❝Look for the girl with the broken smile
Ask her if she wants to stay awhile
And she will be loved... ❞

« Tu sens bon aussi », murmura-t-elle. Je me pinçais la lèvre, la regardant avec attention même si l’éclairage de la chambre était vraiment très faible : nous n’avions pas pensé à allumer la lumière alors seul les lampadaires qui longeaient les rues éclairaient la petite chambre de l’étudiante en danse. Elle sourit, et je me rendis compte que je n’avais vu un sourire aussi beau sur le visage d’une fille, et que si on continuait comme ça, j’allais très vite tomber amoureux d’elle – si cela n’était pas déjà fait. Je ne savais pas ce qui m’avait pris, de lui dire ça comme ça, d’un coup surtout après le moment que nous venions de passer dans la salle de danse. Ca faisait un peu confus, non ? Un peu…le mec qui ne sait pas ce qu’il veut, et j’étais un peu confus c’est vrai, mais une chose était sûre : je voulais être avec elle. Je m’imaginais déjà aller la chercher, à la fin des cours et l’emmener en ville pour que nous nous fassions un cinéma et qu’on se mange une pizza juste après. Pourvoir passer des heures avec elle allongé dans l’herbe fraiche du parc où je l’avais emmené vendredi soir, à regarder les étoiles et parler de tout et de rien, de nos journées, de nos projets, de nos envies. Moi qui pensait que ce genre de chose n’arriverait plus jamais à la mort d’Aurore, et encore plus à la mort de ma mère et de mon fils. Mais j’étais sincère, quand je disais que je ne voulais pas lui faire du mal…et même si ça faisait rire Apple et que ça pourrait même en faire rire plus d’un, j’étais toujours persuadé que j’étais comme « maudit » avec toutes les personnes qui mourraient autour de moi les uns après les autres. Je vis son regard se baisser, et ce magnifique sourire qui était dessiné sur son visage depuis le début de notre rencontre, disparut en l’espace d’une seconde, surtout quand le mot « drogue » sortie de ma bouche. Je soupirais légèrement, je venais tout juste de lui faire du mal, alors que je voulais le contraire…qu’est-ce que j’étais idiot ma parole…

« Je ... », commença-t-elle, la voix tremblante. Je me pinçais la lèvre, sans la quitter du regard. « Tu ... » Je fronçais légèrement les sourcils, mon cœur commençait à battre très fort, je me sentais assez nerveux et j’étais persuadé à ce moment précis, que j’avais déjà tout gâché. Elle passa à côté de moi et je retirais ma main de sur la porte pour me tourner vers elle, appuyant à mon tour mon dos contre la porte, la regardant faire les cent pas dans sa chambre, elle avait l’air un peu…paniquée, et en colère. En fait, elle avait une expression assez bizarre, du moins, j’avais du mal à comprendre ce qui pouvait se passer dans sa tête, et c’était bien la première fois depuis notre rencontre que je ne la comprenais pas, ce qui était vraiment déroutant… Au bout d’environ trois milles pas, elle s’arrêta et se tourna vers moi, j’avais vraiment peur de ce qu’elle allait me dire…j’imaginais trois milles scénarios et je regrettais vraiment d’avoir dit ça, tout à coup. J’avais peur qu’elle me demande de partir d’ici, qu’elle me dise qu’elle ne voulait plus jamais me voir, qu’elle ne pouvait plus jamais entendre parler de moi… « Tu peux pas me dire ça comme ça, Jude ! Me dire que tu ne veux pas être un fardeau dans ma vie, alors qu'on a parlé il y a quelques jours à peine d'affronter nos problèmes ensemble ! » Je baissais la tête doucement, un peu honteux, me sentant tellement con. Je remontais la tête vers elle, elle se passa la main dans ses cheveux blonds et elle avait les larmes aux yeux, je n’arrivais pas à croire que je la faisais pleurer, qu’est-ce que je m’en voulais…

Je n’osais rien dire, elle avait son regard plongé dans le mien, je soutenais son regard… « Ma meilleure amie a claqué à cause de la drogue, hors de question que je te tourne le dos à toi! Je tiens à toi, et je ... Je suis bien avec toi ! Tu m'as moi, tu as Apple, et tu ne me créeras jamais plus de problèmes que ceux que j'ai déjà eu par le passé! Je veux t'aider, Jude. Si tu as du mal avec tout ça, tu m'as moi ... » Je déglutis, j’avais envie de baisser la tête, mais il ne fallait pas que je détourne mon regard. Elle s’avança lentement vers moi, et je la regardais faire alors qu’elle attrapait doucement ma main, je ne m’y attendais pas, je pensais vraiment qu’elle allait me jeter et j’aurais tout à fait compris, même si ça aurait été dur, vraiment très dur…Ces yeux se remplissaient de plus en plus de larmes et je me sentais de plus en plus coupable. « Je me suis jamais aussi sentie bien depuis longtemps aussi, Jude. Et tu viens de dire que toi aussi... Alors.. Faut pas qu'on gâche ça, alors qu'on peut se soutenir. Je peux te soutenir ... » J’hochais la tête et je serais sa main dans la mienne, en la tirant doucement vers moi pour passer ma main libre dans son dos, me penchant afin de pouvoir la prendre dans mes bras, en la serrant du plus fort que je le pus alors que je lui caressais le dos, « Pleure pas… », murmurais-je dans un souffle en fronçant légèrement les sourcils. Je me reculais un peu, et je caressais sa joue, juste en dessous de ses yeux pour éviter que les larmes coulent sur ses belles petites joues. Je la regardais et je déposais un tendre baiser sur sa joue, « J’suis désolé…j’ai juste…peur de te décevoir… » Je soupirais légèrement, en continuant de caresser sa joue calmement, pour le moment, je n’étais pas trop en manque, mais je savais que plus le temps allait avancer, plus ça allait être dur, et plus j’allais être…irritable, et au bord de replonger dès la première difficulté. Je posais mon front contre le sien, continuant de la regarder dans les yeux, « Je…je sais que j’y arriverais pas sans toi… »

Ϟ And up until now
I had sworn to myself that I'm content with loneliness
Because none of it was ever worth the risk, but
You are the only exception Ϟ

Les yeux embués de larmes, Roxanna guettait une quelconque réaction venant de Jude. Sa main dans la sienne, elle le fixait, son regard bleu se bordant progressivement de larmes. Elle avait toujours été très sensible au sujet de l'addiction, que cela soit d'alcool ou de drogue. Si son père n'avait pas été un tel alcoolique, peut-être n'aurait-il jamais haït Roxanna, et peut-être même qu'il n'aurait jamais levé la main sur elle comme il l'avait fait si souvent durant son enfance ... Peut-être qu'elle n'aurait jamais quitté cette maison en claquant la porte, en oubliant les bougies qu'elle avait laissées allumées dans le salon, et dieu seul savait comment cet incendie avait été provoqué. Mais en plus, l'addiction de Billie pour la drogue, une addiction que Roxanna ignorait totalement, l'anéantit. Elle qui pensait tout savoir de sa meilleure amie, voilà qu'elle découvrait qu'en vérité celle ci était une junkie, qui était morte d'une overdose. Depuis, soyez en surs, la jeune blonde déteste ces substances. Bien sur, elle est jeune, il lui arrive de boire, mais elle se tient toujours, plus que consciente des effets néfastes que la boisson alcoolisée peut avoir sur le comportement des gens, sur leur dépendance. Savoir que Jude avait lui aussi des problèmes de ce genre, fut un choc pour la demoiselle, et ce serait mentir que de dire que ce choc fut agréable. Mais elle n'était pas en colère, après tout, il avait bien dit qu'il essayait d'arrêter, et elle ne le connaissait pas avant, ce n'était pas comme si, comme Billie, il lui dissimulait la vérité. Il était sincère, et c'était une raison de plus pour laquelle Roxanna voulait l'aider. Pour l'empêcher de s'auto détruire tel que l'avait fait, deux ans plus tôt, sa meilleure amie.

Jude hocha la tête de haut en bas, et serra la main de Roxy dans la sienne en l'attirant contre lui. Elle se laissa faire, empêchant ses larmes de couler comme elle le pouvait, et se blottit dans les bras de Jude qui la serra de toutes ses forces contre lui après avoir passé une main dans son dos. Elle émit un léger sanglot, et leva doucement ses mains pour les passer, à son tour, dans le dos du jeune homme. « Pleure pas… », lui murmura-t-il tout en caressant son dos du bout des doigts. La jeune fille se mordit la lèvre inférieure pour se contraindre au silence. Mais la chose était tout sauf aisée, et elle inspira profondément, alors qu'une larme entamait sa course le long de sa joue chaude. Jude recula légèrement pour que son visage fasse face à celui de Roxy, et il épongea ses quelques larmes en passant ses mains sur ses joues, essuyant délicatement les gouttes d'eau pour les empêcher de rouler sur son visage. « Je suis désolée ... De réagir si brutalement, tu sais. Mais après mon père ... Et Hollu ... Je veux pas te perdre toi aussi. » Elle avait dit ça dans un souffle, pleurant encore à moitié. Elle essuya de nouvelles larmes, et Jude déposa une bise sur sa joue, alors qu'elle le regardait, se laissant faire, la même tristesse habitant son regard. « J’suis désolé…j’ai juste…peur de te décevoir… » lui dit-il alors, faisant automatiquement secouer sa tête de gauche à droite à la jeune blondinette. « Tu me décevras pas, je serais là ... Tu as des amis pour te tenir compagnie, aussi. Je sais que c'est dur, je t'en blâme pas... » dit-elle en prenant le visage du jeune homme délicatement entre ses mains, alors qu'il posait son front contre celui de Roxanna. Bien que n'ayant jamais été droguée, elle savait à quel point c'était difficile de se débarrasser de tout ça. « Je…je sais que j’y arriverais pas sans toi… » Roxy passa une main dans les cheveux du jeune homme, et se mit sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur son front, avant de le coller de nouveau au sien. Elle murmura de nouveau : « Je sais à quel point c'est difficile, de vouloir ... Se débarrasser des fantômes du passé, dirons nous. Mais c'est possible Jude, et je serais là. Toujours. Tu as juste à m'appeler et je débarque tu sais. Dans tes moments de ... Manque, tu as juste à m'appeler, je viens, je t'occupe, tu pourras même déverser ta frustration sur moi. Je ne bougerais pas d'un cil. Jamais. » Elle dit tout cela d'une traite, le regardant dans les yeux, sérieuse. S'il cherchait quelqu'un sur qui déverser sa colère, sa frustration, son besoin de drogue, elle serait là pour lui lier les mains, pour le faire revenir à la raison. A cet instant, elle s'en fit elle-même la promesse.

❝Look for the girl with the broken smile
Ask her if she wants to stay awhile
And she will be loved... ❞

J’avais commencé à toucher à la drogue, à la mort d’Aurore. Même si elle et moi avions rompus avant son départ pour l’Italie, je l’aimais toujours et j’avais toujours eu, un petit espoir que nous serions à nouveau réunis. A ce moment-là, j’étais jeune et naïf et la vie ne m’avait pas encore jouée ses pires cartes. Sa mort…évoqua tellement de choses, en moi. Elle m’avait rappelé la mort de mon père et aussi le fait que la mort, était autour de nous, prête à nous prendre chaleureusement dans ses bras dès qu’elle en aurait l’occasion. C’était horrible, de voir la vie de cette manière, surtout à dix-neuf ans, mais c’était le cas et ma mère m’avait vu plonger, petit à petit dans la dépression, l’alcool mais surtout, la drogue. Car je n’étais pas dépendant de l’alcool, je savais m’en passer même si, dans une soirée, il n’y avait pas de place pour le jus d’orange. Du moins, pas les fêtes et les lieux que j’avais pris l’habitude de fréquenter. J’avais fumé mon premier joint à dix-neuf ans, et l’effet que ça m’avait préoccupé m’avait tout de suite convaincue que c’était ce qu’il me fallait, pour oublier ma tristesse, même si c’était loin d’être la solution car, j’étais moins triste sous l’effet de la drogue, mais le lendemain, mon état était encore pire. C’est comme ça, qu’on plonge. Il suffit d’une fois. Une seule, petite fois. Quand j’appris que j’avais un fils et que j’eus sa garde, j’avais su arrêter de consommer tout ça, car je n’en prenais pas autant qu’aujourd’hui. Car aujourd’hui, c’était le pire : depuis la mort de ma mère et de Kyle, j’en consommais tous les jours, plusieurs fois par jour même, surtout le week-end où je n’avais pas cours. Je prenais de tout, je fumais des joints, je prenais de la coc’, de l’exta’, LSD… et il m’était arrivé plusieurs fois, de me piquer, en prenant quand même soin de prendre des seringues non usagé : étant en médecine, je savais les risques que pouvaient avoir des seringues déjà usagées.

C’était pour ça, que aujourd’hui, c’était beaucoup plus difficile d’arrêter. J’avais un peu le corps mutilé par les surprises que la vie m’avait offerte : j’avais un tatouage, sur l’épaule droite d’un cœur – enfin, pas un cœur comme on dessine sur une feuille de papier, un cœur, un vrai cœur humain comme on l’apprenait en fac de médecine) avec un poignard qui le transperce et écrit en dessous « Live through the pain » en dessous. J’avais également quelques marques à mes bras des multiples piqures que je m’étais fait pour la drogue, plus les cicatrices dans mon dos du à mon opération. En général, les filles ne remarquaient pas tout ça, car elles étaient trop bourrées pour s’en rendre compte et poser des questions, et c’était mieux comme ça. Encore un aspect, qui était absent dans ma relation avec Roxanna et qui me faisait un peu peur… « Je suis désolée ... De réagir si brutalement, tu sais. Mais après mon père ... Et Billie ... Je veux pas te perdre toi aussi. » Je me pinçais la lèvre, en essuyant doucement les larmes qui coulaient sur ses joues. Je n’avais pas envie de la perdre moi non plus…mais ça…c’était trop tard…je m’étais déjà attaché à elle, et pour ça, nous ne pouvions plus revenir en arrière… « Tu me décevras pas, je serais là ... Tu as des amis pour te tenir compagnie, aussi. Je sais que c'est dur, je t'en blâme pas... » J’étais soulagé, qu’elle ne soit pas en colère contre moi parce que, j’étais accroc à la drogue. Encore une fois, elle était énormément compréhensive…c’était incroyable, il fallait vraiment que je remercie trois cent fois Apple de me l’avoir présentée…cette fille était tout simplement parfaite et les garçons qui ne l’avaient jamais vu étaient vraiment tous cons. Les doigts de la jeune femme remontèrent dans mes cheveux et je fermais les yeux alors qu’elle déposa un baiser sur mon front.

« Je sais à quel point c'est difficile, de vouloir ... Se débarrasser des fantômes du passé, dirons-nous. Mais c'est possible Jude, et je serais là. Toujours. Tu as juste à m'appeler et je débarque tu sais. Dans tes moments de ... Manque, tu as juste à m'appeler, je viens, je t'occupe, tu pourras même déverser ta frustration sur moi. Je ne bougerais pas d'un cil. Jamais. » J’ouvrais les yeux pour la regarder, me posant des tas de questions : « tu pourras passer ta frustration sur moi », qu’est-ce qu’elle voulait dire par là, au juste ? Jamais, oh non jamais, je ne voulais qu’elle me voit en état de manque…et jamais, je ne pourrais lui faire du mal, passer ma frustration sur elle ou…lever la main sur elle ? Il en était hors de question, c’était impensable…impensable. Je lui souris, caressant doucement son nez avec le sien en la regardant dans les yeux et je me pinçais la lèvre, « Jamais j’te ferais du mal…jamais jamais jamais…j’te l’promet… » Je glissais mes deux mains sur ses hanches sans la quitter sur regard, puis je les glissaient dans le bas de son dos pour la coller un peu à moi et la sentir contre moi. « Je…tu crois que j’peux dormir ici… ? Enfin…j’veux pas partir… » Je baissais légèrement les yeux, j’avais encore peur qu’elle dise non, qu’elle le prenne mal ou une connerie dans ce genre-là alors que tout à l’heure, je m’étais posé les mêmes questions et c’était elle qui avait pris l’initiative de m’amener ici. Je souris légèrement et je remontais mes yeux vers elle, « Promis, je ronfle pas et…demain j’te ferais un p’tit dej’ demain matin ! ». Je ris légèrement, on aurait dit que je négociais quelque chose, mais j’avais vraiment très envie de passer la nuit avec elle, même si je n’avais prévu aucune affaire…

Ϟ And up until now
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Roxanna n'avait jamais été aussi sérieuse qu'au moment ou elle dit à Jude qu'elle serait là pour lui, pour l'aider dans son combat contre la drogue, pour pouvoir retrouver un style de vie normal, sans la moindre dépendance. Elle voulait l'aider, parce qu'il méritait tout sauf une telle vie, une telle vie qui pourrait le conduire directement jusqu'à la morgue. Lorsqu'elle lui parla de passer sa frustration sur elle, bien sur, elle parlait de déverser sa colère et sa mauvaise humeur ... Elle ne voyait pas en Jude un homme violent, après, elle pouvait toujours se tromper, elle ne le connaissait pas depuis longtemps. Apparemment, le jeune homme comprit un autre sens à la phrase de Roxanna, puisqu'il ouvrit les yeux et la regarda d'un air intrigué. Puis, il lui fit un sourire, caressant le nez de la jeune fille avec le sien. Elle fit un fin sourire à son tour. « Jamais j’te ferais du mal…jamais jamais jamais…j’te l’promet… » Elle hocha la tête de haut en bas, et un frisson la parcouru de la tête au pied, à l'entente de ses paroles. Pourquoi avait-il pensé directement qu'elle faisait allusion à la violence ? Elle fronça les sourcils un bref instant, mais son expression s'adoucit lorsque Jude glissa ses deux mains sur ses hanches, son regard toujours plongé dans celui de Roxy. Elle garda ses deux mains derrière la nuque du jeune homme, tandis que celui ci la rapprochait de lui en passant ses deux mains dans son dos pour la coller d'avantage contre son corps. Silencieusement, elle se lova dans ses bras, et reprit une respiration calme, son souffle s'étant accéléré avec les battements de son cœur après sa précédente "crise". Maintenant qu'elle savait cette histoire de drogue, elle se sentait encore plus proche de Jude, comme si, désormais, elle savait que son but serait celui de l'aider. Comme pour se racheter d'avoir du laisser partir Billie sans rien pouvoir faire. C'est bête à dire comme ça, mais elle s'en voulait déjà pour sa meilleure amie, elle ne laisserait certainement pas les choses se passer comme ça une seconde fois. Surtout avec Jude.

« Je…tu crois que j’peux dormir ici… ? Enfin…j’veux pas partir… » dit-alors Jude, faisant reculer à Roxanna son visage pour qu'elle lui fasse face. Il baissa les yeux, et Roxy fronça les sourcils, se demandant s'il avait honte ou un autre truc du genre. Laisser Jude rester dormir avec elle ? Il allait falloir qu'elle trouve quelque chose à se mettre, elle qui dort en général très légèrement vêtue. Et surtout, il fallait qu'elle soit prudente : Un homme et une femme dans un lit, ça joue pas forcément au Monopoly. La jeune fille se mordit la lèvre inférieure, puis Jude argumenta de nouveau en levant son regard vers elle, lui faisant faire un demi sourire: « Promis, je ronfle pas et…demain j’te ferais un p’tit dej’ demain matin ! » Elle rit à la suite de sa remarque, et se pinça les lèvres, avant de sourire d'un air malin. « Si tu proposes le petit déjeuner ... Ça change tout. » En vérité, elle mourrait d'envie qu'il reste, rien que dormir auprès de lui, et savoir qu'elle n'était pas seule dans sa chambre. Elle hocha finalement la tête de haut en bas, rougissant un peu « De toutes manières, je crois même pas que j'aurais le courage de te laisser repartir chez les Mather... Je suis sure que leur soirée n'est même pas finie. » Elle grimaça en pensant à cette maison : Eux, la drogue, ça les connaissait. Raison de plus pour ne pas laisser Jude y retourner cette nuit. Elle se décolla doucement de lui, et recula jusqu'à sa salle de bain : « Bon par contre bouges pas, je reviens, je vais pas dormir habillée comme ça... » Elle rentra dans la pièce après avoir pris des fringues à la va vite dans son tiroir, et s'enferma. La robe de Roxanna voltigea direction la panière, ainsi que le reste de ses fringues. Elle enfila un débardeur, et un short. Devant son miroir, elle brossa sa longue chevelure blonde, se brossa les dents, se démaquilla, et sortit de la salle de bain en toute hâte, se retrouvant face à Jude. « Heu, hum, si tu veux passer par la salle de bain, libre à toi d'y aller, la place est libre ! » dit-elle, gênée. Ça lui faisait ... Bizarre, d'être ainsi devant lui.

Pendant qu'il faisait un aller retour à la salle de bain à son tour, Roxanna tira ses draps, sortit un deuxième oreiller, et alluma la petite lampe au dessus de son lit, en attendant que Jude vienne la rejoindre. Il devait avoir l'habitude de dormir avec des filles, ou du moins Apple, avec elle Roxy savait qu'il ne faisait rien. Lorsqu'il revint, Roxanna tendit la main vers lui, il la prit, et vint se poser près d'elle, sous les draps. Elle éteignit la lumière, et se permit juste de lui effleurer les lèvres, doucement, une main posée sur son torse, avant de se blottir contre lui. « Si y a un soucis, réveilles moi, hein ...? » dit-elle, hésitante. Il semblait plutôt bien, tout comme elle, d'ailleurs. Il demeurèrent ainsi blottis l'un contre l'autre, jusqu'à ce qu'elle s'endorme, ainsi que Jude.
Hélas, la nuit commença mal. Très mal. Des flammes, des cris, les sonneries stridentes des voitures de pompiers... Un flot d'images traversa la mémoire de Roxanna. Elle se revoyait, adolescente, allumant des bougies, claquant la porte violemment. Puis elle se revit, face à son père, une bouteille à la main, alors qu'il venait de la jeter au sol violemment. Elle sentait encore la plaie béante sur son bras, d'où du sang s'écoulait, après qu'elle ait heurté le coin de la table de plein fouet. "C'est de ta faute, Roxanna. Tu n'est qu'une sale gamine qui sème la mort autour d'elle. Tout comme tu as tué ta mère en venait au monde!" Il leva la main, elle tressaillit. Puis tout à coup, un hurlement retentit dans la chambre d'étudiante de la jeune danseuse. Elle venait de se réveiller en sursaut, et sa cicatrice au bras droit la brulait, comme si tout cela avait été réel. Comme si tout s'était reproduit. Ce jour ou, successivement, son père l'avait marquée à vie, et elle, avait tué cet homme alcoolique et violent. « Ah ! » Elle s'agrippa à ses draps, tremblante, le souffle court, saccadé.

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Je n’osais même pas imaginer la tête d’Apple, si je lui disais que j’avais dormi avec Roxanna. Je prévoyais plusieurs réactions : une réaction de fille choquée, parce qu’Apple, dans le genre prude, était la reine même si j’avais l’impression qu’elle changeait petit à petit vis-à-vis de ça. Quand je pensais que la jeune femme avait pour la première fois dormi avec Océan la semaine dernière après deux ans de relation et qu’elle s’en sentait coupable et honteuse…J’avais un peu du mal à comprendre pourquoi elle réagissait comme ça vis-à-vis de ça. Elle pouvait être croyante oui, mais à ce point…C’était rare, les gens aussi croyant, surtout à notre époque et à notre âge. La jeune femme avait déjà essayé de me « convertir », elle me disait que si je priais, Dieu entendrait ma misère et qu’il m’aiderait, mais je n’y croyais pas. Elle m’avait emmené à l’église plusieurs fois dans l’espoir que j’ai le déclic, mais je savais éperdument que ça n’arriverait jamais : si son Dieu était si génial que ça, pourquoi y avait-il autant de misère dans le monde ? Et surtout…pourquoi m’avait-il fait subir tout ça ? C’était injuste, de s’acharner autant sur une personne, non ? Si son Dieu existait, alors, c’était un vrai salaud. Enfin bref, j’avais quand même hâte de parler à Apple de tout ça même si je savais qu’elle viendrait d’elle-même me demander où nous en étions. Elle était carrément dingue, elle m’avait même déjà parlé d’enfants et de mariage. Non pas que ce genre de chose me fassent fuir, mais c’était surtout que c’était beaucoup, beaucoup trop tôt pour penser à ça. Je préférais ne pas trop penser au futur, et essayer de ne plus m’attarder sur le passé afin de pouvoir profiter au maximum du présent.

Elle hésita, et je pouvais le comprendre, moi-même j’avais hésité de lui proposer de rester. Mais c’était en tout bien tout honneur. Je ne voulais pas la quitter maintenant, et j’avais un peu peur de retourner chez les Mather où la fête n’était probablement pas finie. Mine de rien, c’était encore plus dur d’arrêter quand je savais que tous les gens en bas étaient en train de se bourrer la gueule et de consommer de la drogue. Mais il fallait que je sois fort…Roxanna avait raison, j’avais des amis pour m’aider et puis aujourd’hui, je l’avais elle…Et les gens qui tenaient à moi, et à qui je tenais aussi, méritaient que j’essaie de m’en sortir dignement et d’arrêter mes conneries. Et puis…si ma mère était vraiment là-haut, et qu’elle me regardait, elle ne devait vraiment, vraiment pas être fière de moi. « De toutes manières, je crois même pas que j'aurais le courage de te laisser repartir chez les Mather... Je suis sure que leur soirée n'est même pas finie. » Je souris légèrement, elle avait pensée comme moi, décidément. Elle se recula doucement vers la salle de bain, « Bon par contre bouges pas, je reviens, je vais pas dormir habillée comme ça... » J’hochais la tête doucement et je lui souris alors qu’elle s’enferma à l’intérieur. Je m’avançais dans sa chambre, regardant un peu partout, les photos qu’elle avait accrochée sur le mur. Elle ressortie quelques minutes plus tard, en short et en débardeur, avec un air un peu gêné. J’hochais donc la tête en lui souriant, allant dans la salle de bain à mon tour même si je n’avais prévu aucune affaire pour dormir. Je me contentais donc de passer de l’eau froide sur mon visage, enlevant mon tee-shirt et je ressortais de la salle de bain assez rapidement.

La jeune femme avait ajouté un coussin pour moi et elle avait allumé la petite lampe de sa table de chevet. Ca me faisait bizarre, de dormir avec une fille comme ça, aussi innocemment : d’habitude, je le faisais uniquement avec Apple. Rox tendit sa main vers moi et j’embarquais sur le lit pour me glisser sous les draps, m’allongeant près d’elle alors qu’elle s’approchait de moi pour caresser ses lèvres avec les miennes après avoir éteins la lumière. Elle se blottit contre moi et je fermais les yeux, profitant de ce moment, souriant légèrement en pensant que à partir d’aujourd’hui, ce genre de chose serait fréquent, qu’à partir d’aujourd’hui, tout pourrait aller enfin mieux. « Si y a un soucis, réveilles moi, hein ...? » J’hochais la tête, gardant les yeux fermés et je m’endormais petit à petit pour une fois, sans penser à tous mes soucis. Je ne saurais pas dire quel rêve je faisais. En fait, je ne me rappelais jamais vraiment de mes rêves, peut-être était-ce un moyen de mon subconscient d’éviter de me rappeler des choses horribles. Petit, je rêvais souvent que j’étais à l’hôpital, avec ce crâne chauve dû à la chimiothérapie et cette peur de mourir. Parfois, quand je me réveillais aujourd’hui, je me rappelais avoir rêvé de ma mère, ou de mon fils, mais jamais aucun détail ne pouvait être remémoré, et je ne m’en plaignais pas.

J’ouvrais les yeux difficilement alors que j’avais senti une secousse dans le lit, et un léger cri. Je tournais mon regard vers le réveil qui indiquait deux heures quarante-trois du matin. Je tournais la tête dans l’autre sens, où était assise Roxanna, toute tremblante alors qu’elle serrait les draps entre ses doigts. Je fonçais les sourcils et je m’asseyais aussi, passant rapidement mes mains sur mon visage afin de m’obliger à me réveiller un peu plus. « Hey…ça va pas ? », murmurais-je doucement en déposant un bref baiser sur son épaule. Je m’approchais un peu d’elle et je pris une de ses mains pour qu’elle lâche le drap, la caressant doucement. Je lui soulevais le menton de ma main libre, tournant délicatement son visage vers le mien. « C’était qu’un mauvais rêve, j’suis là… ». Je l’attirais un peu vers moi pour al prendre dans mes bras, elle tremblait réellement de la tête aux pieds : ça devait être un cauchemar plutôt atroce pour qu’elle réagisse comme ça…un cauchemar ou….un souvenir ? La gardant contre moi, je murmurais doucement, « Tu veux en parler… ? » Je me reculais un peu pour pouvoir la regarder, elle avait vraiment l’air morte de peur, j’espérais vraiment que ça n’était pas ma présence qui avait provoqué ça…

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C'était fréquent, la nuit, que Roxanna se réveille en sursaut, hantée par des souvenirs qui l'habitaient depuis des années. Trois ans exactement. Combien de fois un autre étudiant d'Eliot était-il venu frapper à sa porte au milieu de la nuit, parce qu'elle avait hurlé dans son sommeil ? Elle ne comptait même plus. Mais ce n'était pas toutes les nuits ... Alors pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça lui tombe dessus pile la nuit où Jude était là ? Elle pria intérieurement pour ne pas l'avoir réveillé, mais bien entendu, ce fut le cas, puisqu'elle l'entendit vaguement remuer dans le lit. Et puis, elle venait de s'arracher brutalement de ses bras, forcément, ça se remarque. Le regard fixe, rempli de terreur, ses mains crispées sur les draps blancs de son lit, elle inspira profondément, retenant un nouveau sanglot qui s'approchait à grand pas. Elle sentit que Jude s'asseyait à son tour, et se sentit coupable instantanément. Il allait falloir qu'elle s'explique. « Hey…ça va pas ? » lui dit-il à voix basse, alors qu'il déposait un baiser léger sur son épaule. Elle secoua la tête de gauche à droite, et déglutit. Des larmes bordaient ses yeux, et sa gorge était serrée. Son coeur battait à cent à l'heure, mais, à contrario de la situation dans la salle de danse quelques heures auparavant, ou cette sensation de coeur battant était agréable, désormais, elle en avait presque mal. Elle ne parvint qu'à prononcer son prénom :« Jude ... »

Elle prenait conscience plus réellement du fait qu'il était là, qu'il venait d'assister à un de ses réveils brutaux, et surtout, que si leur histoire devait vraiment être sérieuse, elle devait lui expliquer le pourquoi du comment, pour le rassurer. Elle avait déjà cogité par mal de fois sur la façon d'aborder le sujet, sachant que lui lui avait confié ses soucis, son passé, ce qu'il avait traversé. Et visiblement, elle ne risquait pas de lui faire croire qu'il avait juste rêvé, puisqu'il était maintenant bien réveillé, et s'approcha d'elle doucement. Il détacha la main droite de la jeune fille du drap où elle s'était agrippé, tremblante, elle serra sa main dans la sienne, et se laissa faire lorsqu'il tourna son visage dans sa direction de sa main libre. « C’était qu’un mauvais rêve, j’suis là… » Oui, un mauvais rêve, mais qui revient sans cesse. Elle se laissa doucement tomber dans ses bras, et se recroquevilla contre lui. C'était fini, elle était en sécurité ... Jusqu'à la prochaine fois? Après tout, ça revenait toujours, qu'elle le veuille ou non. Apeurée, elle tressaillit à nouveau. « Tu veux en parler… ? » Jude se recula, pour pouvoir voir le visage de Roxanna. Elle déglutit, et se pinça les lèvres. « Ça n'a pas d'importance ... » dit-elle à voix basse, essayant plus de se convaincre elle même que de convaincre le jeune homme. Elle lui disait ça cette nuit, mais combien de temps tiendra-t-elle dans cette situation ? Comment s'expliquera-t-elle, plus tard, si il remarque que ces cauchemars sont répétitifs ? Roxanna posa une main contre le torse de Jude, et se redressa face à lui, assise sur ses genoux. « Si, ça en a. Je dois être honnête. » Il lui avait bien parlé de ses problèmes avec la drogue, de son passé sombre ... Il fallait qu'elle fasse de même. Bien que ne l'ayant jamais fait auparavant, sauf avec Billie ... Qui avait emporté le secret dans sa tombe. « Toutes les nuits, ou presque, ça se passe comme ça. J'ai prié pour que cette nuit j'y échappe, mais visiblement pas, alors ... Autant que je te parle de tout maintenant. » Elle porta sa main gauche jusqu'à l'épaule de son bras droit, posant ses doigts froids sur sa cicatrice qui la brûlait encore. Elle baissa le regard, hésitante, cherchant les bons mots, la meilleure façon de résumer les faits. Elle redressa alors son visage vers Jude, sa main serrant toujours son épaule, comme si elle cherchait à faire disparaître la marque. « Ces cauchemars, en fait, ce sont des ... Souvenirs. De mon adolescence. De mon enfance. De tout avant Harvard. » Elle soupira, et serra le poing de sa main libre, qui avait lâchée celle de Jude un peu plus tôt. « Je t'ai pas dit les raisons qui m'ont poussée à faire cet aller retour à l'hôpital, tout simplement parce que je n'en ai jamais parlé auparavant, sauf à Billie. Elle me connaissait par coeur, et connaissait ce que j'aime à dire l'ancienne moi pour me rassurer, celle qui selon l'état civil ne s'appelait pas Roxanna Blackburn, mais Alice Roxanna Lewis. » Elle desserra le poing et passa nerveusement sa main dans ses cheveux. Elle détourna le regard, incapable de trouver la force de parler de tout ça en regardant Jude dans les yeux. « Ma mère, Alice, je tiens mon prénom d'elle, est décédée à ma naissance. Elle était très malade, mais a quand même tenu à m'avoir. Et pour ça, Alexander, mon ... Père, ne m'a jamais pardonné. Selon lui, je l'avais tuée. J'ai du subir simplement ses remarques blessantes et son rejet, tant que ma grand mère était là pour me protéger. C'est elle qui m'a élevée, nommée, tout appris. Mais il a commencé à boire, à se montrer vi... violent.» Elle hoqueta, ses yeux bleus brillants. Les images revenaient parfaitement dans sa mémoire. « En pensant qu'il se ferait du soucis pour moi, qu'il m'aimerait, j'ai commencé à me scarifier, pendant des mois, sans que personne ne le voie. Puis j'ai pris ce cocktail de médocs ... Ca m'a conduit aux urgences, puis en cellule de soins psychiatriques. J'avais quinze ans. J'en suis sortie deux ans plus tard, et ma grand mère était partie... On ne m'a jamais dit comment. » Par partie, elle suggérait bien entendu qu'elle était décédée, et parfois, elle se demandait encore si Alexander ne l'avait pas tuée. « Je suis rentrée chez moi, et mon quotidien se résuma aux insultes, aux coups, aux bouteilles vides que je ramassais sur le sol. J'étais plus protégée, alors je prenais tout dans la tête. Jusqu'au coup de trop. Celui qui m'a offert cette marque. » Elle laissa tomber sa main comme une vulgaire poupée de chiffon, dévoilant l'entaille à son épaule. « Ce jour là j'ai pris mes affaires et je suis partie. Sauf que ... J'avais allumé ces bougies ... Et ça a provoqué cet incendie... J'ai paniqué en voyant les pompiers transporter son corps. Et j'ai fuit à Boston, changé de nom ... » Elle bafouilla ces derniers mots, ne sachant plus comment s'expliquer. « J'ai tué mon père. Comme j'ai tué ma mère. Et en un sens ma grand mère aussi. Et depuis ... Même si j'éprouvais une grande satisfaction à être débarrassée de cette ordure, il me hante... » Elle tourna la tête vers le mur, tétanisée, tremblant de nouveau.

❝Look for the girl with the broken smile
Ask her if she wants to stay awhile
And she will be loved... ❞

Tétanisée. Je n’aurais jamais cru voir Roxanna dans cet état un jour, ou du moins, pas aussi vite, pas aussi brutalement surtout que je ne m’y attendais pas. Ça m’arrivait d’être assez grognon au réveil, mais en général, c’était dû au fait que je m’étais mal endormie, soit trop bourré et défoncé soit juste…déprimé, comme toujours. Elle avait les larmes aux yeux, j’arrivais à le voir même dans l’obscurité dans laquelle nous étions plongé. Ses mains tremblaient et j’avais l’impression de ne pas arriver à la calmer. Elle me laissa cependant la prendre dans mes bras, je la serrais contre moi, essayant de lui montrer que ça n’était qu’un mauvais rêve et que j’étais là. Il fallait peut-être qu’elle se sente en sécurité, et dans mes bras, en sentant ma présence, ça irait peut-être mieux, non… ? « Ça n'a pas d'importance ... », dit-elle doucement en se reculant pour pouvoir me regarder. J’essayais de pouvoir percevoir un peu plus son visage, alors qu’elle se redressa en posant sa main sur mon torse, me faisant légèrement frissonner. Elle s’asseyait sur ses genoux, ce qui la plaça assez rapidement à la même hauteur que moi, ce qui était plutôt drôle et inhabituel. Elle me regarda, et commença à me parler alors que je pensais qu’elle ne voulait pas en parler. « Si, ça en a. Je dois être honnête. » Je la regardais, sans rien dire, ça ne servait juste à rien de parler, j’allais l’écouter, comme elle l’avait fait quand je lui avais raconté mon histoire. Et encore une fois, sans jugement, sans pitié, rien. Je serais totalement neutre, c’était de ça qu’on avait besoin, quand on raconter son histoire à quelqu’un, n’est-ce pas ? Elle glissa sa main sur son épaule gauche, sans que je n’eus le temps de regarder si elle avait quelque chose de particulier à cet endroit.

« Ces cauchemars, en fait, ce sont des ... Souvenirs. De mon adolescence. De mon enfance. De tout avant Harvard. » Je fronçais les sourcils, bizarrement, je m’attendais à ça, mais quand je vis son poing se serrer, je compris que ça devait être quelque chose de très lourd à porter, quelque chose d’horrible. « Je t'ai pas dit les raisons qui m'ont poussée à faire cet aller-retour à l'hôpital, tout simplement parce que je n'en ai jamais parlé auparavant, sauf à Billie. Elle me connaissait par coeur, et connaissait ce que j'aime à dire l'ancienne moi pour me rassurer, celle qui selon l'état civil ne s'appelait pas Roxanna Blackburn, mais Alice Roxanna Lewis. » Je passais ma langue entre mes lèvres, la regardant toujours passer ses doigts dans ses cheveux alors qu’elle avait détournée son regard. Honteuse ? Je ne savais pas trop…« Ma mère, Alice, je tiens mon prénom d'elle, est décédée à ma naissance. Elle était très malade, mais a quand même tenu à m'avoir. Et pour ça, Alexander, mon ... Père, ne m'a jamais pardonné. Selon lui, je l'avais tuée. J'ai du subir simplement ses remarques blessantes et son rejet, tant que ma grand-mère était là pour me protéger. C'est elle qui m'a élevée, nommée, tout appris. Mais il a commencé à boire, à se montrer vi... violent. En pensant qu'il se ferait du soucis pour moi, qu'il m'aimerait, j'ai commencé à me scarifier, pendant des mois, sans que personne ne le voie. Puis j'ai pris ce cocktail de médocs ... Ça m'a conduit aux urgences, puis en cellule de soins psychiatriques. J'avais quinze ans. J'en suis sortie deux ans plus tard, et ma grand-mère était partie... On ne m'a jamais dit comment » Je me pinçais les lèvres, j’avais du mal à croire qu’elle avait vécue tout ça et qu’elle…qu’elle aille bien aujourd’hui. Si son père était violent avec elle, ça expliquait sa peur des hommes, car au fond, c’était peut-être pour ça, qu’elle ne s’était jamais laissée tombée amoureuse, non ? Ca arrivait souvent, chez les jeunes femmes victimes de violences…c’était injuste…

« Je suis rentrée chez moi, et mon quotidien se résuma aux insultes, aux coups, aux bouteilles vides que je ramassais sur le sol. J'étais plus protégée, alors je prenais tout dans la tête. Jusqu'au coup de trop. Celui qui m'a offert cette marque. » Je fronçais les sourcils, j’avais de la peine pour elle…même si j’avais vécu des choses dures, je n’avais pas eu la pire enfance au monde. J’avais dû affronter une maladie, mais j’avais guérie et après, j’avais été un peu mieux…« Ce jour-là j'ai pris mes affaires et je suis partie. Sauf que ... J'avais allumé ces bougies ... Et ça a provoqué cet incendie... J'ai paniqué en voyant les pompiers transporter son corps. Et j'ai fui à Boston, changé de nom ... J'ai tué mon père. Comme j'ai tué ma mère. Et en un sens ma grand-mère aussi. Et depuis ... Même si j'éprouvais une grande satisfaction à être débarrassée de cette ordure, il me hante... » Elle tourna à nouveau sa tête vers le mur, ou même, partout sauf dans ma direction. Je m’approchais un peu d’elle, reprenant sa main dans la mienne qui tremblait encore une fois. Je ne savais pas trop quoi dire, c’est vrai, qu’est-ce que je pouvais dire ? Les fantômes du passé qui nous hante…je connaissais ça… Je soupirais légèrement, et je murmurais doucement, « Regarde-moi… ». J’attendais qu’elle repose son regard sur moi, et je m’approchais encore plus elle en glissant une main dans son dos pour l’approcher encore, « T’a rien à te reprocher…c’était un accident et… » Je rangeais une mèche de cheveux derrière son oreille en lui souriant timidement pour la rassurer un peu, « T’a pas tuée ta mère…c’est pas de ta faute si il y a eu des complications pendant la grossesse…Tu sais, ça arrive souvent, et ça arrive souvent que les mères tiennent quand même à continuer la grossesse jusqu’au bout…c’était son choix, et ça n’est pas du tout de ta faute, même si ton père l’a répété encore, et encore, il faut qu’tu comprennes que tu n’y peux rien…il faut qu’tu le comprennes pour t’enlever déjà ce poids-là de ta conscience… » Je descendais mes caresses de ses cheveux à sa joue, sans la quitter du regard, « Tu veux que j’t’ammène quelque chose à boire ou à manger ? Qu’est-ce que j’peux faire pour te faire sourire ? »

Ϟ And up until now
I had sworn to myself that I'm content with loneliness
Because none of it was ever worth the risk, but
You are the only exception Ϟ

Elle venait de déballer d'une traite tout ce qu'elle avait sur le coeur, sans s'arrêter, le regard tourné vers ailleurs. Autant révéler ce qu'il faut savoir avant de se lancer dans une relation sérieuse, non ? Roxanna n'avait jamais eu à faire ça, ayant toujours craint les relations posées avec les hommes, celles dans lesquelles son coeur battait vraiment, ou elle avait de vrais sentiments, et non pas une simple attirance physique. Elle n'avait jamais été contrainte de parler de son passé, mais cette situation était différente. Parce que, avant, les hommes avec lesquels Roxanna flirtait, elle savait que le lendemain, ou quelques jours après, elle n'aurait plus le moindre contact avec eux. Elle ne dépassait jamais le stade de la séduction, c'était sa manière à elle de s'assurer en quelque sortes qu'elle était toujours désirable. Et puis en tant que membre de la maison Eliot, elle avait un certain rôle à tenir, celui de la jeune fille inatteignable. Un rôle qui était loin de lui déplaire, puisqu'elle refusait de s'attacher à qui que ce soit. Jusqu'à Jude. De toutes manières, elle s'était toujours douté qu'un jour, ou du moins, elle avait toujours espéré qu'un jour, elle tomberait sur un homme en lequel elle aurait suffisamment confiance pour lui parler de son enfance. De ce qu'elle avait fait, alors qu'elle n'avait que dix sept ans. Et, même si bien sur il était encore trop tôt pour affirmer avec certitude qu'il était l'"homme de sa vie", comme disent les petites filles, Roxanna savait qu'elle désirait un bout de chemin en la compagnie de ce bel étudiant de médecine de la maison Mather.

Tête tournée face au mur, la jeune blondinette se plongea dans un mutisme une fois qu'elle eut terminé son récit, appréhendant la réaction de Jude. Voilà, il savait tout. Enfin ... Presque tout, mais il restait une partie de sa vie qu'elle préférait garder sous clé, celle où elle s'était petit à petit dirigé vers un avenir grotesque et dévergondé. Quelque chose qu'elle même cherchait à oublier. Jude glissa de nouveau sa main dans celle de Roxanna. Elle tremblait, encore. Elle serra sa main doucement, entrelaçant leurs doigts. La chaleur de sa main l'apaisa déjà légèrement, diminuant ses tremblements. « Regarde-moi… » dit-il alors. Elle hésita un moment, la gorge serrée, puis se décida à tourner la tête dans sa direction. Elle distinguait à peine ses traits, dans l'obscurité de la nuit. Seule la faible lueur des lampadaires extérieurs éclairait la pénombre de la chambre, laissant apparaître des ombres, des formes, confuses. Jude fit passer sa main libre dans le dos de la jeune danseuse pour la rapprocher de lui, et elle se laissa faire en silence, tentant de contenir la moindre larme. Elle s'était calmée, et ne pleurait presque plus, en voilà une bonne nouvelle. Elle se pinça les lèvres, maintenant proche, et face à Jude. « T’a rien à te reprocher…c’était un accident et… » Il replaça une de ses mèches de cheveux dorés derrière son oreille en lui faisant un sourire, qu'elle tenta d'imiter, en vain. Elle était encore rongée par ses précédentes déclarations. « T’a pas tuée ta mère…c’est pas de ta faute si il y a eu des complications pendant la grossesse…Tu sais, ça arrive souvent, et ça arrive souvent que les mères tiennent quand même à continuer la grossesse jusqu’au bout…c’était son choix, et ça n’est pas du tout de ta faute, même si ton père l’a répété encore, et encore, il faut qu’tu comprennes que tu n’y peux rien…il faut qu’tu le comprennes pour t’enlever déjà ce poids-là de ta conscience… » Elle savait, dans le fond, qu'il avait raison. Après tout, elle n'avait pas demandé à ce que sa mère perde la vie en la laissant, elle, Roxanna, venir au monde. C'était son choix à elle, et à elle seule. Alors pourquoi avait-il fallu que son père lui fasse si mal ? Les choses auraient été tellement plus simples s'il l'avait aimée comme sa propre fille.

Jude fit passer sa main des cheveux de Roxanna jusqu'à sa joue. Elle frémit, et ferma les yeux à ce contact, avant de les rouvrir, ne détachant pas ses yeux bleus de ceux, bruns, du jeune homme. « Je sais que tu as raison, dans le fond. On a pas cessé de me le répéter, que ce n'est pas de ma faute. Mais malgré tout, ces cauchemars reviennent sans cesse. Le jour j'arrive à vivre normalement, mais la nuit, c'est autre chose. Alors ... Eh bien ... Maintenant, tu sais pourquoi il m'arrive de me réveiller comme ça. Je suis tellement désolée de t'avoir réveillé avec tout ça ...» Elle baissa la tête, honteuse, grimaçant légèrement. « Tu veux que j’t’ammène quelque chose à boire ou à manger ? Qu’est-ce que j’peux faire pour te faire sourire ? » Elle secoua la tête de gauche à droite, faisant une réponse négative de cette façon. Puis, son corps bascula légèrement vers l'avant, et elle se réfugia de nouveau dans les bras de Jude, nichant son visage dans le creux de son épaule. « Je veux juste ... être avec toi. Rien de plus ... Tu m'apaises. » Confia-t-elle à voix basse, timidement. Ses joues reprirent une teinte rouge, heureusement l'obscurité ne le laissait pas voir. D'habitude, lorsqu'elle faisait de tels cauchemars, elle pleurait jusqu'au matin, et dormait une heure, voire moins. Aujourd'hui, il avait suffit de quelques mots pour que ses larmes se soient taries. Elle était plus calme, bien qu'encore triste.

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Ask her if she wants to stay awhile
And she will be loved... ❞

Je n’étais pas très doué, pour réconforter les gens. En fait, je n’étais pas si doué que ça avec les gens tout court. Depuis que j’étais jeune, enfin, surtout depuis que Aurore était morte, je ne me mêlais pas trop aux autres, surtout quand je pensais que j’étais maudis, ça n’aidait pas tellement. Je me demandais encore ce qui m’avait tant plus chez Roxanna, alors qu’on se connaissait à peine. Peut-être que j’avais su voir, dans ses yeux qu’elle avait vécu des choses dure…oui, c’était sûr que c’était ça et Apple avait su, que ça marcherait…Apple, j’imaginais vraiment sa tête quand j’allais lui dire que je l’avais embrassée…mais elle croyait que toute la tristesse et la douleur que je ressentais allaient partir du jour au lendemain, elle se trompait…d’ici quelques jours, j’allais commencer à être en état de manque, ça n’était plus qu’une question de timing et là…là, ça allait vraiment être moche à voir, et j’avais peur que ma relation naissante avec la belle blondinette en prenne un sacré coup. Surtout que, si son père était violent avec elle quand il était alcoolique, je ne voulais pas qu’elle me voit, moi aussi dépendant d’une drogue, ça ne pourrait lui rappeler que des mauvais souvenirs et elle pourrait commencer à aller mal, elle aussi non ? Je ne voulais vraiment pas ça pour elle, elle méritait mieux…Il fallait vraiment que je trouve une solution, je ne pouvais pas me permettre de faire une cure de désinstox, car ça voudrait dire que je devais louper au moins un mois de cours et il en était hors de question. Il fallait que j’ai ma quatrième année, les études de médecine étaient assez longues et périlleuses comme ça, pas la peine d’ajouter un an en plus !

Alors même si je ne savais pas trop comment m’y prendre, sans être maladroit ou quelque chose comme ça, j’essayais d’être juste…présent. De lui faire sentir que j’étais là pour elle, exactement comme elle m’avait promis tout à l’heure, qu’elle serait là pour moi, là pour que j’aille mieux, là pour m’aider à surmonter mes problèmes de drogues. Je voulais vraiment qu’elle sente qu’elle pouvait me faire confiance. Car malgré tous les défauts que je pouvais avoir, j’étais quelqu’un de confiance et lorsque je tenais à quelqu’un, il n’était pas question de le laisser tomber. « Je sais que tu as raison, dans le fond. On a pas cessé de me le répéter, que ce n'est pas de ma faute. Mais malgré tout, ces cauchemars reviennent sans cesse. Le jour j'arrive à vivre normalement, mais la nuit, c'est autre chose. Alors ... Eh bien ... Maintenant, tu sais pourquoi il m'arrive de me réveiller comme ça. Je suis tellement désolée de t'avoir réveillé avec tout ça ...» Je soupirais légèrement, manquant cruellement d’arguments : j’étais loin d’être un garçon très optimiste, alors ce genre de situation me dépassait complètement. Je m’étais toujours fait consolé, mais je n’avais jamais eu à consoler quelqu’un : en général, les gens me savaient tellement déprimé qu’ils évitaient de parler à moi de leur problème, histoire de ne pas en rajouter une couche ce qui est mal, car dans une relation – amoureuse ou amicale – les choses doivent marcher dans les deux sens, et si on venait me consoler, alors je devais pouvoir consoler aussi cette personne. C’est pour cela que je lui proposa quelque chose, à boire, à manger ou même…n’importe quoi. J’étais vraiment prêt à n’importe quoi pour la faire sourire, je l’avais vu mal beaucoup trop de fois ce soir…

« Je veux juste ... être avec toi. Rien de plus ... Tu m'apaises. », dit-elle doucement alors qu’elle se pencha pour se blottir contre moi. J’enroulais mes bras autour de son corps, la serrant à nouveau contre moi en fermant les yeux. Je caressais doucement son dos et je souris légèrement en repensant au fait qu’elle s’était excusée de m’avoir réveillé. Je murmurais alors, « C’est pas grave que tu m’ais réveillé tu sais… » je me reculais un peu, gardant mes bras autour d’elle et la regardant dans les yeux, « Si une nuit, tu te réveilles comme ça et que j’suis pas là…appelle moi, d’accord ? A n’importe quelle heure… » Je lui souris et je me penchais pour capturer délicatement ses lèvres, afin de lui offrir un doux baiser avant de séparer à nouveau nos lèvres, gardant mon visage à quelques centimètre du sien, ouvrant les yeux à nouveau pour la regarder droit dans les yeux, « J’aime pas te voir triste comme ça… » Je me pinçais la lèvre et je lui souris, espérant que ma bêtise allait lui redonner un peu le sourire, « Alors…maintenant, j’vais t’embrasser…et j’quitterais pas tes lèvres tant qu’tu me feras pas le plus beau de tous tes sourires… » Je ris légèrement et je remontais une main sur sa joue en avançant mes lèvres à nouveau des siennes…

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I had sworn to myself that I'm content with loneliness
Because none of it was ever worth the risk, but
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Jude n'avait pas eu besoin de dire grand chose pour rassurer Roxanna, l'apaiser, la faire se sentir mieux. A vraie dire ... Elle avait tellement été habituée à être toujours seule, que rien que sa présence, ses bras autour d'elle, la calmaient. Blottie dans ses bras, elle ferma les yeux, retrouvant une respiration normale. Jude enroula ses bras autour de son corps frêle, et elle l'entraina de nouveau pour qu'ils se recouchent. Après tout, il est quand même bientôt trois heures du matin ! Elle frissonna, et attrapa son drap et sa couverture pour les mettre par dessus eux, avant de retourner dans les bras de Jude, calmement, alors qu'il caressait son dos avec le sourire. « C’est pas grave que tu m’ais réveillé tu sais… » lui murmura-t-il, lui arrachant un sourire fin, mais sincère. Elle aurait tout de même préféré le laisser dormir, il avait évité une fête pour au final se retrouver avec une fille qui fais des cauchemars. Pas fameux, avouons le. « Oui mais bon ... Ça m'embête quand même. Surtout vu l'heure qu'il est. » répondit-elle, gênée. Il se recula alors un peu, sans la lâcher pour autant, et il plongea son regard dans celui de la jeune fille. « Si une nuit, tu te réveilles comme ça et que j’suis pas là…appelle moi, d’accord ? A n’importe quelle heure… » Elle hocha la tête de haut en bas, sachant pertinemment qu'elle ne le ferait pas. Hors de question de le réveiller juste parce qu'elle avait fait ce stupide mauvais rêve, elle avait tout de même un peu de respect envers les autres. « Moui. Je t'enverrais un sms plutôt, comme ça tu le liras que si tu es réveillé. » Elle fit un petit sourire, et se mordit la lèvre inférieure, alors que Jude se penchait, rapprochant leurs visages jusqu'à ce qu'il capture les lèvres de Roxanna, qui bien entendu se laissa faire sans opposer la moindre résistance. Elle recolla doucement son corps au sien, et passa une main derrière sa nuque en prolongeant un instant leur échange, jusqu'à ce qu'il rompe le baiser. Mauvais rêve? Quel mauvais rêve ? Il venait totalement de la lobotomiser juste avec un baiser. Quelque chose qu'elle ne connaissait pas jusque maintenant, et qui était loin de lui déplaire.

Il garda son visage relativement proche de celui de Roxanna, et elle soutint son regard avec un faible sourire. « J’aime pas te voir triste comme ça… » Elle baissa le regard, honteuse. Il n'avait pas à supporter sa tristesse, après tout, ils se connaissaient depuis si peu de temps ... Elle s'en voulait vraiment de lui infliger ça, alors qu'il était resté pour dormir avec elle tout simplement. Elle ne s'attendait pas cependant à ce qu'il allait dire par la suite : « Alors…maintenant, j’vais t’embrasser…et j’quitterais pas tes lèvres tant qu’tu me feras pas le plus beau de tous tes sourires… » Elle leva son regard bleu vers le visage de Jude, mi surprise mi amusée, et son sourire s'agrandit légèrement tandis qu'il posait sa main sur sa joue. « C'est si gentiment proposé, je ne vois pas comment je pourrais refuser cette proposition. » dit-elle dans un souffle, s’imprégnant du parfum de Jude. Elle ferma les yeux, profitant de cette caresse, et effleura doucement les lèvres du jeune homme du bout des siennes avant de lui donner un baiser doux, rempli de tendresse. Elle passa une main dans ses cheveux, et posa l'autre sur son torse, doucement. Elle était tellement bien avec lui, tellement plus calme, plus sereine, apaisée. Sa peur s'estompait pour que ses idées noires s'éclaircissent légèrement. Bien sur, pour qu'elle aille définitivement mieux, tout comme lui, le chemin allait être long. Mais il étaient ensemble, au moins. Petit à petit, l'expression de la danseuse blonde changea, devenant moins sombre. Son sourire devint plus affirmé, plus sincère.