Il était une fois, une jeune américaine répondant au prénom très original de Victoria, qui vivait avec ses parents dans une magnifique maison d'Atlanta en Géorgie. A l'âge de 22 ans, elle décida de partir pour un road-trip en Espagne avec des amies, un pays qu'elle admirait énormément et dont la langue ne lui était pas du tout étrangère, loin de là. Là-bas, elle rencontra lors d'une journée shopping un bel espagnol appelé Álvaro. Enfin, quand on dit rencontrer, on dit foncer dedans tête baissée comme dans ces films pitoyables à l'eau de rose. Bref. Elle s'excusa, lui de même, puis il lui proposa de boire un verre, elle accepta. S'en suivirent de nombreux rendez-vous, et le séjour qui avait été autrefois un road-trip se transforma en un voyage sans retour. Victoria s'installa donc à Séville avec Álvaro. Or, ce dernier était très peu présent à cause de son travail de styliste et de sa chaîne de magasins dont la popularité de cessait d’accroître. Cela avait d'ailleurs failli être la cause de la rupture des deux amoureux. Mais ce ne fut sans compter sur une excellente nouvelle pour maintenir le couple comme il l'avait été autrefois : Victoria était enceinte.

Le 27 mars 1996, Victoria accoucha d'une magnifique petite fille. En accord avec le père, elle l'appela Calypso, en honneur à la nymphe de la mer qui avait retenu Ulysse sur son île par amour. Elle éleva sa fille dignement, correctement et avec beaucoup d'amour, malgré la présence très minime d'Álvaro qui ne cessait de travailler. Victoria trouva un petite boulot en tant que secrétaire, deux années après la naissance de sa fille. La jeune Calypso quant à elle, demeurera fille unique, et cela ne la dérangera en aucun point. Elle vécut une enfance heureuse, et même si son père était très peu présent, celui-ci lui donnait autant d'amour qu'il le pouvait. Elle grandit en apprenant autant la langue de Shakespeare que la langue de Cervantes. Dès son plus jeune âge elle montra un intérêt pour le dessin, la mode et la musique. On lui offrit un carnet de croquis pour ses 6 ans, du tissus pour ses 7 ans, et un piano pour ses 8 ans.

Malheureusement, comme tout le monde le sait, toutes bonnes choses ont une fin. Le couple se sépara tandis que Calypso était âgée de seulement 10 ans. La mère et la fille quittèrent l'Andalousie pour retourner au pays natal de Victoria : les États-Unis. Cette-dernière habita avec sa fille quelques mois chez ses parents histoire de trouver un travail stable et un logement. Pendant ce temps là, Calypso continua à parler très fréquemment à son père par messages, mails, appels, et toutes autres formes de moyens possibles pour prendre de ses nouvelles. Álvaro envoya d'ailleurs de l'argent aux filles, mais Victoria refusa dans un premier temps, puis accepta car elle savait pertinemment que le styliste faisait ça pour sa fille chérie. Elles emménagèrent alors dans un vaste appartement, et continuèrent leur petite vie. Calypso continua à grandir, à s'adapter à la vie américaine qui était très différente des Espagnols.

Calypso commença à changer vers l'âge de 15 ans. Ni la faute de la puberté, ni à cause de ses fréquentations - de toute façon il est impossible de l'influencer -, mais plutôt parce qu'elle avait enfin trouver le style qui lui correspondait vraiment. A cet âge, les adolescents se cherchent beaucoup et testent de nombreuses choses. A cet âge, ils sont en quête de leur identité. Caly fit de nombreux changements : elle se teignit les cheveux et se fit percer, au plus grand malheur de sa mère qui croyait que sa fille changeait de mentalité. Cela causa d'ailleurs de nombreuses disputes entre la mère et la fille. Cette dernière ne comprenait pas le comportement de sa mère et ignorait pourquoi elle ne l'acceptait pas comme elle était. Elle était censée soutenir sa fille. Pendant environ une année il y eut de nombreux conflits, disputes, crises, et on en passe. Heureusement, Victoria se rendit enfin compte que Calypso était toujours la même personne, avec la même vivacité et les mêmes résultats scolaires. Elle s'habillait juste différemment.

A la fin de sa scolarité en tant que lycéenne, Calypso fut admise facilement à Harvard. Étant la fille d'un riche et célèbre styliste, et ayant des notes remarquables et une passion dévorante, son admission ne fut pas une surprise. Intégrer cette université avait été son rêve depuis très jeune : elle avait toujours voulu y étudier, et en avait parlé à sa mère dès son entrée en dernière année de lycée. Or, comme en janvier 2013 des bombes avaient éclatées sur le campus, Victoria avaient d'abord refusé que sa fille y étudie et avait préféré une université « plus chère et plus sécurisée ». Ces explosions avaient d'ailleurs beaucoup choqué Calypso, et elle avait trouvé ces actes affreux, inhumains et horribles. Cela avait renforcé davantage sa haine pour la société, déjà bien présente. Victoria ne voulant rien entendre, avait refusé encore et encore d'y inscrire sa fille. Mais en s'alliant avec son père, cette dernière réussit à convaincre sa mère. Souhaitant ce qu'il y avait de mieux pour elle, Victoria accepta avec beaucoup de réticence à envoyer sa fille à Harvard, et accepta aussi à contrecœur qu'Álvaro finance la plupart de ses études puisqu'il en avait largement les moyens. Voilà pourquoi Calypso Suarez était là, à Harvard, passionnée de mode et de musique, et surtout prête à tout pour accomplir ses rêves.

C'est vrai que dû aux événements de l'année précédente, les parents de Caly n'étaient pas très sereins à l'idée que leur fille allait étudier dans une université où des bombes avaient éclatées. Mais étant très persuasive, elle avait réussi à les rassurer. Sauf que, comme quoi, les parents de Calypso avaient eu raison de s'inquiéter. En effet, entre septembre et janvier plusieurs agressions sexuelles concernant principalement des étudiants d'Harvard avaient eu lieu à Cambridge. Calypso avait fortement été touchée par ces événements : elle n'avait pas l'impression de vivre dans l'une des trois plus prestigieuses universités du monde. Elle avait eu peur aussi, peur de se faire agresser et peur de foirer ses études. Car bien sûr, pour la première fois de sa vie ses notes n'étaient pas, mais pas du tout, au beau fixe. Évidemment, lors de la prise d'otage le 17 janvier 2015, elle était là. Comme tous les première années, elle avait l'obligation de vivre sur le campus. Heureusement pour elle, elle ne faisait pas parti des malheureux pris en otage, mais elle avait vécu toute la panique des autres élèves s'entassant dans les couloirs à la recherche d'un abri quelconque, assez sûr. Physiquement, elle s'en est sortie indemne. Moralement, elle a mis un bon bout de temps à s'en remettre. En somme, une première année catastrophique pour elle, et elle passa de justesse en deuxième année.

Sa deuxième année à Harvard, quant à elle, se passa à merveille. Elle emménagea dans un petit studio à Cambridge à quelques rues de l'université. Ses notes étaient bonnes, voire très bonnes. Côté relation avec les autres, elle était très sociable et aimante envers tout le monde. Faire partie d'une maison ne l'avait jamais vraiment branché avant, surtout avec les événements qu'elles causaient. Mais depuis sa récente entrée en troisième année, elle ne savait plus quoi penser. Les maisons représentaient la solidarité et de nombreuses valeurs qu'elle admirait et partageait. Alors, elle se tâtait : pourquoi pas ?