I Need You. -Beth

Le ciel était gris, le soleil ayant déserté, se retirant derrière les nuages grises. Les bâtiments étaient gris, reflet d’une météo de novembre. Tout était gris. Lui même se sentait de cette couleurs. Même s’il portait du noir. Même s’il venait de quitter un endroit en bois poli, des chaises recouvertes de velours rouges, des compositions florales blanches… Il ne les voyait pas moins grises.
Fourrant les mains dans les poches de son pantalon, il sortit de cette atmosphère faussement chaleureuse, synonyme de mort. Il avait laissé son père s’occuper de la suite. De sa mère et de la paperasse.
A quoi bon rester. Se tenir à côté d’un cercueil vide.
A quoi bon écouter sa mère pleurer un fils qu’elle a tant aimé, pour qui elle avait tant d’espoire.
Un enfant.
Même à 22 ans, il restait son enfant.
Alors elle pleurait.
Et c’était chiant. Tellement chiant, qu’il avait été heureux que ça finisse. Ou plutôt, il aurait du être heureux que ça finisse… sauf que tout était gris… alors il a juste apprécié d’avoir la bénédiction de l'éthique pour quitter.


Il avait allumé une cigarette, en avait tiré une latte et s’était mis à marcher.
La encore… tout était gris. Même la fumée de sa cigarette, la vapeur sortant de sa bouche, seul témoignage du froid qui l’entoure. Seul témoignage qu’il était encore vivant, et chaud à l'intérieur.
N’ayant pas mis de manteau pardessus son costume, il aurait pu avoir froid… mais il ne ressentait rien. Il marche juste pour marcher. Ni fuir, ni aller quelque part. Parce qu’il ne sait plus.
Il ne sait absolument rien.
Il est perdu. Autant dans les rues de boston que dans son esprit. Ou tout est gris. reflet de son âme.


Regardant la rue devant lui , il s’en rappelle vaguement.
Un coin de son esprit ressort une couleur. Du rouge. Pas celui du velour de l’endroit qu’il venait de quitter. Non. Le rouge d’une robe. Un rouge qui l’avait hypnotisé un jour. La robe d’une femme.
De Beth.
Il se rappelle l’avoir vu marcher dans cette rue, dans cette robe, en la raccompagnant chez elle. Regardant la rue plus attentivement cette fois, il se rappelle la porte par laquelle ils étaient entré, le code qu’elle avait tapé, les marches qu’ils avaient gravi, et l’étage de son appartement.
La porte de son appartement, devant lequel il se tenait … maintenant.
Ses jambes l’avaient amené jusqu’ici. De leurs propre chef. Chez Beth.
Il toqua.

Il avait juste envie de ne plus penser, à rien. Il voulait tout oublier de sa journée, de sa semaine, et de toute sa vie.
Quand il avait reçu le coup de téléphone lui annonçant … la terrible nouvelle, il n’y avait pas cru. Ou n’y avait juste pas fait attention. Ou alors a t il espéré que sa condition ne lui ferait rien sentir. Parce qu’en réalité, à cette annonce, de sa mère effondré à l’autre bout de la ligne, il avait ressenti quelque chose. Ressentir le vide ça se fait n’est ce pas? Une partie de son âme s’était brisé. Quelque part dans sa tête, quelqu’un avait hurlé.
En façade par contre, rien n’avait changé.
Il ne ressentait rien n’est ce pas? C’était juste le sentiment de perte de son frère, le fait de ne plus pouvoir le revoir, de perdre cette habitude de l’appeler une fois de temps à autre, sa voix, et la manière qu’il avait de lui tapoter sur la tête, le fait qu’il ne l’aie jamais traité en psychopate... Voilà c’est juste ça qui allait lui manquer.
Il ne ressentait pas vraiment le deuil qu’il devrait ressentir. Ni la tristesse.
Il voulait juste être loins de ses parents, et de tous leurs … excès d’émotions. Voilà pourquoi il n’avait rien dit à personne. Voilà pourquoi, avant aujourd’hui, il n’avait pas quitté son appart. Il avait même essayé de garder un semblant de connection virtuelle vers le monde externe… ou pour être plus exact il avait ouvert le profile Formspring de Beth, la veille.
La jeune fille qui lui faisait face.
Celle vers laquelle il avait accouru après la parodie d’enterrement que ses parents avaient préparé pour les amis de son frère.
Elle était surprise de le voir. Lui même était surpris de la voir…  dans un coin de son esprit seulement, parce que la majeure partie se disputait sur ce qu’il devait ressentir.
Rien. Le deuil. La tristesse. Beth. Rien. Une douleur à la poitrine.
Tout cet amalgame de mots, de sentiments, de ce qu’il devait ou ne devait pas faire, d’images...il ne savait plus quoi penser… rien n’avait plus de sens… à part s’accrocher à la blonde devant lui.
Debout dans l’encadrement de la porte, le jeune homme ne réponds pas tout de suite, préférant la prendre dans ses bras, sentir son odeur, son corps contre le sien, l’enlacer, et tout oublier.
-Il est mort Beth … Alexis est mort.  
Peut être aurait il dû prendre des gants avant de l’informer de cela. Elle connaissait son frére… et elle était assez sensible... Mais aujourd’hui il était égoïste … il avait besoin d’elle, et elle devait le savoir pour peut être … l’aider. Un instant, il sut qu’il appliquait sur elle une pression plus grande que son corps frêle ne pouvait supporter, il relâcha alors un peu son emprise, sans la laisser partir, fourrant son visage contre les cheveux de la jeune femme.
-Il est mort.
Cette répétition était une réalisation de sa part.
Alexis était mort … et c’est la première fois qu’il prenait conscience que c’était réellement le cas.

Sa chaleur était la seule chose à laquelle il s'accrochait.
Non en fait, il s'accrochait à d'autre choses sans même le savoir...
La texture de ses cheveux contre sa jour. La courbe qu'avait son dos, quand elle s'était rapproché pour lui rendre son étreinte. Le fait qu'elle soit sur la pointe des pieds pour atteindre sa hauteur. Son odeur ... un soupçon de pêche mélangé a une fragrance de noix de coco qui se seraient mélangé de la plus exquise des façons. Le genre de combinaisons qui n'allait pas a tout le monde. Son odeur à elle. Celle qui l'avait emporté, à leurs dernières rencontre.
Pourquoi penser à ça maintenant? Peut être qu'il essayait inconsciemment de s'en tenir au petits détails sans importance, une manière pour lui d'oublier le plus important. Les petites choses, comme par exemple le passage des doigts de la blonde, dans ses cheveux en douces caresses. Ses mèches à elles lui chatouillant la gorge.

Il referme les yeux, déglutit difficilement, et se dit qu'il ne voudrait plus jamais la lacher, ou plutôt, pas tout de suite. Ezéchiel, le sans âme, avait besoin de réconfort, qui l'aurait cru.

Il essayait de se convaincre que ... ce n'était rien, que la mort était une fatalité... et que ce n'étais pas grave. Ca arrive. N'est ce pas?
C'était vain.
-Une attaque.
Venait il de répondre? Il avait entendus sa voix . Une voix un peu plus rauque, mais c'était la sienne. Il lui fallut quelques secondes encore, pour comprendre qu'il répondais à sa question.

Sa réponse est trés loins d'être compréhensible. Une attaque sans rien ajouter, ni ou ni quand. Ni le fait que ça à été fortement médiatisé, et qu'il a dut attendre avec ses parents pour avoir la dépouille de son frère.
Encore moins l'ironie qu'un ex militaire meurs en buvant un café sur une terrasse à Boston.
Ouai il n'a rien dit de tout cela. Et ne comptait pas le dire à la jeune femme quand elle planta un regard intrigué sur lui, tout ce dont il avait besoin en ce temps la, c'était de se pencher pour combler le vide entre eux et l'embrasser. Puis de la ramener et de l'enlacer a nouveau, pour plus de réconfort, et un brun de parfum de coco.
Sauf qu'il ne fit ni l'un ni l'autre. Quand du coins de l'oeil il voit un homme sortit de, ce qu'il devinait être la chambre de Beth. Ramenant son regard sur cette dernière, il a juste le temps de remarquer ce qu'elle porte avant qu'elle s'éloigne de lui, l'air coupable.
Relâchant la main qui maintenait sa taille, il se redresse, son expression durcit, et ses yeux deviennent aussi froid que de la glace, passent de la blonde jusqu'au dos de celui qui leurs demandait de pas se déranger pour lui.  
D'accord.
Alors elle a pas perdu de temps pour en trouver un autre. Cet "autre" a passé la nuit avec elle, et a même eu droit au lit.
Elle semblait même géné qu'il la trouve entrain d'enlacer Ez.
Tout à fait normal. Se répète t il.
Sauf qu'a l'intérieur rien ne va. Le français ne veut pas du tout ressentir cette rage qu'il affectionnait d'habitude. Celle qu'il aimait attiser pour se dire qu'il lui restait enfin un sentiment. Cette fois ci, la rage avait un gout bizarre... Quelque chose d'amère. Un gout désagréable, énervant, avilissant, qu'il ne laissa pas paraitre.
S'éloignant encore de la blonde,  la regardant froidement, d'une manière complètement détaché. A la façon d'Ezéchiel le psychopathe
-Tu devrais aller voir ce qu'il a
Lui dit il, d'un ton monocorde en réponse à la question de la jeune femme. Au même moment que l'autre brun, Brent, un nom depuis sa liste formspring, revient dans la pièce, la main enveloppé... demandant des pansement.
-Ouai... va voir ce qu'il a... Va donne des pansement à ton petit copain
Lance t il encore, de cette même voix aux intonations glacés. C'est moi qui vais plus vous déranger
Finit il par dire en esquissant un mouvement pour se retourner vers la porte.