" Anna... " parce que ça l'éclate en plus de ça, j'ai presque envie de lui faire ravaler son sourire, irritée. Je me suis toujours sentie belle, désirée, je clamais même au monde ma perfection, la crachait à qui la voulait. Mais à présent, il faut dire que je ne me voile plus vraiment la face, si même celui qui partage ma vie ne veut plus m'emplir, mon charme n'est pas vraiment à son avantage. Bien au contraire, c'est plutôt un vrai naufrage. Annalynne Malcolm engrossée, les traits fatigués, ce n'est clairement pas le synonyme du mot beauté. Sauf qu'au lieu de continuer à marcher avec moi dans l'allée, il se détache de ma personne pour s'approcher d'un pas décidé de cette foutue boutique. On ne peut pas faire ça dans quelques mois ? Quand je ne serai plus grosse et que j'aurai retrouvé cette taille jamais égarée ? Non, apparemment, non, je ne passerai pas à côté de son envie de me … ridiculiser à la vérité. Contrariée, je soupire fortement, en crachant au passage un « putain » de circonstance.

Même la vendeuse me lance un regard de surprise alors que Clay attrape mes doigts, pour le coup, j'ai presque envie de la baffer celle la. D'accord, je sais bien que je n'ai pas ma place en ce moment dans un endroit pareil sauf que ce n'est pas la peine de me le balancer en plein visage, je suis assez désappointée. On s'approche du premier rayon, d'ailleurs, j'avoue que je ne regarde que de moitié, parce que je ne comprends même pas ce qu'on fait ici, prévoir l'après grossesse peut-être ce moment où il acceptera à nouveau d'entrer en moi et de se finir pour une fois. " Et ce soir tu le porteras " Ah. J'en pose sur lui un regard de surprise, sans parvenir à comprendre l'exigence qu'il tend à positionner sur une soirée qui ne se finira qu'en nouvelle manière de me frustrer. Je sais bien que c'est con, mais le sentir se déverser ça contribue à m'exalter.

Posant finalement mes paupières sur les propositions étalées, je me dis que bien évidemment, avant, j'aurai adoré ça, sans conteste même, et il est là pour témoin, des déshabillés et autres sous-vêtements, je ne me lasse jamais, c'est juste qu'en ce moment, je suis moins encline à les acheter. Comme lui à vouloir me les arracher. Ses phalanges se posent, au final, sur un ensemble un tantinet dentelé, j'en grince des dents, lorsqu'il tente de m'avoir plus facilement. Glissant sous mes yeux le fait qu'il a été crée par celui que mon orgueil adore porter. " Juste par curiosité... " A quoi bon … ? Je suis mise à mal, je n'en démords pas, tout ce que ça va donner, ce sont des jolis sous vêtements, destinés à une femme sexy capable de faire se dresser un homme toute la nuit, qu'on va positionner sur une femme pleine à craquer. D'une main j'en viens à griffer mon cuir chevelu, jaugeant du futur de mes actions. « Ok. » je vais le faire, essayer ces deux bouts de tissus et survivre à ce grotesque tableau que je vais lui offrir. Après tout, il l'aura voulu. Donc, je lui arrache des mains, avant que l'on ne s'approche des cabines prédestinées à l'essayage. « Si tu t'avises ... » Je commence en levant ma main vers lui. « de te moquer... » Mais je n'achève pas ma menace, je tire le rideau afin d'entrer à l'intérieur de la cabine refermant derrière moi, à l'abri des regards, et surtout du sien. Perturbée de me retrouver face à un miroir, qui accueille le reflet de cette femme enceinte venant d'enlever son t-shirt, j'en ai foutrement envie de pleurer. Mon corps malmené, ses attentes déridées … J'en mords mes joues, quitte le reste, remplace mes sous-vêtements par ceux qu'il m'a attribué. « T'as gagné. » je persifle entre mes dents. Quand comme une gamine, je retiens le rideau des deux côtés de la cabine à l'aide de mes doigts. « Je n'ouvrirai pas. » D'accord, en fait, je n'ai besoin de personne pour être déraisonnable et stupide à souhait. Lorsqu'il ne me touche que de moitié, alors que les lumières sont tamisées, je parviens à le maîtrise, à me convaincre que ce n'est que pour le petit qu'il le fait, mais ici et maintenant, j'accuse la déchéance de cette femme dont le sublime s'est foutu le camp.

Les mains toujours aussi crispées, je joue à n'importe quoi, parce qu'à la vérité il m'aurait juste suffit de ne rien dire et de me rhabiller, prétextant que les tissus ne m'allaient pas, qu'à l'évidence, je suis en ce moment trop grosse pour porter cela. Clairement je me suis foirée, juste par envie de vouloir lui faire plaisir, de céder, chose que trop peu je fais. Surtout après le scandale lors du cours pour lequel il avait insisté. Docilement moi, pour atténuer mes sautes d'humeurs dégoulinantes de mon être et qui m'insupportent autant que lui. " Pas de scène Anna..." Ce n'est pas une scène c'est … un caprice ? Un comportement totalement infantile mais que j'assume pleinement ? Je l'espère proche de l'abandon et par avance autorisée à remettre mes vêtements pour qu'on se tire d'ici comme si cet interlude n'avait pas existé, sauf que je me laisse surprendre par sa main qui se glisse à l'intérieur, ses phalanges qui vont chercher les miennes, qui s'y entremêlent dans un tour de passe passe parfaitement joué, jusqu'à ce que sa présence me rejoigne entre ces quatre murs de fortune. Entre la gêne et l'oppression, dans le miroir qui renvoie notre image je n'ose pas vraiment le regarder, constatant avec effroi que cela n'était jamais – ou presque – arrivé jusque là. Annalynne Malcolm baissant les yeux. Ils doivent se fendre la poire, mes dieux. Je pourrai, d'ailleurs, les prendre seulement eux comme excuse lorsqu'au final, je relève le regard, mais ce que je désire réellement c'est connaître sa réaction face à cette fresque si éloignée de celle qu'il a rencontré dans ce bar aux attraits luxurieux.

Son corps contre le mien, cet espace restreint, il n'en faut pas plus pour que je m'affole, que ma respiration s'envole, que mes fantômes dégringolent. Ses prunelles me détaillent, quelque peu cuisantes, mais d'un brûlant qu'il me plaît de ressentir, d'une étincelle que je reconnais. Ses paumes aussi le font, caresse avant de venir s'imposer sur la protubérance qui semble me définir en ce moment. Pourtant, j'ai la sensation, infime, qu'elle ne le fait pas tant à présent. Que malgré tous ces instants où je me sens indésirable, étrangement, je le deviens, lorsqu'il murmure, certain. " Ne les retire pas tout de suite. " Et ses lèvres s'en deviennent entêtantes lorsqu'elles se posent sur ma peau, provoquent quelques frissons, traduits en mes paupières qui se closent, en un sourire qui s'esquisse sur mes lèvres qui quémandent les siennes, mes paumes qui s'accrochent à ses mains … Pour sa douceur, j'abdique, en un soupir, prononce « Vous êtes convainquant monsieur Cooper. » Bien que j'ai toujours ces aléas dans le coeur. Tout de suite, je les omets, je tente de ne plus y penser, de ne plus trop appréhender lorsque nous serons tous les deux, et qu'une nouvelle fois, je n'obtiendrai pas totalement ce que je veux. Ma paume se détache de sa propre emprise pour aller caresser sa joue avec délicatesse et affection alors que je nous observe dans le miroir. « J'ai des envies ... » d'être à nouveau moi, mais surtout, de tes appétits, « de toi. » murmure-je redressant mon visage incliné pour trouver ses lèvres en un baiser volé. Je rends les armes pour aujourd'hui, n'ayant plus le désir de me battre contre lui, rassurée, peut-être pas assez, mais pour l'instant ça me suffit. De mon pouce j'effleure le charnel de son inférieur qu'il me plairait de sentir sur ma peau bien des heures cette nuit, « D'accord. » pour toi, mais aussi pour moi, pour me sentir plus femme que future mère, sans parler de prix, sans m'offusquer, juste parce que dans tes iris, je me suis vue enviable, et que tu sais que pour moi c'est compliqué. « Je les porterai. » Ce soir, comme tu sembles encore plus l'espérer.

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