game on — « Semble-t-il que je fais souvent cet effet, à croire que mon charme ne cesse d’opérer. » Je ne pouvais déroger de ma véritable nature. Autrement dit, la femme sûre d’elle et pleine de confiance. Alors forcément que pas une seule seconde je ne souhaitais jouer la gourde de service peu sûre de l’attraction qu’elle pouvait avoir sur les hommes. Mais d’un autre côté, j’avais du mal à décider s’il était bel et bien sous le charme ou si ce n’était rien d’autre qu’un de ses nombreux mensonges. « Oh, tu me laisserais vraiment ce plaisir ? » J’avais pourtant cru comprendre que Cole et sa Rolls c’était une grande histoire d’amour. Du genre à être presque effrayante. Une telle proposition était inattendu et pourtant attrayante. « Oui, cette Romy. Enfin, c’est la sœur jumelle de.. Quelque chose Strudwick. La petite brune là. » Impossible de remettre un prénom sur cette nana-là. Mais j’étais certaine que les deux étaient jumelles et ça, ce n’était pas que des rumeurs ou des bruits de couloir. « Mais je n’étais pas au courant que la présidente Quincy était ton ex. » Mensonge, bien sûr que je le savais. « On peut dire que tu as du goût en matière de femme. » Elle était loin d’être moche blondie, moi-même j’avais lorgnée un peu trop souvent sur son physique à la limite de la perfection. Fallait être aveugle pour dire le contraire. « Plus vraiment. J’en ai croisé un et la conversation était.. Stérile. » C’est fou ce qu’ils pouvaient être inintéressant en fait. Je ne comprenais même pas comment j’avais pu passer autant de temps avec eux. « Pourquoi ce questionnaire ? »

   Si jusqu’à présent, j’avais le droit à des petits sourires, des coups d’œil intimidés, des flatteries impressionnées, je sentis un revirement lorsque je soulignais mon côté plus charmé que charmeur. Soudain plus d’assurance, une confiance en elle affichée et assumée, elle affirma faire souvent cet effet. Ca m’amusait de constater cet aspect là de sa personnalité. La vanité, l’aplomb, la grande estime de soit, c’était ce qu’on attendait des membres de notre confrérie. Qu’ils défendent ardemment notre étendard. Mon regard voyagea quelques secondes sur le volant entre mes mains, mon bijou, comme elle l’avait appelé et je me risquais à cette proposition, gros effort de ma part : la laisser conduire ma Rolls. « Oui… » Mon ton n’était malgré tout pas très assuré, l’expérience traumatisante de mon voyage avec Kyla encore en tête. Et puis, je venais de dépanner Agathe pour une panne, et si la –casse- moteur était du à une conduite catastrophique de la blondinette ? « … sur le parking de la Eliot House. » On allait pas prendre trop de risques quand même. « T’as ton permis sur toi ? Que je vérifie quand même avant… » Je me renseignais ensuite sur les informations qu’elle avait pu tirer de ses anciens camarades d’autres confréries et l’idée d’une vengeance mather m’amusa grandement. Surtout quand Agathe parla du lien du parenté qui unirait Romy à Strudwick soit disant. « C’est pas une petite brune c’est un petit brun. C’est un mec. Mais je t’accorde que la confusion peut facilement être faite. On n’est pas très viril le président mather. » me moquai-je, en pensant que c’était d’Alexander qu’elle parlait. J’avais lâché rapidement le prénom de mon ex, et apparemment ma bizut ignorait cette ancienne histoire. Haussement d’épaules lorsqu’elle souligna mon bon goût : « Ou alors ce sont mes ex qui ont du goût. » Histoire de m’envoyer quelques fleurs moi aussi, puisque j’avais compris que la modestie n’était pas le trait principal de caractère de la demoiselle. Hochement de tête pour approuver le manque d’intérêt qu’elle portait aux quincys qu’elle avait recroisé. « Ils ont surtout fait l’erreur de leur vie en arrêtant notre alliance. Ils auraient pu enfin briller, être sur le devant de la scène… » Ouais en fait, dans l’histoire, ça avait été nous les altruistes d’accepter de s’allier à eux. Notre BA de l’année. Réduite en miettes désormais. « Je me renseigne sur toi… Je veux me rendre compte de jusqu’où va ta loyauté… » Jusque dans mon lit ? « On est arrivés. » soufflai-je en arrivant devant la devanture du bâtiment. « Tu veux prendre les commandes un peu alors ? » demandai-je en m’arrêtant sur le parking, prêt à lui céder un peu le volant.  

game on — Parce que pour la peine, ça en était clairement un. Et s’il tentait d’avoir quelques informations par ce biais je pouvais comprendre mais autant me demander les choses clairement. Je m’appliquais vraiment à avoir ma place à la Eliot House, loin de moi l’envie de les trahir ou de garder de côté des informations pouvant être jugées importantes. Preuve étant que je lui parlais du sois disant plan mis en place contre lui. Preuve étant que j’en venais à ridiculiser certains Mathers pour mon bizutage sans même rechigner. Je prouvais jour après jour que je voulais faire partie de cette élite, pas vrai ? « Je me doutais bien que tu ne me ferais pas assez confiance. » J’esquissais un sourire pas le moins vexée du monde. Après tout, il chérissait sa Rolls comme si elle était sa femme et encore que j’étais certaine que même l’élu de son cœur n’aurait pas le droit à un traitement du genre. Et quand je l’entendais reprendre la parole, je partais dans un fou rire incroyable manquant presque de m’étouffer. « Non non, je te jure que la Strudwick à tout ce qu’il y a de plus féminin. » Me mordant la lèvre je tentais de retrouver son prénom sans grand succès. Je savais juste que c’était un truc weird pas spécialement commun. « C’est la femme du président d’ailleurs. » Ou sa sœur, je ne savais plus trop à ce point là mais c’était pas mes histoires de toute façon. « Je te l’accorde, on va pas se mentir t’es plaisant à regarder. » Donc effectivement, le fréquenter c’était avoir du goût d’un point de vue physique. Parce qu’intérieurement par contre, c’était pas joli joli. « Encore et toujours des tests.. » Ne serait-il pas légèrement parano sur les bords ? « N’ais-je pas déjà prouvé mon implication ? » Je demandais comme ça, histoire d’avoir son avis, histoire d’être au courant de ce qu’il pouvait penser. Et finalement, on arrivait devant la bâtisse qu’était l’Eliot House et j’haussais les épaules l’air de rien. « Non, on devrait garder ça pour un autre jour. » J’passais une main dans mes cheveux esquissant un sourire. « Ce sera une excuse pour te revoir. » Visage angélique à l’appui et hop, Cole dans la poche.

  J’allais quand même pas la laisse prendre les commandes comme ça non ? C’était normal que je m’inquiète quand même de vérifier au moins son permis de conduire, surtout que je venais de la dépanner pour une casse moteur à l’instant… Puis ce n’était pas une vulgaire ford quand on en voyait à tous les coins de rue. C’était ma Rolls quoi… Sauf qu’à l’instant où je précisais le lieu où je comptais lui céder le volant et que je lui demandais si elle avait ses papiers sur elle, miss Thomspers  souligna mon manque de confiance… Ou comment me faire flipper et voir mes espoirs d’une fin de soirée torride avec elle s’éclipser. Je ramais donc un peu, essayant de rattraper le coup : « C’est pas ça… Mais… C’est une voiture précieuse, sentimentalement parlant… On me l’avait volée, je viens juste de la retrouver alors… » Alors même toi, à poil devant moi, me demandant de te faire sauvagement l’amour sur le capot de ma Rolls Royce, ça me ferait tiquer parce que j’aurais peur pour la carrosserie… Maniaque matérialiste obsessionnel bonjour… Heureusement, la conversation ensuite s’allège et elle pouffa et me corrigea ensuite, elle parlait bien d’une femme, pas du président mather, mais de sa potiche de femme/sœur/cousine ou je sais quoi. « Ha oui, j’ai vaguement entendu parler de leur drôle d’histoire de famille. J’ignorais que Feryel était apparentée à toute cette racaille… Une bonne chose que nous ne soyons plus ensemble faut croire. » Je m’auto-lançais quelques fleurs lorsqu’il s’agit de parler de mes exs. Fleurs qu’elle appuya également, gonflant un peu plus mon égo et ma confiance dans l’issue sulfureuse de ce dépannage nocturne. Elle soupira de me voir toujours sur mes gardes. « On ne la prouve jamais assez. » L’implication, la loyauté, l’amour pour sa confrérie. « Je ne t’ai pas encore validée, ton bizutage n’est pas fini. Donc les tests non plus. » m’amusai-je à répliquer, petit sourire supérieur aux lèvres, jouissant de ce pouvoir que j’avais entre mes mains. En arrivant devant la Eliot, je lui laissais quand même l’opportunité de prendre ma place côté conducteur mais elle remit ça à plus tard, soufflant l’occasion que ça lui ferait de me revoir. « Allons bon, tu n’as besoin d’aucune excuse Agathe… » Je coupai le contact, descendis de mon véhicule et vint lui ouvrir la portière, lui tendant la main. « Je t’invite à boire un verre dans ma chambre ? » proposai-je alors.

game on — « Je comprends, t’en fais pas. » Et puis j’allais pas me vexer pour si peu de toute façon. C’était pas le genre de détail dont j’allais faire un drame et au pire, même si je ne conduisais pas sa voiture ça n’allai pas changer grand-chose à ma vie. J’étais pas le genre de nana à prendre la tête pour un oui et pour un non, bien au contraire. Il finirait bien par s’en rendre compte.. Quoi que tout dépendrait comment virerait nos rapports puisque clairement, on était tout les deux en train de jouer contre l’autre même si lui n’en avait pas encore conscience. « Comme Romy et Feryel sont pas réellement sœur, j’suppose que du coup elle s’apparente pas vraiment à cette famille. » Je cherchais pas à prendre la défense de quiconque c’était juste d’un point de vue logique de toute façon. « Pas faux, mais je suis certaine que tu me valideras dans tous les cas. » Après tout, j’étais exemplaire depuis le début, il ne pouvait pas dire le contraire. Toujours avec ce sourire aux lèvres, je ne pouvais m’empêcher de rire à sa remarque appréciant tout de même l’insinuation qu’il venait de placer mais j’attendais qu’il m’ouvre la portière avant de reprendre la parole. « Avec plaisir, ce sera un souvenir de notre première rencontre. » Faudrait juste que je trouve comment m’en sortir par la suite pour ne pas passer par la case on se saute dessus et on vire nos fringues. « Mais si je comprends bien, t’apprécie assez ma compagnie pour accepter de me voir n’importe quand. » Ce qui aurait pu être pire que flatteur si tout ça n’était pas qu’un coup monté.

   Compréhensive, pas de crise, j’aime. Elle me plaisait cette petite Agathe. Le calme, la maitrise, le contrôle, voilà des qualités essentielles et recherchées chez les membres de notre honorable confrérie. Les fous, les hystériques, les rageux, ils avaient leur place partout ailleurs mais certainement pas chez nous. J’étais plutôt content de constater un certain côté mesuré et pondéré chez la demoiselle. On évoqua vaguement mon ex, mais je classais vite le sujet. J’avais encore en travers de la gorge la rupture. Pas la rupture avec Feryel, ça non, ça allait, pas la première à me larger, et probablement pas la dernière. Non, ça mon égo s’en remettait surtout que ce n’était pas véritablement ma petite amie, mais surtout une couverture. Non, c’était plutôt la rupture de notre alliance avec la quincy qui me vexait, moi, en mon âme de VP Eliot. Oksanna me répétait assez que je gâchais tout ce qu’elle essayait d’entreprendre de bien pour la confrérie. J’avais vraiment mon blason à redorer auprès de ma soeurette. Peut être que l’option -harcèlement sexuel sur bizut- serait à éviter… Pourtant, une fois sur le parking de la Eliot, je l’invitai à me suivre jusque dans ma chambre. Elle cita notre premier tête à tête là bas et je souris : « Ca nous fera un nouveau souvenir ensemble ainsi… » Oh et mon sourire en disait un peu trop long sur le genre de souvenir que j’avais envie de construire avec elle… On se dirigea vers le bâtiment, mon bras s’enroulant autour d’elle, ma main alla se glisser dans le bas de son dos alors que je répondais : « N’importe quand oui. Que veux-tu, je suis un vrai chevalier servant. Toujours là pour aider. » On passa l’entrée, marchant dans le hall désert avant de rapidement emprunter les escaliers menant aux chambres. Je la laissais, grand gentleman, passer devant moi, occasion surtout de profiter de la vue qu’elle m’offrait de sa chute de rein après avoir grimpé quelques marches…