Je savais pas comment ça avait pu se savoir… Probablement que ce pharmacien que j’avais arrosé de jolis billets pour changer la posologie du traitement de ce cher maniaquo dépressif d’Aisling avait la langue un peu trop pendue. Ou alors c’était Hippolyte. Parce qu’elle l’avait su, découvert, compris, en discutant avec l’autre nigaud, ou peut être pendant leur partie de jambe en l’air. En manque de prozac, il avait peut-être pleurer dans ses bras après l’orgasme, et ça avait fait tilt dans la tête de ma BF. Bref je sais pas comment elle l’avait su, Hippo, il allait falloir que je lui demande, mais dans tous les cas l’info était parvenue jusqu’à Agathe qui forcément m’avait demandé de rendre des comptes. J’aurais pu mentir, mais quel intérêt ? Je n’avais rien fait d’illégal, c’était le soignant qui lui avait délivré son traitement qui était en tord dans l’histoire. Au moins, Aisling saurait maintenant qu’il fallait qu’il change de pharmacie. Et Agathe savait qu’un peu chamboulé, un peu perdu, un peu déprimé, son petit ami avait la queue baladeuse. Un mal pour un bien… Mais mes justifications ne semblaient pas prendre, et la blonde était toujours fâchée, même après une nuit en la laissant respirer. Elle ne répondait pas à mes appels et… Ca me frustrait. Plus que ça ne le devrait. Elle finit par me répondre, par sms. Toujours fâchée. Mais pas pour autant rabibochée avec l’autre clown. Je ne pus m’empêcher de sourire en lisant ses mots. Je pianotais une réponse, échangeant encore quelques textos, réclamant à l’avoir en ligne ou mieux à la voir, insistance qui sembla l’interpeller puisqu’elle finit par me questionner. Elle voulait toujours savoir… Combien je la voulais, question récurrente lors de nos deux précédentes étreintes, et aujourd’hui, c’était sur l’intérêt plus général que je lui portais. Tant que ça… Oui, doux euphémisme. Cétait ce que ma réponse, mon "plus encore", faisait passer comme message, me dévoilant surement un peu trop. Loin de la faire flipper, le dernier message qu’elle m’envoya m’inviter à la rejoindre… Je me levai, me tempérai pour ne pas foncer vers la porte et filer directement frapper à sa porte. Jouons un peu la montre. J’inspirai, j’expirai, j’allai me placer devant le miroir de ma chambre, ajustant mon nœud de cravate, comptant mentalement les secondes qui filaient avant de décider que le temps écoulé était suffisant. Quittant la pièce, me retrouvant dans le couloir, j’avançais jusqu’à la chambre qu’Agathe partageait avec Ayma que je savais encore à NY pour avoir passé quelques jours avec elle pour affaires et parce que j'avais envie de la soutenir dans l'épreuve qu'elle traversait. Levant la main, je frappai contre le bois de la porte, patientant, conscient de la probable soufflante, des plausibles sermons, qui m’attendaient de l’autre côté.

Et encore une fois, elle avait cédé. Bordel ce que ça la frustrait d’agir comme ça. Elle était pourtant particulièrement remontée contre l’Eliot. Assez pour l’avoir envoyé balader. En même temps, il était allé trop loin. Beaucoup trop. Peu importait le fait qu’elle soit en froid avec son ex petit ami, il y avait des choses qui ne se faisaient pas. Comme changer son traitement. Aisling, elle le connaissait depuis cinq ans maintenant. Et elle savait à quel point les cachets qu’il prenait lui était essentiel alors non, il était interdit de jouer avec un truc pareil. Cole avait clairement dépassé les limites pour la peine. Le pire ? Il avait avoué en un temps record sans même éprouver la moindre once de remord. Comment était-elle censée rester calme ? Elle avait un caractère explosif princesse, elle pouvait déclencher des tornades en un temps record. Mais quand il était revenu à la charge, quand encore une fois il avait preuve d’insistance, elle avait fini par lâcher prise. Pourtant, elle avait résisté sur les premiers instants. Ne pas répondre à ses appels, l’envoyer directement sur messagerie. Jusqu’au « plus encore ». Là, sans trop savoir pourquoi, la blonde elle avait souris lui intimant alors de venir quand elle n’aurait pas dû. Et pour ne rien laisser au hasard, elle filait faire un arrêt devant le miroir replaçant correctement les mèches de ses cheveux, ajoutant une touche de parfum et rectifiant légèrement son maquillage avant de retourner s’asseoir sur son lit sortant un de ses bouquins et attendant la venue de l’Eliot. Paraître détachée, faire comme si sa venue n’était pas importante, ne pas lui montrer plus d’intérêt que ça, continuer à susciter son attention. Parce qu’elle était consciente Agathe que si Cole était toujours en train de lui tourner autour c’était simplement parce qu’elle arrivait à capter son intérêt. Faisant craquer ses doigts à l’attente des coups contre la porte, la blonde arborait un visage fermé prenant tout son temps pour aller ouvrir celle-ci. S’appuyant contre la chambrale de la porte, elle le fixait quelques instants, lèvres pincées, laissant planer un léger malaise. « Va falloir qu’on trouve un accord toi et moi. » C’était qu’après ça qu’elle s’écartait pour le laisser passer refermant derrière elle. « C’était quoi l’intérêt en fait Cole ? » D’avoir changé son traitement. D’avoir bousillé ce qu’il combattait depuis des années ? « C’était une sorte de vengeance ? » Non mais parce qu'il fallait quand même lui expliquer à quel moment on en venait à faire des trucs pareils en fait. C'était pas n'importe quoi et elle refusait totalement qu'on puisse s'en prendre à Aisling de cette manière là. Contournant l'Eliot elle venait finalement reprendre place sur son lit attendant des explications.

 Peut être qu’elle m’avait dit de venir pour mieux me tuer ? Peut être que c’était juste pour pouvoir m’incendier de vive voix ? Peut être que la soufflante de ma vie m’attendait de l’autre côté. C’était plus probable en tout cas que l’éventualité de fiévreux baisers, et pourtant me voilà devant sa porte, qui ne tarda pas à s’entrouvrir et à laisser apparaître la blondinette. Ce regard. Ces yeux. Même si elle m’assassinait sur place avec ses prunelles bleutés j’avais envie de sourire. Je me retins, mordant l’intérieur de ma joue pour ne pas la laisser penser que la situation m’amusait, que je ne prenais pas les réprimandes qu’elle allait surement me faire à la légère. Mais c’est par l’idée d’un accord entre nous qu’elle attaqua. « Un accord ? Quel genre d’accord ? » Elle se poussa, me laissant le passage pour que je rentre à mon tour dans la pièce, qu’elle referma avant d’entamer l’interrogatoire qui s’imposait. Allez Cole, prends un air un peu désolé, n’aie pas l’air trop blasé. Trouve quelque chose de valable. « Je voulais… prouver à Aisling qu’on ne pouvait pas faire confiance aux professionnels de santé de nos jours ? » Ouais non, vu la tête qu’elle faisait Agathe, c’était un peu trop bidon mon excuse. J’enchainai : « L’aider à rééquilibrer son traitement vu les pulsions incontrôlables et violentes qu’il avait eu à mon égard pendant le SB ? » Toujours pas ça. « T’aider à ouvrir les yeux sur la fragilité de votre couple ? » Un couple qui se basait sur la prise ou non de cachous, c’était pas bien solide tout ça… Et la demoiselle filait vers son lit, s’y posant, avec une nonchalance et un détachement affiché qui me faisait penser qu’aucune de mes justifications ne seraient jamais bonnes. « Ok… Ca rime à quoi ? Tu m’as vraiment dit de venir pour que je te rende des comptes ? Ca change quoi au final ? Qu’il est fait ça bourré, shooté ou dépressif ? Il l’a fait, c’est tout ce qu’il y a à retenir. »

Elle savait bien au fond que y avait aucune réponse qui allait réellement la contenter. Parce que Cole, il faisait les choses sans se soucier des conséquences derrière. Puis il était clair que les excuses et les regrets n’étaient pas vraiment dans son genre. Alors ouais, y avait rien qui allait lui plaire dans cet échange. Peut-être même que sa colère allait reprendre de plus belle ce qui lui permettrait de le repousser une bonne fois pour toute.. Ouais, c’était beau de rêver. Au fond, elle savait par avance comment cette entrevue allait se terminer. Le but étant maintenant de lui donner l’illusion qu’il n’aurait plus rien d’elle. Pour le faire rager un peu, pour lui donner la sensation qu’il avait perdue. Elle snobait volontairement la réponse sur l’accord la gardant pour plus tard se contenant de le fixer gardant de sa superbe, son côté hautain ressortant un peu trop. Et comme prévu, aucune de ses réponses ne trouvait grâce. Au contraire, le visage de princesse se fermait de plus en plus à chaque parole et un simple sifflement de frustration venait filtrer de ses lèvres à la fin. Il n’y avait pas à dire Cole n’était clairement pas doué pour réparer ses erreurs. Quoi que.. Elle avait déclenché une pétition contre lui pour finalement se retrouver au milieu d’un plan cul régulier qu’elle n’avait pas cherché. Peut-être qu’il était bien plus doué que ce qu’elle voulait bien lui accorder. « Je m’en tape de ce qu’il a fait. C’est pas ton problème, c’est le mien. » Pourquoi ne voulait-il pas comprendre qu’elle se fichait bien de tout ça ? « Le souci c’est que s’il a un traitement pour le canaliser, ce n’est pas pour rien. Et t’es clairement personne pour te permettre de faire quelque chose d’aussi fourbe que ça. » Elle se redresse soudainement, ses yeux azurs lançant des éclairs à l’encontre de l’Eliot. « Alors à la rigueur, si t’as envie de te venger de quelque chose, si tu veux me faire regretter d’avoir fait cette pétition, prends toi en à moi, je peux encaisser. Mais tu le laisses en dehors de ça. » Tu ne l’impliques pas de cette façon-là. Il en est hors de question. « Tu ne croyais quand même pas que je te faisais venir pour un moment torride ? C’est terminé Cole. » Ou pas. Mais elle essayait d’y mettre un peu de conviction.

 Allez c’est parti, on sort le pipeau, on commence. Excuses après excuses, je savais d’emblée, à mesure que le flot de paroles s’échappait de mes lèvres, que ce n’était pas ce que miss Thomspers voulait entendre. Sauf qu’à chaque nouvelle tentative d’explication, je tombais à côté. Et je ne compris quel était véritablement le problème que lorsqu’elle reprit : le problème c’était pas ce qu’Aisling avait fait, et pourquoi il l’avait fait, qu’il se tape Hippo, ça elle ne me demandait pas mon avis à ce sujet, non. Elle voulait juste recentrer les choses sur son état. Aisling. Pauvre petite chose fragile qui sans son traitement pour le canaliser, pouvait sombrer dans un puit sans fond. « Je t’assure j’ai pris garde à pas non plus le surdoser… » J’avais pas fait le con au point de le tuer, là n’était pas mon but. J’avais juste déséquilibré assez son traitement pour qu’il ne soit plus très stable et qu’il se sente moins bien. Mais apparemment, Aisling était intouchable. « Qu’est-ce qui se passe ? Tu veux lancer une pétition pour la protection des maniaco dépressifs c’est ça ? » soupirai-je avec mauvaise humeur. « J’ai pas besoin de me venger de ta pétition Agathe. J’ai pas besoin de me venger parce qu’en fait, je devrais même plutôt te remercier. » Quelques pas vers son lit, me plantant devant elle en poursuivant, nonchalant, insolent, insupportable : « Ca m’a fait des vacances cette mise à pied… Et puis les bizuts, c’était du boulot. Ca me repose vraiment tout ça, c’est bien… » Allez arrête ton cinoche Cole, elle va te foutre dehors. Me penchant vers elle, approchant dangereusement nos visages, j’ajoutai donc, sur un ton moins impertinent, baissant un peu le masque : « Et puis je dois surtout te remercier parce que ça m’a indirectement permis de t’avoir. D’avoir ce moment avec toi à Monaco. Ce moment dans ma chambre l’autre fois… Alors oui, t’es furieuse pour le traitement, t’es furieuse de mon petit coup bas contre ton mec, peut être que je devrais m’excuser, mais je le ferais pas, parce qu’en fait, je ne suis pas désolé. Même si comme tu le dis, c’est terminé. Je ne suis pas désolé d’avoir couché avec toi Agathe Thomspers. » Mon regard se planta dans le sien, intensément, pour ponctuer cet aveu.

Il ne pouvait pas continuer à agir comme ça. Comme s’il était intouchable. Comme s’il pouvait tout se permettre sans jamais avoir le même problème mais au final, n’étais-ce pas ce qu’il représentait ? Malgré tous les coups bas, malgré toutes les attaques faites à son encontre, il finissait par s’en sortir indemne ramenant bien souvent des trophées avec lui. Etait-elle son trophée ? Celle qu’il avait réussi à avoir en dépit de toutes les guerres lancées ? Oh, il était capable de la mettre totalement hors d’elle par moment. Parfois, elle avait envie de le tuer. De lui faire les pires misères du monde juste pour qu’il comprenne que ce n’était pas permis d’agir comme ça et d’un autre côté.. D’un autre côté elle savait aussi que c’était ce côté sombre qui ne cessait de l’attirer encore et encore. Comme si malgré elle, elle adorait le côté dangereux qu’il pouvait dégager à n’importe quel moment. Alors oui, elle tentait de mettre de la conviction dans ses paroles même si l’issu serait probablement qu’elle finirait par capituler comme elle le faisait bien trop souvent depuis quelques temps avec lui. « Oh parfait. Tu veux une médaille Cole ? » Précaution ou pas, il était hors de question qu’il se lance dans ce genre de manigance. Pas envers ses proches, il en était hors de question. Et yeux dans les yeux, elle réprime un sourire au moment des confidences. Elle en retient surtout les mots sur elle. Agathe, elle aime être le centre du monde, attirer l’attention. Le fait qu’il n’est aucun regret ne peut être que positif. « Premièrement, ce n’est pas mon mec. » Elle préfère rectifier le tir parce que non, ce n’est pas une idiote. Il a couché avec Hippolyte, par conséquent il ne mérite plus de l’avoir dans sa vie. Et même si elle ne cesse de s’inquiéter pour ses problèmes de santé, elle ne lui appartient plus. « Deuxièmement, tu te contenteras de ces deux fois parce qu’à partir de maintenant, tu n’auras plus le loisir de me toucher. » Elle souffle soutenant son regard se redressant doucement. Elle a beau ne pas être bien grande, elle cherche une position de force. « Et pour terminer, tu peux t’en aller Cole Wildingham. Comme tu le dis si bien, je suis furieuse contre toi. » Elle reste sérieuse tout le long Agathe et finit par s’engager vers la porte. Inversion des rôles en souvenir de la fois où il avait voulu la mettre dehors. « Bonne journée. » Mais ne sors pas s’il te plaît.

« Une médaille ou un baiser, comme tu préfères, je ne suis pas difficile… » répliquai-je avec un petit rire, rire qui s’étouffa bien vite devant le regard qu’elle me lança alors. Ok, pas le moment de faire de l’humour, message reçu. Alors c’est parti, on baissait le masque, et je me lançais, dans ce que m’inspirait vraiment et à posteriori ce petit jeu de Doc Wildingham : si au début c’était une vengeance, je ne le voyais plus ainsi désormais. Parce que sa pétition je n’avais plus besoin de m’en venger. Si je m’amuse à jouer l’indifférent que ça n’atteignait pas, toutes ces sanctions à mon égard, c’est avec moins de jeu et plus de sincérité que j’insistais sur ce que sa guérilla contre moi avait indirectement permis : que je l’ai, elle, dans mon lit. Monaco. Et l’autre fois sur mon bureau. Alors non, pas d’excuse. Quand je qualifiais Aisling de son mec, elle prit le temps de me corriger, signifiant clairement et indirectement ainsi qu’elle n’avait pas renoué avec le blond, et elle ajouta ensuite, essayant dans un même temps de se redresser, d’échapper à cette proximité que j’instaurais en m’approchant d’elle, que les deux fois que je venais de citer seraient les seuls dont je devrais me contenter. Un sourire se dessina au coin de mes lèvres, lentement. « OK… » Et je la regardais se faufiler vers la porte, me désigner la sortie, me mettre limite dehors. « Ok… » répétai-je en me redressant, en faisant quelques pas vers elle. Ma main se posa sur la poignée, quelques secondes. « Je peux faire ça... Ou bien... » avant de faire volte face pour me tourner de nouveau vers la blonde et son petit regard furieux. La fureur ça faisait ressortir l’azur de ses iris en fait… Ca la rendait encore plus excitante. Ou bien c’était l’interdiction qu’elle venait de m’imposer de la toucher. « Ou bien... je peux te proposer un autre moyen de me rattraper ? »

La question était, allait-il abandonner aussi facilement ? Elle n’en savait rien la blonde. Le truc avec Cole, c’est qu’on ne pouvait jamais rien prévoir. Il était impossible de deviner à l’avance ce qu’il comptait faire et il pourrait choisir d’insister tout comme simplement sortir. S’il prenait la deuxième solution, là ce serait emmerdant. Parce qu’Agathe, il était hors de question qu’elle aille le supplier de revenir par la suite, fierté oblige. Mais d’un autre côté, elle n’avait pas réellement envie de le voir passer le pas de la porte. Alors même si elle restait de marbre, même si elle lançait des éclairs à l’aide de ses prunelles glacées quand il tentait des blagues, ça ne changeait pas le fait qu’elle se faisait violence pour ne pas lui sauter dessus comme les deux fois précédentes. Et le mieux dans tout ça était sûrement de mettre de la distance pour résister. Quittant son lit, elle préférait ouvrir la porte lui intimant de s’en aller sans cesser de se demander ce qu’il allait bien pouvoir choisir. Quitter la pièce ou non ? « Ou bien quoi ? » qu’elle sifflait entre ses dents alors qu’il faisait soudainement volte-face. « Parce que tu crois pouvoir négocier ? » Elle croise les bras sur sa poitrine savourant intérieurement sa présence ici. « Je t’écoute, qu’est-ce que tu as à proposer ? » Parce que forcément, il venait d’attiser sa curiosité et princesse, elle avait envie de savoir ce qu’il pouvait avoir en tête. Fallait qu’il sorte le grand jeu pour pouvoir se rattraper et pas sûr que quoi que ce soit ne puisse faire l’affaire. Quoi qu’avec Cole, tous les coups étaient permis. Il pouvait la surprendre sur bien des points et elle préférait ne pas le sous-estimer. « Comment est-ce que tu comptes te rattraper ? » Fort probable qu'une proposition des plus intimes viennent prendre place par la suite. A moins qu'il ne choisisse de la surprendre réellement.

Furieuse, elle m’ouvrit la porte non sans m’indiquer que les deux fois à notre actif seraient les seules et uniques et que je devrais donc m’en contenter. J’acquiesçai d’un ‘ok’ un peu frustré malgré mon sourire de façade, me dirigeant vers la sortie donc, presqu’à deux doigts d’obéir, d’obtempérer, de la quitter sauf que je n’avais pas dit mon dernier mot… Je me retournai vers elle au moment de partir, accrochant son regard furibond qui ne faisait qu’accroitre mon envie d’elle, et j’émis donc l’hypothèse d’une autre option. Sèchement, elle me rappela que je n’avais pas les rennes, que je n’étais pas en mesure de négocier. « Ok, bah alors je pars… » Petite avancée vers le couloir, toute petite parce que la curiosité de la blonde aiguisée, elle voulait quand même entendre ce que j’avais à proposer. Volte face à nouveau, retour devant elle, refermant la porte, je retins le sourire victorieux qui menaçait de se pointer sur mes lèvres. Essayons de ne pas tout faire pour la mettre davantage hors d’elle même si elle était furieusement sexy, à cet instant précis, avec son air sévère, ses bras croisés, mais si elle finissait par s’énerver encore plus, j’allais véritablement finir à la porte et privé complètement de dessert. Je m’avançai jusqu’à elle, respectant la nouvelle consigne du ‘no touch’, venant poser mes mains sur la cloison derrière elle, l’emprisonnant de mes bras sans même effleurer sa peau. Mon regard planté dans le sien, j’annonçai alors la couleur de ce que j’avais en tête comme ‘rattrapage’ de ma dernière connerie en date : « Les excuses publiques que tu m’as réclamé l'autre fois, je te les offre sur un plateau, le soir du bal, sur scène, devant tout le campus… » Quasi tous les étudiants venaient à cet event immanquable incontournable, difficile de faire plus publique donc. Parce que si mon ‘je suis désolé’ déjà mémorable en soit n’avait pas semblé la convaincre, peut être qu’elle se laisserait un peu plus séduire par une déclaration d’aussi grande envergure.

C’était compliqué d’être dans cette position. Le vouloir et le détester en même temps. Avoir envie de se l’approprier et tout faire pour le pousser le plus loin possible. Tout ça, toute cette relation n’était qu’un truc purement malsain où les deux protagonistes tentaient de garder le dessus envers et contre tout. Le problème était sûrement que personne ne savait vraiment qui avait réellement le pouvoir dans tout ça. Parfois c’était elle, parfois c’était lui. Parfois elle pensait l’avoir et dans la finalité, pas du tout. Ouais, il avait définitivement raison quand il disait qu’elle avait besoin de tout ça. Qu’elle ne pouvait pas se contenter de quelque chose de tout plat même si l’amour était présent. Et c’était sûrement la raison qui avait fait que malgré l’amour omniprésent entre Aisling et elle, elle avait fini par déraper avec Cole. Puis il était fort l’Eliot mine de rien puisqu’il réussissait à capter son attention. Elle avait presque réussit, il était dehors et c’était elle qui revenait à la charge pour en entendre plus. Elle ne savait absolument pas ce qu’elle voulait avec lui et sombrait un peu plus chaque jour dans cette situation plutôt dérangeante. La porte se refermait et ses mains venaient se poser de part et d’autres de la cloison emprisonnant la blonde sous sa carrure imposante. Le souffle court, elle tentait de garder la face, de ne pas se montrer rien qu’une seule seconde déstabilisée, gardant de sa superbe dans l’éternelle rôle de celle qui se fiche de tout. Et la proposition qui suivait, elle était clairement alléchante en plus d’être particulièrement étonnante. « Mh.. Intéressant. » La question était : le ferait-il vraiment ? Ne se dégonflerait-il pas ? N’allait-il pas trouver un prétexte pour ne finalement pas le faire et elle se retrouverait berner au dernier moment ? « Si j’accepte, je suppose que je dois enterrer une nouvelle fois la hache de guerre ? » Et donc arrêter de le repousser comme elle s’amusait à le faire depuis la veille. « Ou.. Par mesure de précaution, peut-être que je devrais attendre ce fameux bal et les excuses qui vont avec avant de décider si oui ou non t’as le droit à une récompense. » Et elle sourit malicieusement Agathe, le regard toujours plongé dans le sien.