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    « What the day owes to the night. » Pv. Lawrie.
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    « What the day owes to the night. »
    lawrie & lily




    « […]Дерьме ! … Я никогда не должен был признать … что дерьмо ебать это дело ?! […] » Un marmonnement discontinu, entrecoupé par des râles agacés et des froissements d’étoffes malmenées, le rideau de la grande cabine d’essayage, en velours rose poudré, ne cessant de bouger alors qu’elle se dépêtrait à l’intérieur. « Lily, veux-tu cesser de geindre dans cette langue barbare et sortir de cette cabine ?! » Pour toute réponse, Lenore n’obtint qu’un profond soupire de dépit, alors qu’enfin Lily osait sortir avec une mine renfrognée. « Je ressemble … A une meringue italienne. » Elle jaugea son apparence dans le grand miroir, eut soudain des nausées à contempler toutes ces volutes qui noyaient sa silhouette dans un vieux rose façon tapisserie de grand-mère. « Ou à un marshmallow écrasé sous un pneu de voiture. » Sa chère mère s’insurgea de la comparaison, puis parue déconfite à son tour. Non, cette robe ne lui allait pas du tout, c’était un désastre. « C’est la quarantième que tu essaies, et il y a toujours quelque chose qui ne va pas ! » Pas faux. Son entrain pour cette soirée était quelque peu inexistant. « Admets que celle-ci est pire que toutes les autres. » se défendit-elle en donnant du gonflant à tous les froufrous qui nimbaient la longueur de la robe. « Hmm … Bon c’est vrai. On va changer de boutique, je sais où aller. Ce cher Jerry saura te trouver quelque chose, aller viens. »

    Enième boutique de la journée, quoique celle-ci l’avait laissée les lèvres entrouvertes à cause de son luxe apparent. Une robe disposée tous les dix mètres, des prix non affichés … Elle ne préférait de toute façon pas les connaître au risque de faire une syncope. Et ce « cher Jerry », tout fluet dans son costume cintré, avec une grandiloquence dans la voix proche de la féminité … un sacré personnage.  Il lui donnait le tournis à papillonner dans tous les sens, tout en racontant les potins du jour avec une délectation proche du vice. « […] Aaah, Lenny chérie, ça faisait si longtemps ! Je suis si ravi que tu te sois perdue dans les méandres de mes … Ne restez pas plantée là comme une godiche vous ! Allez donc accueillir le client qui vient d’entrer ! (il battit l’air avec ses mains manucurées pour la faire déguerpir) Excuse-moi, ces jeunes, toutes incompétentes. Enfin je ne dis pas ça pour toi ma chérie, tu as un minois si adorable. » Elle se renfrogne davantage, les épaules en dedans, les mains plongées dans le fond de son manteau en se demandant si c’est vraiment sa génitrice qu’il apprécie, ou davantage son porte-monnaie. « Allez allez, on se dépêche ! » fit-il en battant des mains comme un danseur classique, alors qu’elle sentait déjà l’un de ses sbires lui ôter son manteau dans le salon privé, puis sa chemise, puis tout le reste à part ses sous-vêtements d’ailleurs, si bien qu’elle se sentait à présent épiée comme la dernière des attractions à la mode. « Alooors, voyons voir. Redresse-toi un peu trésor, avec un cou long comme le tiens, ce serait dommage de te renfrogner. » Elle étudia ses mimiques, essaya de se détendre malgré les circonstances, se rendit enfin à l’évidence que c’était un professionnel, et que cela ne servait à rien de protester. « Pas très épaisse, mais pas maigrichonne non plus. Une peau diaphane … Hmm, je vois que tu as une sacrée cicatrice … On ne la montrera pas, ne t’en fais pas. » Référence à cette longue entaille qui le scindait le buste en deux dans l’horizontalité, et qui suivait presque comme une fermeture éclair le dessous de sa poitrine. Il ne comptait pas au départ lui mettre un décolleté aussi plongeant quand même ?! « J’ai exactement ce qu’il te faut ! » fit-il enfin en levant son index vers le ciel, comme s’il venait d’avoir un éclair de génie. Elle ne comprit pas les informations qu’il donna ensuite, mais le fait est que l’une de ses subalternes revint avec une robe, pour le moins … Fascinante. « Ce n’est pas un peu … Rouge ? » fit-elle en écarquillant les yeux, alors que ses doigts effleuraient avec prudence la soie délicate de la robe. « Ce n’est pas rouge trésor, c’est « grenat ». Un rouge trop vif sur toi, ce serait indélicat, et vulgaire. Tandis qu’un rouge plus foncé, comme celui-ci, ce sera parfait pour contraster avec la couleur de ta peau. » D’accord, la couleur était sublime, pas du tout vulgaire, complètement chatoyante. Mais imaginer une telle étoffe sur sa peau, cela risquait de jurer d’indélicatesse. Comme si elle ne se sentait pas digne de porter une telle chose. « C’est voyant quand même. » Une moue bougonne, alors qu’ils ne l’écoutaient pas, passant l’étoffe qui glissa le long de son corps comme une seconde peau. « C’est parfait, tu es divine dans celle-ci trésor. J’ai toujours l’œil pour ça ! » Et en effet, ses prunelles s’écarquillèrent. Elle tombait à la perfection, n’était pas trop décolleté devant, si bien qu’on ne pouvait pas distinguer sa cicatrice. En revanche, le décolleté se rattrapait largement dans le dos, qui était découvert jusqu’aux hanches dans une ouverture vertigineuse aux contours ciselés de perles délicates. Devant le miroir, elle s’était retournée, observant son dos par-dessus son épaule. « C’est à moi cette chute de rein ? » murmura-t-elle pour elle-même avec une sorte de fascination mêlée d’effroi. « Si tu ne t’étais pas habituée à te cacher derrière des vêtements trop grands, tu t’apercevrais que tu as des atouts, tu sais … » murmura Lénore avec un petit sourire satisfait au coin des lèvres. « Et puis, tu es en âge de les montrer maintenant, même si ton père est contre. » ne peut-elle s’empêcher d’ajouter, avant de se lever du fauteuil où elle s’était échouée. « Bon, Jerry, on va prendre celle-ci. Et les chaussures qui vont avec. Il faut qu’on se dépêche, je t’ai pris un rendez-vous chez le coiffeur. Il faut faire quelque chose avec ta tignasse, ce n’est plus possible. Regarde-moi ça, tes cheveux effleurent presque tes fesses, c’est beaucoup trop long, il faut les raccourcir. Et puis on dirait que tes boucles forment un nid d’oiseau ! » Pour le coup, elle plaide coupable. Elle aimait bien sa tignasse, elle pouvait presque se cacher à l’intérieur aux vues de l’épaisseur. « Mais ils sont très bien mes cheveux, pourquoi tu veux tout changer ? » Soudain, elle a l’air d’une enfant qui se renfrogne, alors que déjà, sa mère la tire vers l’extérieur, et qu’elle succombe à une telle impériosité de caractère.

    Quelques heures plus tard, assise devant une coiffeuse en bois exotique, Lily observait son reflet dans le miroir sans vraiment réussir à se reconnaître. Ses doigts effleuraient ses boucles avec fascination. Elles étaient si douces, si duveteuses. Plus courtes certes, mais tellement plus jolies. Sa mère lui avait mis une broche en nacre ciselée sur le côté droit, qui relevait une partie de ses cheveux et dégageait son épaule. Cela lui donnait un petit côté rétro qui venait parfaire le style rendu complet par les lèvres rouges vives, et les yeux de chats.  « Lily !! C’est l’heeeure d’y aller !!  Je peux entrer ? » - « Oui oui … Entre. » fit-elle d’une voix distraite, presque chamboulée d’autant de changements sur son propre corps en si peu de temps. Elle avait l’impression de se mouvoir dans le corps d’une autre. « Tu es magnifique chérie. Tu vas en faire pâlir plus d’un tu sais … » Mais elle n’était pas sure que cette perspective l’enchante. Au contraire, cela lui nouait plutôt l’estomac. « Je ne suis pas sure d’avoir très envie qu’on … Me regarde. » L’aveu d’une faiblesse à demi-mot, alors que Lenore venait s’asseoir à ses côtés, remettant en place dans un geste attentionné une boucle qui s’était égarée sur la mauvaise épaule. Elle était très belle elle aussi, ses cheveux roux relevés dans un chignon imparfait, portant une robe noire qui soulignait sa silhouette à la perfection.  « Tu as le droit de vivre tu sais. Tu as le droit d’être regardée aussi … Aller viens, on va être en retard. »

    21h. La soirée était organisée dans le plus grand hôtel de luxe de la ville, dont une grande partie avait été privatisée pour l’occasion. Chaque convive s’était vu attribué une chambre, si jamais il ne souhaitait pas, ou ne pouvait pas rentrer le soir même. Et toute la salle de réception avait été aménagée dans un faste mondain où se mêlaient les personnalités littéraires, politiques et artistiques. Que de sphères qui s’emmêlaient entre les œuvres contemporaines qui avaient été disposées ici et là dans la pièce, qui morcelaient les espaces entre les vagues de petits fours et de plateaux de flûtes de champagne. Lily venait de céder son manteau, s’avançait prudemment en prenant de l’avance jusqu’à être rejointe par Lenore et son mari, qui commençaient déjà à être salués par leurs connaissances respectives. D’autres lui jetaient des regards intriguaient, notaient la ressemblance frappante entre elle et Lenore, sans pour autant se souvenir qu’elle avait une file aussi âgée. La perspective de messes basses à venir alors qu’elle arrivait à ses côtés, mais avec à son bras, cette fois-ci, un homme plus jeune, d’une trentaine d’années tout au plus. Non mais, sérieusement, déjà ?! Ils venaient tout juste de débarquer, et elle commençait déjà à lui présenter des endimanchés avec les cheveux gominés. « Lily !! Ah te voilà … Je te présente Henry. Il s’est proposé pour te tenir compagnie vu que tu ne connais personne à part nous, et qu’on a du monde à voir ! Sois gentille avec lui surtout … » Mais déjà elle avait disparue, la laissant plantée face à ce … Comment déjà ? Charles ? Philippe ? Gustave ? « Henry Montgermont. Je travaille pour votre beau-père depuis peu de temps. Lily-Rose c’est ça ? Vous êtes charmante dans cette robe. Vous permettez ? » Il se penche en avant, se permet de glisser du bon côté une mèche qui s’est rebellée sur la mauvaise épaule, la laissant balbutiante un instant. Il était beau. Et grand. Beaucoup trop grand. Même perchée sur des talons, impossible de rivaliser avec son bon mètre quatre-vingt-dix, et sa stature longiligne. Son visage était si lisse, si dépourvu d’imperfections qu’elle mourrait déjà d’ennui de le regarder. Elle s’imaginait appuyant sur sa joue avec son index pour essayer de rider la surface statuaire de ses traits. « Vous vous êtes vraiment proposé pour jouer les chaperons ? » - « Non. Pour être votre bras, et votre épaule, si vous le voulez-bien ? » Sa voix était si suave, si grave aussi. Comme si rien en lui ne pouvait subir d’aspérités. Il la regardait un peu comme une pâtisserie, mais à part ça … Il était plutôt courtois. Pour l’instant. Aussi sa main vint se refermer autour de son avant-bras calmement. Lui, ou un autre. De toute façon, c’était toujours mieux que de divaguer seul en terrain inconnu. « Soit … » Ils firent quelques pas feutrés dans la salle. Lui salua des connaissances, elle regardait avec attention les œuvres disposées, dont certaines la lassaient songeuse. Finalement ils finirent par se planter devant l’œuvre la plus monumentale. Une espèce de grande photo en haute définition, qui remontait presque jusqu’au plafond, montrant une parcelle de peau nue difficilement définissable. Était-ce une aine ? Ou un sein ? Ou bien une aisselle ? Ah l’art contemporain … « Je vais nous chercher quelque chose à boire … » elle l’avait à peine entendu, s’était contentée d’acquiescer et de se raidir quand il avait effleuré juste avant de partir la surface nue de son dos d’une caresse furtive. « Bonne idée oui … » Son regard s’était fait circulaire alentour, glissant sur les robes trop moulantes, les décolletés pigeonnant, et les rires faux, avec une envie incommensurable de disparaitre tout à coup de cet univers si proche, et si éloigné en même temps du sien.







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    « Si tu ne veux pas y aller, n'y vas pas, je ne vois pas où est le problème. » soupira mon meilleur ami en avalant une énième crevette mayonnaise en caressant Trafalgar qui, étrangement, reposait calmement sur ses genoux en ronronnant comme un moteur. Ces deux-là étaient bien faits pour s'entendre, aussi dangereux et pugnaces l'un que l'autre. « Je n'ai pas dit que je ne voulais pas y aller. » grondais-je en avalant la dernière gorgée de mon verre de scotch, lui lançant un regard exaspéré en passant devant lui, au salon. « Alors vas-y, et arrête de faire autant de bruit, tu vas réveiller le chat. » Oh oui, biensûr. Quelle horreur, il ne faut surtout pas que je réveille cette stupide boule de poils, tu as raison ! « Comme d'habitude, tu m'aides beaucoup, je te remercie. » soupirais-je en me dirigeant vers la salle de bain. « Sorry ?! Tu m'as parlé ? » C'est cela, fais comme si tu n'avais pas entendu surtout. Occupé à caresser le moteur sur pattes qui me servait d'animal de compagnie, le monde pouvait bien s'écrouler qu'il n'aurait pas bougé de son fauteuil. Qu'importe, Marc était doué dans bien des domaines, mais lorsqu'il s'agissait des femmes...autant s'adresser à un mur de briques.

    « Une heure. Tu as pris une heure dans la salle de bain. » entendis-je à peine sorti de l'eau, une serviette couvrant mon bassin jusqu'aux genoux. « Et tu es toujours dans mon appartement. Oui, ça m'étonne aussi. » ironisai-je en cherchant dans mon armoire le nœud papillon que je ne sortais qu'en de rares occasions. Un bruit de pression étouffée dans mon dos me fit lever les yeux au ciel. Les fesses posées sur mon lit, une jambe sur l'autre, les bras croisés, Marc poursuivait son inspection gratuite. Voilà une semaine qu'il était rentré du Brésil, arborant un teint hâlé qui faisait pâlir toutes les femmes, comme à son habitude. Mais bien évidemment, Marc était gay et malheureusement ne s'intéressait qu'à de brèves relations d'un soir avec de jeunes éphèbes dans le but de satisfaire à ses besoins primaires avant de les jeter aussi sec le lendemain matin. Bref, il n'avait pas de copain et donc pas d'appartement où dormir tant qu'il était à Boston. Quelle chance pour moi. « Tu ne comptes pas mettre ce pantalon j'espère ? » Oui, quelle chance... « Marc, tu veux bien attendre au salon, s'il te plait ? » Parfois je me demande pourquoi je ne lui ai pas encore logé une balle dans le crâne. La patience n'est pourtant pas l'une de mes plus grandes vertus... « Humm, non. Et la chemise, tu comptes mettre la verte ou la bleue ? Personnellement j'ai plutôt un faible pour la bleue. Elle met en valeur ton regard. » énonça t-il avec un grand sourire confiant. « Ni l'une ni l'autre. C'est une soirée mondaine, un smoking serait donc plus approprié, tu ne crois pas ? » A la moue qu'il arbore, je préfère m'éclipser à nouveau dans la salle de bain pour ne pas entendre de nouvelles recommandations que, de toutes façons, je ne suivrais pas. « Qui est-ce ? » me demanda t-il alors derrière la porte alors que  je terminais mon col de chemise. « Pardon ? » L'image que me renvoyait le miroir me satisfaisait... en partie. Ce monde n'était pas le mien. Trop de vérités cachées, de non-dits, de rumeurs. Tels des politiques ou les médias, il y avait les dominants et les soumis. Ceux qui renseignaient et ceux qui apprenaient les informations. Les puissants et les faibles. Evidemment, mon statut d'agent m'avait souvent amené à côtoyer ce monde de strass et d'illusions, et j'y avais appris plusieurs informations capitales. D'abord, que l'habit ne fait jamais le moine. Ensuite, que les apparences peuvent vous mener bien plus loin que vous ne pouvez l'imaginer, car auprès de cette catégorie de la population, seules les apparences comptent. Enfin, qu'il faut connaître son adversaire, qui qu'il soit, parce que certains sont plus dangereux qu'on ne peut le croire. « Tu m'as très bien compris, ne fais pas l'innocent. » Je reviens sur Terre, après une dernière inspection. Le smoking a l'avantage de prêter main forte à qui veut être discret. « Je ne vois pas de quoi tu parles. » Sortant de la salle de bain, je ne fais pas attention au sourire taquin de mon meilleur ami qui se plaît à admirer ma silhouette en détails. « Je rentrerai tard. Pas de bêtises surtout. Oh, et si tu sors, ne mets rien dans ta bouche qui ne soit pas emballé. » ajoutais-je avec un brin de perversion alors qu'un sourire plus étendu encore et une insulte en vieux français parvient à mes oreilles avant que la porte ne se referme derrière moi.

    ***

    « Monsieur, puis-je prendre votre veste ? » Cédant ma veste, je traverse lentement, saluant plusieurs convives que je connais de réputation, d'autres à qui j'ai déjà eu affaire – le monde est si petit que ça en est presque effrayant – jusqu'à ce que je l'aperçois de loin. Au départ, suspectant un jeu de lumières, je m'avance encore, jusqu'à stopper net, mon verre à la main, près du buffet de la grande salle. Je n'en crois pas mes yeux. Vision surréaliste d'un conte pour enfants : la princesse a pris vie. Mes lèvres jusqu'alors d'humeur à se moquer en silence viennent de s'abaisser, formant un « o » muet tandis que j'admire avec une dévotion nouvelle la cambrure de ses reins, finement relevée par cette robe somptueuse. Comme si chaque détail avait été travaillé avec soin, les couleurs, la coupe, je croyais même déceler la fragrance de son parfum... Captivé, je la redécouvrais...femme. Or, je ne savais pour quelle raison mystérieuse, je peinais à décrire la sensation qui me tétanisa alors. Un mélange d'envie, de trouble et de tristesse qui se dissipa sitôt que j'eus aperçu...qu'est-ce que c'est que ça ? Ne me dîtes pas que... Un sourire se dessinait sur mes joues, amusé et glacial à la fois. Beau jeune homme. Peau veloutée. On aurait dit un ange descendu sur terre. Mortellement ordinaire.

    « Bonsoir. » Je ne les avais pas quitté des yeux depuis qu'ils se promenaient dans la salle. Indifférent à ce qui se passait tout autour de moi, je les fixais avec un appétit féroce, mais bien particulier, pour chacun d'entre eux. Lorsqu'enfin le jeune homme se décida à désaltérer sa charmante cavalière, ma décision était prise. « Lawrence, Austen. » La main tendue vers lui, je savais d'ores et déjà qu'il ne pouvait refuser de la serrer sous peine de faire preuve d'impolitesse. Même vis à vis d'un étranger, d'un inconnu, ce serait mal vu que de se montrer trop indifférent. « Enchanté, vraiment. » Mon sourire s'agrandit, je l'observe avec une curiosité qui se veut désinvolte. « Je n'ai pu m'empêcher de remarquer votre compagne tout à l'heure. Magnifique. Tout à fait ravissante. » Que la partie commence.




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    @Lily-Rose S. Hopkins
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    Prise dans une contemplation presque fébrile de la toile tendue, ses pieds criaient déjà d’agonie qu’on leur inflige les talons aiguilles, alors qu’ils ne connaissaient que les chaussures en toile. Et si elle parvenait à se maintenir debout en imaginant un fil suspendu au-dessus de sa tête, une petite voix tapie au fond de sa conscience lui criait de balancer les escarpins à travers la pièce et de partir en courant. Tout ce qu’il y a de plus inconvenant en somme, surtout alors que la soirée commence à peine. Alors elle se statufie, dans une sorte d’apathie lascive, d’un calme olympien, le buste droit et les épaules dégagées alors que ses prunelles papillonnent sans réellement voir. Elle ne s’impatiente même pas de s’apercevoir qu’Henry s’attarde un peu trop longtemps près du bar. Que fait-il d’ailleurs ? Oh peu importe. De toute façon ils n’ont pas l’air forgés dans le même alliage, tous les deux, bien au contraire.

    Furetant près du bar en jetant des regards enjôleurs contrôlés autour de lui, l’homme s’apprêtait à se saisir de la seconde flûte de champagne qu’il avait demandé quand il fut interrompu dans son geste. Un autre homme, un peu plus petit que lui, dont il se saisit de la main tendue en sourcillant sans comprendre cette intrusion momentanée. « Montgermont. Henry. Il ne me semble pas vous avoir déjà vu. » Avait-il répondu mécaniquement, ses traits s’éclairant d’un sourire malin à sa seconde remarque, alors que son regard dérivait tendancieusement vers sa « compagne ». « Qui ne l’a pas remarquée ? Avec cette robe rouge, difficile de passer à côté … Mais c’est chasse gardée ce soir mon cher. Trouvez-vous d’autres distractions plus … » Il l’avait regardé de bas en haut, le toisant avec un air hautain et supérieur insupportable. « Plus de votre âge, peut-être. » Il l’avait gratifié d’un léger rictus moqueur, se saisissant de la seconde coupe de champagne en remerciant la serveuse d’un clin d’œil, s’égarant de nouveau jusqu’à la silhouette de Lily dont les pensées se perdaient toujours, sans réussir à trouver un point d’ancrage. Elle avait seulement un peu froid, ses bras nus se recouvrant de temps à autre d’une onde fugace de frissons. « Tenez. » avait-il murmuré à son oreille, faisant passer la flûte par-dessus sa tête pour la lui présenter entre deux doigts, sa main tiède se posant avec une délicatesse faussement innocente dans le creux de son dos. « Ah, merci ! » répondit-elle dans un hoquet de surprise, ses doigts se glissant prudemment autour du verre. Il ne faudrait pas qu’elle abuse de ces petites bulles dorées, au risque de se hasarder sur des territoires franchement tortueux. Elle tenait l’alcool, mais n’en avait plus bu depuis un moment … Autant éviter les imprévus. « J’espère que je ne vous ai pas fait trop languir. Un importun m’a alpagué près du bar. » - « Un importun vraiment ? » lui répond-elle en haussant un sourcil, soudain fascinée par son aplomb lorsqu’il la caresse du regard. Non mais, qu’est-ce que sa mère lui avait mis entre les bras encore ?! Mais en soi, ce n’était pas si désagréable. D’être regardée autrement que comme une créature étrange. « Oui. Visiblement, vous intriguez ma chère. » Ses sourcils se arquent encore, elle esquisse même un sourire amusé. Bien sûr elle n’est pas stupide, elle voit très bien la lueur qui vacille dans son regard. Mais quitte à passer une soirée ennuyeuse, pourquoi ne pas la rendre plus … Trépidante peut-être, en y ajoutant un brin d’audace. Il ne l’intéresse pas du tout en réalité. Et s’il est séduisant, il ne l’attire pas vraiment. Mais quitte à jouer un rôle, quitte à se mouvoir dans une apparence qui lui semble ne pas être la sienne, pourquoi ne pas frôler l’abîme qui se présente en la personne de cher … comment s’appelait-il déjà ? Son prénom lui échappait encore. Il n’aurait pas pu se prénommer James, ou bien William ? Quelque chose de moins princier. « Ah oui ? Est-ce pour cela que vous me regardez comme une énigme ? Parce que … Je vous intrigue ? » C’est à elle qu’appartient cette voix suave, et ce regard presque félin ? Il semblerait. Mais son visage se décompose lorsque par-dessus son épaule, elle distingue une silhouette familière. Ses paupières papillonnent, pour être sure, et soudain, elle s’indigne presque. Lawrence. Élégant, comme toujours. Elle est à la fois heureuse de le voir, et gênée. Que fait-il ici ? Il ne lui semble pas se souvenir qu’il ait été convié … Et elle ne se rappelle pas lui avoir demandé de venir non plus… A moins que son paternel lui ai demandé de la chaperonner. Il allait en prendre pour son grade si c’était le cas. Alors elle fait comme si elle ne l’avait pas vu, retournant à sa contemplation de ce cher Henry avec des yeux d’une admiration feinte. Qu’était-il en train de marmonner depuis tout à l’heure au juste ? Elle ne l’avait même pas écouté.



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    Lien du postLun 28 Nov - 17:52
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    Montgermont. Dieu que ça sonnait aristocrate. Aristocrate donc chiant à mourir. Cela promettait d'être intéressant. Lily se serait-elle jamais entichée d'un tel...éphèbe ? Je ne l'aurais jamais imaginé. Non, ce que je crois, c'est que maman est passée par là et a joué des coudes et des mains pour que le  gamin qui se tenait devant moi porte un jour le précieux nom de la famille, et par nom, j'entendais aussi le prestige d'avoir à ses côtés un tel « beau-papa » et l'argent qui coulait à flots. Au final, je ne pense que la principale concernée dans cette histoire ait eu son mot à dire. Enfin, les erreurs sont toujours possibles, vérifions voulez-vous. « Ma foi, non, je n'ai jamais eu ce ... » Le dévisageant avec un air très sérieux et pourtant une lueur maligne au coin de l'oeil. « ...plaisir. » Le regard qu'il jeta à Lily me fit imperceptiblement froncer les sourcils. Un renard face à une poule n'aurait pas eu l'air plus coupable quant à ses funestes intentions. Mon verre en main, l'autre confortablement recroquevillée dans ma poche de pantalon, je l'observe religieusement admirer une jeune femme pour qui j'éprouvais un sincère attachement. Gardant le contrôle de pensées de plus en plus néfastes à l'intention de ce jeune freluquet, je daigne un sourire arrangé à sa remarque qui me paraît fort inconvenante. De son discours, je n'ai retenu qu'une chose : Lily est une distraction. Le contemplant de dos tandis qu'il s'éloignait, j'imagine sans mal mes mains aux prises avec sa jolie nuque de jeune premier. L'âge n'est pas un gage de sagesse pour tout le monde, et je doute que ce gamin mal élevé brise un jour ce principe. Cette façon de la toucher comme si elle lui appartenait, une perversité savamment étudiée pour ne laisser croire qu'en la courtoisie d'une âme en quête de sentiments véritables. Du bleu le plus pur, mes iris s'assombrissaient à vue d'oeil. Contournant la grande salle, je vais chercher au loin mon port d'ancrage, m'adossant tranquillement sur l'un des piliers décorés, tandis que je ne les quittais pas des yeux. Bientôt, c'est elle qui me remarque. Sans doute que monsieur n'a pas su tenir sa langue, trop heureux de croire qu'il s'est offert un mets de premier choix, interdit à tous. Le regard indigné qu'elle me lance me prête à sourire, et c'est amusé que je le lui renvoie à mon tour.

    Pourquoi se rapprocher ? Un bon chasseur apprend d'abord à pister son gibier, comprendre ses habitudes et ses faiblesses, avant de frapper. « Ca y est, c'est le grand amour ? » entendis-je soudainement à mes côtés. La voix d'une femme. Je me détourne, l'espace d'un instant, et plonge le regard dans deux yeux qui m'observent joyeusement. « Excusez-moi ? » Tout concentré que j'étais, je n'ai pas compris un traître mot de ce qu'elle venait de sous-entendre en riant. « Héléna. Héléna Delacour. » Oh, elle s'était présentée, et je manquais à tous mes devoirs. « Lawrence Austen, enchanté. » Mes doigts effleurent sa paume qui se soulève, mes lèvres y déposent un baiser fugace comme le veut la légendaire courtoisie des Anglais, et je me force à lui sourire, me demandant bien ce qu'elle était venu chercher. « Cette jeune femme en robe rouge. Vous l'observez depuis un quart d'heure, c'est le coup foudre, ça y est ? Reprit-elle en avalant une gorgée de sa coupe de champagne, dansant d'un pied sur l'autre en riant sous cape devant l'air ébété que j'affichais maintenant. « Hum, si vous savez que je l'observe depuis un quart d'heure, c'est que VOUS m'observez depuis au moins aussi longtemps. » répliquais-je en décidant d'entrer son jeu et de le taquiner à mon tour. « Puis-je savoir quelles sont vos raisons ? » Le rouge lui monte au nez, mais sa réponse est franche et directe. Son sourire lui, ne se ternit pas, découvrant des perles blanches qui plairaient à tous amateurs de bijoux. « Allons, ne faîtes pas l'innocent, vous le savez forcément. D'ailleurs, je n'ai pas le plaisir de vous connaître monsieur. Vous ne sortez pas beaucoup, hum ? La foule vous intimide ? A moins que ce ne soit ce déballage de richesses qui ne soit pas votre tasse de thé ? » poursuivit la jeune nymphette en déposant son verre à présent vide sur un plateau qui passait par là par hasard, et de s'attarder sans gêne aucune sur l'ensemble de ma silhouette, ce qui eut le don de m'amuser plus encore que je ne l'étais déjà. « Etes-vous toujours aussi...dynamique dans votre approche du sexe opposé ? » Son rire, léger et cristallin perce l'atmosphère, tandis que son bras s'arroge aussitôt le droit de se faire porter du mien, tandis qu'elle me conduit lentement vers la cause de ma présence ici ce soir. « Je suis ce que je suis et je l'assume. La plupart des hommes aime dominer, et préfère les femmes sages et dociles. Je trouve cela d'un ennui... J'espère que vous n'êtes pas de ceux-là, monsieur Austen. » ronronna t-elle en me gratifiant d'un sourire empli de sous-entendus. « A propos, vous répondez toujours aux questions par une autre question ? Je vous ai demandé qui elle était, et vous ne m'avez toujours pas répondu. Est-ce que c'est un secret ? » souffla t-elle alors que sa main venait de pincer les fesses rebondies de Henry Montgermont. God, sur quelle créature indomptable suis-je tombé...



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    Lien du postLun 28 Nov - 21:35
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    Première gorgée. Première tentative d’échappatoire. La fraîcheur subtile du breuvage vient lui flatter le palais, et échauffer délicatement son ventre vide. S’en est presque réconfortant, alors que le contact furtif de ce cher Henry lui paraît à la fois agréable, et insupportable.  Un instant elle l’observe entre ses cils. Il n’est pas vilain. Il est même plutôt séduisant, si on oublie le côté trop lisse de ses traits qui émoustillait tant d’autres. Elle lui donnait trente ans, peut-être un peu plus. Et elle avait remarqué que les femmes alentours le regardaient. Pour autant, elle n’était pas stupide au point de ne pas remarquer les regards enjôleurs qu’il lançait ici et là à la dérobée. Nul doute qu’il ne finirait pas la soirée tout seul. Et si ce n’était pas avec elle, et bien, elle était persuadée qu’il trouverait d’autres volontaires pour venir réchauffer son lit. La seule pensée d’imaginer ses lèvres, presque féminines et décharnées, sur sa peau lui donnait des frissons d’effroi, et elle se demandait comment elle allait bien pouvoir s’en dépêtrer maintenant que visiblement, il la considérait comme un défi à sa « mesure ». Mais cette volonté de s’en débarrasser à tout prix s’était évanouie dès lors qu’elle avait croisé son regard, au loin. Ce regard qu’elle ne comprenait parfois pas, mais qu’elle pouvait étudier pourtant sans réussir à se lasser … Ce regard qui … Bon sang. C’était irrationnel. Elle but une autre gorgée pour se donner du courage, de la contenance aussi, ses traits se modelant dans une agréable expression à l’égard de l’homme à ses côtés. Faire mine de boire ses paroles. Papillonner un peu. Battre des cils. Bon sang, cette stratégie marchait vraiment du feu de dieu ? Pour l’égocentrique qu’il devait être, visiblement … Oui.

    « […] Alors voyez-vous, l’allégorie naît de là, de cette propension oh … AH mais ! » s’était-il insurgé en partant dans les aiguës, en ayant un hoquet de surprise et un mouvement ridicule vers l’avant, alors qu’une femme lui avait … Pincé les fesses, vraiment ? Lily étouffa un sourire amusé dans sa coupe de champagne, revint les paupières balbutiantes sur cette vision ô combien singulière de cette femme à son bras, qui riait beaucoup trop fort, et qui visiblement avait un abonnement chez un chirurgien pour que ses seins défient la gravité de cette façon. Comme une anguille, elle se modela dans une politesse exemplaire, presque subtile, à les observer sans s’autoriser à montrer que le sang commençait à bouillir dans ses veines jusqu’à lui faire battre les tempes. « Oh, tiens. Lawrence. Ça alors. Quel hasard. » Elle insista bien sur le mot « hasard », en plantant un regard brûlant, presque de défi dans le sien, avant de dériver vers sa « compagne ». « Tu ne nous présentes pas ta si … Charmante compagne ? » elle aurait bien remplacé le « charmante » par « plantureuse », mais s’était ravisée, histoire de ne pas entamer les hostilités directement. C’était vraiment ça son genre de femme ? Bon sang … Si c’était le cas, il était beaucoup moins subtil et raffiné que ce qu’elle pensait. A cette seule idée, sa main s’était glissée autour de l’avant-bras de Harry, alors qu’elle inclinait la tête d’un geste gracieux vers la jeune femme :   « Lily-Rose Hopkins. Je suis la fille de Lenore Swanson. Et voici … Harry … » - « Henry. » - « Henry Montgermont. Oui … Pardon. » Visiblement, le dit Henry ne sait plus où donner de la tête, et fustige son nouvel « interlocuteur » d’un regard sombre, alors que la compagne du dit interlocuteur, elle, le regarde comme une nouvelle friandise appétissante. « Voilà l’importun dont je vous parlais tout à l’heure. » - « Ah oui, vraiment ? » - « Mais je suppose qu’il ne va pas s’éterniser à nos côtés. Il doit … Aller distraire cette magnifique dame que nous avons là. » Il gratifie Helena d’un baisemain à peine convenable, sous le regard mi-indigné, mi- dépité de Lily qui pose de nouveau son regard sur Lawrence, plus longuement. Elle ne lui sourit pas, ne semble pas amusée non plus de croiser. Tout au plus son regard s’attarde –t-il sur son apparence et dans la lueur vacillante de son regard en conservant une stature étonnante. « Vous êtes écossais n’est-ce pas, d’origine ? » Ah. Henry attaque. Il sort les griffes, et ses dents opalines. « On le reconnaît à votre accent. Il est si guttural, si … brutal. Franchement les écossais ont une manie de malmener notre langue qui est si insupportable. » Elle sent déjà qu’il va le regretter. Se délecte d’avance de la scène alors qu’elle sent encore sa main se poser dans son dos avec assurance. N’est-il pas en train de dériver un peu trop bas à présent ? Bon sang, s’il continue, elle ne pourra pas s’empêcher de lui verser son verre sur le dessus de la tête. Mais évidemment, elle se retient, reste droite, pense à autre chose. Elle le trouve plutôt voluptueux cet accent de son côté, cette façon si caractéristique de rouler les syllabes …




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    Lien du postMar 29 Nov - 12:47
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    Surpris, on le serait à moins, par la liberté farouche de la jeune lady, je retins un sourire de circonstance devant l'air ébété, voire outré de Henry Montgermont. Allons petit, où est donc passé ton sens de l'humour ? Héléna Delacour était une jeune femme unique, pleine de verve et d'humour noir que je commençais sérieusement à apprécier. Des boucles blondes relevées en un chignon d'où s'échappaient quelques mèches travaillées pour lui donner l'allure d'une petite fille sage et indomptable tout à la fois. De grands yeux verts qui riaient à chaque mot prononcé, un sourire charmeur et contagieux il faut bien le dire. Elle avait tout pour plaire aux hommes, et reflétait pourtant l'image d'une femme pleine de caractère et très manipulatrice. Précisément de celles qu'ils évitent, en général. Ceci dit, elle avait pour elle une silhouette de poupée qui, pour ma part, attirait l'oeil. Sans avoir de poitrine voluptueuse débordant de son décolleté, ses deux grâces plutôt menues et fermes étaient recouverts d'un tissu léger dont l'échancrure arrivait presque à son nombril. La robe à paillettes rosées à dos nu qu'elle avait choisi comme tenue d'apparat retombait en dentelle le haut de ses chevilles, retenues quant à elle par les sangles de chaussures du même coloris, dont le talon aiguille si l'on s'y attardait deux minutes, nous renseignait sur sa taille habituelle. Un mètre soixante tout au plus. Ce soir, mademoiselle atteignait le mètre soixante-dix sans difficulté. Les bijoux qu'elle portait au poignet et autour du cou témoignaient d'une richesse importante. Je penchais pour un héritage familial, puisqu'elle ne portait aucune alliance. A moins que ce ne soit qu'un leurre destiné à tous nous piéger. Quoiqu'il en soit, Héléna prit rapidement ses aises au sein du groupe, signe d'une importante vie sociale et d'une faculté particulière pour les longues conversations. « Bonsoir, Lily. » Oui, quel hasard n'est-il pas. Mon sourire parlait pour moi. Sincère mais malicieux devant son air visiblement contrarié. « Oh, mais je peux me présenter moi-même ma chère. Héléna Delacour, et charmée de faire votre connaissance. A tous les deux. » assura t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté pour aviser d'un regard gourmand la croupe de ce cher Montgermont. De mon côté, le geste de Lily, s'il m'étonnait – je ne la pensais pas s'attacher si facilement à ce genre de...d'homme dirons-nous, ne m'avait pas échappé. A Héléna non plus, si j'en juge par le bras qu'elle venait à son tour, innocemment biensûr, de passer autour du mien, tandis que son sourire s'agrandissait à vue d'oeil. Elle jubilait, pour une raison que je ne parvenais pas encore à saisir. « Montgermont...Montgermont. Etes-vous français ? » s'exclama Héléna en prenant un accent du sud mal maîtrisé. « J'adooore la France. C'est un si beau pays, ne trouvez-vous pas ? » Hochant la tête à demi, je lui réponds d'une mine sérieuse et suspicieuse avant de reporter mon attention sur Montgermont. Oui désormais, je l'appellerai par son nom de famille, mieux pour tout le monde. « Je... suis un importun, c'est ce que vous venez de dire ? » répétais-je en écarquillant les yeux, semblant blessé par sa remarque insolente. « Oh voyons Henry, ce cher monsieur Austen sait très bien qu'il n'a pas besoin de s'éloigner pour me distraire. Le simple fait de l'avoir à mes côtés suffit à mon bon plaisir. » susurra la lady en glissant sa main le long de ma chemise tout en me gratifiant d'un regard si brûlant qu'une glace aurait fondu sur place. Admiratif de la façon qu'elle avait de s'y prendre, je réponds à mon tour à l'oeil sévère que me porte Lily en aguichant prestement ma compagne de la soirée. Un bras autour de sa taille, l'autre attrapant doucement la sienne échue contre mon torse, j'y dépose une caresse fugace des lèvres comme pour l'inviter à poursuivre ce petit jeu qu'elle avait commencé malgré moi. « Je suis Ecossais, en effet. » Mon accent m'aurait-il trahi ? Il est vrai qu'il était très persistant malgré les efforts que je faisais pour le dissimuler parfois. Quoiqu'il en soit, son ton presque agressif ne me plait pas. Je perçois l'animosité derrière le masque de bienséance et fronce aussitôt les sourcils, prêt à répliquer. « Oh oui, certes, je crains que vous n'ayez raison. Si...bon allez je tente...si je vous traite de petit arriviste mal élevé dont le parfum, trop viril pour la peau fragile d'un être aussi efféminé me donne le tournis et la nausée dès qu'il s'approche à moins de deux mètres, je suppose malheureusement que mon accent ne vous permettrait pas de comprendre, n'est-ce pas ? God, vous avez raison, je devrais faire plus d'effort. Attendez, essayons autre chose. Si je vous disais, Harry...hum pardon, HENry... » Mon regard se porte un moment sur Lily avant de le reporter sur Montgermont que je prenais plaisir à titiller. « ...non, laissez. Je ne trouve déjà plus les mots dans cette langue si chère à votre coeur pour vous dire combien votre compagnie m'est à peine supportable. » soupirais-je avec un fort accent écossais tandis que sous couvert d'irritabilité, mon sourire avait demeuré. « Hum, chérie, accompagnez-moi voulez-vous, je dois me repoudrer le nez. » Consciente du climat soudainement devenu hostile, Héléna ne perdit rien de sa superbe, attrapant sans gêne aucune le bras de Lily pour l'obliger à la suivre jusqu'aux toilettes, nous laissant délibérément seuls Henry et moi. « Seigneur que je déteste les disputes. » Son bras autour de celui de Lily, elle continuait de parler comme s'il ne s'était rien passé, admirant les décorations, se frayant un chemin ici et là en aguichant les hommes de passage d'un simple battement de cils. « Dîtes-moi très chère, entre vous et ce cher monsieur Lawrence, il semble y avoir un lien...particulier. Très profond. Je ne sais pas encore ce que c'est bien entendu mais cela ne saurait tarder. Ma question est : est-ce qu'il vous plait ? » S'arrêtant juste devant la porte des toilettes, éloignées de la salle de réception et du beau monde, elles se trouvaient maintenant isolées de tout, et personne à l'horizon si ce n'est parfois un invité ou deux, ne viendraient les déranger. Relâchant son bras et faisant mine d'ajuster son décolleté pigeonnant, elle l'observe du coin de l'oeil, charmeuse et sérieuse tout à la fois.




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    Lien du postMer 30 Nov - 18:04
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    Etait-ce de la mauvaise foi qui ternissait à ce point son jugement de cette chère miss Delacour ? Bon sang. Même son prénom lui allait à ravir, chantant, presque sensuel, à faire pâlir n’importe quel autre nom aux sonorités plus gutturales. Comme Hopkins par exemple. Elle avait toujours trouvé que cela claquait légèrement sur le palais.  Oubliant alors un instant toute personne présente dans la pièce, hormis la prestance grandiloquente de cette femme extravertie au point d’en devenir écrasante, et ses longues jambes fuselées interminables, Lily parut songeuse un instant, à osciller d’un pied sur l’autre en se disant que ses pieds lui faisaient un mal fou. Son « Bonsoir », accompagné de ce sourire qu’elle aurait juré malin pendant un instant, l’avait statufiée dans une expression mi- furibonde, mi interdite, à se demander à quoi il jouait. Croyait-il vraiment qu’elle incombait sa présence à cette soirée au fruit du hasard ? Jeune, mais pas stupide pour autant. Tel que se présentait l’échange, elle avait presque envie d’aller se tapir dans un coin, de disparaître. Elle ne disposait pas de son assurance, ni de sa verve naturelle ni de cette façon si singulière de se mouvoir comme si le monde lui appartenait, et pouvait ployer sous ses pieds. Elle n’était pas comme elle. Ne le serait probablement jamais. Et ce n’était pas une robe rouge au dos échancré qui allait changer cela un jour. Comme le fait qu’elle ne parvenait pas à prétendre, et à jouer la comédie. A faire semblant que ce cher Henry lui plaisait alors qu’elle n’avait qu’une envie : lui faire avaler le balai qu’il avait dans le derrière, avec la serpillère avec si nécessaire. « Comment avez-vous deviné ? » répondait-il avec un empressement à peine feint, rougissant de plaisir à l’idée que cette femme, tout à fait son genre d’ailleurs, reconnaisse l’accent si singulier de son nom de famille. Même si en réalité il ne parlait pas un traître mot de français, cela faisait toujours bon genre d’en avoir un peu dans le sang. « Delacour, cela pourrait sonner français aussi … » Il répète à plusieurs reprises son nom, comme un refrain langoureux, ne boude pas son plaisir. Jusqu’à ce que l’offensive soit menée sans crier gare. Le dit « importun », avait répondu sans tarder, rapidement coupé par la voix cristalline de cette chère Helena. Les prunelles de Lily étaient passées de l’un à l’autre le fustigeant au début, n’ayant pour toute réponse que … Etait-il en train de l’aguicher, là, juste devant son nez ? Et évidemment, la poupée ne boudait pas son plaisir. Sa gorge se serra un instant, chassa la vision de madame ici présente, en train d’imposer une danse lascive à ce cher Lawrence qui prenait prendre un malin plaisir à se montrer sous ce nouveau jour. Cherchait-il à lui renvoyer à la figure cette petite altercation qu’ils avaient eu ensemble il y a quelques jours ? Au cas où cela aurait été le cas, elle ne se laissa pas désarmer par son attitude, se contenta simplement de plonger son regard dans le sien avec réserve, mais intensité, avant qu’un : « Oui c’est certain. Monsieur Austen est si plaisant à regarder … Après tout. » ne lui échappe.

    L’attaque d’Henry qui suivit était absolument détestable, et elle trouvait que Lawrence y avait répondu assez magistralement. Elle avait même étouffé un sourire dans son verre, sentant la main gracile d’Helena se refermer autour de son avant-bras pour la tirer un peu plus loin, laissant un Henry qui était en train de virer au vinaigre. « Je vous demande pardon ?! » s’était-il insurgé alors que sa voix partait dans d’insupportables aiguës alors qu’il s’énervait. « Si je vous « répugne » à ce point, vous n’aviez qu’à rester avec votre compagne, et me laisser avec la … Où est-elle passée d’ailleurs ? Rah ! » Il serra les dents, les doigts, et tout ce qu’il était possible de serrer, puis d’un air furieux passa à côté de Lawrence en le gratifiant d’un coup d’épaule, disparaissant en prenant au passage un verre de vin qui lui tiendrait bien meilleure compagnie. Pendant ce temps, à côté d’Helena, Lily l’écoutait à peine, décidément trop distraite et trop peu habituée à ce genre de soirée pour réussir à empêcher son esprit de papillonner. Et puis, elle était un peu contrariée, pour une raison qu’elle ne soupçonnait pas encore, et que sa rationalité l’empêchait d’accepter. Jusqu’à ce que sa question la pique au vif. « Excusez-moi ? » Elle crut avoir mal entendu. « S’il me … Plaît ? » Elle déglutit, son regard furetant inconsciemment vers sa silhouette comme pour y puiser une réponse. « Vous savez, les liens ont la profondeur qu’on veut bien leur donner. Mais dès lors que le regard de l’un des deux protagonistes est biaisé … Il n’y a plus rien de vrai … Plus rien à espérer, ni à sauver. » Ses paroles sonnèrent comme une énigme. Elle parut presque triste, de constater que s’il existait, ce lien, il n’était certainement pas de la nature qu’Helena l’espérait pour alimenter sa curiosité déplacée. Du moins, pas de son côté à lui. C’était impossible. Il la regardait trop comme … Comme quoi au juste ? « Tel que vous le voyez vous ce soir. Non … Il ne me plaît pas. Du moins, pas tout à fait. » Sous-entendu, ce n’était pas l’homme dans son costume qui lui plaisait. Ce n’était pas l’être physique qu’il incarnait qui l’avait toujours attirée. Ce n’était pas son corps qu’elle voulait peindre. Non. C’était autre chose. Tapi sous la surface. Une chose qu’il ne comprendrait sans doute jamais, et qui commençait tout doucement à lui faire rendre les armes, alors qu’il n’entendrait probablement jamais non plus ce qu’elle venait de confier sans pourtant rien dévoiler à cette inconnue. « Vous devriez retourner à ses côtés, Helena, si vous ne voulez pas qu’il vous échappe. Lawrence … Est d’un naturel plutôt évanescent lorsqu’il y met du sien … » elle la gratifia d’un sourire en demi-lune, posa son verre vide, se retourna enfin. Ses yeux rencontrèrent a silhouette de leur « sujet » de conversation, mais après une hésitation, elle finit par passer à son côté, s’arrêtant au niveau de son épaule. « Elle est charmante. Tu as de bons goûts. Passe une bonne soirée, puisque le prétendu hasard a voulu que tu sois là. Et ... ce costume te va très bien ... Au passage. » Enfin elle le dépassa, rattrapant une coupe pleine à la dérobée alors que son regard s’était fixé sur une autre silhouette esseulée. Un homme, plutôt grand, plus fluet que ce cher Henry, visiblement moins à l’aise dans son costume aussi, qui observait une œuvre d’art. Des yeux clairs, une bouche charnue, presque imberbe, des cheveux blonds foncés, et surtout, marque caractéristique : une tâche de naissance, sous son œil droit, qui faisait qu’elle l’avait reconnu tout de suite, même de loin. Prenant son courage à deux mains, animée par cette envie délicieuse de lui parler qui l’avait taraudée dès qu’elle avait appris qu’il serait présent, elle se permit de se pencher gracieusement à son côté, le gratifiant d’un sourire penaud. « Bonsoir … Excusez-moi de vous déranger, mais … ne seriez-vous pas Cyprien Gaillard ? Je vous ai tout de suite reconnu … J’apprécie beaucoup votre travail, cette façon que vous avez de bouleverser les codes architecturaux pour en faire des artefacts uniques. Et je manque à tous mes devoirs en oubliant de me présenter … Lily-Rose Hopkins. » Visiblement, sa compagnie ne lui déplaisait, elle avait bien fait d’oser. Voire même, il entamait la conversation, l’observant avec délicatesse, ne se permettant pas des gestes tactiles mais des sourires francs alors qu’ils observaient à présent ensemble une œuvre qui avait attiré leur attention. Elle le trouvait charmant, beaucoup plus intéressant que ce cher Henry plus proche de la caricature que de l’homme réel. Et si son jugement était probablement altéré par l’admiration qu’elle vouait à son génie créatif et à ses œuvres, elle trouvait l’homme derrière ces mises en scènes à la hauteur de ses espérances. Sans que cela ne devienne tendancieux, au moins passaient-ils un bon moment, lui à la regarder avec délicatesse, elle étant de plus en plus à l’aise à son contact.

    D’un autre côté, Lenore battait des bras dans tous les sens. Avait dû distribuer une centaine de poignées de mains, et tout autant d’embrassades. Et si son mari, incroyablement charismatique dans son costume cintré trois pièces, était en pleine discussions avec d’autres du même acabit. S’accordant une pause auprès du buffet, ses lèvres se revigorant dans une coupe de champagne, elle donna quelques directives à un membre de du personnel de salle qui passait par là, chercha sa fille du regard sans la trouver. Sans avoir eu le temps du moins, car son attention s’était arrêtée sur la silhouette d’un homme qu’elle avait déjà rencontré, et qu’elle ne se souvenait pas avoir un jour mentionné sur la liste des invités. Etait-ce Helena Delacour à son bras ? Décidément, elle était partout, celle-ci. Comme lui d’ailleurs. Reposant dans un geste quasi violent son verre sur un plateau en argent qui passait, elle fendit la foule comme une anguille, finit par s’arrêter au niveau du couple. « Bonsoir. Madame Delacour … Monsieur Austen. Quel plaisir de vous compter parmi les présents à cette soirée … Pourriez-vous me rappeler qui vous a fait part du carton d’invitation, mon cher ? » Elle eut une hésitation, leva les yeux au ciel puis le toisa de nouveau. « Ne me dites pas que c’est Lily qui vous a invité ? »





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    Lien du postMer 30 Nov - 20:03
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    Charmeuse et charmante, Héléna avait immédiatement rendu son sourire au dénommé Henry, n'hésitant pas à détailler le reste de sa personne en insistant sur ses lèvres et d'autres parties plus ou moins charnues qui aurait pu faire rougir un moine. Quant à la subtilité avec laquelle il articulait son prénom et nom de famille afin de lui rendre grâce, elle n'avait pu se retenir de glousser tout en nous lançant à Lily et à moi le regard du chat s'amusant avec une pelote de laine. Personnellement, elle pouvait bien l'épouser cet idiot que ma vie ne changerait pas d'un iota. D'ailleurs, les français sont connus pour être le peuple le plus snob et opportuniste n'est-ce pas ? Ces deux-là sont bien faits pour s'entendre. Encore que je ne reprochais pas à Héléna son arrogance, mais la jovialité avec laquelle elle cherchait à nous confondre Lily et moi pour une raison qui m'échappait et de ce fait, m'exaspérait au plus haut point. Qu'avais-je manqué ? Et qui était cette femme au fond ? Toutefois, bien que nous ne soyons pas proches en termes de connaissances, cela ne m'empêchait pas d'entrer dans son jeu et de m'amuser aussi. D'ailleurs, je dûs gagner la partie puisque Lily vint me complimenter, quoiqu'indirectement, sur le smoking que je portais ce soir. A moins que je ne me sois trompé et qu'il s'agissait d'autre chose de plus implicite ? Etrangement, je me souvins immédiatement de notre conversation de la veille et du malentendu qui en avait résulté. De fière, mon humeur changea du tout au tout pour ne devenir qu'une pensée confuse jusqu'à l'intervention du roi Henry IV. Juste Henry, pour les intimes. « Et je vous pardonne. » susurrais-je sur un ton insolent à mon tour en levant mon verre sous son nez. God, quelle voix ! Non mais sérieusement quelqu'un a t-il vérifié qu'il s'agissait bien d'un homme ? Les oreilles en sang, je l'observa longuement, attendant la prochaine pique à laquelle répliquer, et oubliant de ce fait ma cavalière de la soirée et celle pour qui, à dire vrai, je m'y trouvais. Hélas, comme son insupportable partenaire avant moi, je fus surpris de constater leurs disparitions, et me résignais aussitôt à les attendre, mon verre à la main et une mine plus ou moins réjouie d'avoir piqué au vif Montgermont junior.

    Pendant ce temps, à l'autre bout de la salle, Héléna réajustait sa tenue avec la ferme intention de soutirer quelques informations à Lily. Elle n'avait pas manqué de remarquer la relation, pourtant encore indéfinissable, qui nous liait l'un à l'autre et comptait bien en jouer pour obtenir ce qu'elle espérait. « Oui, c'est bien ma question. » répéta la jeune femme blonde en souriant toujours avec le même entrain. L'écoutant avec grande attention, Héléna hésita d'abord avant de poursuivre, observant Lily avec un soin presqu'inconvenant comme si elle reprenait peu à peu le fil de ses pensées pour mieux y découvrir un secret bien enfoui. « Oh ma chérie. Comme vous vous trompez sur mon compte. » soupira t-elle en posant sa main froide sur son épaule. « Bon d'accord, oui je suis une croqueuse d'hommes, je l'avoue puisque tout le monde en parle et le crie sur tous les toits. Mais je ne crois pas que le regard que je porte sur ce cher Austen changera quoique ce soit dans la manière dont vous le percevez vous-même. » répliqua la jeune lady sur un air énigmatique. « Quoiqu'il en soit, vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question. Enfin si, j'entends bien ce que vous avez voulu me faire comprendre. » Son sourire se dissipe, ses yeux ne sont plus aussi rieurs. Tout à coup, elle paraît son âge véritable malgré son maquillage. Et sur son visage de poupée, l'honnêteté et la bienveillance remplacent aussitôt la malice et l'impudence. « Tiens, c'est étrange. C'est exactement le conseil que je m'apprêtais à vous donner... » souffla Héléna à demi-mot avant de retrouver son air jovial et d'entrer, enfin, dans les sanitaires afin de se repoudrer le nez. « Bonne soirrééeee très chère ! »

    Où sont-elles passées ? Deux femmes, aussi irrésistibles qui plus est, ne pouvaient pas décemment disparaître ainsi sans que personne ne le remarque. A moins que...Lawrence, tu es un idiot. Le seul endroit auquel je n'avais pas accès et que je n'avais pas encore visité. Bien, j'attendrai. En fait, je n'ai pas eu à patienter très longtemps. Aussi légère qu'une plume, Lily avait réapparu à mes côtés, pour disparaître avant même que je n'eus le temps de comprendre. La contemplant alors qu'elle s'envolait vers un ciel plus clément, je m'attarde à nouveau sur sa tenue, négligeant Héléna qui m'avait alors rejointe et m'observait discrètement. « Et toi tu es éblouissante. » murmurais-je pour moi-même avant de sentir son bras autour du mien. « Le rouge est absolument attrayant sur les rousses. » commenta la jeune femme avec sérieux. « Puis-je savoir où vous étiez passées et que lui avez-vous confié par ailleurs ? » Mon air sévère n'eut aucun effet. Bien au contraire, elle semblait totalement anesthésiée. « Oh allons, ne faîtes pas cette tête mon cher, nous n'avons rien dit de méchant sur vous, soyez sans crainte. Je l'ai simplement interrogé sur la relation que vous semblez...partager tous les deux. » me taquina la jeune femme en m'éloignant prestement du spectacle de Lily en compagnie de ce...nouveau prétendant. « Je vois. N'avez-vous jamais songé, ma chère Héléna, que notre relation puisse ne pas vous concerner, ni de près ni de loin ? » grondais-je en retirant son bras du mien. Agacé, je l'étais infiniment. Pour quelle raison ? Je ne l'expliquais pas encore, mais je n'avais de toutes façons jamais apprécié que l'on se mêle de ma vie privée. « Quelle relation Darling ? J'ai souhaité savoir si vous étiez disponible voilà tout, j'ai horreur de courir après les hommes déjà pris, c'est terriblement épuisant figurez-vous. Entre la femme, la petite-amie et la maîtresse, ces pauvres chéris n'ont plus beaucoup de temps à vous consacrer ! » A peine le temps de respirer qu'elle reprenait déjà, féline. « Je suis désormais pleinement rassurée de savoir que vous êtes entièrement libre de me conquérir. » Droit comme un I, imperturbable, j'avais écouté le long monologue d'Héléna avec grande attention. A la fin, un mélange d'incompréhension, de tristesse et de colère envahissait peu à peu mon âme. Des sentiments confus que je niais en bloc mais qui pourtant demeuraient et pire, s'incrustaient en moi comme la plus vile des malédictions. Lily avait toujours été une amie à mes yeux. Et comme tout ami qui se respecte, je ne pouvais prétendre qu'il existait un lien plus profond entre nous, puisque ce n'était pas le cas. Alors pourquoi le vide s'emparait-il tout à coup de mon âme ? Et cette irrésistible envie de dépecer quiconque, de mon propre sexe, s'approcherait d'elle d'un peu trop près... Etait-ce la simple manifestation d'un homme qui voulait protéger... « Lawrence ? » Oh non, qu'est-ce que j'ai manqué ? Qu'avait-elle dit ? « Pardonnez-moi, j'ai besoin de prendre l'air. » Trop tard. Nos regards se sont croisés, et aussitôt je reprends l'attitude et la stature d'un homme sur le point d'affronter un adversaire de taille. Mes traits se durcissent, et ma volonté fait que je parviens même à sourire à Héléna qui semble surprise par ce changement si soudain. « Oh, madame Swanson, quel plaisir ! » Oui, quel plaisir, je n'aurais pas dit mieux. « Mon plaisir de vous revoir équivaut le vôtre, madame Swanson. » osais-je à mon tour en la saluant d'un vague sourire trompeur. A sa question, un peu personnelle par ailleurs, je l'observe longuement, désireux de confirmer juste pour voir son visage s'assombrir, mais alors que mon regard se tourne vers Lily que je sens si posée auprès de cet inconnu, je décide de jouer la franchise, au risque de me faire éjecter de cette soirée. « Non je... » « Il est avec moi, madame Swanson. Je l'ai invité. » m'interrompit Héléna en pressant mon bras et en offrant à la mère de Lily son sourire le plus enjôleur. « J'ai toujours eu un faible pour les roux, si vous saviez... » eut-elle même l'audace d'ajouter pour parfaire à son mensonge. « J'ai appris que vous étiez ...mariée. » Quelques minutes suffisent à me redonner confiance et admiration pour ce petit bout de femme prête à tout pour satisfaire ses quatre volontés. Bien, pourquoi pas après tout. « J'aurais aimé avoir le privilège de rencontrer votre époux, madame. Pour le remercier pour cette soirée et...faire plus amples connaissances. » Ma voix avait été grave, ombrageuse même, tandis que j'interrogeais Lénore comme pour l'avertir d'un quelconque méfait qu'elle s'apprêtait à commettre et qui ne resterait sûrement pas impuni.




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    Lien du postJeu 1 Déc - 20:53
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    « What the day owes to the night. »
    lawrie & lily




    Ne s’arrêtait-elle donc jamais de sourire ? Et cette lueur qui vacillait dans son regard, à mi-chemin entre l’amusement et la curiosité … Etait-elle en train de l’étudier ? A cette pensée ses pensées se refermèrent comme une huître creuse. En avait-elle trop dit, ou pas assez ? Que pouvait-elle bien lui répondre de toute façon, elle qui osait à peine effleurer ces idées tant elles lui paraissaient … Irrationnelles. Lawrence était une entité à part dans sa vie. Un souvenir d’enfance d’abord, qu’elle avait oublié en grandissant, et qui ne s’était rappelé à sa mémoire que récemment. Sur le peu d’images qu’elle avait de lui, il avait quoi … Une vingtaine d’années ? Moins que l’âge qu’elle avait aujourd’hui, tout juste sorti de l’adolescence, quoique cette adolescence avaient dû être très tôt arrachées par les affres de son métier. Qui était-il alors ? Un grand frère ? Une sorte d’oncle évanescent qui pendant un temps avait fait partie de leur existence ? Il n’avait plus rien à voir avec cet autre aujourd’hui. Le temps avait fait son œuvre, avait mortifié son âme, cisaillé sa chair, meurtri ses croyances et ses espérances en un avenir plus clément … difficile alors de trouver un point d’accroche avec un être tel que lui. Un fossé semblait les séparer. Créé par la différence d’âge d’abord, qui plaçait entre eux un espace digne d’une vie. Par leurs expériences aussi, le fait qu’il avait déjà beaucoup vu, beaucoup connu, qu’il aurait tout à lui apprendre et qu’elle aurait l’impression de ne rien pouvoir lui apporter. Et pourtant, il y avait ce fil invisible, tissé sous sa chair, entre ses côtes. Ténu, mais néanmoins présent, qui semblait relié à sa chair à lui sans qu’elle ne sache pourquoi. Un fil d’Ariane qui lui montrait le chemin pendant qu’elle lui indiquait la direction, qui les maintenait côte à côte le long de ce fil tendu qui devrait, avec le temps, soit se briser entièrement, soit s’étoffer d’une matière plus dense.  Soudain songeuse, presque troublée à écouter la voix si mélodieuse de cette chère Helena, elle n’avait rien ajouté en s’éclipsant, glissant comme une ombre entre les corps festifs jusqu’à trouver ce point d’ancrage asymétrique. Cette compagnie fortuite qui lui permettrait de taire les pensées vagabondes pour peut-être réussir à passer une soirée agréable. Et pour le coup, le champagne la rendait plus docile. Plus bavarde aussi. Elle était plus farouche d’habitude à l’idée de devoir aborder un inconnu. Surtout un inconnu dont elle connaissait si bien les œuvres, et qui heurtait sa propre sensibilité avec une précision chirurgicale. Si l’on ajoutait à l’équation le fait qu’il était plutôt séduisant, avec un charisme certain naissant de cette tâche si singulière qui s’étendait sous son œil … Ma foi. « […] Si vous voulez voir la technique de développement que j’ai utilisé pour le tirage de ces polaroids, vous devriez passer à mon atelier, un de ces jours. Mais ne vous attendez pas à ce que je vous délivre tous mes secrets … […] » Elle ne savait même plus comment ils en étaient arrivés à parler de son travail pour Geographical Analogies, mais quoiqu’il en soit, happée par la conversation, enthousiaste jusqu’au bout des cils, et probablement grisée par les effluves du champagne, elle commençait à passer un bon moment, quoique son ventre vide n’allait sans doutes pas tarder à la rappeler à l’ordre avant la fin de ce petit intermède.

    Lenore observait à présent Lawrence sans faiblir, une lueur presque furibonde teintant ses prunelles claires de nuances légèrement plus foncées. Elle se méfiait de cet homme. Pire, une partie d’elle le craignait, parce qu’elle le devinait de la même trempe que son ancien mari. Et si sa conscience était loin d’être un blanc immaculé, elle était intimement persuadée que la sienne était d’un rouge sanguinolent dont elle devait éloigner sa fille à tout prix. A moins qu’il ne soit trop tard, que le « mal » ne soit déjà fait. « Pour quelqu’un d’habituellement bien renseigné, vous manquez à vos devoirs monsieur Austen. Edward et moi sommes mariés depuis presque vingt ans maintenant. » Elle n’en avait pas honte. Savait parfaitement qu’il connaissait Jonathan, voire même, était un ami proche de ce dernier. Pourquoi devrait-elle se cacher derrière des hontes inavouées ? Oui elle l’avait quitté. Oui elle avait le choix de partir avec un autre. Et oui, elle avait aimé cet autre plus que lui. « Je suis l’instigatrice de cette soirée, vous pouvez me remercier directement. Quant à mon mari … Il est actuellement aux prises avec ses associés, je doute qu’il ait le temps de vous accorder du temps. » Rapide, incisive, la réponse ne s’était pas faite attendre. Ses yeux furetèrent à droite et à gauche, jusqu’à se poser sur la silhouette de Lily au loin qu’elle cherchait depuis une bonne dizaine de minutes. « Ah la voilà. » Un constat qui se perdit dans le silence ponctué de tintements de verres, et des discussions. Mais avant de disparaitre elle ne put s’empêcher d’ajouter : « Il est si charmant ce Gaillard. Tout juste trentenaire, déjà des cordes à son arc. Certaines de ses œuvres sont vraiment magistrales, et il ne semble pas avoir hérité du pédantisme naturel qu’ont certains français … Il a un atelier à Berlin, et un autre dans New-York. Si seulement Lily acceptait de venir travailler à mes côtés pour le cabinet, et la galerie, peut-être pourraient-ils graviter dans le même univers tous les deux, et la même ville … » S’en était presque sournois, ou même cruel. De venir tracer la perspective d’un avenir idéal, qui répondrait parfaitement aux attentes. Un avenir palpable, idyllique, sans ridules, où deux êtres faits du même alliage se retrouvent à emprunter des destinées parallèles. Un rêve. Mais un rêve qui n’appartenait qu’à sa mère, pas à elle. « Enfin … Elle est si bornée. » Une remarque qui indiquait que, pour une mystérieuse raison, et au grand désarroi de sa mère, Lily avait dû déjà refuser la proposition. Pour l’instant du moins. « Et vous mon cher, toujours pas re-marié ? » Elle insista bien sur le « re », avouant implicitement qu’elle s’était renseignée à son sujet. Oh ça oui. Surtout depuis leur petite « rencontre » à l’hôpital. Mais elle n’avait pas évoqué sa destinée tragique, n’étant pas fourbe au point de pousser le vice jusqu’à cette extrême limite, même si l’envie la taraudait. « A croire que vous passer la corde au cou relève davantage de la prouesse que du défi. Ma chère Helena, vous avez là un parti de choix … » Elle lui adressa un sourire malicieux entendu, jouant sur ses nerfs comme sur des cordes tendues, reposant un regard lointain sur sa fille. « Le dîner ne va pas tarder à être servi dans la pièce adjacente. N’hésitez pas à vous y rendre. » Et elle avait simplement disparut dans une démarche gracieuse, élégante, et féline à la fois, allant se pendre plus loin avec une réserve maîtrisée au bras de son compagnon après avoir décidé de laisser Lily tranquille pour l’instant. Cette même Lily qui riait à présent doucement à une boutade lâchée délibérément par son interlocuteur, qui avait été interrompu par l’annonce officielle, invitant les convives à rejoindre la salle à manger pour le dîner. « Je vais aller subtiliser et inverser des cartons du plan de table, pour qu’au moins, nous puissions être à la même table. J’ai très envie de savoir comment tu as réussi à conjuguer structure et disharmonie dans ce même espace … » Ah. Ils se tutoyaient à présent. Un net progrès. Lily hocha la tête pour acquiescer, lui offrit un sourire mutin adorable avant que son regard ne glisse furtivement par-dessus son épaule. « Oui bonne idée. Pars devant, je te rejoins dans un instant … » Il n’avait rien objecté, tournant les talons pour avancer d’un pas déterminé vers le plan de table de tous les enfers. En retrait, Lily avait attendu que les convives s’engouffrent comme une vague dans la pièce suivante, ses doigts se refermant dans la cohue autour d’un avant-bras bien connu qu’elle tira en arrière, dans le couloir aux murs boisés ciselés. « Lawrie ? » Un murmure, à peine audible alors que le couloir était presque désertique à présent, et qu’on entendait le brouhaha qui venait de l’intérieur. Chacun tirait sa chaise, prenait place. Des crissements répétés. « Pourquoi tu es venu ? C’est pour me surveiller ? C’est … C’est mon père qui t’a demandé de venir, n’est-ce pas ? » Comme si au fond, elle ne voyait pas d’autre raison plausible pour légitimer sa présence ici.





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    Lien du postVen 2 Déc - 5:43
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    A quelques mètres de là, une oreille indiscrète tentait de comprendre un traitre mot de la conversation qui avait lieu entre une jeune poupée rousse et un artiste aux boucles soyeuses. Hélas, l'art, domaine basé sur l'imaginaire, la relativité et le subjectif, m'échappait toujours malgré les efforts que je manifestais pour l'approcher de plus près. En outre, d'autres préoccupations me tenaient en alerte. Lénore Swanson. La mère de Lily qui l'avait abandonné toute jeune pour des raisons que j'avais comprises mais que je refusais d'admettre en tant que parent. Enfin, ex-parent si l'on puit dire. Elle avait de plus cette manière de l'observer, de me détailler comme si elle tentait de voir au delà des apparences, et je ne doutais pas qu'elle me jugeait avec la même considération que son ex époux, soit, qu'elle ne me porta absolument pas dans son cœur. Tant mieux, cela nous faisait un point commun sur lequel se reposer. « Oh, veuillez m'excuser, je n'ai coutume de me renseigner que lorsque j'y trouve un intérêt. » ais-je l'audace de répliquer avec un sourire franc tandis qu'Héléna me donnait un petit coup de coude dans les côtes. Eh bien quoi ? Je suis honnête, au moins. Elle, ne se priverait pas pour le devenir dans très peu de temps, j'en suis persuadé. « Vingt ans hum ? Presque l'âge qu'a votre fille si je ne m'abuse. » ajoutais-je en la gratifiant d'un regard empli de reproches. Sûrement qu'elle avait compris le sous-entendu. En revanche, et c'est ce qui m'alarmait et me fustigeait le plus, je n'étais pas certain qu'elle en avait conservé des regrets, si ce n'est pour Jon, au moins pour son propre enfant. « Dans ce cas, je vous remercie, madame Swanson. Je suppose que d'autres occasions se présenteront pour faire la connaissance de votre époux. » lançais-je sur un ton énigmatique. Une occasion provoquée ferait tout autant l'affaire. Pour l'heure, je focalisais mon attention sur deux femmes aux caractères visiblement opposés. Aucune interruption ne biaisa la volonté de Lénore de m'asséner un dernier coup. Ce n'était pourtant pas faute de l'avoir ardemment désiré. Cependant, je crus comprendre entre ses mots que Lily avait rejeté sa proposition. Ce qui ne voulait pas dire qu'elle refuserait éternellement, pour peu que sa mère se montre plus convaincante. Et cet artiste à son bras venait peut-être de faire la pencher la balance en sa faveur justement. Gardant mon calme, au moins jusqu'à ce qu'elle s'éloigne, mes mâchoires se crispent involontairement tandis que mon poing se serre à l'intérieur de ma veste de smoking. Lily quitterait-elle Boston ? Une partie de moi hurlait son désespoir tandis que l'autre se résignait déjà, consciente que si son bonheur résidait ailleurs, elle n'avait aucun droit de lui faire obstacle. D'ailleurs, pourquoi le ferais-je ? Je n'avais aucune raison de souhaiter que Lily ne reste dans cette ville. Ni qu'elle s'en aille non plus, mais j'ignorais encore pourquoi la première option provoquait en moi autant de trouble et de colère. L'alcool sans doute. La question posée ensuite, insidieuse et consciemment très sensible à mes yeux suffit à me ramener du pays des songes. L'océan jusqu'alors relativement serein devint aussitôt un tsunami balayant tout sur son passage alors que mon regard s'accrochait au sien, menaçant. « Heureux d'apprendre que si je n'ai pas eu le temps de me renseigner sur votre personne, la réciproque n'est pas vraie. » murmurais-je pour apaiser le grondement dans ma voix qui, ceci dit avait monté d'un octave. « Vous avez été marié ? A qui ? » entendis-je à mes côtés, un soupçon de jalousie mal maîtrisé dans la voix. Lénore avait-elle conscience du jeu dangereux dans lequel elle se perdait elle-même ? Je n'en étais pas certain. Ma famille et mon passé étaient en effet les seules raisons, l'unique moyen de me faire perdre mon sang-froid. Je n'en parlais jamais, sauf aux gens de confiance, et encore, à demi-mot. Heureusement, ma cavalière sembla sentir mon inconfort, puisque ses doigts trouvèrent le chemin jusqu'à mon torse, passant et repassant doucement comme une légère caresse autour de mon cœur tandis que ses yeux, voilés par un infime sentiment de peur conjugué à une forme de compréhension cherchaient à m'apaiser. « Oui, je le crois aussi. Tout le monde n'a pas la chance de trouver l'homme qui saura combler son cœur au premier regard. » lâcha t-elle pour me défendre, touchant justement là où le bas blesse concernant Lénore. « Nous y serons, merci. » Incapable d'articuler un mot sous peine de lui dire le fond de mes pensées – or je ne pense pas qu'elle apprécierait ma franchise – j'esquisse un bref sourire alors qu'elle tourne les talons, l'observant à la dérobée avec une rage qui m'envahissait peu à peu et risquait de me faire perdre le contrôle de moi-même. Inconsciemment de mon état psychologique, c'était bien d'ailleurs l'une des premières fois où je ressentais autant d'émotions contradictoires, je dus prendre sur moi un long moment avant de pouvoir baisser les yeux sur Héléna, toujours présente à mes côtés. « Veuillez pardonner cet échange pour le moins...désagréable. Lénore Swanson et moi ne nous portons pas vraiment dans le cœur. » m'excusais-je en retrouvant le sourire. « Vraiment ? Je n'avais pas remarqué. » ironisa la jeune femme en reprenant mon bras pour m'inciter à la suivre jusqu'à la salle où les plats commençaient tout juste à être servis. « Héléna...je vous rejoins tout de suite. Promis. » ajoutais-je, conscient qu'elle n'avait pas l'intention de me lâcher, à moins d'une raison valable. « Je n'ai pas eu le temps de prendre l'air.. » énonçai-je avec un brin d'humour. Et dieu sait que maintenant, j'en avais besoin. « Bon, très bien. Mais gare à vous si je vous vois au bras d'une autre de ces charmantes demoiselles lorsque vous reviendrez ! » fit-elle mine de se vexer en n'omettant pas de m'abaisser légèrement le menton de ses doigts graciles. Attendrissant. Une fois hors de sa vue, et hors de la vue de tout le monde à vrai dire, je m'apprête à rejoindre le balcon, afin d'y laisser éclater ce trop plein d'émotions qui me déconcertaient. Malheureusement, et encore une fois, le destin en décida autrement. Tiré en arrière par une personne inconnue – je n'ai pasheureusement pas eu le réflexe immédiat et pourtant conditionné de l'agripper à mon tour avec force et fracas – je reconnais aussitôt Lily, et mon sang ne fait alors qu'un tour dans mes veines. Elle n'avait pas pu choisir moins meilleur moment. « Hum. Que me veux-tu, Lily ? » L'intonation, loin d'être chaleureuse, donnait l'impression qu'elle m'ennuyait au plus haut point. Pire, que sa présence m'était devenue soudainement indésirable. Prenant sur moi en songeant qu'elle n'était pas responsable, du moins pas complètement, je décidais de faire face en faisant preuve de courtoisie, afin qu'elle ne puisse deviner par mon attitude et ma voix la confusion qui me bousculait les sens. Sauf que...une question fut posée. Deux en vérité, mais une en particulier avait suffi à m'exaspérer, faisant obstacle à toute tentative de retrouver mon self control. « Te surveiller ? » répétais-je avec froideur. Mes yeux la dévisagent soudainement. Troublé mais plus encore blessé de constater qu'elle me croyait définitivement capable du pire, le souvenir de la nuit que j'avais passé avec Anna me revint en mémoire. Pourquoi ce soir ? Pourquoi en cet instant ? Je n'en savais rien, la mémoire et ses mystères...il devait y avoir un lien entre ma conduire cette nuit là, ma présence ce soir et ...Lily. « Tu crois peut-être que je n'ai que ça à faire ? » Tranchant dans mes propos, je n'essayais même pas de masquer la colère que je ressentais, et qu'elle ne m'avait encore jamais connue. Un soupir d'agacement teinté d'amertume se fait entendre. « Tu ne cesses de me reprocher de t'infantiliser mais tu me demandes si c'est ton père qui m'a envoyé ici. » lui reprochais-je en gardant mon regard rivé au sien. « Eh bien, non, désolé de te décevoir, papa ne m'a rien demandé. Il ne l'a jamais fait d'ailleurs, j'ai toujours pris mes propres décisions et c'est moi qui ai pris l'initiative de venir ce soir. » Pour quelle raison ? La question me hante encore. Elle n'a pas cessé tout au long de la soirée, alors que je la voyais passer du bras d'un prétendant à celui d'un autre. Le sentiment que j'avais alors ressenti comme une vague déferlante, je le connaissais très bien, mais j'avais nié, incapable de penser que cela puisse m'arriver. Surtout pas en sa faveur. Nous étions amis, rien de plus, et rien ne pourrait jamais changer cet état de fait. « C'était une erreur, visiblement. » murmurais-je pour moi-même en détournant les yeux en direction du balcon. Est-ce que je finirais par l'atteindre un jour...j'avais un tel besoin de m'évader ce soir. « A propos, je suis ravi de voir que tu t'entends aussi bien avec ce cher Gaillard. Un homme sans nul autre pareil, si j'en crois le portrait dressé par ta mère. » Oui, cette fois, je ne pouvais m'en cacher. Ma jalousie crevait les yeux. Ce n'est que lorsque j'en pris conscience que mes derniers mots moururent sur mes lèvres.




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