Il coule sur le fleuve tumultueux de sentiments. Il plonge dans un océan de doutes et de questions. Nageant à contre courant, il se débat contre elle. Contre les questions sans réponses qui se posent les unes après les autres derrière les yeux de la blonde. Aisling se débat, ne voulant pas abandonné ce qui pourrait être tellement beau. Il en a la conviction. C’est leur première altercation depuis très longtemps, depuis des lustres. Et pour une fois, ce n’est pas une question de jalousie ou de comportement, mais d’eux. De leur relation, de leur sentiment, de ce qu’ils sont l’un pour l’autre. « Je sais que ce n’est pas drôle mais pour moi c’est tellement facile de te dire ces choses là parce que je n’arrête pas d’analyser. Je n’arrête pas d’y penser. Et puis, tu sais que je vis dans un monde différent. Mes références, ce sont des personnages de films, de livres, des tableaux et des histoires. » Il sait bien que c’est bizarre, étrange, particulier. Mais c’est ainsi qu’il vit. A travers des personnages, des contes et des nouvelles. Il ne prend pas exemple sur la réalité parce qu’elle est trop décevante, parce qu’elle est trop minable pour être un objectif. Si Brad et Angelina ont réussi à se séparer, pourquoi prendre exemple sur eux. Non. Il vit dans ses histoires, c’est mieux, plus romantique, plus inspirant. « Oui. Parce que au bout de cinq ans, tu es partie et j’ai vécu sans toi. Et quand tu es revenu, c’est comme si je respirais enfin après des mois sans oxygène. Après cinq ans, j’ai compris ce que ma vie aurait été sans toi si je ne t’avais pas rencontré. J’aurais existé, mais je n’aurais pas vécu. » Il lui ouvre son coeur, lui dit exactement ce qu’il ressent. C’est difficile pour lui parce qu’il n’aime pas ça. S’ouvrir, dire ce qu’il ressent, il n’aime pas ça. Il est discret, assez timide sur ses sentiments. Comme elle. Surtout maintenant. Il frôle sa peau, caresse son visage, effleure ses lèvres. Il est si ouvert avec elle, si honnête. Il lui livre tout sur un plateau d’argent. « Pourquoi ? Pourquoi tu ne peux pas me dire ? » Il veut comprendre. Il veut qu’elle se libre. Parce qu’elle ne lui a rien dit sur ce qu’elle a vécu avec Jaden. Il a compris, parce qu’il l’a vécu, mais les mots ne sont jamais sortis de la bouche d’Agathe. Jamais. Il l’embrasse, encore, l’allonge à côté de lui. Il veut qu’elle soit à lui, il veut tout avoir. Le bon et le mauvais. Elle le suit, sa main sur son visage. « Je ne comprends pas Agathe. J’ai l’impression que même si tu ne veux pas me perdre, tu ... » Elle le tait avec ses lèvres. Il n’oppose aucune résistance car depuis peu, c’est ce dont il meurt d’envie d’avoir. Elle. Il veut qu’elle l’embrasse jusqu’à plus d’air, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus respirer. Jusqu’à la fin. Elle entoure son corps de ses bras, collent son corps contre le sien. La faisant monter sur lui, il laisse la barrière de cheveux d’Agathe les couper du monde, rendant le moment intense. Ils n’ont jamais été aussi proche. Ils n’ont jamais partagé ce genre de moment et il sent qu’il n’y en aurait pas d’autres avant un moment. Alors il profite. Il prend tout ce qu’elle peut lui donner, même si ça lui déchire le coeur. Même si il a envie de la garder contre lui jusqu’à la fin de sa vie. Entourant son visage de ses deux mains, il reprend son souffle, mêlant sa respiration à la sienne. « Tu ne veux pas de moi ? » Il doute. Il devient nerveux. N’est-il pas assez bien pour elle ? Est-ce la raison ?

because sometimes, you have to take risks to love fully — Je ne sais pas ce que je fais, à vrai dire, j’ai aucun contrôle. Je te pose des barrières avec les mots mais ne retiens pas mes gestes. Et je suis consciente que c’est dangereux ce que je fais, mauvais. Parce que je te donne de l’espoir et te le retire en même temps. J’ai pas le droit de te faire ça, pas à toi. Et tant que je ne serais pas capable d’être honnête avec moi-même, je ne peux pas jouer un double jeu. Je ne sais pas ce que je veux, je ne sais pas ce que je dois faire, j’ai pas de réponse et je crois que je ne t’en donnerais pas ce soir. J’en suis incapable. Je ne trouverais pas des excuses de la sorte si je savais quoi faire en réalité. « Sauf que là, on est dans la réalité. » Pas tant tes livres ni autre histoire à l’eau de rose. On a pas un romancier derrière nous qui nous promettra une fin heureuse à la fin du chapitre alors tu vois, tu ne peux pas comparer. Parce que la réalité, elle est bien plus cruelle que tout ça. Bien plus frappante. « Et tu sais à quel point t’es important pour moi aussi, tu sais à quel point tu m’es indispensable. » Tu le sais tout ça Aisling parce que je t’ai toujours privilégié aux autres. T’as toujours été le plus important pour moi et je ne l’ai jamais caché mais être un couple c’est une toute autre affaire et si tu sembles déterminé, moi je ne pense vraiment pas que ce soit une bonne idée. Mais comme à chaque fois que le sujet est abordé, comme à chaque fois que ça s’rapproche un peu trop de Jaden, je me ferme. Je lève les yeux au ciel et finit par adopter un visage de marbre sans émotion aucune. « Personne n’a envie d’entendre cette histoire. » Et puis en parler, raconter l’enfer c’était comme le revivre une seconde fois. J’avais pas envie de parler de l’humiliation, des insultes, des coups.. J’voulais pas parler de tout ça parce que j’étais pas prête et peut être pas apte à poser des mots dessus. « Si je le faisais je n’arrêterais jamais de pleurer. » Et j’ai pas envie d’être cette fille-là. J’ai pas envie de me morfondre sur mon sort et de laisser toutes mes faiblesses sortir au grand jour. Je m’en sortais mieux comme ça, en laissant ce qui devait l’être totalement enfoui. Alors quand tu prends la parole une nouvelle fois, je préfère te faire taire. C’est plus facile pour moi et ça nous enferme dans une bulle une nouvelle fois. Où tout semble calme et normal, où on n’a pas besoin de se justifier sur quoi que ce soit. Et je sens que ça prend une toute nouvelle ampleur dans l’ardeur qu’on peut mettre dans cet échange, dans les caresses qui vont avec. Je le laisse m’entraîner sur lui et continue de maltraiter ses lèvres, de profiter de tout ce que je peux prendre sur le moment avant qu’il ne vienne emprisonner mon visage. Et j’ai le cœur qui serre presque automatiquement en entendant ses mots. Ne pas vouloir de lui.. Alors c’est comme ça qu’il voit les choses maintenant ? Confuse, je me dégageais de son emprise quittant son corps et sa chaleur pour me laisser retomber sur le sol. J’suis pas prête pour ça, pas prête à lui dire ce qu’il veut entendre. « On est amis Aisling. » Et c’était tellement hypocrite de dire un truc pareil après ce qui venait de se passer. Ouais, pire qu’hypocrite en fait. J’avais pas le droit de l’embrasser de la sorte et lui donner ça comme réponse par la suite. « On est amis et on a dérapés, c’est tout. »

Il n’aime pas ça. La tournure de la conversation devient un peu trop tumultueuse, trop aléatoire. Elle l’attire et en même temps le repousse. Elle cherche les limites de ce qui se passe entre eux, voulant savoir exactement ce qu’Aisling veut sans dire ce qu’elle, elle veut. Mais il joue le jeu. Il ne veut pas la perdre, il ne veut pas qu’elle s’enfuit, alors il répond à chacune de ses questions, réplique à chacune de ses réponses. « Reality sucks. » Il s’en fiche qu’elle soit énervée contre lui de vouloir ce qu’il veut, mais il en a marre de jouer à l’ignorance. Ce n’est pas lui. On l’a bien trop ignoré pour ensuite le rouer de coup dans son adolescence, plus maintenant. Et puis, c’est bien mieux de vivre dans les romans et les films que dans une réalité si ignoble et impitoyable. Ce n’est pas cette réalité là qu’il veut. Il veut plus, il veut vivre de passion, d’imagination, d’amour et de désir. Il veut laisser libre court à ses envies et vivre dans une maison où rien n’est interdit. Il veut poursuivre ses rêves et être le meilleur. « Alors pourquoi tu ne me dis pas ce que tu ressens vraiment Agathe ? Pourquoi tu veux tout garder pour toi ? » Il commence à douter de l’attachement d’Agathe à son égard. Pourquoi ne se livre-t-elle pas à lui commme il le fait ? Pourquoi est-elle si renfermée à présent ? Ils avaient l’habitude de tout partager et à présent, c’est à peine si elle lui dit ce qu’elle a fait de la journée. Oui, ils sont toujours complice, proches, mais elle l’éloigne de sa vie de tous les jours, des conquêtes un peu trop nombreuses qu’elle a. Il a l’impression de ne plus trop savoir où elle est, jour après jour. Mais il reste, il veut savoir, et il veut l’aider. Il reste parce que malgré tout, elle est sa meilleure amie, son oxygène, sa raison de vivre. « Si, moi je veux savoir. » Il veut savoir ce qu’elle a fait quand elle était partie, ce qu’elle a vécu. Agathe lui cache des choses, et elle n’avait pas l’habitude de faire ça. De garder des choses pour elle et ne pas lui partager chaque minutes de sa vie. Mais cette phrase, elle lui brise de le coeur. La voir pleurer serait le drâme de sa vie, son gouffre et son enfer. C’est la dernière chose qu’il veut qu’elle fasse. Les larmes sur ses joues seraient des lames dans son coeur. Des épines sur sa peau. Alors quand elle le fait taire par un baiser, quand elle le rend mous de toute résistance, il accepte son sort et profite du moment. Ses lèvres sur les siennes sont comme un anesthésiant. Il ne ressent plus rien à part un amour et un désir cuisant. La faisant monter sur lui, il se perd dans ce baiser, ses mains dans ses cheveux, son corps si près de lui. Ils ont la position parfaite pour déraper à n’importe quel moment, mais ce n’est pas ça qui va se passer parce que comme elle l’a dit, ils sont dans le monde réel, alors il se recule, et lui pose une question qui lui brûle l’intérieur. Veut-elle de lui ? Est-il si peu intéressant pour elle ? Elle s’éloigne d’un coup de lui, sortant du lit. Amis. Quelle idiotie ? Ils venaient de s’embrasser à en perdre haleine mais ils étaient amis ? Non, ce n’était pas de l’amitié pure ça ? C’était plus. Elle le sait. « Arrête de te mentir à toi même. Arrête de me mentir, Agathe. » Il commence à trembler. De colère ? Non. Mais dans ce genre de situation, son hyperactivité le prend de court. Sortant d’un coup du lit, il commence à faire les cents pas, se tenant les cheveux, le souffle court. « On n’est pas que amis Agathe. On est plus. Des âmes sœurs, tu te souviens ? C’est toi même qui me l’a dit. On n’a pas une âme sœur amicale avec un mec, Agathe. » Se rapprochant d’elle, il l’accola presque au mur. « Tu sens ça ? » dit-il en prenant la main de la blonde et en la collant à son coeur par dessus son t-shirt. « Ça, c’est mon coeur quand il te voit. Mon coeur qui sait pertinement que tu n’es pas que mon amie, même si c’est beaucoup plus simple de continuer comme ça, hein ? » Parce que c’est plus facile de prétendre ne rien avoir ressenti et ne rien risquer.

because sometimes, you have to take risks to love fully — « Mais parce que ça ne regarde que moi. » Pourquoi personne ne semblait vouloir comprendre que parfois, les choses étaient bien mieux quand on les taisaient ? J’avais pas envie de compter mon histoire, mon passé, mes souffrances. Ni à lui, ni à personne. Et s’il ne voulait pas le comprendre, j’y pouvais rien. Parler de sentiment, c’était pas mon fort. Et à chaque fois que je m’étais risquée à le faire, ça avait été désastreux. Il le savait pourtant, il savait que c’était difficile et je détestais le voir insister de la sorte. « Et moi j’ai pas envie de le dire. » Fin de la conversation. J’avais pas envie qu’on continue dans ce sens là parce que c’était juste douloureux et qu’encore une fois, on ne se comprenait pas. C’était étrange de se dire ça sachant qu’on avait toujours eu l’habitude de lire en l’autre comme dans un livre ouvert. Mais pas cette fois. Peut-être que mon absence avait fait bien plus de dégât que ce que j’avais pu penser en premier lieu. Ouais, peut-être que c’était ça. Et je tentais de m’en sortir comme je pouvais, le faisant taire de mes lèvres avant de prendre la fuite avec des mots probablement qualifié d’assassins. Le pire dans cette histoire était probablement le fait qu’en disant ces mots, je tentais de me convaincre moi-même. Amis que je ne cessais de répéter dans ma tête comme si j’allais finalement croire dur comme fer à cette éventualité. Mais embrassait-on ses amis avec une telle passion ? Non. Je savais bien que ce n’était pas la vérité, je savais qu’en plus de lui mentir je me mentais à moi-même mais.. Il n’avait pas l’air de comprendre les répercussions que ça pourrait avoir si j’osais dire le contraire. En cinq ans, si j’avais bien compris quelque chose c’était qu’Aisling me permettait de vivre réellement. Et si on s’aventurait dans quelque chose d’aussi dangereux que ce que pouvait être une relation, c’était comme se mettre un compte à rebours au-dessus de la tête signant probablement la fin de ce que l’on pouvait être. Et moi, j’pensais à ça. Je pensais à tout ce qui pouvait se passer. J’étais incapable de me dire que ce serait parfait et qu’on n’aurait pas de souci à se faire parce que je savais que ce n’était pas le cas. Alors non, je n’étais pas prête à foncer tête baissée dans quelque chose du genre. J’étais pas prête et peut-être que je ne le voulais pas. Mais d’un autre côté, y avait toute cette passion qui continuait à tournoyer dans chaque fibre de mon corps et je n’étais plus sûre de rien. Bien-sûr que je l’avais senti tout ça, bien sûr que sur l’espace d’un instant, j’avais voulu plus mais fallait savoir se montrer raisonnable et moi, je tentais de l’être. A moins que ce ne soit qu’une autre manière de tenter de me convaincre encore une fois. Et ma fuite faisait encore une fois des dommages. J’le voyais à sa façon d’agir, de bouger. J’étais en train de le rendre dingue et ça me mettait au plus bas de le voir de la sorte. Sauf que je ne pouvais pas lui dire ce qu’il avait envie d’entendre, j’étais incapable de faire ça. Je ferme les yeux tentant de taire ses mots. J’voulais pas entendre tout ça. Je ne voulais pas entendre les évidences parce que ça ne faisait que rendre les choses encore plus compliqué mais il semblait déterminé à ne pas me laisser le choix. J’faisais comment pour sortir d’une situation pareille moi ? J’en avais aucune idée. Et il revenait à la charge me faisant presque buter contre le mur, attrapant ma main pour la poser sur son cœur. « Pourquoi tu fais ça ? » Pourquoi tu ne te contentes pas tout simplement de ce que je peux te dire ? Pourquoi tu cherches à aller plus loin dans tout ça ? « Même si j’en avais envie, tu le regretterais bien rapidement. » J’suis pas une fille pour toi, j’ai bien trop changé pour ça. Ma liste de conquête se développe de jour en jour, t’en pourras plus de voir tous ceux que j’ai fais passer dans mon lit. Et tu le sais au fond parce que tu sais comment j’agis, t’essaie juste de voir le meilleur de moi alors que le négatif est omniprésent. « On est amis Aisling et si t’accepte pas ça, alors j’suis désolée mais c’est mieux que tu prennes tes distances. » Ou que je prenne les miennes. J’en sais rien mais putain, ça me déchire le cœur d’en être réduite à ça. Vraiment. J’ai pas envie de te perdre, j’ai pas envie de ne plus passer chaque instant de ma vie avec toi mais tu me laisses pas le choix. Tu me pousses dans mes retranchements et j’fais ce que je n’aurais jamais cru faire avec toi.

Il s’en arrachait les cheveux. Ne pas savoir, être dans l’ignorance la plus totale, le néant. Il ne supportait pas ça. Surtout quand ça concernait Agathe. Lui si compréhensif et ouvert d’esprit devenait fou à force de ne pas savoir la vérité, d’être mis à l’écart. Car c’est clairement ça. Elle l’écarte, le met de côté. Elle fait tout ce qu’ils s’étaient promis de ne pas faire. Tout ce qu’il s’était interdit d’instaurer entre eux. La distance. Elle peut être physique mais pas à ce niveau. Confidence pour confidence. Ça avait toujours été ainsi. Depuis aussi loin qu’il pouvait se souvenir, ce contrat invisible a toujours fait office de bible entre eux. On se dit tout. Il faut croire que ça a changé depuis. Elle veut mettre fin à la conversation, elle veut partir, faire tout pour lui cacher ce qui se passe dans sa tête, sous cette masse de cheveux blonds dans lesquels il veut passer ses doigts. Mais elle se ferme à lui, se recroqueville contre elle même. Aisling a clairement l’impression que tout ce qu’il fait est une erreur. Il n’aurait jamais du lui dire ces choses, il aurait du la fermer et ne rien dire. Il aurait du tout garder pour lui rien que pour pouvoir passer du temps tranquillement avec Agathe. Mais c’était trop. Toutes ces émotions. Toute cette envie refoulée. Tout ce monde qui s’écroule autours de lui sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Et quand ses lèvres touchent les siennes, quand son corps se colle au sien, quand il voit le désir dans ses yeux. Leur position change rapidement et son envie de la faire sienne s’envole au plafond. Oui, Aisling la veut, de toutes les manières possibles, mais elle le repousse, encore et encore et il ne peut pas s’empêcher de lui demander si elle veut de lui. Est-il si ignoble qu’elle ne veuille pas de lui ? Est-il si collant qu’elle ait besoin de s’éloigner ? Est-il si inintéressant qu’elle ne se confie pas à lui ? C’est lui qui cloche, c’est obligé. C’est lui le problème. Il a l’impression que tout est de sa faute. C’est sans doute le cas. C’est le cas. Il est celui qui pousse trop loin. Qui demande trop. Comme d’habitude. Il est l’erreur dans l’équation, la faille dans la mission. L’élément faible dans tout le système. Mais en même temps, il veut se battre pour elle, il veut se battre pour Agathe parce qu’il sent dans le fond de son cœur que c’est la bonne chose à faire. Le tout s’emmêle dans son esprit, les pensées positives et négatives se mélangent dans sa tête. Elle était sortie du lit, elle l’a fuit, mais il la suit. Encore. Tel un prédateur qui ne veut pas quitter sa proie. « Parce que … Parce que j’ai l’impression que c’est la bonne chose à faire.  » Comment expliquer à sa meilleure amie qu’on a l’impression d’être amoureux d’elle ? Leçon une. Nier. « Comment je pourrais regretter si tu ne nous donnes pas une chance ?  » C’est vrai, il doute de tout. De sa capacité à être un vrai homme, de ses sentiments, de leur relation, de la situation, de lui, d’elle. Il doute de tout, son anxiété jouant sur tout et n’importe quoi. Mais il ne peut pas vivre comme ça. Il doit réussir à passer outre ce sentiment oppressant. Mais la réponse d’Agathe finit de l’achever. Elle le tue à petit feu, aussi lentement qu’une asphyxie. Il manque d’oxygène, s’éloigne d’elle. Elle l’a poignardé en plein coeur avec ses mots. Il sait bien qu’elle ne veut pas de cette situation, mais c’est elle qui a prit l’initiative, pas lui. « On est amis mais ...  » Il se coupe lui même. S’il continue, il ne va faire que s’enfoncer, alors autant ne rien dire. « On est amis. Mais même ça, j’ai l’impression que tu as oublié ce que ça voulait dire car même en étant amis, tu ne me dis rien de ce que tu as vécu. Je peux comprendre. Mais même en étant ton amis, j’aurais voulu que tu me fasses confiance.  » Il a le coeur brisé, les larmes au bord des yeux, mais il prend une grande inspiration. Elle passe toujours en premier et si elle ne veut pas d’une histoire, il veut au moins essayer de sauver l’amitié. Elle se cache de lui, ne lui disant rien de ce qu’elle a vécu. Qu’a-t-il pu se passer de si terrible qu’elle ne veuille rien dire ?

because sometimes, you have to take risks to love fully — Crois pas que ça me plaît d’agir de la sorte. Ne crois pas que j’adore ce qui est en train de se passer entre toi et moi. Regarde-nous putain. Regarde où est ce qu’on en est à cet instant présent. Parce que merde, c’est typiquement le genre de chose qui n’aurait jamais du arriver. Indestructible, hein ? J’avais plus vraiment l’impression qu’on l’était. On était en train de se déchirer comme les trois quarts des gens alors qu’on s’était mutuellement promis que jamais un truc pareil ne pourrait nous arriver. Mais là, on fait clairement pâle figure. On est juste ridicule et.. C’est autant de ma faute que de la tienne. Parce que tu ne peux pas nier ta part de responsabilité dans tout ça. J’veux dire, merde quoi. Tu fais exprès de pousser plus loin, de me faire des reproches alors que ça aurait pu être tellement plus facile si t’avais pas pris la parole sur ça. Et moi, je sais plus quoi faire. Tu me plonges dans un état de panique intense et j’ai juste envie de prendre mes jambes à mon cou. De tout envoyer valser et ne pas me retourner parce que je suis incapable de nous regarder nous déchirer de la sorte. « T’as une mauvaise impression ! » Et j’hausse la voix parce que malgré moi, j’ai les nerfs qui lâchent. Puis qu’est-ce que j’y peux au final ? C’est lui qui me met dans cet état, ses réactions. J’ai le cœur qui explose littéralement en des milliers de fragment quand je vois son regard. Putain mais comment est-ce que je peux lui faire autant de mal ? Et je me déteste tellement à ce moment précis, je me déteste de lui faire subir ça et je le déteste de me pousser à agir comme ça. « Arrête, ça ne sert à rien ! » Y a pas de chance à donner quand c’est perdu d’avance. Et tu me rends folle parce qu’à chaque seconde ça devient de plus en plus difficile de te résister. T’as pas le droit de me mettre dans cette position. T’as tellement pas le droit de me faire un truc pareil. T’es en train de me rendre dingue et j’vais juste finir par craquer complètement. « Mais quoi ? » Allez, termine donc ta phrase. J’attends. On est amis mais quoi ? Et j’sens que je vais pas aimer la suite mais t’as commencé alors fini donc. « Oh.. » J’ai l’impression de prendre un coup de couteau en pleine poitrine. Je suffoque, j’ai du mal à respirer, je passe mes mains dans mes cheveux à plusieurs reprise m’attardant sur mes tempes comme si ma tête était à une seconde d’exploser. « Désolée d’être la pire amie du monde Aisling. » Je sais même plus quoi te dire et si selon toi j’ai oublié la définition de l’amitié, j’sais pas ce que je fais aussi. Les mains tremblantes, j’en pose une sur la poigné de la porte pour l’abaisser te tournant alors le dos. J’ai plus la force de te regarder. Pas ce soir, pas maintenant. J’ai besoin de m’enfuir, d’ici et de ta présence. « J’espère sincèrement qu’un jour tu comprendras que ce n’est pas une question de confiance. » Parce que j’ai toujours cru en toi, j’ai confié ma vie entre tes mains des milliers de fois et ce que tu viens de me balancer, c’est sûrement le truc le plus douloureux au monde. J’ai plus envie de t’affronter. « J’aurais jamais du revenir. » Et ça c’était cruel.

C’est dur. C’est difficile. Il se voit plonger, couler, se noyer dans ses yeux. Mais aussi mourir dans son coeur. Jamais il n’a eut aussi mal depuis le jour où il a tenté de mettre fin à sa vie. Et c’est simple. La raison est évidente. Se faire rejeter par la personne que l’on aime est aussi difficile que de vivre sans aucunes raisons. Pourquoi continuer quand on est un outcast ? Quand on n’est pas aimé, désiré ? Il n’y a pas de raisons. Mais malgré la douleur, malgré la peine, il reste debout, il reste là. Il n’a aucunes intentions d’abandonner, que ce soit sa vie, que ce soit elle. Il veut garder Agathe dans sa vie, même si elle n’est qu’une amie, une presque meilleure amie parce qu’il sait très bien qu’après ce soir, rien ne sera comme avant. Il a brisé un lien, cassé une connexion pour lui. Il a pensé à lui avant et ça lui a fait du tord. Il ne recommencera plus. Il finit par dire tout ce qu’il a sur le coeur, par dévoiler ses sentiments, montrer sa faiblesse. Mais Agathe est bornée, têtue comme une mule. S’il y a bien une chose qu’il sait sur la blonde, c’est que rien ne peut la faire changer d’avis. Quand elle est arrêtée sur une idée, pas même un ouragan ne pourrait la faire changer d’avis. Il aime ça chez elle. Sa détermination. Son tempérament de feu et sa conviction que son avis a un sens même si pour le reste du monde, il n’en a pas. Ouais, ça sert à rien d’essayer de la convaincre. Elle ne veut pas comprendre, entendre raison. Elle suit son idée et c’est tant mieux pour elle. Au moins, elle ne sera pas coincée dans une relation qu’elle refuse, dans un monde étranger et une réalité illusoire. Au final, ce n’est plus la possible histoire d’amis qu’il y a entre eux qui est remise en cause mais leur amitié. Aisling ne comprend pas pourquoi elle ne se confie plus, pourquoi elle se ferme, même à lui. Pourquoi a-t-elle aussi bouclé son coeur à lui alors qu’elle avait l’habitude de tout lui dire ? Pourquoi est-il dans le noir complet la concernant ? Ils n’ont jamais été ainsi. Ils n’ont jamais été des étrangers l’un pour l’autre. Au contraire. S’il y a bien une personne qui connaît Aisling mieux que personne, c’est Agathe. Gardienne de ses secrets. Protectrice de son coeur. Elle a tous les bons rôles aux yeux du jeune homme. Elle avait. A présent, il doute. Il doute de son honnêteté et de leur lien si particulier. L’as-t-elle remplacé ? Dit-elle ces choses si personnelles à une autre personne ? « Je n’ai jamais dit ça Agathe. » Il essaye de la raisonner mais c’est comme parler à un mur. Bornée vous dis-je ! Elle pose sa main sur la poignée de la porte, prête à partir. Il est raide comme un bout de bois, complètement statique. Il a peur que le moindre mouvement la fasse fuir, mais elle a déjà un pied dehors. « J’espère aussi. » Ses mains dans ses cheveux, il les tire en arrière comme à chaque fois qu’il sait qu’il est au bord du gouffre. Il pourrait commencer à ronger ses ongles de manière frénétiques que ce ne serait pas étonnant. Mais les dernières paroles d’Agathe le réveille d’un coup. Hors de question qu’elle ne dise ça. « Je t’interdis de dire ça Agathe. T’es la meilleure chose qui me soit arrivée. Je n’aurais pas été grand-chose si tu n’étais pas arrivée. Alors non. On a beau avoir un différent ce soir, ça ne veut pas dire que je souhaite que tu ne sois jamais revenue. Au contraire. » Il ferme la porte, la laissant à l’intérieure, faisant face au dos de la blonde. « Je préfère qu’on se dispute plutôt qu’on soit éloigné l’un de l’autre encore une fois. Vivre sans toi était un enfer. Un cauchemar dont je pensais ne jamais me réveiller. »

because sometimes, you have to take risks to love fully — Mais cruelle, je l’étais. C’était une des nouvelles facettes que j’arborais depuis que j’étais revenu et si par instinct, je ne l’avais jamais dévoilée devant Aisling pour ne pas entacher l’image qu’il pouvait avoir de moi, aujourd’hui, je ne tenais plus. Les mots devenaient trop violent, trop assassins. J’avais l’impression d’étouffer dans tout ce que l’on pouvait s’envoyer. Incapable de se comprendre, incapable de trouver un compromis. Peut-être était-ce de ma faute tout ça. Peut-être lui avais-je laissé penser qu’on pourrait être plus que ce que l’on était déjà. Mais il était tout aussi blâmable à insister de la sorte, à ne pas juste mettre tout ça derrière pour nous pour se concentrer sur ce que l’on avait toujours été. Et je ne comprenais pas l’acharnement dont il pouvait faire preuve. Pourquoi cherchait-il autant à me faire dire des choses qui ne sortiraient définitivement pas de ma bouche ce soir. J'étais fatiguée, perdue et mes envies de fuite reprenaient le dessus me faisant paniquer plus que de raison. Puis quoi ? Remettre notre amitié sur le tapis comme ça ? C’était pas la meilleure des solutions et j’avais l’impression que tu t’amusais à me mettre des coups de poignard en plein cœur pour me faire lâcher prise. Je détestais ce que je ressentais à ce moment précis parce que la douleur était trop fulgurante et que j’avais plus l’impression d’avoir cette bulle de sécurité autour de moi. Pourtant, c’était normalement ce qui nous caractérisait. Etre avec toi, c’était mon havre de paix mais ce soir, tu déchaînais tout chez moi à un tel point que j’aurais voulu disparaître. « Tu l’insinues, c’est encore pire ! » Et je ne sais pas pourquoi tu nous lances dans ça, pourquoi tu cherches à me mettre hors de moi mais tu le fais. Et peut-être que c’est totalement inconscient de ta part mais j’ai pas la force de te trouver des excuses ni même de me calmer. Y a tout qu’est en train de s’écrouler autour de nous et qu’on le veuille ou non, rien ne sera plus jamais pareil. Tu viens de péter tout ce qu’on avait pu construire en cinq ans en l’espace de quelques minutes et je pourrais probablement te détester pour ça. Ma main sur la poignée, j’suis prête à m’enfuir, à m’en aller mais la sienne vient refermer la cloison m’emprisonnant dans cette pièce qui me donnait l’impression d’étouffer. « Et pourtant t’arrêtes pas de me faire des reproches. ‘Pourquoi tu ne me parles plus Agathe ? ‘ ‘Qu’est ce que tu me caches Agathe ?’ ‘T’es pas comme avant Agathe ! ‘ » Ouais, j’étais littéralement en train de laisser ma colère exploser. « Ce sera jamais comme avant parce que je ne suis PLUS comme avant. Et si t’es pas prêt à accepter ça, si t’es pas prêt à accepter que je taise certaines choses alors non, j’aurais pas du revenir ! » J’reste toujours de dos, incapable de te regarder, de te faire face. J’peux pas, j’ai pas le courage. J’y arrive plus ce soir, j’ai plus envie d’être là et c’est la première fois que ta présence me donne envie de courir le plus loin possible. « Tu me forces tous les jours à me rappeler avec tes questions mais j’ai pas envie de le faire. Et t’as pas le droit de me faire vivre l’enfer parce que je refuse de te parler de ce qui s’est passé là-bas. » Je sais que je suis violente, que je vais loin, que je te fais tous les reproches du monde mais c’est la colère qui s’exprime et y a juste tout qui sort. « Laisse-moi sortir Aisling. » Vraiment.