" Edgar Corleonesi. Parlez nous un peu de vous, de votre histoire, ce qui vous a poussé à devenir ce producteur et cet acteur à succès. "
Encore une de ces interviews qui commence en douceur et qui va finir à empiéter sur ta vie privée. Tu lui souris, louchant sur son décolleté pendant qu'elle enclenche son microphone capricieux.
" Eh bien, vous le savez probablement déjà, ce n'est pas comme si c'était ma première interview et que les journalistes n'avaient pas encore enqueté sur ma vie privée. Je suis né à Palerme en Italie, là-bas, j'ai eu des moments difficiles, j'ai vu des choses atroces car la mafia est bien présente. J'étais plus souvent spectateur qu'acteur. Cette partie de ma vie m'a énormément inspiré, j'ai voulu dénoncer cet univers malsain à travers le cinéma. "
" Vous voulez dire que vos films sont finalement une partie de votre enfance et adolescence ? "
Aussi charmante qu'elle puisse être, ce genre de discussion sur ta vie te mettent toujours autant mal à l'aise. Tu préfères davantage exprimer tes blessures par tes productions que par ta bouche. Et tu ne préfères toujours pas avouer que ta propre famille faisait partie de cette putain de mafia.
" Vous avez compris. Si vous voulez entendre que j'ai assisté à des mises à mort eh bien oui, c'est le cas. Le trafic ne s'arrête pas là, la drogue, la prostitution, j'en ai aussi eu de très bons aperçus. Je me suis cramé très tôt avec la coke. Malgré la crasse qui se dégage de ce monde, avec le cinéma, j'arrive à le sublimer suffisamment pour sensibiliser une large partie du public. Si cela peut réveiller les autorités... Malheureusement la politique de mon pays d'origine ne semble pas être prête à retirer ses oeillères. À mon grand regret. " tu espères avoir réussi à lui faire fermer sa bouche mais son job est d'en avoir toujours plus. Elle balaie l'écran de son iPad, cherchant d'autres sujets sensibles à ton encontre.
"Il faut dire que vous n'enchaînez pas uniquement les films sombres, vous êtes également une vraie pépite dans des rôles plus légers et variés. Vous avez joué dans des films fantastiques, de science-fiction et même des comédies. Vous êtes un acteur complet, où avez-vous appris à être cet acteur et ce producteur hors du commun ? "
Elle te flatte, ce n'est pas par hasard. Qu'a-t-elle derrière la tête ? Tu joues encore le jeu, restant sur tes gardes. " J'ai étudié quelques années à UCLA en parallèle de ma carrière mais je pense vraiment que je suis fait pour me métamorphoser et me réinventer à l'infini, c'est une vocation. " Elle acquiesce silencieusement et reprend avec un air grave.
" Ce n'est plus un secret, vous avez eu énormément de conquêtes durant votre carrière jusqu'à ce que vous rencontriez la mère de votre petite fille il y a maintenant trois ans. Cependant, il semblerait que vous vous êtes séparés récemment, est-ce vraiment une rumeur ?  
Il y a quelques années de cela, tu aurais saccagé cette chambre d'hôtel et tu aurais insulté cette pauvre nana mais tu as mûri. Tu ricanes avec un air machiavélique. " Je n'ai pas grand chose à dire, notre couple était en perdition, nous avons décidé de nous séparer pour le bien de notre fille. Les rapports sont toujours respectueux, ne vous inquiétez pas pour moi. " là, tu as enjolivé la réalité. Lorsque tu rends visite à ta puce, vous ne vous adressez pas la parole ou alors cela fini en règlement de compte.
" Cela voudrait dire que vous fréquentez quelqu'un d'autre ? " demanda-t-elle en tordant sa bouche, gênée. Tu fronces les sourcils, tes doigts se referment sur tes paumes, formant deux poings serrés. " En quoi cela vous regarde sérieux ? J'en ai rien à foutre des mecs ou des nanas avec qui vous couchez, vous n'avez pas des questions censées ? " la journaliste baisse les yeux, nerveuse. Elle est toute jeune, de quoi en faire ton quatre heure. " Euh... excusez-moi, mon boss m'a demandé de vous interroger sur de tel sujet... Eum... Alors comme cela, vous allez intégré Harvard le mois prochain, êtes vous prêt à enseigner ? " tu respires profondément avant de lui répondre sincèrement. " Je pense l'être même si cela ne ressemblera pas à des cours bien cadrés et exécutés, je mise plutôt sur l'improvisation vous voyez ? Et puis je pourrais pouponner tranquillement ainsi. Je pense que c'est un bon compromis. Simultanément, je vais probablement plancher sur mes scénarios en pause. " Tu sors le portable de la poche de ton jean, un message de ton ex-femme apparaît. Maddie aurait de la fièvre. Tu te lèves aussitôt, inquiet. " Bon, je dois y aller, ma fille a besoin de moi, j'espère que vous avez tout ce dont vous avez besoin, bonne continuation. " lui lança-tu avant de disparaître de la pièce, soulagé d'avoir une bonne raison pour déguerpir.