Je me suis fait portée pâle la semaine dernière. Ce n'était jamais arrivé auparavant. J'ai travaillé en temps de guerre, je ne suis pas le genre de femme qui ne va pas travailler juste car elle a un petit rhume. Bien entendu, je ne suis pas malade. C'est un mensonge. Un très gros mensonge pour couvrir la véritable raison. J'ai couché avec mon ex. Je l'ai aimé, il a choisi son ancienne petite amie. Je l'ai laissé faire et nous sommes restés amis. Il s'est marié et a eu un enfant avec cette femme. Devan et moi on a toujours eu cette complicité. Je ne savais pas que leur mariage était si fragile. Et que moi, j'étais la pire des salopes. Nous avons cédé et j'ai brisé une famille. Jamais je ne me le pardonnerai. Alors depuis une semaine je me morfonds dans mon lit en pensant que je suis un monstre. Du Slut Shaming en pleine puissance. J'arrive à me dire qu'il y a pire, qu'il n'avait pas besoin de moi pour se rendre compte que son mariage était voué à l'échec, que beaucoup de maîtresses ne ressentent pas autant de culpabilité que moi. Mais pourtant, je ne peux m'empêcher de me traiter de tous les noms. Vulnérable, j'accepte cependant d'aller boire un verre avec Alejandro. Il n'y a pas que mon coeur qui souffre. Il vient de rompre avec Hazel et il mérite que je fasse l'effort de me déplacer pour essayer de le réconforter. Même si ça sera dur d'essayer de le rendre heureux quand moi même je suis loin de l'être en ce moment.

Assis sur une banquette au Lord Hobo, un bar où Alejandro aime aller, je suis à côté du bel espagnol. Je n'aime pas m'installer à une table pour un face à face, ça fait trop impersonnel. Portant une robe turquoise décolletée en son centre et des talons hauts de la même couleur, j'ai beau être belle mais je ne me sens belle. Je me sens misérable et honteuse. J'essaye de garder le sourire tant bien que mal, ne le quittant que lorsque je bois mon mojito framboise à la paille.

- Elle l'a pris comment ?

Je demande, curieuse de savoir si elle a fait une scène ou non. Je compatis à la peine de la jeune femme, se faire plaquer ça fait du mal. Surtout quand on aime. Mais je compatis également avec Alejandro qui a dû prendre son courage pour le lui dire et subir peut-être les foudres de la belle en conséquences.

- Et toi ça va ? Tu tiens le coup ?

Je pose une main sur la sienne, comme pour lui donner une chaleur humaine réconfortante. Si l'un de nous pouvait sortir de ce bar avec un vrai sourire, ce serait déjà quelque chose de bien.

made by pandora.

Alejandro était content, très heureux même qu'Ellana ait pu accepter sa proposition de sortie pour ce soir. Naturellement, depuis sa rupture avec Hazel, l'atmosphère à l'appartement était lourde, pour le moins. Il dormait dans la chambre d'ami, mais cela ne l'empêchait pas d'entendre son ex' pleurer à la nuit tombée. Elle le prenait très durement et savait que ce serait le cas. Seulement, valait mieux cela que tous les deux vivent une vie malheureuse, où une aime son homme, tandis que l'autre ne ressent plus pour elle que de l'appréciation.

Si Alejandro avait su ce qui se passait dans la vie intime d'Ellana par contre, pas certain qu'il l'aurait embêté avec cette idée. Il avait juste envie de sortir, prendre un verre, danser un brin et parler d'autre chose que de sa vie de couple qui n'est plus. Comme beaucoup de ses amis ont aussi Hazel comme amie, il ne voulait pas mettre personne dans l'embarras, alors Ellana était une bonne candidate. La belle blonde avait accepté et le jeune homme était passé la prendre, avec un brin de retard cette fois.

L'Espagnol n'avait rien mis de vraiment élégant, une sorte de chemise en laine pour se protéger du froid relatif du printemps, un shirt dessus qui ne couvre pas vraiment ses épaules, sorte de débardeur quoi. Colliers autour du cou, un peu peigné, l'air hispanique habituel quoi, avec des jeans comme pantalon, comme tout bon américain. Un beau mélange en somme.

Ellana semblait de bonne humeur, semblait oui, car après le câlin et la bise et la conversation usuelle dans la voiture, le jeune homme ne put s'empêcher de remarquer que son amie était peut-être moins... comment dire... enthousiaste qu'à l'habitude? Ou est-ce lui, d'humeur grise, qui voit tout en gris? Une fois arrivé au club, ils s'installent dans un coin relativement tranquille avec leurs verres. La question sur son ancien couple ne tarda pas à arriver.

-Mal. Elle a le cœur brisé et je me doutais que cela aurait cet effet. J'aurais espéré... enfin... Elle a décidé de quitter les USA, de se désinscrire de Harvard pour retourner à Oxford. Je lui aurais bien conseillé de rester, de ne pas prendre une telle décision sur le coup des émotions, mais je me sentais trop mal placé pour le faire.

Il prit une bonne gorgée d'alcool, comme pour se donner du courage. Alejandro ne l'avait pas jeté, ni trompé et considérait avoir agi en gentleman. Somme toute, il était quand même fier de comment il a agi dans cette séparation. Disons qu'il n'a pas toujours eu ce tact. Après, tout dépend de la personne, de l'état de la relation aussi. Pour le reste, il ne comptait pas trop élaboré sur Hazel, sur comment la jeune femme vit la rupture. Le fait qu'elle quitte les USA en dit long de toute façon.

-Ça va. La semaine a été longue. J'ai essayé de traîner le moins possible à l'appart' et pour Pâques, je rentre en Espagne pour au moins 5 jours. Je crois qu'à mon retour, elle sera partie.

D'après ce qu'il a pu comprendre en tout cas. Doux sourire sur les lèvres, sa main serre doucement celle d'Ellana.

-Merci au fait d'avoir accepté l'invitation. Avec tout ça... dis-moi, toi, comment tu vas?

Son regard sur elle se fit plus précis à cet instant. Puis, le beau brun lâchait après être resté attentif à la réponse, comme pour démarrer sur une nouvelle lancée:

-Ellana, promets-moi une chose... Qu'avant la fin de la soirée, nous allons danser au moins une fois!

made by pandora.

Je l'écoute me parler d'Hazel qui a décidé de quitter Harvard. C'est dommage pour elle. Mais ça prouve qu'elle en était folle amoureuse. Ce qui n'a fait que rendre Alejandro plus triste de devoir lui briser le coeur. Je le regarde boire et je fais de même, sentant le rhum me donner des bouffées de chaleur. J'espère qu'après le second ou le troisième, je me sentirai mieux. Il a de la chance, il part en Espagne quelques jours pour se ressourcer et oublier cette histoire. Je pourrais partir à Londres chez ma famille, mais ce n'est pas vraiment le pays dans lequel se rendre pour se ressourcer au soleil. Et le simple fait de voir ma famille heureuse me renverrait l'adultère auquel j'ai participé.

- Tu as bien de la chance de pouvoir partir quelques jours pour te changer les idées. J'espère que ça t'aidera à y voir plus clair.

Je lui dis en souriant tendrement. Il me demande si je vais bien et il me fait part son intention de vouloir danser avec moi.

- Avec plaisir pour la danse ...

Je laisse ma phrase en suspension quelques secondes et finalement je me décide à tout lui dire.

- Je vais pas très bien en ce moment. Je veux bien t'en parler mais promets moi de ne pas me juger trop sévèrement.

Je lui demande, non pas que tu le mérites, mais parce que j'en ai besoin. Du soutien de quelqu'un. Car je n'ai parlé de cette histoire à personne.

- Il y a quelques années j'ai eu une aventure avec un homme. Devan Freeman. Il était prof de sport à Harvard. J'étais amoureuse. Mais après quelques mois il s'est rendu compte qu'il était toujours amoureux de son ex petite amie. Alors on s'est séparés en bons termes. Je l'aimais vraiment beaucoup, il a toujours été honnête avec moi alors nous sommes restés amis, on continuait de se voir. Depuis il s'est marié et il a eu un enfant. Il est coach sportif, du coup je lui demande de l'aide parfois quand je vais à la salle de gym. Et on se fait des sessions ... Mais il y a deux semaines, on a couché ensemble ... Dans les vestiaires, dans les douches de la salle de gym. Il m'a embrassé par surprise. Et je n'ai pas eu envie de le repousser ... Je savais que c'était mal. Mais j'ai cédé. Son mariage était loin d'être parfait apparemment et j'en savais rien. Et moi, j'ai été faible. J'avais besoin de chaleur masculine. Je ne sais pas. J'en avais envie et l'envie a pris le part sur ma raison. Et du coup je vais sans doute briser un mariage à cause de cette erreur. La salope que je suis va briser la vie d'une famille dont le gosse est encore si jeune ...

Je lui dis en serrant mon poing, regardant mon verre comm si j'espérais le faire exploser par la pensée. Je bois le contenu du verre d'une seule traite et le repose, en colère contre moi même.

made by pandora.

Comme souvent, Alejandro n'avait rien laissé au hasard. S'il devait laisser Hazel, le faire avant Pâques semblait un bon moment. Le bal était encore dans quelques semaines, chacun pourra retourner dans sa famille se ressourcer, comme le fit remarquer Ellana et Alejandro se fit la réflexion que ce n'était pas de la chance, que c'était ainsi qu'il l'avait voulu.

-J'ai déjà les idées claires, je peux te l'assurer. Autrement, je n'aurais pas pris les décisions que j'ai prises.

L'Espagnol n'aurait pas sacrifié son couple sur l'autel du doute, quand même pas. Non, il a attendu que les doutes se dispersent, qu'il y voit plus clair et que les petits constats du quotidien deviennent une constatation plus globale.

En tout cas, la belle blonde avec qui il était ce soir acceptait de bien vouloir danser avec lui. Ça promet et il hâte de voir comment elle se débrouille sur un plancher de danse. Disons que les Britanniques ne sont pas renommés pour leurs talents de danseur, mais sait-on jamais. Puis, Alejandro constata que ce qu'il avait noté un peu plus tout était juste. Son amie n'allait pas si bien et apparemment, elle aussi traversait quelques difficultés relationnelles dirons-nous. Bien sûr, être la maîtresse d'un homme marié ne lui avait pas apporté beaucoup d'estime de soi.

-Ne sois pas si sévère envers toi-même. D'abord, ton amant a sa part de responsabilité quand même et pour le reste... Si tu ne l'aimes pas, tu devrais sans doute éviter de le revoir, pour ne pas empirer les choses quand même. Mais si tu l'aimes... c'est une toute autre conversation.

Qu'Ellana, plutôt libre niveau moeurs, elle lui en avait déjà parlé, aille jusqu'à coucher avec un homme marié étonnait Alejandro, c'est vrai. Qu'elle ait des remords ensuite ne l'étonnait pas, connaissant quand même un peu la jeune femme. Ce qui semble toujours un brin évident dans ce genre de situation, c'est que la maîtresse est certes la cause directe de la rupture ou de la crise du couple, mais probablement que le couple n'allait plus nul part avant.

Le beau brun fit doucement signe à la serveuse qui passait non loin de leur apporter la même chose et ajoutait ensuite avec un doux sourire:

-Hey bien, qu'avons-nous là? Deux âmes en peine? Ou deux briseurs de cœurs?

made by pandora.

Il a raison. Et même j'ai une toute petite partie de culpabilité, c'est comme si j'en avais l'entièreté. Bien sûr que Devan aurait dû me dire que son couple n'allait pas, j'aurais été plus prudente. Bien sûr qu'il n'aurait pas dû me sauter dessus en premier lieux, et penser à sa famille. La seule chose que j'ai fait de mal, c'est d'accepter. Céder à ses avances en souvenir du bon vieux temps où nous étions amoureux. Est-ce que je l'aime maintenant. Je ne pense pas. J'ai toujours des sentiments profonds d'affection pour lui, mais après cette histoire d'adultère, jamais je ne pourrais le regarder autrement. Et même si je l'aimais à en mourir, jamais je ne pourrais le regarder dans les yeux sans penser à ce que j'ai fait. Alejandro a raison, il va falloir que j'arrête de le voir et ce sera le plus difficile à faire. Arrêter de se voir en amis et en amants.

- Tu as raison. Je lui dirai qu'il faut arrêter qu'on se voie. Je ne pourrais pas l'aimer après ça. Parce qu'en le regardant je penserai tous les jours à ce que j'ai fait.

Je lui réponds en touillant le fond de glaçons avec la paille de mon verre. Alejandro commande une autre tournée, et j'en ai bien besoin. La serveuse revient vite avec les mêmes boissons, et reprend ceux qui sont vides. Je me mets à boire sans attendre. Je m'en fiche d'être jugée, je veux juste boire jusqu'à oublier l'incident. Me contenter de ne penser qu'à Alejandro ce soir, et demain à mon travail.

- L'un n'empêche pas l'autre. Deux briseurs de coeurs aux âmes en peine. La belle équipe. Je me dis qu'il y a une bonne chose à tout ça. La peine qu'on ressent suite à ce qu'on a fait prouve qu'on est pas des ordures. Enfin je ne pense pas ...

J'ai déjà bu la moitié du second verre et la chaleur sur mes joues est persistante. La fatigue de mes nuits blanches à ruminer les événements va me désservir ce soir après seulement deux verres.

- Il faudrait que je parte en vacances quelques jours aussi, ça m'aiderait sûrement. Au Brésil peut-être. Ou en France.

Je lui dis en souriant, pensant que tout oublier de ma vie à Harvard pendant quelques jours serait le meilleur moyen de digérer cette histoire.

made by pandora.

Alejandro ne connaissait pas encore extrêmement bien Ellana et peut-être était-il un brin risqué de s'avancer et de dire ce qu'il pensait qu'elle devrait faire concernant cette histoire de relation extraconjugale disons, mais on évalue nos amis à l'opinion qu'ils ont, dit-on et Alejandro sentait depuis qu'il la connaissait qu'il pouvait être franc avec sa belle amie et ne pas craindre de la froisser. Il advint qu'elle était d'accord avec son point de vue.

-Si, je crois que c'est ce qu'il vaut mieux faire.

Conscient qu'ils avaient tous deux besoin d'une bonne dose d'alcool, l'Espagnol commandait d'autres verres qui ne mirent pas de temps à arriver et voir la belle blonde boire rapidement le fit sourire en coin et confirma qu'il avait bien fait de prendre cette initiative. La petite phrase sur la belle équipe le fit rire un brin.

-Et comment!

Puis, son amie philosophait un brin pour dire que le fait qu'ils s'en veuillent, qu'ils aient le moral bas, était bien une preuve qu'ils n'étaient pas de mauvaises personnes. Sans doute qu'elle avait raison.

-Je pense que je me suis amélioré, même si je ne suis pas parfait.

Fut un temps, pas si lointain d'ailleurs, où on aurait sans doute pu le qualifier d'ordurier et c'est d'ailleurs tout Harvard qui le lui avait confié en lui remettant le prix du pire élève de l'université. Les réactions qu'on peut susciter parfois, quand on ne laisse personne d'indifférent... La belle blonde parlait de prendre des vacances et ça se comprend. S'éloigner d'Harvard, du boulot, lui ferait sans doute du bien et évitera la tentation de revoir son amant.

-Deux belles destinations, j'y suis allé. Davantage en France qu'au Brésil. Pays magnifique. Ceci dit, si j'étais toi, j'attendrais de voir qui remporte l'élection française avant de mettre les pieds dans le pays.

Alejandro avait parlé un brin français, l'espace d'un instant. En ce qui le concerne, si Le Pen est élu en France, peu probable qu'il y mette les pieds. Déjà, être aux USA alors que Trump est président lui crève le cœur. Puis, Alejandro se lève de table et tend la main à son amie.

-Tu viens danser?

Lançait-il avec un sourire en coin. Il l'avait averti qu'ils danseraient!

made by pandora.

Le fait de savoir que je ne suis pas seule en ce moment même suffit à me réconforter un tant soit peu. Alejandro a beau ne pas être parfait et avoir fait des erreurs lui aussi, ça ne le rend pas moins attirant, ça le rend juste humain et je l'apprécie d'autant plus en sachant ça. Je lui souris, un sourire moins faux, moins forcé. Il a réussi à calmer ce contre quoi je lutte depuis quelques jours par moi même, seule dans mon appartement : mes propres démons. Je finis de boire le second verre, entièrement. Quitte à passer pour une grande buveuse, peu m'importe ces deux verres m'ont fait du bien.

- Bon bah Brésil pourquoi pas. Ils ont de très beaux garçons là bas, pourquoi pas oublier un homme en en trouvant un autre, un latino qui plus est.

Je réponds en riant sincèrement. Il se lève et je le regarde surprise. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Quand il me tend la main et me demande si je veux danser, je n'ai même pas la peine de réfléchir, la réponse est déjà faite dans mon esprit. Je pose mon verre vide et attrape sa main, tout en me levant avec grâce - et ce malgré les deux verres.

- Avec plaisir Mr. Ortega.

Je lui réponds d'un ton à la fois langoureux et amusé, le suivant vers un espace beaucoup plus agréable pour se mouvoir en toute liberté.

- Je vais enfin pouvoir constater tes talents de danseurs. Je me défends pas trop mal, je te préviens, je ne tiens pas des anglais pour ce qui est de bouger le corps.

Je rajoute, sachant très bien qu'entre les anglais et les espagnols, ces derniers bougent mieux que les premiers. Tout transpire la chaleur quand ils bougent, la passion, la luxure, la tentation. Tant de charme. Et les anglais ... Ils font ce qu'il peuvent ...

made by pandora.

Ellana avait déjà fini son deuxième verre et si celui d'Alejandro était déjà assez avancé, il préféra ne pas commander tout de suite un autre verre. Fallait que son amie puisse encore tenir sur ses jambes vu ce qu'il avait de prévu un peu plus tard.

-Ils ont de jolies filles aussi. Cela ne te surprendra sans doute pas, mais je suis sorti quelques mois avec une Brésilienne.

Une mannequin, tiens donc, venu vivre quelques temps au Brésil. Une relation qui s'est interrompue lorsqu'elle a dû repartir pour le Brésil, les deux se laissant d'un commun accord vu que les relations à distance, ce n'était pas pour eux. Le fait qu'Ellana évoque les Latinos, ses cousins pour ainsi dire, l'avait fait rire aussi.

Puisque la culture latine semble attirer la belle blonde, aussi bien lui en montrer une facette importante: la danse. Malheureusement, la musique qui joue au Lord Hobo n'est pas de la musique latine, mais ce n'est pas bien grave, le beau brun saura faire. Ellana acceptait tout de suite et sans hésitation son offre, le qualifiant de monsieur Ortega, ce qui le fit sourire. Monsieur, allons.

-Appelles-moi Alejandro.

Petit clin d’œil et il l'entraînait vers la piste de danse. Une fois sur place et sourire amusé sur les lèvres vu ce que l'Anglaise venait de lui confier, il prenait sa main et l'attirait vers lui alors qu'il se retournait pour lui faire face.

-Tant mieux. Pour ma part, je suis l'Espagnol typique.

Ce qui veut dire que la danse, chez naturel chez lui, un domaine de prédilection. Faisant avec la dance music qui jouait, Alejandro dansait au rythme de la musique, la proximité avec son amie ne le gênant pas le moins du monde. Il joue du regard, bouge chaque partie de son corps comme si ce n'était qu'un tout. Selon lui, la danse, c'est aussi un art d'équipe pour ainsi dire et il s'adapte à sa cavalière, autant qu'il sait la diriger, plutôt expérimenté sans doute. À un moment, le jeune homme s'amuse à la faire tournoyer un brin sur place avant de la rattraper contre lui et de la retourner dos à lui et sourire.

-Tu avais raison. Tu danses mieux que la plupart des Anglais.

Lui dit-il à l'oreille pour se faire entendre.

made by pandora.

Non, je ne suis aucunement surprise de savoir qu'Alejandro ait eu une relation avec une brésilienne. Il pourrait me dire avoir eu une femme différente de chaque pays que ça ne me choquerait nullement vu le bel homme qu'il est. Je l'appelle par son nom de famille pour rire, comme pour me croire dans un film. Et quand il me dit de l'appeller par son prénoms, je ne peux m'empêcher de m'exécuter, tout en essayant de prendre l'accent espagnol.

- Très bien ... Alejandro ...

Je dis d'une voix suave avant de rire. D'après mes souvenirs, il avait déjà vanté ses mérites de danseurs. Et quand bien même il ne l'aurait pas fait, jamais je n'aurais été surprise de le voir si bon danseur. Il me dirige, il mène la danse avec une assurance agréablement séduisante et je me laisse porter par ses gestes tout en bougeant mon bassin à chaque pas de manière plus sensuelle. Je tournoie, je virevolte, j'ai l'impression de flotter. Je me sens belle, sexy, désirable et désirée. Chose qui n'était pas arrivée depuis l'adultère. Il me fait tourner puis colle son bassin contre mes reins, nous bougeons à l'unisson, comme si nous ne faisions plus qu'un alors qu'il me murmure à l'oreille. Je tourne la tête pour être sûre qu'il me regarde et je souris malicieusement.

- Je te l'avais dit.

Et sur ces mots je fais quelques pas tout en tournant autour de lui. Ma main sur son torse, je fais le tour du bel espagnol en faisant claquer mes talons par terre. Des regards sont posés sur nous mais ça m'électrise. Ma main glisse de son torse jusqu'à son flanc. Puis fait le tour, sur son dos pour finalement faire le tour complet de l'étudiant. Je tournoie sur moi même et je finis dans ses bras, ma poitrine contre son torse. Et je reprends sa main dans la mienne, lovant la seconde à la naissance de son cou.

- Et encore, je pourrais être meilleure. L'endroit n'est pas très propice pour se lâcher.

Je me vante en riant, sachant très bien que ce n'est pas dans un bar chic que je vais complètement me laisser aller.

made by pandora.

Ellana semblait d'humeur joueuse, se mettait même à l'appeler par son nom de famille, puis, par son prénom, à sa demande, mais avec un mélange d'accent british et espagnol qui était tout mignon et qui le fit rire un brin, non pas pour se moquer.

Si Alejandro a pour habitude de s'adapter à ses partenaires de danse, ce n'était pas bien difficile de s'adapter à son amie, qui se laisser aller avec confiance. Enfin, peut-être pas totalement aller, mais tout de même, bien assez pour que la danse s'exécute bien et avec complicité. Le beau brun prenait plaisir à la faire virevolter d'un côté ou d'un autre, à danser avec elle, il ne s'en cachait pas. Son regard dans le sien, la belle blonde semblait bien heureuse de la réaction qu'elle suscitait. En effet, elle le lui avait dit!

Puis, sous ses yeux, son regard attentif, la jeune femme décide de se lancer dans une sorte de petit flamenco qui le surprit un brin et anima un grand sourire chez l'Espagnol. Ma foi, on dirait presque qu'elle essaie de l'envoûter. La blonde termine le tout dans ses bras et Alejandro l'y accueillait volontiers.

-Ah bon? Je trouve que tu te lâches quand même assez... pour une Anglaise.

Une petite pique qui se voulait surtout une blague. Puis, Alejandro se détache un brin de sa cavalière et enlevait sa chemise, histoire d'être plus à l'aise.

-Je ne sais pas toi, mais j'ai chaud à danser ainsi. Je reviens vite.

Un petit bisou sur la joue de son amie et le beau brun file à leur place pour y déposer sa chemise. Tant pis si on la lui vole, ce n'est pas comme si elle avait une valeur sentimentale ou quoi. De retour près d'Ellana, il reprit sa main et la danse, en quelque sorte, plus lente, plus suave, à l'image du nouveau rythme qui jouait.

-Alors, où on en était?

made by pandora.