private property, no trespassing — Il y avait cette fille, avec qui les choses étaient simples et sans fioriture. Ouais, notre relation était basée sur une simple et unique chose : le besoin de franchir l'interdit. J'avais compris que son mode de vie était bien différent du mien et c'était un peu pour cette raison que j'appréciais passer du temps avec elle. Comprendre comment elle pouvait réfléchir et en plus de ça, repousser un peu plus mes limites également. Alors je lui avais envoyé un message, parce que je me sentais d'humeur anarchique pour le coup. Casser tout, dépasser les limites, ne respecter aucune loi. Et clairement, elle était la meilleure acolyte pour le coup. J'osais juste espérer qu'elle allait rentrer dans mon jeu pour ce soir. Le but, c'était de rentrer dans un centre commercial, un grand marché alimentaire durant la soirée, y entrer par effraction et s'amuser dedans comme bon nous semble. Je ne sais pas du tout comment se dérouleront les choses puisqu'il doit sûrement y avoir un poste de surveillance. Au pire, on s'en fiche pas mal. Le but était de ressentir l'adrénaline de ce moment, pas de regarder le centre commercial de loin en se tournant les pouces. A vrai dire, ouais, j'avais besoin d'action dans ma vie, afin d'éviter de penser à tout ce qui se passer sentimentalement parlant. Enfin... pour ma part, c'était plus sexuellement parlant en fait. Pour être précis. “T'es prête ?” que je demandais à la jeune femme qui venait de me rejoindre, alors qu'on était tous les deux devant ce bâtiment qui renfermait énormément de boutiques. Je ne savais même pas comment on allait faire pour y accéder mais au pire, on improviserait.

Une soirée guindée. Un bustier trop serré. Un chignon trop sage. Des cocktails fadasses. Et des petits fours immangeables. Voilà le souvenir que j’aurais pu garder de l’unique soirée eliot où je m’étais rendue, dans l’espoir d’y apercevoir Hadès surement, je ne me rappelais plus la raison, mais finalement cette soirée avait été ‘sauvée’ par ce garçon. En un regard, on avait compris l’un comme l’autre qu’on vivait le même calvaire et quelques minutes plus tard on s’échappait en riant de cette atmosphère pesante. Des délires un peu fous réalisés plus tard et le voilà proclamer mon roi de l’interdit. J’avais probablement mis trop d’énergie, pendant trop longtemps, à agir et à me comporter comme on l’attendait de moi. Et ces moments avec Pluton, qui me poussait à me lâcher, à franchir mes limites, ça m’apportait de l’adrénaline, c’était addictif.  Et ce soir s’inscrivait dans la lignée. J’avais répondu présente, me rendant à l’adresse indiquée et relevant les yeux sur la devanture d’un centre commercial. « T’as oublié d’acheter du beurre ? » lançai-je, taquine. Un peu d’humour pour jouer celle qui ne comprenait pas, quelques secondes seulement parce que son ‘t’es prête’ ne laissait guère de place à une autre réponse qu’à un ‘oui’ si je ne voulais pas me faire cataloguer au rang de princesse trouillarde. « T’es complètement malade… » Ouais, et c’est pour ça que tu l’aimes bien Cassie. Si il était resté sagement assis à côté de toi à manger des petits fours lors de cette première soirée, je ne l’aurais même pas calculé. « C’est parti allons-y… J’imagine que t’as un plan ? » demandai-je en commençant à avancer alors que son silence était éloquent. Un rire s’échappa de ma gorge : « T’es encore plus malade que je le pensais… » Vouloir s’introduire ici, dans ce bâtiment fermé à cette heure, sans même y avoir réfléchi… « Heureusement que je suis venue en fait. » Parce qu’en deux deux, y’avait une ébauche de plan qui avait germé dans mon esprit : « Le gars de la sécurité doit bien prendre des pauses clopes. On repère quand il sort fumer et on profite de la porte ouverte pour entrer discrétos. » Et une fois à l’intérieur, cache cache géant pour échapper à sa vigilance et aux caméras…  

private property, no trespassing — Me retrouvant devant le centre commercial, j'attendais que la jeune femme me rejoigne pour qu'on s'amuse tous les deux à pénétrer dans les lieux, sans se faire prendre, afin de décompresser de nos vies respectives. J'avais besoin de dangerosité, de fun, et de perdre totalement le contrôle. Et ça, c'était vraiment la solution, quant bien même je pouvais très certainement me faire prendre par la sécurité du lieu. Mais je crois en Cassie et moi et on arriverait à se débrouiller comme des grands. “On va dire ça..” On pourrait clairement en récupérer sur le chemin oui. Et sa réaction quand elle tiltait enfin ce qui se passait, elle était pile ce que j'attendais. “Je sais on me le dit souvent” Complètement malade ? Il paraissait oui, c'était le manque de neurones que j'avais perdu à cause de ma maladresse depuis ma naissance. Seulement, ça se confirmait encore plus quand elle me demandait si j'avais un plan et que je restais simplement silencieux, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Oh, elle aussi elle avait des neurones, je devais pas lui mâcher le travail après tout. “Heureusement ouais, grâce à toi j'aurai enfin mon beurre que j'attends tant !” Humour périmé, je sais, mais elle m'aimait bien comme ça et je risquais pas de changer de sitôt. “Donc le gardien.. limite, faudrait le distraire quelque part. Manque plus qu'il ait des kilos en trop et ça sera parfait si on le fait courir loin de la porte” Trop essoufflé, trop fatigué et il n'aura clairement pas l'endurance pour suivre l'un de nous. Et ensuite, on est tranquille pour rentrer et le laisser à l'extérieur. Presque trop facile en fait. Faisant le tour du bâtiment, on retrouvait cette fameuse porte. “Monsieur est là”

 Donc voilà le plan de ce soir, notre folie de la nuit ? Infiltrer ce centre commercial ? Ce mec était complètement dingue, je le lâchai même à haute voix ce commentaire ce qui l’amusa et il en paraissait presque fier. Un rire s’échappa de mes lèvres alors. Rire qui redoubla quand je réalisais qu’il n’avait pas de plan. « Du beurre, de la lessive, des nouilles ? T’as besoin d’autres trucs sur ta liste de course ou ça va ? » Je cogitai en deux deux au moyen de pénétrer l’établissement et je servis sur un plateau mon idée au garçon ensuite. Pluton ajoutait qu’il nous fallait une distraction et moi aussitôt, je pensais à un truc. Je repérai un conteneur à poubelles pas trop loin de l’issue de secours. « Viens… » Je saisis la main de mon partenaire pour l’entraîner là bas. « Regarde l’artiste. » annonçai-je fièrement. Je sortis un briquet de la poche de ma veste, l’enclenchai. Pendant quelques secondes, mes yeux brillèrent d’une lueur particulière, entre l’envie, le délice et l’excitation, juste en scrutant la petite flamme qui s’échappait de l’objet. Et ensuite j’allumais un petit prospectus avant de le jeter dans le bac à poubelle. Il se mit très vite à fumer et attira mister gardien par ici. « Allez on y va ! » On ne s’attarda pas pour regarder l’homme éteindre le début d’incendie avec un extincteur, profitant plutôt de l’occas pour entrer par la porte qu’il avait laissé ouverte derrière lui. Le cœur battant, l’adrénaline faisant son petit effet, je me tournai toute fière vers le garçon… « C’est évident que je choisis la première boutique qu'on va tester… » Pas de négociation possible mon petit Pluton. « D’ailleurs, j’ai déjà choisi. » Et je le poussai vers un premier stand, de robes bien sûr…

private property, no trespassing — L'adrénaline, voilà ce qui me poussait à aller dans ce centre commercial. Et j'étais certain que Cassie allait me suivre dans ce délire parce qu'on était pareils elle et moi. Un peu trop en marge des valeurs que la société nous inculque dès le plus jeune âge. Et puis, au pire, on ne faisait rien de mal, si ce n'est entrer dans une propriété qui était privée lors des heures de fermeture. Mais à côté de ça, on ne tue pas, on ne vole pas.. on ne fait rien d'autre que s'infiltrer. “T'as oublié le fromage, trèèèèès important le fromage” Mais en même temps que rigoler, on cherchait un réel moyen de pénétrer le lieu sacré et en voyant un gardien prendre sa pause, c'était l'éclair de génie. Tout ce qu'il fallait, c'était une distraction pour l'éloigner de cette porte qui serait notre entrée bien à nous. Autant dire tout de suite, elle était futée la petite, puisqu'en une réflexion d'une seconde et demi, elle trouvait un truc. Feu dans la poubelle, on se cache et on attend que monsieur intervienne. Ce fut qu'une fois qu'il était bien éloigné de la porte qu'on a pu courir vers cette dernière - discrètement quand même - afin d'entrer dans le gros bâtiment. “Évident ? Je crois pas, j'ai eu l'idée de tout ça, je devrais choisir justement !” Mais non, trop tard, j'étais entrainé malgré moi parmi les robes et tutus. Ugh. Je préfère les enlever des filles plutôt que les voir les porter. Encore pire, de les essayer. “Pourquooooi tant de haine” dramatisais-je alors que je la voyais s'amuser comme une folle. “Je comprends pas comment les filles peuvent être si.. passionnées par un bout de tissu” Et c'était une véritable interrogation pour le coup.

  « Ok, deal. Fromage mais pas à l’ail, je passe la soirée avec toi je te rappelle mon odorat ne s’en remettrait pas. » rigolai-je avant de reprendre mon sérieux pour cogiter au plan pour s’infiltrer là. Plan qui germa assez vite dans mon esprit de petite pyromane. Il nous fallait une distraction non ? Un petit départ d’incendie dans une poubelle près de l’issue de secours, voilà qui serait parfait, et d’ailleurs je mis bien vite mon idée à exécution. Et sans nous attarder pour voir comment le gardien s’en sortait, on filait pour pénétrer les lieux. Le centre commercial. Désert. Rien qu’à nous. Un rêve de gosse qui se réalisait. C’était jubilatoire, même si le risque de se faire prendre était bien réel. « Si on nous chope, on dira qu’on était dans les sanitaires au moment de la fermeture et qu’on s’est retrouvés coincés à l’intérieur. » Oui, voilà, on avait un alibi. Just in case. Et après avoir fait quelques pas à l’intérieur, je m’accordais l’honneur du premier choix de boutique et ce, malgré les protestations de mon ami que j’entrainais vers les vêtements. Faisant glisser les cintres sur les portants , ignorant les ronchonnements de Pluton, je saisis une robe rouge criard, horrible, et je lançai avec un rire : « Je suis sûre qu’elle t’ira bien au teint.. Tu devrais l’essayer, pour le bal, elle est dans le thème. » Et je m’approchais de lui avec le vêtement en mains, alors que monsieur s’interrogeait à haute voix sur l’intérêt féminin assez généralisé pour ce genre d’endroit, de boutiques. « C’est qu’avec un ‘bout e tissu’, on peut dire beaucoup. » Je fourrai la mocheté rouge flashi dans ses mains et saisis une autre tenue pour illustrer mes propos : « Tu vois ça ? Toi tu vois quoi ? Une robe noire, un col blanc orné de perles ? Parce qu’en fait ce qu’elle dit cette robe c’est ‘je suis trop classe pour toi, pour te laisser entrevoir ne serait-ce qu’un centimètre carré de mon décolleté. C’est une tenue élégante, pour demoiselle inaccessible. » Je reposai le cintre sur son portant, en en prenant un autre, un contre exemple, une robe très courte, très décolletée, très moulante. Pas beaucoup de tissu, mais pas beaucoup de classe non plus… « Et là, cette robe, elle dit ‘plus facile tu meurs…’  » Je rigolai et je me tournai vers Pluton en lançant : « Tu t’amuseras à déchiffrer le langage robesque pendant le bal tu verras. Ca t’aidera à exploser ton nombre de conquête. » En tablant sur les écarteuses de cuisse, plutôt que sur les saintes nitouches. « Bon allez, j’ai pitié, je te libère, on change de boutiques. » Prenant pitié devant son expression je repris la robe qu’il avait toujours en main pour la ranger. « J’ai faim tu crois qu’on peut aller grignoter un truc ? »  

private property, no trespassing — “J'aime pas l'ail, ça tombe bien” A moins que ce soit l'oignon ? Ou les échalotes ? J'en sais plus trop rien. Mais moi j'aime le fromage simple, sans forcément des condiments en plus. Et puis, c'était pour le délire dans tous les cas. Alors ouais, on s'en foutait de l'ail au final, c'était qu'un détail sans insignifiance. Quoiqu'il en soit, après une petite distraction pour monsieur le gardien avec l'aide d'un feu, on se retrouvait tous les deux entre les quatre murs de ce centre commercial. “Ouais, bonne idée. Et bah, tu penses à tout dans ta tête blonde toi” la taquinais-je même si au final, c'était aussi un compliment. “Tu sais ce qu'ils vont se dire n'empêche si on sort cette excuse. Bizarrement, on était "tous les deux" dans les“” toilettes” Et c'était sûrement ce qui nous pendait au nez au final. Pas capable d'entendre le couvre-feu et la fermeture du centre parce qu'on s'amusait dans les toilettes. Bon, moi ça me dérange pas qu'on dise ça sur moi, mais elle, je sais pas, je préférais la prévenir. Le truc, c'est qu'elle voulait aller dans une boutique de vêtements et évidemment.. c'était des robes. “Ugh. Non merci, j'ai déjà la mienne dans ma chambre, moins... plus belle on va dire” Elle s'était cependant approchée avec la robe pour la mettre à mon niveau et je me mis à rire, avant d'avoir droit à une explication sur les robes en général. J'apprenais bien ce qu'elle me disait et je crois que je saisis ce qu'elle veut me dire. “Toi, t'es quel genre de robe en général ? Dis-moi ce que tu portes, je saurai qui tu es” En gros, c'était ça. Et puis peut-être que j'en apprendrai un peu plus sur elle de cette façon. Regardant un peu les robes, elle finissait par avoir un peu pitié de moi et on pouvait s'échapper de cet endroit que j'avais en horreur. Peut-être pas en horreur mais bon... j'étais pas non un adepte quoi. “HOT DOG !” Ok, peut-être un peu trop d'enthousiasme. “Ou.. ouais, hot dog ?” finissais-je par me calmer, riant légèrement. Cassie, j'ai envie d'un hot dog, ne m'en prive pas s'il te plait.

  « Aurais tu des préjugés sur les blondes monsieur Westerberg ? » répliquai-je sur un petit ton piqué au vif quand il s’étonna de mes bonnes idées de la soirée tout en précisant la couleur de ma chevelure. Et quand il rebondit sur ce que les gardiens allaient se dire avec l’excuse suggérée, je levai les yeux au ciel. «Ils vont se dire que j’étais malade et que tu m’aidais à tenir mes cheveux en arrière pendant que je vomissais ? » Petit battement de cils et sourire innocent, jouant les petits anges chastes et naïfs qui ne comprenait pas l’allusion. Et au milieu des robes, ensuite, je m’amusais. Attrapant les cintres, lui trouvant la plus moche du magasin. « Essaie la. Allez. S’il te plait s’il te plait s’il te plait. » réclamai-je en imaginant déjà la scène. Mais monsieur ronchonnait, tout en manifestant sa non compréhension de l’attrait qu’on était nombreuse à avoir pour ce genre d’endroit. J’exposai ma science vestimentaire avec amusement. Et mon petit élève, après m’avoir poliment écouté, me questionnait sur mon dressing. Un rire s’échappa alors de mes lèvres. « Oh moi ? Je ne suis pas prêt-à-porter. » Littéralement, parce que je portais que des pièces de créateurs ou presque. Et métaphoriquement, parce que j’étais pas prête à me faire déshabiller vous voyez… Sa mine déconfite devant l’étalage de tenues finit par avoir raison de moi, et mon estomac y était aussi pour quelque chose. Mon ami lança alors un hot dog enthousiaste qui m’arracha un rire. On était dans un centre commercial, on pouvait avoir ce qu’on voulait, et lui, ce qui le faisait rêver c’était un hot dog. « Viens, alors… Partons trouver ça. » J’attrapai sa main pour l’entraîner loin des tutus, nous aventurant dans la galerie à la recherche d’un stand à snacks. « J’espère qu’il y aura des glaces. J’ai plutôt envie de sucré moi. » lançai-je en chemin.

private property, no trespassing — “Du tout, mademoiselle Von Liechtenstein” répondais-je, toujours aussi taquin. Ouais, c'était peut-être la remarque un peu trop facile pour le coup mais qu'importe. Dans tous les cas, les gardiens auront des préjugés sur l'excuse qu'on sortira. Et sûrement que j'avais l'esprit un peu trop pervers pour le coup, parce que j'avais autre chose en tête que l'aider à vomir en fait. “C'est une façon de voir les choses. Je pensais à plus de nudités et de transpiration pour le coup” avouais-je en la suivant à ce stand de robes, aka le truc que je n'appréciais pas vraiment, sauf sur le sol après qu'une fille l'ait enlevé. “Non, non, non” Non mais elle se rendait compte qu'elle était affreuse cette robe ? Je ne la voyais sur personne, même la plus belle femme qui soit. Quoique.. elle embellirait bien cette robe d'une mocheté sans nom. “Porte-la toi, si t'y tiens vraiment” Parce qu'au final, son corps était le plus à même à porter ce bout de tissu, comme j'aimais bien le dire. “Nous n'avons pas les mêmes valeuuuurs” imitais-je l'accent bourgeois. Non mais moi aussi je pouvais aller chez les créateurs, mais je trouvais pas ça franchement adéquate quand on va en cours ou quand on bouge. L'idéal restait quand même un t-shirt et un jean, tout simplement. Ma tenue préférée. Le short aussi quand on est en été. Quoiqu'il en soit, fini les bouts de tissus et vive la bouffe. Hot dog que je criais à la jeune femme, avant de me reprendre plus calmement. Main dans la main, on s'aventurait alors vers les stands de bouffe. “Glace ? Ca peut être sympa aussi, en dessert. Bordel j'ai une faim de loup !” Et là, on y arrivait. Le truc ? Y'avait de tout. Trop de choix tue le choix. “Tu crois que les congélos marchent ?” Non mais parce qu'une glace doit être glacée, pas fondue. “En tout cas, y'a mes hot dog” Lâchant sa main, je me dirigeais vers ce stand et je me fis mon en-cas, afin d'assouvir ma faim du moment.

  « Tu vas voir la blonde ce qu’elle va te faire… » que je menaçai avant de lui donner une petite tape sur l’épaule. Comme si ma force de mouche donnait plus de crédit et de poids à mon effrayante menace. On débâtait ensuite les conclusions hâtives qui risquaient d’être tirées de l’excuse que je nous trouvais à l’avance, en cas d’ennuis, et moi j’avais ma version, lui la sienne. Un rire s’échappa de mes lèvres quand il essaya de clarifier l’idée, bien moins chaste, que lui avait. « T’es pas sérieux dans des sanitaires ? Non… » Et je me tournai alors vers lui, un peu curieuse, demandant : « Tu l’as déjà fait dans des wcs publics ? » Petit air écoeuré rien qu’à cette idée, ce genre d’endroit grouillait de germes. Puis, moi je l’avais jamais fait nul part. J’imaginais ma première fois dans un lit recouvert de pétales de rose, avec des bougies qui éclaireraient la pièce et dans des draps de soie… Au milieu des robes, je crus quelques instants tenir ma vengeance pour ses propos anti blonde, une vengeance couleur carmin, mais le garçon objecta et refusa de se prêter au jeu. « Tu n’es plus ma copine ! » boudai-je avec un petit air de gamine contrariée, en remettant le vêtement sur son portant devant le refus catégorique de mon ami. Et non, j’étais pas boutiques de prêt à porter, c’était surement pour ça aussi que je m’amusais comme une petite folle dans cet endroit ce soir, en prenant un peu Pluton pour ma poupée barbie pour le coup… Me laissez pas aller dans un magasin de maquillage ou le pauvre n’en sortirait pas vivant. « Ou nous n’avons pas les mêmes parents. » rigolai-je quand il parla de valeurs. Quand vous avez des souverains rigides et avides de contrôle en guise de géniteurs, vous n’aviez pas vraiment votre mot à dire quant à la façon de gérer votre garde robe, ou même votre vie de manière plus générale. Penser à mes parents me fit sourire un instant, imaginant la crise qu’ils me réserveraient si ils savaient ce que j’étais en train de faire ce soir. On finit par arpenter la galerie marchande, tombant enfin sur le stand qui nous intéressait, estomacs sur pattes qu’on était. « Pluton, ils éteignent les lumières mais je pense qu’ils n’éteignent pas les congel, si ils ne les laissaient pas fonctionner ils perdraient leur stock à chaque fin de journée… » rigolai-je avant de me faire taquine, à mon tour, trop tentant : « C’est qui la blonde de nous deux rappelle moi ? » J’observais le jeune homme prendre ses marques ensuite, ouvrir son pain, préparer son casse dalle avec attention. Et moi je me plaçai devant lui, jouant les clientes : « Bonjour monsieur. Je voudrais un hot dog s’il vous plait. Et une glace à la vanille. » Après avoir joué à la poupée, on jouait à la marchande. Cassie, trois ans, enchantée.