Comme il demande la fin de la conversation, la jeune femme baisse la tête. Il a peut-être raison, peut-être qu’elle va trop loin, peut-être qu’elle se fait du mal pour rien, peut-être que tout ça ce sont des bêtises et qu’elle doit tout simplement apprendre à vivre sans se poser trop de questions, parce que sinon on ne s’en sort rapidement plus. Elle sera probablement toujours un peu mal au fond de son être mais ce n’est pas non plus une raison pour se focaliser sur son problème au point de ne vivre plus que pour lui, pratiquement. La jeune femme sait qu’elle va trop loin parfois dans sa haine d’elle-même, mais ce n’est pas sa faute, pas totalement, elle est un peu perdue tout simplement et ne sait pas forcément comment elle peu faire pour s’en sortir, tout simplement. C’est dur, ce n’est pas facile à gérer au quotidien. Les autres s’imaginent que c’est du cinéma, que ce n’est pas si dur que ça. Mais ils ne se rendent tout simplement pas compte de ce qu’elle peu vivre. Parce qu’ils ne sont pas elle, tout simplement.

Alors que la conversation dévie – et c’est peut-être mieux comme cela – sur Matt et ses coups de cœurs, la jeune femme a un petit rire quand, gentiment, Andréa se moque de lui en disant qu’il ne lui ressemble pas, que lui n’est pas comme ça ce qui veut dire que son frère a été adopté mais qu’il ne faut pas lui dire, pour qu’il ne devienne pas fou. La jeune femme ne peut pas s’empêcher de rire, rire comme une folle à ces dires. Et elle sourit à son interlocuteur, elle plaisante avec lui. Elle promet de garder le secret, elle promet de ne rien dire.

«- Motus et bouche cousus !» promet la jolie brune.

Mais la bonne humeur passe vite lorsque la maladie n’est pas loin et la jolie brune baisse la tête alors qu’ils abordent le petit soucis d’Andréa. Petit ? Petit c’est peu dire, il a un cœur trop gros, une cage thoracique trop petite et il peut mourir à n’importe quel moment, noyé sous la morphine pour ne plus sentir la douleur. Il ne mérite pas cela et la jeune femme le sait. Ce destin qui attend son ami la dégoutte, mais que faire et que dire ? Contre la maladie on ne peut rien, parfois et la jeune femme est dans ce genre de cas. Elle ne peut rien, rien du tout. Andy est malade, il faut l’accepter. Vivre avec cela même si c’est dur en effet.

«- Je pense qu’il peut faire quelque chose. Tout du moins essayer. Je pense qu’il veut vraiment faire cela, c’est peut-être sa voix, on ne sait pas. Peut-être qu’il sera heureux et pourra s’épanouir là-dedans. Parce que même s’il n’arrive pas à te sauver comme il le voudrait, il pourra toujours sauver des vies, d’autres gens, qui auront besoin de lui eux aussi tu vois ce que je veux dire ? Peut-être qu’un tel boulot c’est vraiment pour lui. Il a un grand cœur, je pense qu’il peut donner beaucoup aux malades cependant, je suis d’accord qu’il prendrait la chose peut-être un peu trop à cœur... »

Et ne finirait-il pas alors, par souffrir de s’être trop donné, trop attaché à certains patients ? Peut-être elle ne peut pas le dire avec assurance, elle ne peut pas garantir que Matt ne souffrirait pas. La jeune femme baisse la tête. Et emboîte le pas à son ami un peu inquiète alors qu’il souhaite l’emmener vers une destination inconnue tout d’abord qui la fait frissonner ensuite. Parce que l’hôpital ne lui augure rien de bon, rien qui vaille. Dans un premier temps. Mais après, après cela va mieux dans la mesure où son ami ne semble pas aller mal. Elle avait peur qu’il vienne ici, qu’il la conduise là, pour quelques douleurs qu’il aurait et qu’elle n’aurait pas remarqué. Elle s’en voudrait, assurément.

Au milieu des enfants elle sourit et se sent bien. Ils ne la jugent pas. Ce n’est plus une petite fille au milieux d’autres enfants. Elle est une grande, elle est princesse et les enfants ne la jugent pas. Ils ne jugent pas souvent les adultes, c’est ce que se dit la jeune femme. Mais bon. Au moins, cela fait du bien au moral. Cela fait du bien de ne pas être jugée et elle adresse un sourire à son ami, elle ne tarde pas non plus à se confier à lui. Et elle écoute ce qu'il a à dire là-dessus, même si elle sait déjà que c'est bien, d'adopter des enfants, qu'il y en a beaucoup trop qui n'attendent pas grand-chose qu'un peu d'attention, d'affection, d'amour. Une famille, en sommes.

"- C'est vraiment quelque chose que je veux faire dans ma vie parce que oui je sais que c'est important et il y a trop d'enfants qui attendent un peu de bonheur. On devrait tous penser à adopter !" répond la jeune femme en souriant.


@Andréa L. Grimaldi c'est pas grave chaton, j'aime autant quand c'est plus court ^^ ♥