IN

Si l'idée d'avoir une femme à la tête du pays ne l'enchantait guère, Elias devait bien reconnaître que la défaite d'Hilary Clinton et l'annonce du nouveau président américain lui laissait un goût très amer, comme pas mal de monde en fait. Il se sentait plus que concerné par la nouvelle, c'était le cas de le dire et pas simplement parce qu'il étudiait dans ce pays. En réalité, cette élection sonnait un peu comme un retour aux sources pour lui, qui était brésilien avant d'être américain. Alors ouais, imaginer une seule seconde que ce vieux milliardaire puisse s'en prendre à lui, à sa mère et même à tous ces pauvres gens qui avaient réussi à reconstruire une nouvelle vie ici, bien meilleure, c'était juste inenvisageable. Et puis y avait pas que ça, parce que fallait avouer que ce mec était complètement allumé hein. Donald Trump président ? C'était la plus grosse blague de l'année. Une blague oui, contre laquelle beaucoup manifestaient déjà, Elias y compris. "Fuck Trump ! Fuck Trump !"

Feryel n’arrivait toujours pas à y croire. Donald Trump avait gagné le college electoral, et allait surement devenir le nouveau président de son pays. Elle n’en revenait pas. Le pays qui l’avait accueilli il y a plus de dix ans, Feryel ne le reconnaissait plus. On l’avait accueilli, et voilà qu’on voulait la virer basé sur sa religion. Toute fois, la jeune présidente Quincy ne se laissait pas faire, et ne baisserait pas les bras. Le discours d’Hillary Clinton lui avait redonné du courage, et elle continuerait de se battre pour les valeurs qu’elle défendait. C’etait pour cela qu’elle avait organisé une manifestation dans le parc de Boston, pour montrer son mécontentement face à un système qui donnait la chance à un homme rempli de haine à devenir président de ce pays. Elle avait donné rendez-vous à ses deux colocatrice @C. Nevada Lewis-Kennedy et @Charlie A. Harrington  dans le parc, et attendait la venue de ses deux amies ainsi que d’autres manifestants avec sa pancarte qui disait Love Trumps Hate #notmypresident.

Le coup de massue de plus. En à peine 15 jours, ton monde s'était écroulé, d'abord ton mari qui fout le camp et maintenant le pays qui t'a vu naitre et où tu as passé une bonne partie de ta vie a nommé à sa tête un mysogyne raciste prétentieux et totalement déconnecté de la réalité. Pour avoir subi des insultes racistes, tu n'as nulle envie que ton fils doive affronter le même sort dans un pays qui le verra comme un faible à cause de sa couleur de peau. Tu hésiteras presque à retourner de suite en France dans ta famille maternelle, pour lui. Mais toi tu vas te battre et ce malgré ton moral en berne. Il y a des valeurs pour lesquelles tu ne cesseras de donner de la voix. Il est hors de question que tu ne montres pas ton mécontentement quant au résultat de cette élection dont la campagne a été un grand n'importe quoi. Feryel avait organisé un rassemblement pour manifester votre mécontentement comme le faisait bon nombre d'américains depuis la veille. Après avoir confié Quincy aux jumeaux, tu t'étais rendu au parc, ta pancarte sous le bras. Parmi la foule tu retrouvais ton amie." Je suis prête à passer la nuit ici. " Tu étais capable de tout pour défendre tes convictions, ton avenir mais surtout celui de ton fils.

What in the actual fuck ? Non. Nan, j'étais pas prête à accepter d'avoir un rat pareil pour président. J'savais que des manifestations s'organisaient et même si je savais pertinemment qu'elles ne serviraient à rien, croyez-moi que j'en ferais partie. Et je faisais pas les choses à moitié. Pour l'occasion, j'allais me balader dans la rue en sous-vêtements. J'allais probablement finir la soirée au poste, mais je m'en foutais complètement. Sur mon corps était écrit "Are you gonna grab me by the pussy ?" Et sur chacune de mes jambes #Dump (sur la droite) et #Trump (sur la gauche). J'étais complètement dans la provocation, mais j'étais dans un tel état de rage que j'avais même pas réfléchi plus de cinq minutes. Dans mes mains, un panneau "Not my president", comme la plupart des gens ici ce soir. En tant qu'immigrée et bisexuelle, j'avais plus qu'à tailler la route. Mais nan, j'allais rester et me battre avec mon pays pour nos droits.

Maxine était choquée, très surprise. Comment Trump était-il arrivé à ce stade avec un tel programme ? C'était juste pas possible. Les américains voulaient voir couler leur pays ou quoi ? Elle n'avait pas pu voter, étant donné qu'elle n'était pas citoyenne américaine, elle était juste ici pour étudier, mais si elle avait pu voter, elle y serait allé. Mais, si Trump appliquait son programme, elle ne ferait pas long feu sur le territoire, étant donné qu'elle n'a pas la nationalité américaine, même si en pratique ça sera compliqué à mettre en place pour eux. Enfin, elle n'était pas contre Trump juste pour ça, mais elle avait lu son programme. C'était du n'importe quoi. D'ailleurs, Maxine était totalement pour la victoire d'Hillary Clinton, donc elle était d'autant plus déçue pour sa défaite. La Quincy House avait organisé une manifestation à Boston, et Maxine n'avait pas hésité à y aller, accompagnée d'Orysia, la sublime. Elle avait sa pancarte, tranquillou, et avait bien l'intention de rester à la manifestation le plus longtemps possible. Et puis, arrivée sur place, elle voyait Elias de loin. Elle fut un peu surprise de le trouver là, enfin pas trop en fait, et se dirigea vers lui en traînant littéralement Orysia derrière elle. La pauvre. "Eliaaaaaas !" dit-elle en haussant la voix un peu faussement, comme une fan en furie qui venait de trouver son acteur, mannequin, quelque chose, préféré et voulait un autographe. Sauf que c'était Elias, voilà voilà.

IN
Milo a toujours été très entier dans ses choix, il a des convictions et ne les trahis jamais. Très entier, il ne fait pas les choses à moitié. Hier, il était dans les premiers à se rendre au bureau de vote pour faire valoir ses droits et exprimer son ressenti. Ses ancêtres (oui parce que Milo se considère toujours comme un Américain), se sont battus pour qu'il ait le droit de vote et aujourd'hui il est donc hors de question qu'une enflure du nom de Trump ne soit à la tête des Etats-Unis. Convaincu qu'une telle chose serait la fin de toute liberté pour son pays, il tomba de haut en voyant les résultats. Le peuple venait de parler et Trump allait devenir le 45ème président des USA. En rage depuis l'annonce de sa victoire, le Winthrop n'arrivait pas à décolérer. C'est donc muni de son t-shirt FUCK DONALD qu'il se rendit à la manifestation anti-Trump donnée à cette occasion. Il n'avait pas de pancarte ni de slogan tout prêt, il était juste là pour manifester. Se pointer en t-shirt en plein mois de novembre était déjà un signe de protestation, il était prêt à se battre pour protéger son pays. Milo arriva sur les lieux sans connaître personne. Un large sourire s'afficha sur son visage en voyant les étudiants rassemblés contre cette ordure. Il avança vers eux pour se mêler aux manifestants.

Depuis le résultat des élections j'avais la gueule de bois. J'avais passé la nuit debout devant ma tv, avec une bouteille de vin, à regarder les résultats ; puis le reste de la nuit à pleurer et à fantasmer à l'idée de quitter le pays. Pays qui m'avait pourtant vu grandir, mais que je ne reconnaissais plus. Un raciste et misogyne au pouvoir ? Après avoir passé huit ans avec le premier président noir à la maison blanche ? C'était une blague, une très mauvaise blague. Le pays allait clairement régresser, l'économie allait s'écrouler... bref je déprimais déjà à l'idée des quatre prochaines années. Contrairement à moi Feryel elle ne déprimait pas. Non, au contraire elle était remontée à bloque et, comme bon nombre d'américain, elle avait décidé d'organiser une manifestation. C'était sans grande surprise venant d'elle. Elle avait invité tout le campus à se réunir à Boston Common, et voyant que Nevada y allait aussi je m'étais forcée à y aller. Après tout, c'était mieux de crier ma colère dans la rue, plutôt que de la noyer dans de la vodka et de me gaver de cookies à la maison.
Je me rendais donc sur les lieux de la manifestation, me perdant un bon moment dans la foule avant de trouver Feryel et Nevada.  « Bordel j'ai cru que je vous trouverais jamais. » râlais-je un fois à leur hauteur, glissant mes mains dans les poches de mon manteau. Je n'avais pas de pancarte, en faite, j'étais vraiment venue les mains dans les poches, mais au moins j'étais là, mon bonnet vissé sur la tête pour caché mes cheveux pas coiffés.