je ne tiens plus sans toi
— margot

Je ne voulais pas entendre ses excuses, je ne voulais pas qu'elle s'en veuille, parce que c'était pas sa faute. Si j'avais fait ça, ce n'était pas dans le but qu'elle culpabilise à cause de mon bras, de mes futures cicatrices. J'assumais ce que j'avais fait et si je devais le refaire, je le referais sans hésiter une seconde. Je ne répondais rien parce qu'elle était têtue, plus que moi sur le coup. Je ne la quittais pas des yeux, l'écoutant. Ouais, ça aurait pu être pire, mais ça ne l'était pas. J'étais en vie et elle était aussi, c'était pas tout ce qui comptait ? « Ne penses pas à ça, je vais bien, tu vas bien, c'est tout ce qu'on doit garder en tête. » rétorquais-je alors qu'elle se laissait tomber sur le canapé. Je me décidais enfin à bouger, m'asseyant près d'elle. « Oui, on ne peut pas revenir en arrière. » Et de toute façon, tout cela se reproduirait. Je referais exactement ce que j'avais fait. Je restais quelque secondes à rien dire, avant de souffler un bon coup et de reprendre la parole. « Cette semaine a été très longue sans te parler, tu m'as manqué plus que je le pensais.. » Je relevais les yeux vers elle. « On va faire un deal, si tu le veux bien. Je vais te raconter mon passé, ce que j'ai fait, mes regrets et si tu veux toujours qu'on apprenne à se connaître après ça, si tu veux prendre le risque, alors je le prendrais. » Est-ce que j'allais parler de Lara ? Est-ce que j'allais lui dire que je couchais avec sa meilleure amie ? Je n'en avais aucune idée.

je ne tiens plus sans toi
— margot

Mes parents ont passé la semaine à me répéter les mêmes mots qu'Adriel: "Ne pense pas à ça". Parce que ça me hante, parce que j'arrive pas à me sortir mentalement de la Lowell, de la peur que j'ai eue la bas. J'me réveille parfois au milieu de la nuit en ayant l'impression de manquer d'air, et je suis obligée de faire le tour de la maison pour m'assurer que tout va bien. En somme, je suis devenue parano. Adriel conclut en disant qu'on ne peut pas revenir en arrière, et c'est d'un ton las que je répond « Je sais... » Après une seconde d'hésitation, il vient s'installer à mes côtés, et je reste silencieuse, ne sachant pas comment aborder une quelconque conversation. Je pensais pas que ce serait lui qui le ferait. Je relève les yeux dès ses premiers mots, surprise, touchée, le coeur lourd comme des pierres. Tu m'as manqué aussi que j'ai envie de lui dire, mais rien ne sort. Et les mots suivants sont pires encore. Mon coeur loupe un battement, et je respire plus fort. Est-ce qu'il le pense vraiment ? « Y a rien que je veuille plus... Mais je veux pas que tu te force pour moi, c'était pas mon intention de te pousser ou quoi.. » Tais toi, Margot. Je finit par plonger mon regard dans le sien, regroupant mes genoux contre ma poitrine pour dire : « J'accepte le deal, mais ne te force à rien. »

je ne tiens plus sans toi
— margot

Je venais m'asseoir à côté d'elle, réfléchissant à commencer aborder le sujet qui nous avait séparé. Mais je me lançais, espérant que ça ne soit pas trop tard, espérant qu'elle allait accepter, espérant qu'elle allait bien vouloir m'écouter. Et heureusement, oui. « Je ne me force pas. » répondais-je simplement en lui souriant. Bon, je commençais par quoi maintenant ? Qu'est-ce qui était important à dire ? Qu'est-ce que je ne devais pas dire ? « Je me suis fait passer pour mort pendant deux ans après les bombes qui ont explosé à Harvard. Je faisais du trafic de drogues, j'ai voulu jouer au con, j'ai perdu et il y avait une belle somme sur ma tête à celui qui me tuerait. Alors j'ai fui, j'ai voyagé partout et j'ai travaillé pour me faire de l'argent. J'ai vécu dans la misère pendant deux années et quand j'ai eu assez, j'ai remboursé mes dettes et j'ai pu reprendre une vie normale. » m'exclamais-je en soupirant. Bon, je venais de sortir le plus gros, le plus important, cette partie de mon histoire qui avait forgé mon caractère. Est-ce que j'allais lui dire que j'avais tué un homme sans faire exprès ? Oh que non, ça, c'était mon secret. A moi et Willow du moins. « Mes parents sont morts. Mon père battait ma mère et ma soeur, j'ai regardé ses images toute mon enfance. » avouais-je ensuite. Je relevais les yeux vers elle, je n'osais pas dire d'autres choses, je voulais déjà voir sa réaction à ça.

je ne tiens plus sans toi
— margot

J'ai passé la semaine à me faire à l'idée que les choses étaient finies avant même d'avoir commencé avec Adriel. Et voilà qu'il est là, sur mon canapé, à me dire qu'il va me parler de son histoire, de son passé, comme s'il s'agissait d'un test qui allait déterminer notre lien à venir. Je veux pas qu'il se force, mais il m'assure que non. Je m'adosse alors entièrement au canapé, songeuse, et j'inspire avant de dire: « D'accord... Je t'écoute. » Et il commence à parler. Dès le début, je ne cache pas ma surprise, quand il commence par me dire qu'il s'est fait passer pour mort pendant deux ans à cause de trafics de drogue mal tournés. C'est ... Beaucoup d'un coup. On a voulu le tuer. C'est le truc que je retenais le plus dans l'équation, quelqu'un a mis sa tête à prix, et à cette pensée, mon coeur s'emballe. Je reste un moment muette, interdite, à le regarder avec une seule question en tête, que je dis d'une voix tremblante: « C'est... C'est fini maintenant, n'est ce pas? » Dis moi que t'es en sécurité. Et j'ai cru que c'était la seule chose à savoir, ou du moins la pire. Mais entendre que son propre père frappait sa mère et sa soeur devant lui m'acheva. Je m'en voudrais presque d'avoir eu une vie si parfaite à côté de son histoire chaotique. Un enfant blessé, meurtri par une famille déjà meurtrie. Il a perdu ses parents, sa soeur, et ses paroles me reviennent. J'essaye de te rendre accroc à moi, pour que tu ne m'abandonnes jamais. Je ne réfléchis pas plus longtemps, je tend la main pour attraper la sienne. Je t'abandonnerais pas, Adriel. « Je suis tellement désolée, tu .. Tu mérites pas ça. Personne ne mérite ça.. » Je manque de mots, j'suis trop émotive, et je me tais pour éviter de me mettre à pleurer. « ... Combien de temps ça a duré ? Est-ce qu'il.. est-ce qu'il s'en prenait à toi? » Je serre sa main plus fort. Je l'imagine petit garçon, et mon coeur se brise à cette pensée.

je ne tiens plus sans toi
— margot

C'était le moment de tout lui dire. J'étais assis là, sur son canapé et elle attendait que je parle. Elle attendait de savoir. Et j'avais peur de la faire fuir quand je commençais à raconter tout ça. Elle était si douce, si parfaite. Je ne pouvais que la faire fuir en lui racontant tout cela. Elle avait l'air surprise et je ne pouvais que le comprendre. Je restais surpris par contre en entendant sa question. Je ne m'attendais pas à celle-là, est-ce que c'était sérieusement ma sécurité qui l’inquiétait ? « Oui t'inquiètes pas, le problème a été réglé. » D'où ma deuxième disparition il y avait quelques mois, après que Leevy ait essayé de me tuer pour eux. Mais maintenant, c'était terminé. J'étais tranquille. Mais évidemment, j'en restais pas là, décidant de finir par mon très cher père. Ma mère. Ma soeur. Cette petite partie de ma vie qui m'avait détruit, parce que j'avais été impuissant, que j'avais regardé ma mère mourir, ma soeur souffrir. Margot m'attrapait la main et je relevais les yeux vers elle, l'écoutant. Certes, personne ne méritait de vivre ça. Mais, il fallait se dire que ça m'avait rendu plus fort. Ou plus vulnérable, ça dépendait des moments. « Plusieurs années, après que ma mère soit morte ça a été ma soeur, j'avais 8 ans et ça a duré jusqu'à mes 14 ans. Mais il ne m'a jamais touché à moi, sauf les rares fois où j'ai essayé de défendre ma soeur.. » avouais-je en soupirant, mais je reprenais très vite la parole. « Mais ça va maintenant, t'inquiètes pas hein. » Ca allait oui. Quand j'arrivais à faire souffrir personne ou qu'on ne me faisait pas souffrir.

je ne tiens plus sans toi
— margot

Peut-être que je ne suis pas normale, de penser comme ça. Mais tout le monde fait des erreurs. Bon, sauf moi peut-être, pour l'instant, c'est un parcours sans faute, si on omet le fait que mes parents m'ont payé une année de basket et j'ai tenu que deux mois. J'ai eu une vie idyllique si on omet la rupture entre mon père et sa famille, et la maladie de ma soeur. Entendre l'histoire d'Adriel c'est comme un claque, un rappel sur Terre pour me montrer ô combien j'ai pu être chanceuse depuis ma naissance. Et quand il me parle de ces histoires de drogue, la première chose qui m'inquiète, c'est sa sécurité. Et si des gens essayaient encore de s'en prendre à lui? Néanmoins, il me rassure, et je hoche la tête en silence. « D'accord... » La suite, néanmoins, est plus difficile à entendre. Imaginer Adriel petit garçon, à observer terrifié un père violent sur sa propre famille... Sur une petite fille... Je rassemblais toutes mes forces pour ne pas montrer de signe de faiblesse, attrapant sa main dans la mienne en lui posant des questions. Sa mère est morte sous les coups de son père. Je frissonne à ses mots. Endurer ça jusqu'à l'adolescence, ne pas pouvoir protéger sa soeur... Je souffle en baissant les yeux, m'efforçant de rester calme. Mais je ne suis pas de glace, et ma main tenant celle du brun ne peut s'empêcher de trembler. Il me rassure, rapidement, et je relève mes yeux verts vers lui, hochant la tête, lèvres pincées, ravalant mes larmes. Comment voudrait-il que je m'enfuie devant ça? Doucement, je me rapproche de lui, redressée sur mes genoux. « Je dis pas que ce que tu me raconte ne me fait pas un peu peur, ça serait mentir. » L'imaginer dealer, suivi, fuyant, passé pour mort... C'est dingue pour un aussi jeune homme. « Mais j'ai pas peur de toi, Adriel.. Tout ce à quoi j'ai pensé pendant que tu me disais... tout ça, c'est à toi. A ta sécurité. A combien la vie est injuste envers ceux qui ne le méritent pas. » Je porte sa main à mes lèvres, dans un baiser furtif, et pose sa paume à plat contre mon coeur affolé. « Regardes moi.. Est-ce que j'ai l'air de vouloir te fuir? »

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— margot

J'arrivais pas à croire que je venais de lui sortir tout cela aussi normalement. Il fallait dire que ça faisait partie de moi, pour moi, c'était presque normal. Mais il fallait l'avouer, cette vie n'était pas normal. Après, je n'allais pas me plaindre, je voulais pas de sa pitié. Il y avait pire que moi malgré tout et j'avais bien réussi à m'en sortir si on regardait bien. Mais il fallait qu'elle sache, parce que sa vie devait ressembler à un compte de fée à côté de la mienne. Est-ce qu'elle était prête à quoique ce soit avec un mec comme moi ? Est-ce que ça ne risquait pas de lui faire peur ? Elle pourrait croire qu'à tout moment, j'allais recommencer avec mes trafics, mes conneries. Il fallait dire que parfois, je replongeais là-dedans, comme après la mort de Cora. Mais j'essayais de m'en sortir, autant que je le pouvais. Alors je relevais les yeux vers elle, l'écoutant. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en entendant ses paroles. Elle faisait attention à moi et ça, c'était magique. Puis, elle posait la paume de ma main sur son coeur, qui battait très vite. « Non, tu n'as pas l'air de vouloir.. » répondais-je doucement. Du moins, pas encore. Parce que j'avais pas terminé. Il restait la chose la plus importante, celle qui risquait de tout briser : Lara. Elle m'avait demandé par messages, avant que je vienne ici, d'être honnête avec Margot. Mais j'avais vu la réaction de Lara, j'avais l'impression de l'avoir perdu et ça me faisait mal. J'étais pas prêt à perdre Margot aussi, alors que je la récupérais doucement actuellement. Je retirais ma main de la sienne, plongeant mon regard dans le sien. « Je dois t'avouer que j'ai envie de te mentir sur quelque chose, mais je ne vais pas le faire. Je vais te le dire et je te demande juste.. De ne pas m'en vouloir, de ne pas me fuir après ça. Même si j'le comprendrais.. » Parce que Lara allait me fuir, c'était l'impression qu'elle m'avait donné alors pourquoi Margot serait différente ? Pourquoi il avait fallu qu'elles soient meilleures amies bordel.

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— margot

Bon, je dis pas qu'après tout ça je vais pas avoir besoin d'un verre. Apprendre qu'Adriel aurait pu mourir, qu'il s'est drogué, qu'il a vendu de la drogue au passage, qu'il a eu une famille avec un père violent, que tout le monde est mort... C'est beaucoup d'un coup, mais ça me fait plus peur pour lui qu'autre chose, alors je lui fais comprendre ce que moi, je pense de tout ça. Sa main sur mon coeur, je lui demande, le plus honnêtement, si j'ai l'air de vouloir m'enfuir. Parce que c'est pas le cas, et il est bien forcé de l'admettre. Pour toute réponse, je lui fait un sourire. J'suis soulagée de voir que les choses vont déjà un peu mieux, mais dès qu'il retire sa main, qu'il reprend la parole, je fronce les sourcils. Je comprends pas, mais au moins, il est honnête. Je secoue la tête, incrédule. « D'accord... Dis moi. » Qu'est ce qui pouvait être aussi grave pour qu'il songe à ne pas me le dire ? Je m'asseois à nouveau correctement dans le canapé, sans cesser de fixer Adriel, anxieuse. On dirait que je ne suis pas au bout de mes surprises.

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— margot

L’honnêteté n'avait pas toujours été mon fort. Il fallait l'avouer, j'avais passé des années en mentir et je le faisais encore parfois. Mais je me devais d'être honnête avec Margot, on allait dire qu'elle était mon test. J'allais pouvoir voir si être honnête portait chance ou s'il fallait mieux que je continue de mentir pour m'en sortir. Mais voilà, maintenant, je devais lui dire. Elle me regardait, elle attendait. « Je t'ai légèrement menti le soir de la tempête. Je ne suis pas un.. ami de Lara.. » commençais-je, passant ma main dans mes cheveux, putain j'étais gêné. J'avais peur. « Cela fait plusieurs mois que.. je couche avec elle. On est des amis avec du.. bénéfice. Avec du plus si affinités. Bref, je suis le gars dont elle t'a parlé, apparemment. » lâchais-je tranquillement, avec une grosse envie de me pendre, de devenir invisible, de disparaître. Pitié, qu'elle ne me frappe pas, qu'elle ne me tue pas, qu'elle ne me vire pas de chez elle. Mais là, j'arrivais plus à parler, j'attendais juste qu'elle parle.

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— margot

J'ai pas la moindre idée de ce dont Adriel semble avoir si "peur" de me parler, parce que clairement, là, il est mal à l'aise, plus mal à l'aise encore que lorsqu'il m'a parlé de son passé, ce qui ne fait qu'accentuer ma frousse actuelle. Il reprend la parole, parle de Lara, et je hausse les sourcils. Qu'est ce que ma meilleure amie a à voir là dedans ? Vient alors la suite. Bouche bée, je l'écoute mettre la lumière sur tout. Et là, forcément, je me sent mal. « Tu.. T'es ... Oh. » Oui elle m'a parlé de lui. Et elle m'a parlé d'Adriel par sms juste avant qu'il n'arrive. Je me sens mal. Je me redresse d'un coup du canapé en secouant la tête, passant nerveusement mes doigts dans mes cheveux roux. « Est-ce que Lara sait pour ... » D'un geste frénétique, mon doigt le désigne lui, puis moi, puis encore lui. Nous quoi. « Et moi qui lui ai parlé par message juste avant que tu n'arrives.. » Panique à bord. J'sais pu quoi penser. Je me pose à nouveau dans le canapé, une main sur le coeur, limite nauséeuse. « Je sais pas quoi te dire, Adriel. » Je lève les yeux vers lui, en soupirant. « A part que .. Je t'en veux pas. Tu savais pas. Je .. J'sais juste pas quoi faire. » Putain, il se fait ma meilleure amie. J'suis censée le prendre comment ?