En rien un reproche, je ris à sa remarque. Je sais que les anglais ne sont pas connus pour avoir le rythme dans le sang.

- Qui sait. J'ai peut-être été espagnole dans une vie antérieure.

Je lance dans un rire ponctué d'un clin d'oeil complice. Lorsqu'il me dit qu'il a chaud et qu'il commence à enlever sa chemise, je ne peux m'empêcher de rougir. Encore. Comme lorsqu'il était venu prendre une douche chez moi après notre jogging. L'avoir vu quasiment nu, le corps encore humide m'avait fait rougir. Quand je vois un bel homme se dévêtir, mon corps réagit, c'est normal. Il revient sans sa chemise et je ne me cache pas du tout, j'admire son corps. Maintenant qu'il est célibataire, je me sens moins coupable de rougir face à l'extrême beauté du corps de l'espagnol.

- Franchement. Tu me tortures. C'est pas drôle. Tu es en train de me faire le coup du "oups j'ai fait tombé quelque chose" que nous, femmes, nous faisons pour attirer les hommes. On fait tomber un stylo, on se penche lentement et sensuellement pour l'attraper afin que les mecs puissent bien mater nos courbes. Là tu me fais la même chose en enlevant ta chemise, c'est pas juste. Je ne peux même pas riposter, si j'enlève ma robe, je finis en lingerie affriolante en public. De quoi aller en garde à vue pour nudité dans un lieu public.

Je ris de bon coeur alors que nous recommençons à danser. Je ne me prive pas de toucher, de coller son corps bien fait. Je ne peux dire si ce sont les deux verres de tout à l'heure qui m'ont détendu ou si son récent célibat, mais je me sens moins coupable d'aimer à observer les détails de son physique. La danse est devenue plus lente, le tempo également, nous marquons nos pas avec plus de lenteur mais plus d'intensité aussi. Sensuelle, mon bassin dessine des mouvements en huit au fil des pas, venant frôler, caresser le bassin du Dunster.

- Un jour je te le ferai le coup d'enlever la robe car "j'ai chaud". Tu verras, je n'ai qu'une parole.

Je lui dis avec un sourire malicieux, vraiment désireuse de lui rendre la monnaie de sa pièce.

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Alejandro eut un léger rire. Peut-être, ce serait amusant, mais Dieu seul sait si on a eu des vies antérieures.

-Peut-être, mais je crois aussi que tu as l'esprit assez ouvert et libre pour savoir te laisser aller.

Les barrières de sa culture et de ses origines ne la limite pas. Puis, Alejandro se met à l'aise et apparemment, enlever sa chemise pour se retrouver en débardeur avait un certain effet sur son ami. Alejandro ne pouvait plus arrêter de rire. Elle exagérait quand même! Et puis, elle l'a déjà vu à demi-nu et n'avait pas fait toute une histoire.

-Ce serait dommage que la soirée soit écourtée de cette façon! Et puis tu sais, se retrouver en lingerie, ce n'est pas pire que se retrouver en bikini je trouve.

En somme, ce n'est pas lui que ça choque, mais c'est vrai que si elle enlève sa robe dans cet établissement et connaissant les Américains, on les escortera dehors, à tout le moins. Maintenant qu'il était plus à l'aise, l'Espagnol pouvait danser sans trop avoir chaud, même si la température semblait monter encore un peu. La belle blonde de son côté ne se privait pas de laisser ses mains balader contre son corps, ce qui ne semblait pas déranger le jeune homme le moins du monde. Nouveau rire d'Alejandro, qui voit sa danse un brin déconcentrée.

-Arrêtes, t'es trop drôle. Si tu le fais, je ne crois pas que je pourrai m'empêcher de siffler.

Ou de voir sa mâchoire décrocher, car une belle femme ne le laisse pas indifférent et il est clair, à ses yeux, qu'Ellana est ce qu'il qualifie de belle, très belle même. Puis, le beau brun resserre son étreinte un brin et demande, semblant chercher à se faire pardonner:

-Si ça t'embête, je peux aller remettre ma chemise si tu préfères.

Il aura juste plus chaud quand il danse.

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L'esprit libre je l'ai depuis que j'ai eu le coeur brisé la première fois. C'était au lycée, c'était un petit con arrogant et infidèle. Avant lui j'étais la jeune ingénue fragile et pure. Je me réservais pour le bon, je voulais qu'il attende un peu. Il n'a pas su attendre. Alors il est allé patienter avec une autre fille de ma classe. Quand j'ai finalement perdu ma virginité quelques mois après avec un autre garçon, je me suis rendue compte que j'avais attendu pour rien. Qu'attendre le "bon" c'était stupide, que je me privais plus qu'autre chose. Depuis, j'ai décidé d'assouvir mes envies, me foutant du jugement d'autrui du moment que je sois capable d'être fier de mon reflet dans le miroir en me couchant chaque nuit.

- Oui c'est vrai ! Mais je me suis déjà fait remontée les bretelles pour ça à la fac. Je me suis baladée en sous vêtements sexy sur le campus de Londres. C'était un pari. Et j'ai eu beaucoup de problèmes avec la sécurité ce jour là. Et pourtant ils me couvraient plus le corps que mon bikini.

Je lui réponds en riant, me remémorant mes années fac.

- Mais ne t'en fais pas. Je ne le ferai plus jamais. Enfin dans des endroits publics fréquentés du moins.

Je rajoute avec une voix malicieuse suivie d'un rire franc. La musique continue et nous ne cessons pas de danser. J'en oublie les gens autour presque. Je sens quelques regards et c'est ce qui me ramène à la réalité à chaque fois.

- Non, reste comme ça, du moment que t'es à l'aise c'est le principal.

Je lui réponds d'un ton plus doux, prise dans une sorte de douce nostalgie ennivrante.

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La conversation permit à Alejandro d'apprendre qu'Ellana n'avait pas froid aux yeux à l'université. Quand même, se balader en sous-vêtements sur le campus, il faut le faire, mais d'un autre côté, l'Espagnol n'était pas si surpris.

-Dis donc, tu étais quelque chose à la fac.

Sans doute l'est-elle encore. Puis, la jeune femme le rassura. Elle ne comptait pas répéter cette expérience dans un lieu public. Ah non?

-Pourquoi tu dis ça? Tu crois que je te jugerais? Ce n'est pas le cas.

Ellana est bien libre de faire les petites folies qu'elle veut, même si bon, se déshabiller souvent dans un lieu public est peut-être bien un comportement étrange, dans un certain contexte, c'est marrant quoi. Bien sûr, quand Alejandro propose de se rhabiller, la blonde avançait que ce n'était pas nécessaire. Le jeune homme eut un sourire en coin, mais n'ajouta rien et la danse se poursuivit, jusqu'à ce que la musique prenne fin. Depuis combien de temps dansaient-ils? Il ne saurait le dire.

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J'étais une femme libre à la fac. Je le suis encore aujourd'hui, mais à l'université, je n'avais peur de rien. Je voulais faire ce qui me paraissait juste, ce qui me paraissait bon, ce qui me paraissait drôle. Courir nue sur le campus avec d'autres étudiants fous n'était qu'une expérience déjantée parmi tant d'autres. En médecine, c'est plutôt commun ce genre de comportement. Vous avez à faire aux médecins de demain, qui devront être sérieux toute leur vie pour sauver des gens. Alors la moindre des choses c'était de profiter des dernières années en tant qu'étudiant pour faire les quatre cent coups.

- Et ce n'est que le sommet de l'iceberg.

Je réponds en riant. Jamais je me méfierais d'Alejandro. J'ai confiance en lui, je peux prétendre de le connaître assez pour savoir que je peux lui faire confiance pour ne pas qu'il me juge ou qu'il m'utilise.

- Non, j'ai confiance en toi. Mais pas en eux ...

Je rétorque en désignant du regard toutes les personnes autour de nous, beaucoup nous observent du coin de l'oeil. Et si je devais enlever ma robe, tout le monde se ferait le plaisir de mater.

- Je n'ai pas envie d'avoir des téléphones braqués sur moi et prenant des photos de moi en lingerie sexy.

Je dis alors que la musique s'arrête. Je prends Alejandro par la main et nous retournons nous asseoir. Je bois ce qui reste dans mon verre, la chaleur qu'il fait me donne soif. Ou bien c'est l'alcool qui me donne chaud.

- Tu dois rentrer chez toi ce soir ? Tu m'as dit que tu essayais de traîner le moins possible chez toi. Pour éviter de vous croiser Hazel et toi. Si tu veux tu peux rester chez moi le temps que tout se règle.

Je lui propose, déjà pour l'aider. Mais aussi parce que dans le fond, je sais que si je reste seule, il y a de fortes chances que je retombe dans une déprime et culpabilité profonde.

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C'était amusant d'imaginer Ellana dans de telles situations, de l'imaginer comme une étudiante folle, qui se laisse totalement aller. Dans un sens, il admirait un brin son amie pour cette capacité qu'elle avait de vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain. Comment ne pas rire à ce qu'elle rajoute, visiblement fière d'elle? Alejandro se mit à rire aussi.

La belle blonde donna ensuite la bonne réponse, si on peut dire, à sa question. Ce n'était pas le jugement de son ami qu'elle craignait, mais bien celui des autres, des étrangers. Alejandro jeta un petit coup d’œil autour. C'est vrai que cela provoquerait quelques réactions. Certaines saines, d'autres non.

-Tu as bien raison... de ne pas leur faire confiance je veux dire.

Le duo retourne ensuite s'asseoir au bar et l'Espagnol se commandait un autre verre, laissant Ellana libre de le faire aussi si elle le désire. Un brin songeur à la question de la belle blonde, il prend une petite pause, boit, avant de répondre.

-C'est vrai et ton idée n'est pas bête du tout, mais si je ne rentre pas... J'ai pas envie d'aggraver la situation. Je dors dans ma chambre d'ami, ça va, je ne suis pas à plaindre. Merci de ta proposition, c'est vraiment gentil.

Hazel pourrait alors s'imaginer qu'il s'envoyait en l'air ou avait une relation extraconjugale... Bref, le beau brun doit encore se tenir tranquille pour une poignée de journées et s'il veut ménager son ex', ce n'est pas juste pour les apparences, mais aussi parce qu'il la respecte et garde espoir qu'en faisant preuve d'empathie, ils pourront rester en bons termes. Après un petit silence, Alejandro proposait:

-Je veux bien prendre un dernier verre chez toi par contre, avant de rentrer tranquillement.

Oui, parce que bon, il a quand même bu quoi.

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Il n'est rien de pire que de rentrer chez soi et de s'y sentir non désiré. Une maison c'est le lieu ou on doit se sentir en sécurité, un endroit de repos, de loisir et de bonheur. Il devrait être capable de rentrer après une longue journée et pouvoir se détendre, se relaxer. Et pourtant, deux ex vivant ensemble après une rupture douloureuse et récente fait d'une maison un territoire hostile. C'est donc normal que je lui propose de venir chez moi si ça peut l'aider. Il refuse et je comprends pourquoi, ça ne fait que prouver qu'il est un homme bien. Ou du moins qu'il essaye de l'être, et très peu cherchent à essayer.

- Je comprends ...

Je réponds dans un sourire tendre. Il emet la volonté de venir boire un verre chez moi et je ris automatiquement.

- Avec plaisir. Si pendant la période où vous cohabitez ensemble avec Hazel, ça se passe mal. N'hésite pas à venir, si tu veux dormir un peu, prendre une douche ou si tu as du travail et que tu n'arrives pas à te concentrer chez toi. Considère que tu es le bienvenue chez moi n'importe quand.

Je réponds avec avenance, désireuse qu'il se trouve son refuge, son havre de paix en ce temps difficile sentimentalement.

- Tu veux qu'on y aille maintenant ?

Je demande finalement, ne voulant pas non plus être complètement ivre ce soir.

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C'est vrai que l'ambiance était plutôt lourde chez lui en ce moment. Hazel et Alejandro se parlaient au minimum, même si le beau brun essayait d'être gentil et tout, tout en laissant l'espace à son ex' et la distance qu'elle souhaite sans doute. Pas évident, mais bon, il savait dans quoi il s'embarquait en rompant. S'il avait voulu que tout reste comme avant, il serait resté avec elle quoi.

Dans cette histoire, Ellana se montrait vraiment gentille comme amie et tentait de faire en sorte que tout se passe pour le mieux pour son ami. Un beau geste et le jeune homme était reconnaissant vis à vis de son offre.

-T'inquiètes, je sais que je peux compter sur toi Ellana. Hazel quitte ce vendredi ou samedi, je devrais survivre d'ici là.

Puis, sa situation n'était pas aussi pénible que ce qu'il pouvait laisser entendre ou imaginer. Ils sont deux adultes qui se comportent en conséquence dans cette histoire, il n'y pas d'hostilité singulière, juste une atmosphère lourde. Alejandro n'était pas contre l'idée d'y aller maintenant.

-D'accord. Allons-y.

Le beau brun prend sa chemise, qu'il met sur son épaule et se lève, suivant Ellana vers la sortie.

-Si ça te dit, je te laisse conduire la Ferrari?

Si elle est partante, alors Alejandro lui donne les clés. Sinon, c'est avec plaisir qu'il conduit à nouveau son bolide pour les conduire chez son amie.

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Heureusement pour le bel espagnol, Hazel s'en allait très prochainement. Ce n'était qu'une question de jours. Mais dieu sait à quel point tout peut basculer en quelques jours. Je me lève alors qu'il prend sa chemise qu'il met sur son épaule. J'attrape ma pochette dans laquelle je range le strict nécessaire : papiers d'identité, carte bleue, du liquide et de petits échantillons de maquillage, le genre qu'on offre gratuitement dans les boutiques de cosmétique. Une fois dehors devant sa belle voiture, il me propose de la conduire. Et même si l'envie est très forte, je sais que ce n'est pas le bon moment. J'ai bu, nous sommes dans des petites rues où beaucoup de personnes circulent, et je ne suis pas émotionnellement forte en ce moment. Je ne veux risquer la vie de personne.

- L'idée est tentante mais j'ai bu, ce serait mal. La prochaine fois, je ne dirai pas non sur une longue route de campagne.

Je lui dis en riant avant de monter dans le bolide, la portière m'étant ouverte par ce parfait gentleman espagnol. L'extérieur, comme l'intérieur du bolide est sublime et c'est avec une petite peine que je quitte cette voiture losque nous arrivons bien vite chez moi. Je l'invite à monter et une fois devant la porte de l'appartement, j'ouvre et l'invite à rentrer en premier. Je referme derrière moi et même si d'habitude j'enlève mes talons pour plus de confort, je décide de les garder par souci d'esthétisme mais aussi car Alejandro est très grand. Je suis grande également mais pas autant que lui, et mes talons me permettent d'être au niveau de son cou. Lorsque nous avons dansé, c'était pratique.

- Installe toi sur le canapé, tu veux boire quelque chose ? Thé ? Café ? Autre chose ? Par contre ce n'est pas du café colombien, désolée.

Je lui dis d'un ton taquin en riant, venant ouvrir mes placards pour prendre ma boite à thés.

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Ellana déclina gentiment sa proposition de se mettre au volant de la Ferrari. Elle ne pourra pas dire que son ami ne lui a pas offert! La voiture sport de luxe était blanche, rayonnante presque dans cette nuit tranquille du printemps. Avec un hochement de tête et un petit "d'accord", l'Espagnol n'insista pas plus et après avoir ouvert la portière côté passager pour son amie, il allait prendre place côté conducteur et démarra la voiture, pour ensuite conduire jusque chez Ellana.

Une fois garé, comme prévu, ils montaient à l'appartement de la belle blonde, où le jeune homme put entrer, accrocher sa chemise à un crochet, puis filer s'installer dans le salon. Confortablement assis, il se retourne pour apercevoir Ellana et vit les boîtes de thé apparaître. Souriant, Alejandro ne peut pas dire qu'il était surpris. C'était typiquement anglais.

-Je veux bien encore de ton bon thé.

Une fois son amie revenue dans le salon, avec le thé sans doute, il la remercie, souffle un peu sur la tasse avant de la reposer. C'était encore un peu trop chaud à son goût, autant attendre.

-Si je me souviens bien, on doit faire une balade de moto éventuellement... Si ça te dit toujours bien sûr.

Il faudra aussi qu'ils refassent du sport tous les deux, c'était fun la dernière fois. Alejandro sentait qu'il allait devoir se refaire une vie de célibataire. Oh, ce n'est pas si désagréable. Puis, après une première gorgée de thé, le beau brun posait une question un brin philosophique.

-Je sais que tu n'es pas très "amour" Ellana mais... Est-ce que tu crois que l'amour doit égaler passion, énergie ou bien si c'est normal que passé les premiers balbutiements, c'est normal qu'une routine, qu'une prévisibilité s'installe?

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