depuis un an, tu te rends compte qu'Andy est une extension de toi. Il est ta moitié. Si tu pouvais, tu fabriquerais un cœur pour lui, pour remplacer celui qui est malade. Dans tes rêves, dans tes dessins, dans tes peintures, dans tes jeux, Andy n'est pas malade. Tu n'imagines pas un monde sans ton frère. Maman a décidé de vous donner la vie la plus normale possible alors tu as la chance de pouvoir aller à l'école avec des enfants normaux, des enfants qui ne te voient pas juste comme la petite princesse de Monaco. Et tu ne veux pas avoir de responsabilités parce que ça t'ennuie. Tu es très bonne élève et surtout en histoire. Tu en es passionnée. L'histoire, l'histoire de l'art, la peinture et le dessin sont tes domaines de prédilection et personne ne doute de ce que tu veux faire plus tard. Tu veux déjà devenir la prochaine Renoir ou même Rembrandt ! Dans tes rêves tu es toujours une personne formidable qui a changé la face du monde, même si tu sais que ce ne sera jamais quelque chose de facile.


C'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure. Quand le temps va et vient, on ne pense à rien malgré ses blessures. Françoise Hardy chantait déjà ce qui t'attendait et tu ne savais pas que ce serait compliqué de devenir une adolescente. Parce que même si tu as une vie de princesse et la facilité que certains n'ont pas, il a été compliqué pour toi de te faire une raison de passer d'enfant à femme sans complication. Pour commencer, tu a pris au moins dix-huit centimètres en quelques mois. Tu n'es pas devenu une grande perche non plus, une taille moyenne de 1 mètre 68 te suffit amplement. Ta poitrine s'est mise à gonfler dangereusement, suivit par tes fesses rétablissant ainsi ton centre de gravité. Et par dessus tout, Dame Nature s'en vient à t'offrir son petit cadeau mensuel qui désignait bien que tu étais devenue une femme. Mais au diable tout ça, les hormones qui chamboulaient ton caractère et les relations amoureuses passagères qui brisaient ton cœur en mille morceaux. Tu as rapidement compris qu'avec les garçons c'était très compliqué. Si compliqué que ça en ferait tourner une mayonnaise.
Durant cette douloureuse période -douloureuse de ton point de vue-, tu as découvert une nouvelle passion au côté d'un homme que tu admires toujours autant. Ton père. La voile, le ski nautique, le surf, le paddle, le jet ksi, le pédalo mais surtout la plongée sous marine. Tout était un bon prétexte pour finir à l'eau. Tes vacances préférées restaient celles quand tu partais aux Maldives ou à Bora-Bora. Les récifs coralliens sont devenus quelque chose d'important et qu'il faut préserver. C'est à l'âge de seize ans que tu as décidé de t'engager. De t'engager d'abord pour Sea Shepherd puis Greenpeace et WWF. Puis, tu as fini par créer ta propre association de défense des animaux que tu as joliment appelé The Green Way. Et tu sais que tu peux compter sur le soutien de ton frère.
C'est également cette année là que tu as commencé à voyager à travers le monde, délaissant les pays riches pour les pays plus pauvres. Tu as rencontré des tribus en Amérique du Sud et en Afrique, tu as mangé des insectes dans les pays asiatiques, tu as câliné des enfants rachitiques et pleuré de voir un monde dévasté et si éloigné de ce que tu as vécu toi. Tu as décidé de militer, de te faire entendre, de montrer. Parce que toi, on t'écoute, parce que tu as un titre, un couronne posée sur la tête qui t'aide énormément.


L'adolescence fut une période éprouvante mais ce fut encore pire quand Andréa décida de quitter le palais pour partir pendant deux ans à travers le monde. Deux années à paraphraser à travers un téléphone, à regarder ses photos sur Instagram, à fixer le plafond de ta chambre en te disant que ta vie est bien vide sans lui. Mais à quoi bon se morfondre ? Il doit savoir que tu es heureuse alors tu ris, tu souris, tu dis que tout va très bien et que tu es pas mal occupée. Et tu ne dis pas que pour combler ta solitude, tu as décidé de t'offrir un furet puis un second. Mais surtout, que tu es tombée dans les bras du sexe opposé, t'offrant par moment comme la vulgaire catin du coin. Cette période sans ton pilier où tu as senti que tu te perdais un peu tu as décidé de devenir une femme différente avec toi même. Tu parfais ton visage de maquillage pour être plus jolie, tu te montre un peu plus dans les soirées mondaines, tu séduis, tu ris alors que ce n'est pas drôle. Tu te dis pourquoi pas ? Tu rencontres pas mal d'hommes, de tout âge, parfois trop âgé mais tu aimes ce petit jeu de séduction qui s'est installé entre vous alors tu joues.
Tu sens bien qu'une épée de Damoclès tournoie au dessus de ton crâne, prête à s'abattre sur toi. Ton frère ne vivra pas, tu le sais. Il doit profiter. Alors, injustement peut être, c'est toi qui a pris la charge du trône. Tu te montres, tu souris, tu participes avec ton père, tu apprends. On te forme au cas où. Toi tu sais que ce n'est pas juste au cas où mais bien parce que ça sera ton fessier qui devra se poser sur ce trône dont tu n'as jamais rêvé. Mais pour lui, pour eux, tu le fais dans la joie. Tu peux continuer de t'occuper de ton association, de tes furets, de toi. Enfin, quand Andréa rentrera, tu pourras aussi profiter un peu de lui en lui faisant ta moue boudeuse parce qu'il te manque ce con.


Et voilà, tu as été admise à Harvard. Pourquoi tu as décidé d'aller là bas ? Parce que ça suffit d'être loin de ton frère. Tu as aussi envie de profiter de lui. De profiter de lui avant qu'il ne soit plus là du tout. Tu ne parles jamais de ça d'ailleurs parce que tu veux que ta relation avec lui soit parfaitement normale et non pas régit par ce cœur qui refuse de te le laisser. Parfois tu lui en veux, tu lui reproches que bientôt il va t'abandonner. C'est malgré toi, parce que tu as de la peine. Parce que tu pleures un départ qui arrivera bientôt. Alors oui, tu es collante, au point de rejoindre la même université que lui. Et puis, pour tes études en arts, Harvard est parfait. Tu es loin du rocher royal, loin de tes responsabilités et loin de ce mariage arrangé dont ta mère et ton père parlent si souvent. Tu es loin de tout ça et tu essaies d'avoir une vie un peu normale avant qu'elle ne devienne le scénario de Sissi L'impératrice. Parce que tu sais ce qui t'attend. Tu sais que la couronne est sur le point de se poser sur ton crâne. Enfin, tu le pensais jusqu'à ce que ton père fasse une annonce publique en disant qu'il avait un fils caché. Tu t'en serais bien passée de ça. Et même si ça te libérerait de bien des choses, au fond de toi tu ne veux pas que ce bâtard prenne la tête de la famille. Peut être parce que tu en veux cruellement à cet homme que tu as toujours admiré et qui a la place de père dans ta vie et que ce garçon, qui est censé être ton grand frère n'est rien d'autre qu'un étranger qui ne connaît rien au peuple et à ses besoins. Alors, tu veux bien te sacrifier, accepter ce mariage arrangé qu'on te propose pour obtenir la couronne et le trône. Et surtout, évincer Tate de ce qui est ta famille.