it's not what you think — Un bouquin à la main, j’étais assise en tailleur sur le lit d’Aisling qui lui était occupé dans la rédaction d’un article. Déjà qu’on avait l’habitude de passer tout notre temps ensemble, depuis notre mise en couple, c’était sûrement pire. Comme des siamois, incapable de se quitter. Si j’étais censée vivre à la Eliot House par obligation pendant toute la durée de mon bizutage, il fallait avouer que je découchais pas mal ces derniers temps pour être avec le beau blond. Relisant la même phrase de la même page pour au moins la septième fois, je finissais par le fermer, incapable de me concentrer. Jetant un coup d’œil à mon téléphone, je découvrais des messages de Cole ayant visiblement envie de me voir. Et pour palier à son manque de courtoisie de la dernière fois, je lui répondais être bel et bien présente dans ma chambre de la Eliot histoire de lui donner un pseudo lapin. Tiens, ça lui ferait les pieds et lui apprendrait peut-être les bonnes manières. Glissant du lit, je regardais Aisling qui semblait imperturbable décidant de casser sa concentration en prenant place sur ses genoux. « Je m’ennuie » que je venais râler déposant mes lèvres dans son cou pour être certaine de capter son attention. Dérivant sur sa bouche, je posais mon téléphone sur son bureau enroulant finalement mes bras autour de son cou, sourire sur les lèvres, yeux dans les yeux. « On prend une chambre ensemble pour le spring break, pas vrai ? » Il était hors de question que je ne sois pas avec lui de toute façon et je ne voyais aucune raison qu’il refuse dans tous les cas. Sous peine de me vexer et de soulever des questions par la même occasion. C’était ce moment que choisissais mon cellulaire pour vibre à nouveau. L’attrapant entre mes mains, je déverrouillais l’écran écarquillant les yeux en découvrant la demande que mon vice-président et bizuteur osait me faire. Sérieusement ? Il venait vraiment de me demander de lui donner un de mes sous vêtement. Posant ma main sur l’écran comme si je cherchais à cacher les mots inscrits je finissais par le verrouiller une nouvelle fois. Pitié, dis-moi que t’as rien vu Aisling. Ce n’est pas ce que tu crois.

La vie était belle, les oiseaux chantent, la vie est belle. Ok, ok, il est sur un petit nuage. Depuis exactement le 14 février, il vit une sorte de planète bizarre et tout pelucheuse qu’il adore. Oh, et dans les bras d’Agathe aussi. Depuis cette date, il n’a plus de crise d’angoisse, son anxiété est au plus bas, mais sa jalousie a atteint des sommets. Il était déjà assez possessif de base, mais là, c’était pire. Il ne supportait pas les remarques sur la blonde, les regards, les psit dans la rue. Mais ne montrait rien. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle était dans ses bras à lui, et pas dans ceux d’un autre. Il n’y a rien de mieux que de savoir que la personne que l’on aime nous aime en retour. Voulant à tout prix finir d’écrire un article sur le dopage dans les sports aquatiques avant demain, il se fit interrompre par sa petite amie qui s’installe sur ses genoux. Visiblement en manque d’attention, elle pose ses lèvres sur son cou pour être sûre qu’il soit tout à elle. «Hein ! Oui, bien sur. Je me suis inscrit ce matin d’ailleurs. » Posant un baiser sur ses lèvres, il tape quelques mots à la va-vite sur son ordinateur. D’ordinaire, elle l’aurait repris, mais elle même regardait un message sur son téléphone. Message pour le moins étrange d’ailleurs. Cole. Culotte bleu. Pardon ?! Il vit rouge. Fermant les yeux, respirant par le nez de manière à se calmer le plus possible, il essayait d’analyser la situation. «Pourquoi est-ce que ce Cole, qui semble être le vice président des Eliot, te demande ta culotte ? » Si de la fumée pouvait sortir des oreilles d’Aisling, ce serait sans doute le cas. Il n’aime pas ça. Pas du tout. S’il y a bien une chose qu’il n’aime pas, ce sont les mensonges, les secrets et les messages bizarres. Ils ont déjà faillis ne plus être amis à cause des secrets, et des mensonges, pourquoi rajouter les messages étranges dans le lot. «Agathe. Tu sais que je déteste quand tu fais la muette. Parle avant que je démarre pour aller péter la gueule à ce con. » Et il est sérieux. Si on a l’impression qu’Aisling est une personne calme et adorable, il peut rapidement devenir un monstre de colère lorsqu’on le déclenche.

it's not what you think — « C’est pas trop tôt. » J’aurais clairement regrettée son absence. Probablement que j’aurais même annulé ma réservation pour le séjour dans le seul but de pouvoir rester avec lui. Prête à continuer à parler de ce voyage, j’étais distraite par l’arrivée d’un nouveau message sur mon téléphone. Clairement, je commençais à être fatiguée du comportement que pouvait avoir Cole. Si en premier lieu j’avais eu tendance à le trouver sympathique, ce n’était plus vraiment le cas depuis que j’avais été mise au courant de ses petits jeux pervers. Et clairement, il était embarrassant de recevoir ce genre de demande quand on était en compagnie de son petit-ami. Alors oui, j’espérais sincèrement qu’il n’ait pas lu par-dessus mon épaule pour éviter ce genre de débat. J’avais fait connaissance avec la jalousie doublé de possessivité d’Aisling ces derniers jours. Les regards noirs à tout va pour les sifflement dans la rue. Sa manière de serrer les poings quand un regard s’attardait un peu trop sur des endroits inappropriés de mon corps et je savais d’avance qu’il risquait de voir rouge s’il était au courant d’un truc pareil. Et merde. Il avait vu. Me mordillant la lèvre inférieure je ne disais rien me contente d’hausser les épaules déposant un furtif baiser sur sa joue avant de quitter ses genoux. « C’est rien laisse tomber, je vais régler ça. » Me penchant vers mon sac, j’attrapais mon paquet de cigarette avant d’ouvrir sa fenêtre m’asseyant sur le rebord de celle-ci. Ouais, j’avais besoin d’une cigarette à ce moment précis. J’y pouvais rien. « C’est pour le bizutage t’en fais pas. » Est-ce que j’étais gentiment en train d’omettre la vérité ? Oui. Mais c’était pour la bonne cause et.. On avait vécu sur un nuage ces derniers jours, je n’avais vraiment pas envie de rompre tout ça. Puis ce qu’il ne savait pas ne pouvait pas le blesser pas vrai ? « Vraiment Ais’, c’est rien. » Et c’était fou cette manière que j’avais de minimiser la chose alors que dans le cas contraire j’aurais probablement tout ravagé sur mon passage. Mais comment j’étais supposée lui expliquer tout ça, hein ? Dans tous les cas, il irait probablement péter la gueule de Cole et c’était pas vraiment ce que je voulais.

«Tu sais que j’ai toujours un problème pour m’inscrire à ce genre de truc. » Après tout, il s’était inscrit à la dernière minute pour le voyage au Mexique et au final, il n’avait fait que trois jours avant de repartir pour Boston après s’être royalement planté avec elle. Mais ça avait bien changé et les voilà maintenant enfin réunis. Pour une fois que tout allait bien dans leur vie, il en profitait et un voyage à la Jamaïque était la destination parfaite. Il allait revoir les plages magnifiques, faire des selfies idiots devant la maison de Bob Marley et faire rager son père par la même occasion vu qu’il était un fan du chanteur. Mais bon, il allait avoir droit aux regards lubriques des hommes sur le corps d’Agathe, aux remarques et autres petites choses qui l’agacent quand il s’agit du comportement des hommes envers elle. Il a confiance en elle. Une confiance aveugle parfois. Mais il est un mec, il sait parfaitement que les hommes sont vicieux et pervers et peuvent manipuler tellement bien une personne pour faire la personne céder. Et il ne veut absolument pas qu’Agathe en soit victime. Encore. Et il est hors de question que ça arrive encore une fois. Surtout maintenant qu’il est là. Elle est assise sur lui, et elle reçoit un message plus qu’étrange de la part d’un certain Cole. Cole, sans doute le VP des Eliot. Mais qu’est-ce qu’il lui veut ? «Régler ça ? En faisant quoi Agathe. » Elle quitte ses genoux avec un furtif baiser sur la joue. «Et le bisou sur la joue ça ne fonctionne que quand tu manges mon muffin au chocolat. » Elle se dirige vers la fênetre, l’ouvre et s’allume une cigarette. Il sent la nervosité dans son attitude. Il le sent parfaitement car sinon elle n’aurait pas allumé cette foutu clope. «Que je ne m’en fasse pas ? Il t’a demandé ta petite culotte Agathe. Après ce sera quoi ? Un strip tease ? » Il a le droit de s’en faire, de s’inquiéter. N’importe qui le ferait vu la situation, et surtout à cause du passé de la blonde qu’elle refuse encore d’aborder. Il fait les cent pas dans la chambre, sur les nerfs, réellement énervée. «Non, ce n’est pas rien mon coeur. Je ne t’en veux pas à toi, mais à ce … pervers qui te demande tes sous vêtements. Ce genre de comportement est répréhensible. » Il se retenait vraiment de défoncer la porte pour aller péter la gueule à ce bleu de ses deux. C’est le genre de type comme lui qui donnait une sacrée mauvaise réputation à la maison des Eliot. S’approchant d’elle, il prend une clope dans son paquet et l’allume à son tours. «Et toi ? Pourquoi tu acceptes qu’il t’envoie ce genre de message ? »

it's not what you think — De base, j’avais juste coupé son activité du moment pour avoir un peu d’attention, pas déclencher une guerre. Quoi que dans un sens, je l’avais l’attention pour la peine. C’était juste pas de la manière dont je l’aurais voulu. « J’irais lui parler, c’est bon. » Même si au fond ça ne changerait pas grand-chose puisque Cole n’était pas du genre à écouter ce que l’on pouvait lui dire. Alors je savais d’avance qu’il allait me rire au nez et insister pour que je lui donne ce foutu sous vêtement. En gros, j’allais pas vraiment pouvoir régler ça mais je ne voulais pas qu’Aisling se fasse des fausses idées ou aille le confronter. Clope à la bouche, j’allumais celle-ci cherchant à me détendre un maximum. J’avais toujours tendance à me braquer quand le sujet ne me convenait pas et clairement, cette fois-ci n’échappait pas à la règle. Tendu, froide, je restais vague dans la situation. « Peut-être mais tant que je ne le fais pas, y a pas de problème. » Et oui, je n’avais certainement pas la meilleure façon de réagir face à mon copain jaloux mais je préférais partir du principe que tant que je ne faisais rien allant dans le sens des demandes du vice-président, cette conversation n’était pas spécialement importante. « C’est juste du grand Cole, il est comme ça avec tout le monde. » Moi et les filles en général. Alors au fond, c’était pas vraiment choquant de sa part. « Je contrôle pas ce qu’il m’envoi. » Quoi ? Il n’allait pas commencer à me faire des reproches non plus. C’était pas comme si j’avais demandé à recevoir un truc pareil. Je poussais un soupir, consciente que me fermer tout bonnement à la conversation n’était pas la meilleure des idées. Me braquer de la sorte risquait juste de provoquer un conflit entre nous et c’était juste trop tôt pour qu’on commence à se prendre la tête de la sorte en tout début de relation. « Il a fait un pari sur moi comme quoi il arriverait à me mettre dans son lit avant la fin de mon bizutage. C’est un truc qu’il fait avec d’autres bizuteurs. » M’enfin bref, là n’était pas la question. « Il avait réservé une suite pour lui et moi le soir de la st valentin après le speed dating et j’ai refusé d’y aller. » Ce qui a dû le frustrer parce que concrètement, j’étais parfaitement au courant que l’invitation était faite pour m’arracher mes fringues par la suite. « Il doit juste chercher des solutions pour faire croire qu’il m’a réellement eu. » Mais t’as pas à t’en faire Ais’, c’est pas important.

Lui parler ? Non, même pas en rêve. Savoir qu’Agathe était près d’un pervers narcissique comme Cole rendait déjà Aisling anxieux au possible. Il a une entière confiance en Agathe, mais Cole lui paraît si dangereux qu’il a peur de manière irrationnelle pour elle. Il n’a pas envie de savoir qu’elle est à sa portée juste à cause de sa maison. Il est bien trop inquiet pour H24 pour qu’il la laisse se risquer à ça. «Agathe. Ce mec a des problèmes. » De sacrés problèmes. Et en plus, il est le vice président de la maison. Ce sera quoi après, un strip tease devant ses potes vu qu’il a l’air prêt à tout pour avoir ce qu’il veut. L’enfoiré. Aisling essaye désespérément de se calmer mais la seule chose qui émane de son corps est une colère sourde et froide. Il n’a qu’une envie, enfoncer son poing dans la face de cet idiot. Il s’en voulait aussi qu’elle soit obligée de supporter ce genre de personne. Aisling sait bien qu’il n’y ait pour rien, mais quand même. Il s’est promis de la protéger de tout, et là, il vient de voir une faille à sa promesse ce qui l’exaspère au plus haut point. «Agathe, c’est ton bizuteur, tu ne peux pas en demander un autre ? » Parce qu’il serait prêt à aller voir la présidente pour l’informer des manigances de son vp. Clairement. Il est ainsi, assez impulsif dans ces décisions quand ça concerne Agathe. D’habitude assez patient et réfléchi, là, il voyait rouge. Rouge comme une tomate. «Du grand Cole ? Comment cet idiot a-t-il pu être élu Vice Président ? » Ça le dépasse. Mais de beaucoup. Surtout qu’il allait être le VP d’Agathe pendant encore six mois. «J’espère bien. » Remarque acerbe et ton froid. Ce n’était pas lui qui parlait mais la colère. Il ne voulait pas de Cole près d’Agathe. Clair et net. Mais dans toute cette situation, ce n’était à Agathe qu’il devait en vouloir. Elle était juste la seule personne devant lui donc elle prenait un peu tout. Calme toi Aisling. Il est hors de question qu’il ne s’embrouille avec elle à cause du Eliot. Hors de question, il ne lui ferait pas cet honneur. Sa clope à la bouche, l’allumant avec les mains tremblantes, il essaye de se calmer, de respirer tranquillement, mais tout ce qu’il peut voir, c’est le sourire pervers de Cole avec la culotte en dentelle d’Agathe au bout des doigts. Agathe lui parle alors du pari qu’il a fait sur elle. Un putain de pari puéril et complètement dégradant pour elle d’ailleurs. «Non mais je nage en plein cauchemar. » Il ne veut pas s’énerver contre Agathe, elle n’y est pour rien dans cette histoire. Rien. Mais savoir que ce genre de personne font ce genre de chose à son égard le rend plus que nerveux. Se levant, tournant en rond dans la petite chambre, il fumait nerveusement, prenant à peine le temps de recracher la fumée pour ensuite prendre une autre taffe. «Je vais le tuer. Je te jure que je vais le tuer. » Cole veut à tout prix faire croire qu’il a couché avec Agathe. La meilleure de l’année. «J’espère juste une chose. Il n’a pas intérêt à poser une main sur toi sinon je le défonce. » Son ton est froid, son attitude glaciale. Écrasant le mégot dans le cendrier près de la fenêtre, il prend le temps de respirer comme son thérapeute lui a appris pour gérer sa colère. Posant un baiser sur le front d’Agathe, il se rapproche de la seule personne qui peut le calmer plus qu’une cigarette et de la respiration à la con.

it's not what you think — Je savais au fond que c’était une mauvaise habitude de minimiser autant les choses. Parce que ce que je considérais comme « pas important » était généralement bien plus important que ce que je voulais bien avouer. Et ouais, quelque part, j’étais blessée dans mon égo. Blessée parce que du coup, j’avais l’impression d’être une femme-objet depuis mon entrée à la Eliot House. Et si je faisais comme si je n’étais au courant de rien, si j’avais joué un double-jeu pour le prendre lui-même dans son propre piège, j’étais plus libre maintenant. J’avais Aisling et pour moi, ce n’était pas n’importe qui. Il était le plus important et j’étais capable de faire passer ses propres besoins avant les miens. Alors après réflexion, en repensant à tout depuis le début, j’avais juste été utilisée et dégradée en même temps. J'avais du chauffer un mather en public pour valider une partie de mon bizutage et.. C’était sale comme façon d’agir. Au final, moi qui avais voulu devenir cette fille respectable en revenant ici je n’étais rien d’autre qu’une traînée. Ais’ méritait beaucoup mieux que moi. C’était dur comme conclusion mais au fond, j’étais persuadée que c’était le cas. Il méritait bien mieux que ça sans aucun doute. Je ne comprenais même pas pourquoi est-ce qu’il perdait du temps avec moi. « Non c’est juste qu’il.. » Je poussais un soupir. Pourquoi est-ce que je cherchais à lui trouver des excuses de toute façon ? C’était sans intérêt et.. Ouais, je devais arrêter de trouver des excuses à son comportement déplorable. « Je vais pas faire d’histoire Ais’ mon bizutage est bientôt fini ça va aller. » J’allais pas commencer à me plaindre et puis.. Cole, c’était un peu comme le dieu de la Eliot. M’attaquer à lui, c’était prendre le risque d’avoir tout le monde contre moi au final et j’avais pas tellement envie de me lancer là-dedans. « Il sait juste obtenir ce qu’il veut. » Ce qui quelque part était terrifiant au vu de son comportement en général. Il imposait la peur et le respect en même temps et si je n’avais pas tendance à être impressionnée par les autres, je savais qu’il était bien plus judicieux pour moi de ne pas me le mettre à dos. Et je sentais que mon petit-ami devenait bien plus froid ce qui avait le don de me braquer. J’y pouvais quoi moi à tout ça ? Pas grand-chose en fait. Alors me parler aussi sèchement, c’était pas le genre de truc qui allait nous aider. J’avais un caractère.. Particulier. Surtout depuis mon retour. C’était un bon moyen pour que je finisse par claquer la porte en hurlant. Je le fixais en silence, sa clope à la bouche, inspirant à plusieurs reprise pour garder mon calme. « Non, tu ne feras rien. » C’était catégorique. Et je veux bien être honnête avec toi à condition que tu ne t’en mêles pas. T’as pas besoin de me protéger, jusqu’à présent je me suis toujours défendue toute seule même si je n’ai jamais été vraiment la personne la plus forte au monde. Je poussais un soupir gardant le silence, regardant ma cigarette se consumer entre mes doigts. Et finalement, je la laissais tomber par la fenêtre, gardant le regard un peu trop vide, le visage un peu trop fermé. C’était toi qui venait vers moi déposant un léger baiser sur mon front et après une seconde d’hésitation, je passais mes mains dans tes cheveux avant d’accrocher mes bras autour de ton cou. « J’ai pas envie qu’on se prenne la tête. » Que je murmurais. « C’est avec toi que j’ai choisi d’être de toute façon, on se fiche bien de Cole et ses idées idiotes, pas vrai ? » On avait pas besoin d’en faire une histoire d’état ni rien de tout ça en fait.

Décidément, il ne se passait pas un jour sans qu’Agathe ne le surprenne. Il y avait toujours cet esprit de surprise constante entre eux. Du jour où elle avait déposé une petite valise pleine de vêtements dans sa chambre à celui où il apprend que son bizuteur est un pervers narcissique, il y en a pour tous les goûts. Il sait que dans quelques mois, il aura un regard moins sombre sur cette histoire. Mais là, il n’a qu’une envie, enfoncer le mur de son poing, ou le visage de Cole qu’il ne manquera pas de réformer quand il le verra. « Il quoi ? » lance-t-il violemment. Aisling a conscience qu’Agathe n’a rien à voir là dedans, mais il ne peut pas s’empêcher de lâcher un peu de sa colère sur elle, parce que justement, elle est la seule à pouvoir mettre un terme à tout ce bordel, à stopper ce gars qui ne fait rien d’autres que la harceler sexuellement pour le moins qu’on puisse dire. Elle semble vouloir lui trouver des excuses en plus, et ça l’enrage Aisling. Pourquoi trouver des excuses à un mec qui veut sa putain de culotte ? Il n’a aucunes excuses à part d’être pervers. « Bientôt fini ou pas, c’est comme ça qu’un harcèlement commence. » Il se revoit étant plus jeune à devoir faire des tâches ignobles pour entrer dans un groupe, à s’humilier juste pour le bon vouloir des autres et ensuite se faire rejeter sans préavis. Il se revoit en train de pleurer dans les toilettes, se faire prendre en photo et ensuite se faire lyncher durant des semaines. Pas étonnant qu’il ait tenté de se suicider après ça. Pas étonnant qu’il regarde toujours ses poignets intacts avec un regard parfois déçus, comme s’il aurait du le faire, comme s’il aurait du se trancher les veines et en finir une bonne fois pour tout. Il n’a pas envie d’Agathe ressente la même terreur que lui, qu’elle ait envie de se rendre malade pour un idiot, pour se sentir intégrer. « Il ne va pas être ravi quand mon poing va s’enfoncer dans son crâne en tout cas. C’est que ça qu’il va avoir. » Un cigarette à la bouche, une envie de se battre dans le corps. Aisling n’est que l’ombre de lui même. D’habitude si souriant et adorable, le voilà à présent plein de rage et de colère, une chose qu’il ne supporte que très peu. Il a envie d’être meilleur, mais la déception et l’inquiétude le rendent nerveux, anxieux, ce qui l’amène à une colère contre lui et le reste du monde. Cette attitude un peu autodestructrice est typique de l’écossais. Elle lui dit de ne rien faire, lui ordonne presque même. Il la regarde, défiant son regard, légèrement tourmenté par le bleu de ses yeux. Il respire profondément, essayant de rester clair dans sa pensée. Hôchant la tête doucement, il s’approche d’elle. Posant un baiser sur son front, il lâche sa cigarette par la fenêtre. Elle passe sa main dans les cheveux du blond et s’accroche à son cou. Son corps contre le sien le détend instantanément, comme si elle était une dose d’une substance si forte qu’elle le rend aussi mou qu’un marshmallow. « Moi non plus. » Respirant son odeur, laissant la colère s’échapper de lui peu à peu, il retrouve un peu de conscience. A quoi bon se disputer alors que ce n’est pas elle le problème, c’est ce vice président. « On s’en fiche. Mais s’il revient à la charge Agathe, je ne sais pas comment je vais réagir. Je laisse couler pour cette fois et tu fais ce que tu veux, mais s’il revient, je ... » Il n’arrive même pas à finir sa phrase. Il ne peut pas imaginer ce qu’il fera si Cole décide de continuer cette torture sur elle.

it's not what you think — Je n’avais réellement pas envie qu’un simple message puisse mettre le moindre problème dans ma relation. Dans notre relation. C’était.. Hors de question. Je ne supporterais pas un truc pareil parce qu’il s’agissait de Cole et qu’en aucun cas il ne devait réussir à faire ce genre de chose. Ce mec était.. Un pervers narcissique. Un espèce de timbré persuadé d’être au-dessus de tout le monde et je ne voulais pas qu’il puisse empiéter sur ce que je vivais avec Aisling. Quand j’étais avec lui c’était comme si plus rien ne pouvait m’atteindre. J’avais cette sensation de me sentir de nouveau en sécurité comme si plus rien n’était réellement capable de m’atteindre et j’avais besoin de me sentir comme ça. Il était hors de question que quelqu’un puisse venir détruire ce qu’on construisait petit à petit. Et bien sûr que notre relation était toute nouvelle et on allait probablement devoir apprendre à vivre ensemble sur du long terme puisque c’était bien différent de l’amitié qu’on avait pu avoir dans le passé mais.. J’étais convaincue que ça pouvait marcher. Que ça pouvait être beau et peut-être apaiser nos peines respectives. « Rien, laisse tomber. » J’avais de toute façon l’impression que chacun de mes mots ne suffisait qu’à le mettre un peu plus en colère et j’avais pas réellement envie de déclencher la tempête qu’il pouvait être par moment. « Dans tous les cas, c’est mon problème. » Donc, y avait plus besoin d’en parler. J’avais rien fait de mal sur le moment, on ne pouvait clairement rien me reprocher la peine. « Ne le touche pas Ais’, c’est moi qui va avoir des problèmes par la suite. » Et je n’avais certainement pas besoin d’un conflit avec le vice-président de ma confrérie. Clairement, je préférais qu’il reste en dehors de tout ça puisque ça serait le plus facile pour ma personne et pour le moment, j’allais tenter de canaliser les choses. Inspirant profondément, je tentais de le calmer usant peut-être un peu trop de mes charmes pour y arriver. Tant pis que ça puisse sembler légèrement fourbe pour le coup, c’était clairement le dernier de mes soucis sur l’instant présent. « Il ne reviendra pas » que je soufflais préférant m’accaparer ses lèvres avec douceur. Et je savais que c’était typiquement le genre de chose qui lui permettrait de relâcher la pression. « Tu sais que je ne ferais rien pour te blesser » Alors dans tous les cas, ne doute pas de moi. Il ne se passera rien avec Cole, ni maintenant, ni jamais. « T’en fais pas pour moi, ça ira. » Et puis j’ai vécu bien pire que ça pendant mon absence. Y a rien que je ne peux surmonter. Du moins, c’est ce que je me plais à croire sans réellement savoir que psychologiquement, je suis plus faible que jamais. L’embrassant une nouvelle fois, profitant de la douceur de ses lèvres je laissais mes mains glisser le long de ses bras finissant par esquisser un sourire. « Et si on oubliait Cole pour aujourd’hui ? » Allez s’il te plait Aisling. Ne parlons plus de ça.

Il était soulé. Clairement. Entre elle qui ne voulait pas qu’il s’en mêle et le défis le plus absurde pour un bizutage de l’histoire d’Harvard, il se demandait bien à quel moment il allait voir un clown débarqué dans son appartement pour lui dire que tout ça n’était qu’une blague ignoble et digne d’un film. Mais non. Ce n’est pas le cas. Cole veut bien humilier sa petite amie et elle le somme de ne pas s’en mêler. Il a envie de tout casser, d’exploser, de dire réellement ce qu’il pense à Agathe, mais se garde bien de le faire au risque de réellement énerver la jeune femme. Et il sait à quoi Agathe énervée ressemble, ce n’est pas beau à voir. Alors il se contient, il essaye de ne pas exploser au point de ne pas savoir comment revenir à l’état normal. Mais laisser tomber, ne rien faire, c’est impossible pour Aisling. Il a l’impression d’être un lâche en faisant ça, et il n’est pas un lâche. Il ne l’est plus. Il n’est plus le jeune homme qui se faisait taper dessus après l’école, qui a mangé de l’herbe ou a failli faire une tentative de suicide. Non, il n’est plus ce jeune homme et il espère qu’Agathe ne tombera pas à son niveau. « Si c’est ton problème, c’est mon problème. Tu te souviens ? » Il y a des années qu’il lui répète ça. Des années qu’il lui dit qu’elle est la personne la plus important pour lui. Alors oui, il y a Gianna, et il adore la jeune italienne. Mais Agathe, elle est son univers. Hors de question qu’on blesse son univers. « D’accord. Pour toi. » A part s’il revient. S’il revient à la charge, il ne sait pas comment il réagira. Il ne sait pas ce qu’il fera. Et il vaut mieux qu’il ne le fasse pas pour ne pas imaginer des méthodes de tortures digne de scénarios de films d’horreurs. Il fait tout de même bien comprendre à Agathe que s’il revient à la charge, il payera. Il payera pour le mal qu’il lui fait. « J’espère bien. » dit-il en acceptant le baiser. Elle sait comment le calmer, comment le rendre doux comme un agneau. Elle l’embrasse et le calme, l’apaise. « Je le sais bien mon coeur. Je sais ça. » Il a en parfaitement conscience. Malgré tout, il sait qu’Agathe ne fait rien pour lui faire du mal. Elle est la seule personne qui sait comment le calmer en deux secondes top chrono. « Tu ne peux pas me demander ça par contre. Je m’en ferais toujours pour toi, sinon je serais pas un copain digne de ce nom. » Surtout avec ce qu’elle a vécu il n’y a pas si longtemps que ça. Elle a beau sourire, être heureuse avec lui, il sent bien quand elle tourne dans le lit la nuit, quand elle se réveille et reste les yeux ouverts à attendre que ça passe. Il sent bien qu’elle n’est pas remise de ce que Jaden lui a fait subir, mais au moins, elle n’est plus seule à présent. Elle pose une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes, les laissant un peu plus longtemps. Il a envie de faire durer le plaisir alors il la suit dans son geste quand elle s’éloigne. Elle sourit un instant. Soupirant, déposant ses bras sur ses épaules et collant le corps de la jeune femme sur lui, il dépose un léger baiser sur son front. « Ok, d’accord. Il est hors de mes pensées. » Pour le moment.