please, forgive me

FEAT @MARGOT WEASLEY

Les choses avaient pris une tournure totalement inattendue - du moins pour Eliot. Le ton avait monté, la colère faisait place, les mots avaient fusé dû à cette dite colère, et à cet instant, le jeune homme sentait comme s'ils avaient atteints, tous deux, le stade de non-retour. Si on lui avait chuchoté auparavant qu'il allait agir en vrai con aujourd'hui, Eliot, il n'y aurait pas cru - parce qu'il avait toujours su être calme face à des situations frustrantes et tentait toujours, vraiment toujours de jouer le médiateur et agissait sagement, comme sa défunte mère lui avait toujours appris. Il perdait rarement le contrôle des choses, il organisait tout dans sa vie pour éviter des pertes de contrôle, il réfléchissait avant de parler, pesait les pours et les contres avant toute action : il ne perdait jamais contrôle bordel de merde - jusqu'à là. Jusqu'à elle. Ca ne devait pas se passer comme ça, merde merde merde ! Et il se rendait compte petit à petit que dès qu'il se déchaînait, malgré lui, il semblait être une toute autre personne. Têtu, borné, aveuglé. Aveuglé par une colère qu'il ne soupçonnait pas - il était censé être désolé, putain, pas en colère, mais il l'était et plus Margot parlait, plus sa colère montait, plus les conneries fusaient et plus il perdait Margot. C'était un cercle vicieux sans fin, un renvoi de balles sans cesse, un match de tennis apocalyptique que personne ne paierait pour voir, m'voyez. Un match auquel lui-même aurait préféré ne pas assister, ne pas jouer. Parce qu'il avait perdu là, il s'était littéralement fait massacré. A vrai dire, dès le début, il avait peu de chances de gagner, tout était en sa défaveur mais il avait voulu tenter - pour lamentablement échoué. Le seul argument qui pouvait le sauver, qu'il n'avait jamais cessé de penser à elle, s'était retourné contre lui d'une façon totalement inattendue et ce retournement avait signé son arrêt de mort. Le calme olympique de Margot face à cette révélation avait signé son arrêt de mort. « Mais bien sûr que je me suis mise avec lui, t'aurais espéré quoi, Eliot ? Que j'attende après un fantôme? » Yeap, chaque mot lui rappelait encore que quoi qu'il ne dise ne pourra rien rattraper à ses conneries. Elle s'était mise avec lui, comme Elias lui avait dit - malgré ce que Margot avait tenté de prouver, Eliot était trop buté et aveuglé par la jalousie pour raisonner et écouter clairement, nope, il retenait que l'essentiel qui avait accru sa colère. C'était tout. Elle s'était mise avec lui pendant qu'il était devenu un fantôme. Un putain de fantôme, oublié. « Je suppose que j'avais rien espéré.. j'espère plus rien. »  Sortit-il, dédaigneux pour cacher sa défaite. Vaincu, il était vaincu. Un fantôme, voilà ce que tu mérites d'être qualifié pour avoir pris la fuite. P't'être tu l'as bien mérité. Continue sur cette voie, quoi que tu dises, t'as perdu Eliot, elle t'a oublié. Et elle vient juste de te le confirmer. Elle t'a oublié et te le jette à la figure.

« T'es vraiment qu'un pauvre con. » Eliot accusa le coup et tout son corps se raidit. Les yeux rivés face à la porte, il crispa la mâchoire, se refusant de tourner le regard vers Margot. Ce qui était dit, était dit. Sa réponse fut le coup de grâce, le coup de grâce pour le pousser à fuir de cet ascenseur, à appuyer sur le bouton d'arrêt d'urgence pour redémarrer l'ascenseur. Signe que la conversation, les retrouvailles, eux ?, c'était fini. Il se refusa de porter un seul regard vers la jeune femme - quand bien même il sentait son regard noir viré sur lui - et ne la vit pas la larme coulée sur son visage, auquel cas il aurait en un instant faibli et abandonné son masque de petit con parce qu'il ne supportait pas de la voir pleurer. Mais il ne la vit pas, et s'enfonçait encore plus. « C'est bon ? T'as fini ? » Qu'il rétorqua, en espérant que ce foutu ascenseur arrive à destination avant qu'elle puisse répondre. Si elle avait quelque chose à répondre. Et ouaip, elle avait, elle n'avait pas fini. « Au final, vous valez pas mieux l'un que l'autre, avec Adriel. T'es même pire que lui. (...) J'aurais voulu ne jamais croiser vos routes. » Ding. Sans lui laisser le temps d'avaler sa réplique finale, de réagir, de rétorquer, elle s'enfuit alors sur ces mots tandis que la porte s'ouvrit. Eliot se figea. Incapable de bouger, une fois que son cerveau traita l'information. Aussi stoïque qu'une statuette, les poings serrés, la mâchoire plus crispé que jamais, le regard noir et plongé dans le vide, il se refusa de bouger d'un centimètre si bien que l'ascenseur se referma devant lui, l'enfermant à nouveau dans cette boîte de l'Enfer. Un nouveau 'ding' retentit et le fit alors sortir de sa torpeur. T'es même pire que lui. Les paroles de Margot lui résonnait sans cesse en tête, et chaque mot lui prodiguait une rage infinie qu'il ignorait posséder, qui le poussa à donner de violents coups de poing contre les murs en ferraille de l'ascenseur, tout en criant, plein de rage. Son poignet se cassa, son poing s'ensanglanta au bout du troisième ou quatrième coups de poing alors que les parois restèrent intactes.  Il se stoppa alors et lança un dernier cri de rage et de douleur, sans pleurer - il se refusait de pleurer. Il était fini, fini et fini; Margot l'avait achevé. Quel beau retour, quel putain de beau retour !

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