je ne tiens plus sans toi
— margot

Je marchais dans la rue, direction l'appartement de Margot. J'avais besoin de la voir. Une semaine était passé depuis la tempête, les incendies et surtout, notre dernière conversation à l'hôpital. Autant dire que ce n'était pas un bon souvenir et je m'en voulais. Je n'arrêtais pas de penser à elle, c'était une horreur. J'avais vraiment besoin d'elle en fait. Je devais la voir, je devais lui parler. Je ne savais pas comment elle allait réagir, je ne savais pas ce qu'elle pensait de moi, mais je m'en foutais. Je devais y aller, quoiqu'il arrive. Alors c'était avec mon bras dans un bandage, à cause de ma brûlure, que j'allais jusqu'à chez elle. Elle habitait pas très loin de chez moi, heureusement. C'est seulement après une dizaines de minutes de marche que j'arrivais devant sa porte. Et je flippais. Je ne savais même pas si elle allait accepter qu'on parle. J'étais là, devant sa porte et j'attendais comme un con. Je réfléchissais à ce que j'allais pouvoir dire. Je finissais par souffler un bon coup et je prenais mon courage à deux mains pour toquer à sa porte. Respire Adriel, zen, calme toi. Tout allait bien se passer.

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— margot

Une semaine. Sept jours. J'peux pousser le vice en disant que ça fait bien six cent milles secondes que j'ai pratiquement pas mis les pieds en dehors de chez moi. Zombifiée par les derniers événements. La tempête, l'incendie, Adriel. Adriel, ou le prénom devenu tabou dans ma tête depuis le début de la semaine. Je me suis fait violence, me suis convaincue de ne pas lui envoyer de message, quand bien même la situation dans laquelle on s'était quitté me rendait folle. La vérité, c'est que je suis pas satisfaite de comment ça s'est fini. Il pensait pas pouvoir prendre le risque de me connaître, d'entrer dans ma vie, et pourtant, c'est en la quittant qu'il m'a fait mal. Sans en avoir l'intention, j'en suis bien consciente, mais ça fait quand même mal. J'étais dans ma chambre en train de finir de refaire mon pansement à l'abdomen quand j'entends frapper à la porte de la maison. Comme souvent, y a personne, mes parents bossent, les jumelles naviguent chez des amis. J'en viens à me demander si je devrais pas chercher un appart, maintenant que .. Well, you know, ma maison a brulé. « J'arrive! » Je dévale les escaliers en enfilant un débardeur, j'ouvre la porte, et me fige. « Adriel? » Qui d'autre ? J'pourrais croire que c'est son jumeau, mais son bras bandé laisse pas de place au doute, haha. Puis entre nous, son frangin a encore moins de raisons d'être ici que lui. J'inspire, ne sachant pas quoi dire. « Qu'est ce que .. tu fais là? » T'as été plutôt clair la dernière fois qu'on s'est vus, que mes yeux disent. J'suis triste, sans lui, mais j'ai posé mon ultimatum, et il avait fait son choix dans cet hôpital.

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— margot

Devant la porte de chez Margot, j'avais hésité entre m'enfuir ou prendre mon courage à deux mains. Mais j'avais fait tout le chemin, j'avais besoin de la voir. Alors je toquais et j'attendais, le coeur battant à dix milles. La porte s'ouvrait et.. Je me sentais presque mieux. Parce que je la voyais enfin. Je voyais son visage, ses longs cheveux roux. Cela me faisait un bien fou, mais évidemment, elle était surprise. C'était inévitable. « Je.. Je voulais savoir comment tu allais.. » commençais-je doucement, l'observant. Je m'étais fait tout un truc dans ma tête, j'avais tout prévu, j'avais presque écrit mon discours. Mais une fois face à elle, je ne savais plus quoi dire et je me retrouvais juste con. « Je suis désolé pour la dernière fois Margot.. » rajoutais-je finalement, ne lâchant pas son regard. Je voulais voir si elle allait me pardonner, si elle serait un minimum heureuse, si elle allait me laisser rentrer. Ou alors, est-ce qu'elle allait m'envoyer violemment bouler. Je l'espérais pas, parce que ces quelques secondes ne me suffisaient clairement pas. J'avais besoin de plus, j'avais besoin d'elle. Je t'en supplie Margot, pardonne-moi d'être un idiot et de t'avoir blessé. Pitié.

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— margot

Je m'étais préparée à des tas de possibilités: Des amis de mes parents, une de mes soeurs, quoique celles ci auraient utilisé leurs clés. Le facteur, même, tout sauf Adriel. Une semaine sans avoir de nouvelles, et le voilà sur le pas de ma porte, à vouloir savoir comment j'allais. J'vais mal, Adriel, j'vais mal parce que cette semaine sans te parler, sans savoir même si je te reparlerais un jour, c'était une véritable torture lente, douloureuse. « Ça va mieux.. » Murmurais-je simplement en passant une main contre mon bas ventre, ou j'avais eu des éraflures pendant l'incendie lors d'une chute. J'allais peut-être garder un pansement quelques semaines, mais c'est superficiel comparé à ce que j'aurais pu avoir. Je lève les yeux vers Adriel, et je contracte la mâchoire, me retenant d'agir comme il ne faudrait pas. Ses grands yeux gris dégagent une expression que je ne saurais décrire, et à l'instant ou il s'excuse, mon coeur explose. « T'as pas à être désolé.. T'as été honnête avec moi, je t'ai dit les choses comme elles sont, et toi aussi. » Même si j'aurais voulu que les choses se passent autrement. J'inspire, et j'ouvre d'avantage ma porte d'entrée, ne supportant pas de le voir sur le pas de ma porte comme si c'était un étranger. « Tu.. Veux entrer ? » Ou pas ? Qu'est ce que tu veux, en fait?

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— margot

Entendre sa voix, voir son visage, c'était génial. Parce qu'elle m'avait manqué, parce que je m'en voulais, parce que j'avais l'impression d'avoir fait une grosse connerie. Une semaine sans nouvelles. Une semaine sans rien, c'était pas possible. Je ne pouvais pas le supporter. Je l'observais toucher son ventre, là où elle était donc blessée. Mais elle avait quand même l'air d'aller mieux et ça me rassurait. Mais je ne tenais plus et je m'excusais. Je m'excusais beaucoup ses derniers temps, alors que je détestais faire ça. Mais là, il le fallait. « J'aurais peut-être pas dû vu la situation actuel. » rétorquais-je en soupirant. Evidemment que si je devais lui dire, évidemment que non je n'allais pas lui mentir et la faire souffrir. Mais pour l'instant, moi, je souffrais sans aucune raison. Mais j'affichais un sourire quand elle me proposait de rentrer. « Je veux bien oui. » Je ne comptais pas repartir de suite, c'était même hors de question. Alors je rentrais et j'observais cette maison que je ne connaissais pas. Je n'étais jamais venu ici, mais ça avait l'air grand et beau. « Tu vis ici avec tes soeurs ? » demandais-je en me tournant vers elle. Est-ce que j'essayais discrètement d'en savoir plus sur elle malgré notre dernière discussion ? Oui, totalement.

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— margot

Evidemment qu’il m’a manqué, plus que ça ne devrait être le cas. J’ai essayé de me convaincre que les choses étaient mieux ainsi, qu’après tout, les choses ne s’étaient précipitées que depuis quelques semaines entre nous deux, mais voilà, quand t’as quelqu’un dans la peau, après, c’est difficile de s’en défaire, et c’est le cas avec Adriel. Il s'excuse, et je l'arrête aussitôt. Il a fait ce qu'il a semblé juste, et pourtant, voilà qu'il regrette. Il me perturbe et je sais même pas quoi dire, là. « C'est toujours mieux que de me mentir et de rendre la situation plus gênante. » Quoique, il semblerait que dans les deux cas ce soit le cas, on est coincés, en gros. Je finis par l'inviter à entrer, ce qu'il accepte. Le faire venir à la Lowell, c'est une chose. Dans ma maison familiale... C'en est une autre. A sa question, j'avance dans le salon en haussant les épaules. « Mes soeurs, mes parents. Depuis que je suis née on vit tous ici. Bon, aujourd'hui, personne n'est là, rassure toi.  » Faudrait pas qu'il connaisse ma famille, qu'il me connaisse tout court. Je tire mes cheveux roux en arrière, et me tourne vers lui. Puis c'est plus fort que moi, j'ai besoin de savoir comment il va maintenant que je l'ai en face de moi. « Ton bras, ça va..? »

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— margot

Elle ne semblait pas trop m'en vouloir, ou alors elle le cachait vraiment très bien. Mais sur le coup, elle avait raison, je n'allais pas lui mentir. Je n'aimais pas ça et je le faisais seulement quand c'était important. Comme pour le truc avec Lara, ça, je savais pas comment j'allais m'en sortir. Je ne disais rien, baissant juste le regard. La situation était déjà gênante de toute façon, je pensais pas pourquoi faire un truc pouvant la rendre encore pire. Puis, je rentrais quand elle me le proposait et.. C'était la maison familiale. Heureusement qu'il n'y avait personne. « Effectivement je suis rassuré, je me serais senti mal devant tes parents. » rétorquais-je en riant légèrement. Ouais, ça aurait été weird, je savais même pas comment ils fonctionnaient, comment ils étaient. Puis, avec les parents que j'avais eu, on pouvait pas dire que je connaissais la vie de famille et le fonctionnement de parents. Mais alors vraiment pas. « Oui, j'ai encore mal, mais je change le bandage tout les jours et je dois appliquer une crème pour aider à cicatriser. Je vais sûrement garder une trace à vie malheureusement.. » disais-je en regardant mon bras. J'avais pas tellement envie de garder une trace à vie de toute cette soirée, mais je n'avais clairement pas le choix.

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— margot

Je sais pas tellement comment j'aurais réagi si je m'étais retrouvée face à Adriel avec mes parents dans la maison. Probablement que je serais carrément sortie de chez moi pour éviter une avalanche de questions de la part de mes parents pour savoir qui est ce jeune homme. Ma mère désespère de ne jamais me voir lui ramener de garçon à la maison. Elle doit commencer à croire que je vais finir seule avec mes chats. Oui, oui, à vingt ans. Peut-être parce que contrairement à mes soeurs, moi, j'ai jamais été en couple. « Ils bougent beaucoup, c'est rare qu'ils soient à la maison à cette période de l'année. C'est un peu comme avoir une grande maison à moi toute seule. » Pourquoi je lui dit tout ça ? J'en sais rien, pur automatisme, besoin de lui parler. Une semaine sans échange c'était beaucoup trop. Puis, je finis par m'enquérir de l'état de son bras, et à sa réponse, je grimace. « Je suis désolée... » Je peux pas m'empêcher de me sentir responsable pour ça. Il va garder une marque à vie parce qu'il a voulu venir m'aider. Alors qu'au fond, il me devait rien, surtout pas de se mettre en danger pour moi. « C'est toi qui va être marqué, alors que c'est moi la Lowell, et j'aurais au pire des cas une cicatrice ridicule. » La vie est injuste.

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— margot

Au moins, si on était que tout les deux tranquilles, on allait pouvoir parler tranquillement. Du moins, j'espérais qu'on puisse discuter, mettre les choses à plat. Même si je ne savais pas vraiment quoi lui dire, ni quoi rajouter à notre dernière discussion. « Tu es tranquille au moins, tu peux inviter qui tu veux. » disais-je avec un petit sourire. Je ne pensais pas à moi sur le coup, mais c'était la seule chose que j'avais trouvé à dire. Je devais avouer que j'étais gêné et pour une fois, je ne savais pas trop quoi dire. Autant dire que ce genre de choses arrivaient rarement. Mais elle me parlait de mon bras et après ma petite explication, elle s'excusait. Je ne comprenais pas pourquoi, parce qu'elle n'y était pour rien. « Pourquoi tu t'excuses ? C'est pas ta faute ! » Absolument pas. C'était moi l'idiot qui avait foncé dans les flammes. C'était moi l'idiot qui avait voulu l'aider. Je souriais légèrement à ses paroles, j'hésitais à m'approcher, à lui attraper la main, à la prendre dans mes bras pour la rassurer. Mais je n'osais pas bouger. « Margot, je regrette pas ce que j'ai fait. Je regretterais jamais d'avoir voulu t'aider et tant que tu ne gardes pas trop de souvenirs de tout ça, alors moi, ça me va. » répondais-je en l'observant.

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— margot

Quand je regarde son bras, j'peux pas m'empêcher de culpabiliser, de me dire que s'il a ce pansement et ces marques, c'est de ma faute. S'il avait pas pensé à moi, il serait sagement resté je ne sais où, et aujourd'hui, il aurait pas des marques qu'il garderait à vie. Alors oui, je m'excuse, Adriel, même si c'est pas ce que tu veux entendre. Quand il m'arrête et me contredit, je pivote pour lui faire face, lèvres pincées. « Mais c'est ma faute, Adriel. » Que tu le veuille ou non, tu pourras pas me dire que t'as pas été là bas pour moi. Il reprend la parole, me dit qu'il n'a pas de regrets, et mon coeur se serre. J'voudrais courir dans ses bras, le serrer contre moi, le remercier et l'engueuler en même temps pour avoir été aussi fou. Parce que le soir de la tempête, j'étais dans un état second, j'ai pas réalisé qu'il s'était mis en danger pour moi, qu'il aurait pu y passer. Je baisse alors les yeux en secouant la tête. « T'aurais pu y passer. T'as été plus blessé que moi encore. Je.. J'aurais pas pu le supporter s'il t'était arrivé pire encore. » Faut pas que je reparte là dedans. J'en ai déjà trop dit le dernier soir. Consternée, je me laisse presque tomber dans le canapé en passant une main sur mon visage. « Enfin bref... je suppose que ce qui est fait est fait.. » Et quand bien même le voudrais-je, je ne peux rien y changer.