do you remember the taste of my lips ? — Elle avait flanché. Mais ne flanchait-il pas lui aussi avec ce genre de message ? On en venait à un point où la blonde ne savait plus du tout comment interpréter les choses. Disons qu’elle était perdue dans tout ça, dans cette manière de fonctionner, dans ce jeu où il ne cessait de se renvoyer la balle incapable de laisser l’un d’entre eux gagner la partie. Mais à quoi ça rimait dans le fond de sans cesse agir de la sorte ? Parce que concrètement, Agathe elle avait juste l’impression de nager en eau trouble absorbée de temps en temps par les belles paroles que Cole pouvait sortir. Il la voulait elle, oui, mais pour combien de temps ? Quand est-ce que cette mascarade allait-elle cesser ? Hippolyte avait été très claire lors du voyage à Monaco. Cole obtenait ce qu’il voulait et pouvait aussi se lasser très vite de ce qu’il avait. Agathe, elle avait affirmé qu’elle ne serait pas une de plus au compteur du vice-président. Qu’elle aspirait à une plus grande position. Mais qu’était la réalité dans tout ça ? Le marquait-elle vraiment ou était-elle simplement en train de se perdre dans toutes les manigances ? Elle ne savait plus vraiment et c’était déstabilisant. Quoi qu’il en soit, même si elle avait été l’investigatrice des messages, il était celui l’ayant réclamé et elle allait pour le moment se contenter de cette pseudo victoire se dirigeant alors jusqu’à la chambre de l’Eliot. Se mordillant la lèvre et sachant pertinemment qu’il attendait sa venue, elle préférait clairement passer l’étape de l’attente et des coups contre la porte préférant ouvrir celle-ci sans plus attendre. Elle jouait à la fière depuis très longtemps Agathe, à être celle qui se fiche de tout et qui ne laisse rien transparaître mais dans la réalité, une tonne de question lui brûlait la langue sans qu’elle n’en laisse rien qu’une traverser la lisière de sa bouche. Et dans un mouvement souple, elle venait s’asseoir sur le rebord du lit sans prononcer le moindre mot, se contentant de le fixer en sachant que son regard avait toujours été catégorisé comme déstabilisant. « Besoin d’un peu d’oxygène ? » qu’elle lançait finalement à mi-chemin entre l’amusement et le sérieux. Ouais, qu’il vienne donc.

Une semaine qu’elle savait pour cette histoire de médoc, une semaine que j’étais venu m’expliquer de visu avec elle dans sa chambre à quelques mètres de là, une semaine qu’elle m’avait gentiment mais fermement mis à la porte, avec interdiction de la toucher, non sans s’accorder par contre, elle, la possibilité de m’effleurer, de m’allumer, de mieux me frustrer, tout ça pour me faire regretter ? Me donner une leçon ? Venger son cher et tendre ? Je ne savais même plus, moi même, quel était le but de ce jeu… Tout ce que je retenais c’était que malgré ma promesse d’excuses publiques, elle n’avait pas répondu à mes avances et m’avait mis dehors la semaine passée et que depuis, je campais sur mes positions. Pas d’appel, pas de sms, Cole en mode boudeur vexé. J’avais mes occupations, le voyage en Thaïlande qui approchait, des gens à emmerder, un planning toujours bien chargé en somme. Oui, occupons nous l’esprit. Et puis, ce soir, le téléphone vibra contre mon bureau. Je saisis le portable et découvris avec un sourire satisfait le nom de l’expéditrice : Agathe Thomspers. Tiens tiens… Petit victoire puisqu’elle, elle m’écrivait en premier. Son message était bref, simple question, et la discussion s’engagea. Si j’étais convaincu d’avoir la main puisqu’elle avait flanché en me contactant en premier, j’en baissais carrément ma garde, pour répondre en me dévoilant un peu trop ensuite…  Oui je la voulais, maintenant, tout de suite, et j’exigeais d’ailleurs une levée de cette interdiction stupide de la toucher, et la porte ne tarda pas à s’ouvrir un peu plus tard. Sans toc toc préalable, forcément. La silhouette féminine de la demoiselle apparut donc, la porte se referma et sans un mot elle avança dans la pièce, venant s’asseoir sur mon lit. Installé à mon bureau, mon regard la suivit, ne ratant aucun de ses gestes. Et rien que ses quelques pas pour rejoindre le matelas avaient quelque chose d’envoûtant. Ses prunelles fixaient les miennes alors qu’elle prenait finalement et enfin la parole, juste pour reprendre les mots, la métaphore de mon dernier sms. Petit sourire en coin, je me levai à mon tour, me détachant du bureau pour venir magnétiquement, me planter devant elle, sans la lâcher du regard. Elle donnait le ton, elle voulait se moquer de mes aveux, de la portée que pouvaient avoir mes textos… Mais je ne la laisserais pas prendre le dessus. « Je te l’avais dit… Que la prochaine fois, ça serait toi qui viendrais dans ma chambre. » Peut être que j’en avais trop dit, avec mon besoin de respirer, d’oxygène, certes, mais j’avais quand même gagné non ? Puisqu’elle était là devant moi...

do you remember the taste of my lips ? — Est-ce qu’un jour ils seraient capable d’avoir une vraie conversation ? D’arrêter de jouer sur tout et n’importe quoi pour peut-être dire ce qu’ils voulaient vraiment ? Elle n’en avait aucune conviction. Et peut-être que tout ça allait juste s’étendre pendant quelques instants avant de toucher à sa fin. En fait, c’était ça sa relation avec Cole. De l’imprévu en masse. Elle était incapable de savoir comment les choses allaient se passer. Incapable de prévoir quoi que ce soit. Y avait le calme puis la tempête et au fond, malgré l’excitation que pouvait procurer cette situation, ça ne changeait pas le fait que ça en restait quelque part assez oppressant. Assise sur le lit, elle attendait qu’il fasse le déplacement jusqu’à elle haussant légèrement les épaules. « Qui te dis que je vais y rester ? » Rien ne l’empêchait de le chauffer un peu et de finalement disparaître une nouvelle fois dans les couloirs. La blonde, elle ne supportait pas l’idée qu’il puisse avoir le dessus et même si quelque part il y avait une sorte de victoire pour lui, elle n’était pas prête à le concéder. « Puis je te signale que tu m’as réclamé. »  Elle avait lâché prise en envoyant le premier message mais c’était lui et seulement lui qui avait réclamé sa présence en s’appuyant sur de belle phrase pour la faire craquer. Les pensaient-ils d’ailleurs ? Où n’étais-ce qu’un subterfuge pour calmer sa frustration de la semaine dernière ? Parce que clairement, la question pouvait se poser. Il était probable que ce ne soit que pour se venger de la manière dont-elle avait pu l’éconduire. Il était de toute manière impossible de cerner ce qui pouvait se passer dans la tête de l’Eliot. « T’attends quoi maintenant ? » Elle s’impatiente légèrement poupée, elle n’aime pas attendre, elle ne supporte pas qu’on la fasse languir. « Peut-être que tu préfères qu’on discute ? » Mais ça mènerait à quoi d’avoir une réelle conversation ? Parce qu’elle ne croyait en aucune de ses paroles et il n’aurait jamais réellement la conviction qu’elle ait arrêté de jouer. Alors ouais, ça risquait d’être compliqué.

Si elle, elle s’amusait à reprendre la métaphore de l’oxygène, moi en retour, je me proclamais surement un peu trop vite vainqueur, fier de l’avoir devant moi et de ne pas m’être trompé dans mes précédentes prédictions. Elle répliqua rapidement par cette question qui me mit clairement le doute quant à son intention de rester là… Mon regard toisa le sien, quelques secondes, puis la porte. Et c’est vers cette dernière que je me dirigeais, fermant à clé, verrouillant ainsi la sortie. « Là, tu vas rester… » Sourire doublement victorieux et diabolique je revins près d’elle, glissant le sésame métallique dans la poche de ma chemise, tapotant mon thorax avec un air narquois, l’écoutant alors répliquer que JE l’avais réclamée. Ha oui, note pour moi même : ne jamais rien lâcher avec miss Thomspers, tout ce que je pourrais dire avec elle sera retenu contre moi visiblement. Et c’était avec une certaine impatience qu’elle attendait que je passe à l’action, ça se sentait à sa voix, à son ton lorsqu’elle suggéra ensuite que l’on discute sur un ton railleur, comme si cette idée était complètement loufoque. « Ok… Mademoiselle est pressée à ce que je vois… » Ne pas perdre de temps avec les salutations et politesses d’usage, elle voulait faire l’impasse sur tout ça, sur toute forme de discussion ? Soit… « Toi tu attends quoi Agathe ? » Je me penchai vers elle, jusqu’à ce que nos deux visages soient tout proches, mon souffle se mêlant au sien, je repris : « Pourquoi tu m’as écrit ? » Et sans lui laisser le temps de répondre, je pris ses douces lèvres en otage, l’embrassant avec fougue pour bien laisser transparaitre la passion, la frustration qu’elle avait fait croitre en me repoussant la dernière fois. La poussant pour le faire tomber un peu contre le matelas, explorant l’intérieur de sa bouche, cherchant sa langue, approfondissant ce baiser… Jusqu’à finalement séparer nos bouches, quelques instants, m’écartant de quelques centimètres pour reprendre mon souffle et la parole : « C’est ça que tu veux ? Que tu es venu chercher ? »

do you remember the taste of my lips ? —Le problème il était bien là. Autant l’un que l’autre n’avait pas confiance en la partie adverse. Et forcément que ça ne pouvait que compliquer les choses dans tout ça. Parce que sans confiance, il n’y avait rien. Alors pourquoi continuer dans ce sens là ? Comme deux addict incapable de décrocher cette espèce de dépendance qu’ils nouaient l’un à l’autre. En réalité, ils n’étaient rien d’autre que deux idiots profonds ne mesurant pas une seule seconde ce que tout ça pourrait finir par impliquer. Ils étaient simplement deux joueurs avides de sensation forte avec l’ultime conviction qu’ils pourraient sortir vainqueur de ce duel quand la vérité était sûrement tout autre. Et princesse continue dans ses jeux, cherche n’importe quoi pour le pousser à bout, soumet l’idée que peut-être, elle pourrait s’en aller aussi rapidement que ce qu’elle était venue. Et probablement pour éviter ce petit retournement de situation, il n’attendait pas plus longtemps avant d’aller verrouiller la porte l’enfermant par conséquent avec lui. Un rictus de contentement venait étirer les lèvres de la belle alors qu’il revenait vers elle glissant la clé de sortie dans la poche de sa chemise. « Serait-ce une prise d’otage Wildingham ? » qu’elle susurrait dans le lâcher du regard. Parce que clairement, ça avait un côté excitant de le voir agir de la sorte comme s’il pouvait réellement décider à quel moment blondie avait le droit de s’en aller. Alors quand il lui demandait ce qu’elle pouvait bien attendre de tout ça, elle gardait le silence donnant l’impression de réellement réfléchir à la question. Qu’attendait-elle ? Elle aurait clairement voulu avoir la réponse elle-même. A la deuxième question elle ouvrait la bouche prête à fournir une réponse bien vite interrompu par les lèvres de l’intrépide venant se poser sur les siennes. Et elle y mettait de l’ardeur dans ce baiser. De la passion. Une envie certaine. A moitié allongé sur le matelas, ses coudes lui servant de léger rehausseur, elle laissait sa langue entrait en collision avec sa jumelle se perdant peut-être un peu trop dans les tonnes d’idées que cet échange pouvait lui donner. « Ce que je veux ? » Elle laissait sa langue venir humidifier sa lèvre inférieure avant de reprendre. « C’est toi que je veux Cole. Pas des parties de jambe en l’air torride, des jeux à n’en plus finir. Toi, juste toi. » A toi de discerner si ce n’était encore qu’un jeu.

 Le jeu reprend, la partie se poursuit… Et quand je pensais avoir marqué un point, l’adversaire en face de moi savait bien me rappeler que ce n’était pas le cas. Venue certes, mais pouvait encore repartir. Echec et mat. Je tournai la clé dans la serrure, verrouillant l’unique sortie, revenant aussitôt vers elle avec un air satisfait qui ne manqua pas de l’amuser. Un jeu. Deux gosses. On aurait pu sortir un échiquier que ça aurait été la même chose… en moins plaisant somme toute. « Si je réponds oui, tu vas lancer une pétition pour m’accuser de séquestration ? » répondis-je, sans ton accusateur aucun, juste pour lui rappeler un peu comment ça avait commencé… C’était elle, qui avait lancé les dés en premier, démarrant cette partie où tous les coups semblaient permis. Alors oui, dans ce jeu, je voulais reprendre les rennes, et si elle, elle s’amusait à me demander ce que j’attendais, jouant l’impatiente, taquinant sur la discussion que je préférais peut être lancer, moi je répliquais par des questions à mon tour, auxquelles d’abord elle ne répondit rien, auxquelles ensuite, je ne lui laissais guère le temps de répondre, fondant sur ses lèvres pour un sulfureux baiser. Baiser libérateur, baiser qui m’avait bien démangé depuis cette semaine de silence radio, puisque miss Thomspers m’avait bien éconduit lors de notre dernière rencontre, m’interdisant alors de la toucher… Le cœur tambourinant, je me fis violence pour m’écarter un peu, pour libérer sa bouche malgré toute la fièvre et l’envie qui m’habitaient à cet instant mais il fallait que je sache et donc je reformulais une nouvelle question, à savoir si c’était cela qu’elle voulait. Je la fixais, la respiration un peu trop rapide, mon torse se soulevant alors que mes prunelles analysaient les siennes pendant qu’elle reprenait la parole pour me répondre. Mots surprenants. Je m’immobilisais. Un instant, mes sourcils se froncèrent, mon regard scrutait son visage, cherchant dans le bleu de ses iris hypnotisant toute trace de mensonge, cherchant à déceler le vrai du faux, un signe, n’importe lequel, qui pourrait m’aider à savoir si ce qu’elle venait d’affirmer n’était pas un nouveau coup de poker, une nouvelle tactique. Parce que bordel qu’elle était douée, ça avait le don de faire pulser un désir violent en moi cet aveu. Pourtant, je restais lucide. « Tu crois que tu me veux moi… Mais Agathe, tu ne me connais pas. Pas vraiment. » Soufflai-je alors, fondant malgré tout sur elle à nouveau, mes lèvres s’écrasant dans son cou. « Tu ne sais pas ce que ça implique vraiment. » Un baiser, puis un autre, entrecoupant mes paroles. « T’as eu qu’un aperçu et regarde où ça t’a mené… » Là  dans mon lit, enfermée dans ma chambre, à ma merci… Mes lèvres au coin de son épaule finalement, mon corps pulsant de partout… « T’es sûre que c’est ça que tu veux ? »

do you remember the taste of my lips ? — Et en étais-ce un ? Est-ce que tout ça n’était encore qu’un jeu ? Est-ce qu’elle pensait rien qu’une seule seconde les paroles qu’elle venait de dire ? C’était difficile à cerner avec la blonde. Comme bien des choses. Elle avait cette capacité à planquer ses émotions mieux que personne. A un tel point qu’il était souvent impossible de savoir si oui ou non elle était sérieuse. Et au final, il s’agissait d’elle et Cole alors forcément, même dans son esprit c’était compliqué. Mais au fond, elle savait qu’elle le voulait réellement. Les longues conversations avec Maxine avait fini par la persuader. Parce que son double avait totalement raison. Il la faisait sentir vivante et même si c’était pas le mec rêvé, même s’il n’était qu’un fourbe manipulateur qu’elle avait bien trop souvent envie d’égorger, il la rendait vivante et cette sensation était vraiment la meilleure de toute. « Peut-être, ça te rends sauvage quand je fais des trucs comme ça » qu’elle susurrait continuant à prendre tout comme une plaisanterie. Et princesse, elle savait pertinemment que ça pouvait être agaçant pour les autres quand elle jouait comme ça, quand elle choisissait de ne rien prendre au sérieux. Mais elle était-elle et probablement que Cole la trouverait bien moins attrayante si elle entrait un peu plus dans les normes. Puis semblait-il que sa confession faisait son effet puisque l’Eliot semblait surprit continuant à la fixer comme s’il attendait le moment où elle se mettrait à rire prouvant alors que ce n’était pas sérieux. Mais il n’en était rien, Agathe elle gardait le même calme légendaire souriant quand il reprenait la parole. « Moi au contraire, je pense que je te connais. Et t’es exactement comme moi. » Encore faudrait-il qu’il se souvienne de ce semblant de conversation à Monaco. Et la blonde elle frémissait sous les lèvres du brun dans son cou, cherchant garder le contrôle de son esprit, s’empêchant de divaguer sous la pression de son corps. « Qu’est-ce que ça implique ? » qu’elle murmurait alors que les baisers reprenaient de plus belle. Ouais qu’est-ce que ça pouvait bien impliquer de plus que des multiples trahisons et des coups bas ? Parce que ça, elle était déjà parfaitement au courant princesse. « On ne peut plus sûre. » Elle ouvrait une nouvelle fois ses prunelles glissant ses doigts dans la chevelure de son attraction, le sondant du regard quelques instants. « Mais toi, qu’est-ce que tu veux Cole ? » qu’elle demandait à son tour retournant alors les questions. Et elle enroulait ses jambes autour de lui raffermissant son emprise avant de reprendre. « Je suis ta distraction du moment jusqu’à trouver mieux ? » Un léger rire sortait de sa bouche. « Non en fait tu ne trouveras pas mieux. » C’était un fait. « Qu’est-ce que tu veux Cole ? »

  Elle était là, ça ne signifiait pas la victoire, fallait-il encore qu’elle reste… Elle le souligna bien, ce qui m’obligea à agir. Porte verrouillée, clé à l’abri dans ma poche, la voilà enfermée là, fait qui loin de l’effrayer sembla l’amuser… L’évocation d’une nouvelle pétition ne fit qu’accroitre l’ambiance taquine qui régnait entre nous. « Sauvage ? C’est ça que tu cherches à provoquer ? » rigolai-je alors… Un rire oui, parce que je venais de réaliser une chose : là où les autres avaient toujours voulu me dompter, elle, Agathe, n’avait cherché qu’à me provoquer, qu’à me pousser à être encore plus joueur, encore plus provoquant… Peut être que c’était ce qui faisait qu’il y avait cette alchimie particulière entre nous. Avec elle, je pouvais me montrer sous mon véritable jour, comme avec ce baiser, censé lui soutirer des aveux sur ce qu’elle cherchait vraiment. Ce qu’elle voulait c’était moi, mais est-ce qu’elle savait véritablement qui j’étais ? Son regard perçant le lâcha pas le mien alors qu’elle affirmait, calme, qu’elle le savait bien, que j’étais exactement comme elle… Du genre à aimer le feu, le danger, le jeu, la passion. Mais est-ce que deux personnalités aussi similaires sur ce point pouvaient être compatibles ? Regardez nous, là, déjà, l’histoire avait à peine commencé qu’on se jaugeait déjà avec méfiance pour savoir évaluer la sincérité de l’autre. Mes lèvres finirent immanquablement par retrouver le chemin de sa peau, de son cou, alors que je lui disais qu’elle n’avait pas idée de ce que ça impliquait, chose qu’elle me demanda de préciser. « Ca implique de ne pas avoir le vertige… » Parce qu’elle allait marcher sur un fil, du vide il y allait en avoir plein. Plein partout. Mes lèvres poursuivirent leur course au creux de son cou, s’abreuvant de sa peau alors qu’elle assurait être sûre d’elle, mon visage se redressant, ses doigts se perdant dans mes cheveux, et nos prunelles s’affrontant à nouveau. Retour à l’envoyeur. C’était mon tour d’être scruté, sondé, analysé. La question me revint, alors que ses jambes s’enroulaient autour de moi, comme pour ne me laisser aucune issue. Elle la connaissait déjà d’avance la réponse, mais à son tour elle voulait s’assurer de l’effet qu’elle avait sur moi. Elle s’auto-qualifia de distraction en attendant mieux, avant de rire de ses propres mots et de répéter à nouveau sa question. « Toi… » Trop intense peut être. Trop troublant. Le domaine des confessions n’était clairement pas mien, je n’avais pas envie de m’avancer sur ce terrain là, sachant déjà que je m’étais surement déjà bien trop dévoilé dans nos précédents sms. Allons donc sur un terrain que je maîtrisais mieux. Ma main glissa contre sa jambe, mes doigts remontant le long de sa cuisse remontant en répétant, la voix chargée de défi cette fois : « Toi qui me prouve qu’il n’y a pas mieux ailleurs… »

do you remember the taste of my lips ? — Elle ne cessait de le lui demander comme si chacune de ses répétitions étaient comme une victoire pour elle. Et quelque part, ça en était une. Elle avait été un jeu, un vulgaire pari et finalement, elle avait fini par le marquer réellement. A prendre place dans son esprit et à l’emprisonner un peu plus à chaque entrevue. Techniquement, il ne lui restait plus rien à prouver. Elle aurait pu partir, s’arrêter là. Elle aurait pu s’avouer combler par tout ce qu’elle avait pu gagner dans tout ça mais il n’en était rien. Elle préférait revenir à la charge à chaque fois. Se brûler un peu plus et savourer l’adrénaline qui la submergée quand elle était en sa présence. Deux manipulateurs prêt à tout pour parvenir à la fin finissant par réellement à s’accrocher aux jeux tordus qu’ils semblaient se lancer un peu plus à chaque fois. Mais qu’est-ce qu’elle y pouvait s’il arrivait à la rendre dingue de la sorte ? Parce que concrètement, elle avait cherché à lutter les premiers temps. Elle avait tenté d’être plus forte que ça mais lui aussi avait gagné en s’immisçant un peu plus à chaque fois dans ses pensées. Et c’était terrifiant pour princesse de constater qu’il n’était pas fichu de sortir de sa tête la plupart du temps. « Peut-être bien. Je t’apprécie mieux quand tu laisses entrevoir ce que tu es. » Un fourbe. Un dominateur. Un maniaque du contrôle. Et si ses traits de personnalités suffisaient à l’agacer par la même occasion, elle ne pouvait nier le fait qu’elle le trouvait bien plus intéressant quand il s’abandonnait à ses jeux pervers. « Crois-tu que j’ai peur ? » Elle jouait la carte de l’assurance encore une fois mais probablement que la blonde était prête à tout pour continuer à ressentir tout ça. Il lui offrait quelque chose que personne encore ne lui avait offert. De l’excitation à chaque instant, de l’imprévu à toute heure. Comment refuser d’entrer dans quelque chose de la sorte ? Et elle souriait de satisfaction frissonnant au contact de la main de l’Eliot remontant le long de sa cuisse. Un air de défi venait briller dans son regard et blondie se mordillait la lèvre inférieure dans un soupir. « Tu veux mon avis ? » Ses mains venaient défaire doucement les boutons de chemise de l’insolent. « Tu le sais déjà tout ça. » Elle continue sa traversée arrivant au dernier résistant. « Tu sais très bien qu’il n’y a pas mieux ailleurs. » Parce que si c’était le cas, il ne reviendrait pas la chercher à chaque fois. Il ne chercherait pas à la posséder comme il le faisait la plupart du temps. « Je n’ai pas besoin de te prouver quoi que ce soit parce que je te fais ressentir, personne avant moi ne l’a jamais fait. » Et elle effleure ses lèvres doucement de ses doigts les remplaçant rapidement par sa proche bouche.

  Y’en avait d’autres qui avaient dit ça… Ce discours je l’avais entendu à chaque fois. Que ce soit Kyla, à qui j’avais offert mon plus beau visage dès notre toute première rencontre, Feryel, qui n’avait pas été épargnée lors de mes crises de paranoïa aiguë, ou tout récemment Lucky, qui assurait m’aimer ainsi, avec ce petit côté diabolique lorsqu’on s’était mis en couple… Alors, oui, c’était grisant, c’était plaisant, de l’entendre me souffler qu’elle aimait me voir comme j’étais, sans masque, sans faux semblant, mais ce n’était pas non plus suffisant pour que s’envolent toutes mes réserves. Je sentais qu’elle, elle avait ce truc en plus, qu’elle était un peu faite dans le même moule que moi. J’avais une joueuse, une adversaire à ma taille, mais la question était : est-ce que j’avais besoin d’une adversaire ou d’une alliée ? J’essayais de la prévenir, honnête, ou ayant peut être appris de mes liaisons passées, que ce qui l’attendait était loin d’être un petit monde tout beau tout rose. Elle n’avait pas peur… Ca se voyait dans ses yeux, dans la lueur qui brillait dans ses prunelles, dans la façon désinvolte dont elle relevait le menton, ça s’entendait au petit ton  mutin qu’avait sa question. « Non… Mais tu ne pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenue… » Mes doigts s’aventurèrent alors sur sa peau, prêts à jouer à un autre jeu, alors que je continuais de répondre à ses interrogations : elle. Je ne voulais qu’elle. Et elle qui me prouvait qu’il n’y avait pas mieux ailleurs. Elle avait raison quand elle répliquait que je le savais déjà. « Prouve le moi encore… » Voilà la vraie formulation que je corrigeais donc. « Fais le moi ressentir encore Agathe… » Une semaine de frustration, une semaine qu’elle m’avait mis à la porte en mode coucouche panier, tout ça pour une histoire de médocs. Alors ses doigts qui jouaient avec les boutons de ma chemise, puis mes lèvres, puis sa bouche contre la mienne, rien qu’un quart de cela aurait suffit à faire enfler mon pantalon. Et je ne devrais pas, je ne devrais pas la laisser prendre le dessus… Mais puisque dans tous les jeux il fallait un perdant, pour le coup, je baissais les armes, je fondis encore plus sur elle, la plaquant complètement contre le matelas de mon lit, mes doigts terminant leur ascension pour venir se glisser sous sa robe, entre ses jambes, sous la dentelle de son dessous et je lâchai entre deux baisers : « Ne me prive plus de toi Agathe… »