Dans tous les cas, je ne cherche pas à mentir. Je n’y aurais aucun intérêt et risquerais plutôt de me faire pincer violemment par la suite. Autant mettre toutes les chances de mon côté en jouant l’honnêteté plutôt que risquer voir les choses se retourner contre moi par la suite. Au moins, là, il n’y aurait aucun doute, aucune surprise. En aucun cas il ne pourrait me faire le moindre reproche sur mon passif si d’emblée je lui disais tout ce qu’il y avait à savoir. « Echouer ne fais pas partie de mes capacités. » Et peut-être que je fais preuve d’un trop plein de confiance en moi mais il est hors de question de rater mon admission à la Eliot House. Je suis prête à n’importe quoi pour parvenir à mes fins, y a aucun risque de ce côté-là. « Je compte sur toi pour l’apprentissage. » J’souris une nouvelle fois, ma langue venant humidifier ma lèvre inférieure. J’ai l’impression qu’au final, ce bizutage sera bien plus sympa que ce que j’aurais pu penser de base. Le courant semble bien passer et j’suppose que le reste sera donc une partie de plaisir. « Un double-jeu ? Je suis douée dans ce domaine. » Et ce ne sera pas la première fois. Au fond, si t’as les bons arguments, tu pourrais peut-être me convaincre de faire quelques petits trucs pour toi. « Les écraser du genre.. Les réduire à néant ? » Ils en sont déjà pas très loin de ce néant à proprement parler mais causer leurs pertes, pourquoi pas. Après tout, je n’y vois pas d’objection. La pitié c’est pour les faibles, je n’en dispose plus maintenant. « Donc, en échange d’information et de dilapidation de mathers, tu me promets une entrée sans encombre à la Eliot et une protection vis-à-vis de la présidente ? » J’fais mine de réfléchir, décroisant mes jambes avant de me redresser. « Intéressant, je pense donc qu’on a un accord. » Main tendu pour donner plus d’ampleur au pacte. J’accepte Wildingham, et tu ne seras clairement pas déçu.

   J’étais plutôt satisfait de cette toute première rencontre avec ma nouvelle bizut qui s’avérait prometteuse. L’issue de son bizutage nous dirait si mon instinct était bon. En tout cas, elle avait su me rassurer sur son passé et sur les mauvais choix qu’elle avait opéré avant de nous rejoindre. D’ailleurs, je lui soufflai de continuer à entretenir quelques liens avec les vauriens de la mather house, son ancienne confrérie. Fière de ses liens, elle pourrait ainsi jouer double jeu et les écraser au moment venu. Ca semblait parfaitement dans ses cordes, et pour ma part, je me portais garant de sa défense auprès d’Oksanna, intransigeante sur la règle : pas de fréquentations mather. « Tu as tout compris. » J’avais donc désormais mon agent double. Le pacte se scella par nos verres qui s’entrechoquèrent à nouveau. « A ton intégration ! Bienvenue à la Eliot House Agathe ! » Le reste de la soirée fut l’occasion de sympathiser davantage, laissant un instant les plans diaboliques de côté pour discuter un peu l’un avec l’autre…