Le premier avait été – il faut tout de même le dire – un véritable fiasco, avec Kyla, même si nous avons fini par en rire et à dire tout et n'importe quoi, le fait est que ce cours là, on en a pas vraiment suivi quoi que ce soit. Peu pris au sérieux et plutôt considéré comme un moyen de décompresser. Elle de sa vie et de son bordel non organisé, et moi de la mienne, de cette fichue peur d'être esseulée, de ne pas être bonne en ce qui concerne le fait de materner. J'avoue que je ne pensais jamais y retourner, plutôt persuadée, à la longue, et parce que je suis de ces égoïstes qui ne veulent demander de l'aide, de pouvoir m'en sortir seule ce jour là. Mais je me suis laissée convaincre, une nouvelle fois, parce que novice sur le sujet autant lui que moi. Il fallait juste que je me rende à l'évidence, que j'arrête mon arrogance.

Et puisque Clay semblait y tenir, toujours plus que ma propre personne, c'est bien pour cette raison, que j'ai accepté d'y retourner, avec une condition forcément, en sa présence cette fois, aussi simple que cela. A croire que pour lui, j'en ferai bien des choses … Cependant, étrangement, ces futures leçons, elles ont un nouveau goût, à défaut de m'énerver comme la précédente en amont, elles me charment un peu plus. Il faut dire qu'en sa présence, c'est le cas un pour tout. La force des sentiments, et je m'incline face celle la, bien que je n'ai pour le moment, pas franchement envie, de me fondre en foutues niaiseries. La faute à tout ce que je peux ressentir au fil des mois, ce bébé, il me torture, croyez moi. Evidemment que j'aime être avec lui, ça coule de source, c'est en mon corps, en mon être et en tout le reste, alors inutile de le répéter à longueur de journée. Pleine de toutes ces impressions contraires avec lesquelles, en permanence, je me bats. Languissant de manière muette de me retrouver entièrement à moi.

Ce n'est pas qu'être enceinte ne me plaît pas … Bon d'accord, je suis loin d'être de celles qui rayonnent de leurs états et qui s'émerveillent de porter la vie en elles, mais j'en ai plutôt hâte d'en finir avec ces deux derniers mois. Même si être mère officiellement devient de plus en plus angoissant. La encore, je me partage en deux moitié, l'une qui veut, qui en a assez, et l'autre qui voudrait ne jamais le faire sortir de cet endroit qu'ils ont qualifié au cours dernier de « nid douillet » bordel, mais qu'est-ce qu'ils en savent du degré de la douceur au milieu de cet habitation imposée ?
Et dans le centre commercial, Clay à mes côtés, j'essaie tant bien que mal de me calmer, et ce de le faire à l'aide de bonbons chocolats que j'ai un peu … exigé d'un air capricieux. « C'est ici. » Que je désigne l'endroit de mes doigts, cache ta joie Anna.

Brutal Hearts
ft. ANNALYNNE & CLAY

J'ai du insister et m'y reprendre à de maintes fois mais ce matin j'ai finalement eu gain de cause lorsqu'elle m'a cédé dans un soupir un " Oui " qui ne voulait pour elle sans doute pas signifier grand chose. Aller à ces cours la rebute grandement et je me félicite encore de ne lui en avoir parlé que récemment bien qu'il aurait été préférable, d'après certaines, de les commencer plus tôt.

Annalynne y aurait certainement appris à privilégier une alimentation plus variée que ce qu'elle n'a l'habitude d'ingurgiter, aurait peut-être pris conscience du danger que son régime peut entrainer. Mais contre toute attente malgré les douleurs qu'elle a supportées, le gynéco nous a confirmé que tout allait bien jusqu'à maintenant, que l'enfant grandissait tranquillement en son ventre. Pourtant un détail me fait toujours blêmir lorsque notre entourage ose en parler: le fait que nous ne soyons pas assez préparés à son arrivée, à comment prendre soin de lui et à l'éduquer. Parce qu'il ne suffit pas d'avoir repeint quatre murs d'un gris souris et anthracite, loin du cliché bleuté que beaucoup adoptent à l'annonce d'une protubérance observée, pour être prêts. Les meubles ont été pour la majorité montés, le berceau acheté mais il reste encore toute la partie théorique à aborder. Comment reconnaitre de ses pleurs les caprices et les besoins, connaitre les gestes adéquats, pouvoir communiquer avec cette chose qui ne saura s'exprimer mais surtout.... prendre soin d'elle jusqu'à terme.

Alors c'est elle qui a choisit l'endroit et les heures des séances et pour une fois, en fin de semaine, j'ai pu l'accompagner puisque c'est ce que la responsable d'animation lui avait gentiment suggéré dès son inscription. Après pourquoi pas... Le sujet abordé aujourd'hui répondra certainement à quelques unes de mes attentes. Puis je ne peux obliger Anna à y participer si moi-même je ne fais pas l'effort d'y contribuer. Nous échangeons quelques mots chemin faisant dans la galerie marchande, moi plus agité qu'elle à l'approche de l'heure, lorsqu'elle incline la tête en direction d'une devanture aux couleurs charbonnées. " Oui. " Inutile de demander, j'ai compris à son regard intéressé que les écrins renfermant des gourmandises chocolatées sont une variable à l'équation de son bonheur. En acheter n'aura pris que quelques minutes, pas plus, parce qu'Annalynne a su très rapidement sur quoi se jeter et le sachet à la main, c'est à nouveau elle qui me guide au travers de la foule venue devant les vitrines s'extasier. « C'est ici. » Nos pas nous ont conduits devant un centre de remise en forme qui a récemment ouvert, diversifiant ses activités pour attirer le plus de membres possibles.

Un regard sur l'enseigne et c'est un autre couple qui s'excuse gentiment afin de s'engouffrer à l'intérieur. " Moi qui me faisait une joie d'être le seul " au milieu de toutes ces femmes. Parce que ce sera pour moi une première et bien que j'ai été insistant, je n'en suis pas moins réticent. Un semblant d'exaspération et le sourire pendu aux lèvres, j'ouvre la porte et l'invite à y pénétrer la première lorsque l'hôtesse qui nous accueille un calepin à la main l'émarge à la simple vue d'Annalynne." Et vous êtes? Un ami ? " Problème. Je me suis arrêté tandis qu'Anna me devance de sa démarche chaloupée de quelques pas afin de répliquer, un peu hébété. " Son compagnon " Elle oscille curieusement sur la brune sans en rajouter avant de m'inviter à poursuivre, en rattrapant ma moitié. Les tapis de salle sont déjà pris d'assaut par de nombreux cétacés venus s'échouer là, quelques uns accompagnés par leurs conjoints qui ne cessent timidement de s'épier. Bordel qu'est-ce qu'on fout là... artisans de notre propre malheur.

Brutal Hearts
ft. ANNALYNNE & CLAY

La bouche pâteuse faute de la chocolaterie pralinée que je suis en train de mâcher, je le laisse observer la devanture sans rien rajouter, il jauge à sa manière et moi, je fais ce que je fais de mieux en ce moment à mon grand dam … manger. Mais peu importe, il paraît que c'est tout excusé, et puis, ce n'est pas quelques chocolats qui vont changer quoi que ce soit à présent, puisque je ne compte plus les kilos que je prends, sous peine de me mettre à pleurer à tout moment. Alors un couple, composé d'un homme et d'une femme presque aussi avancée que moi dans sa gestation nous passe devant tout en nous gratifiant d'un « pardon », on se décale, tandis que mon amant se dépeint en raillerie. " Moi qui me faisait une joie d'être le seul " Pas la peine de tergiverser, je sais très bien ce qu'il vient d'insinuer. Le seul entre toutes les femmes qui seront présentés, et de ce fait, je lui lance un regard noir, parce que je sais que même si c'est une plaisanterie, il est une chose entre nous qui devient de plus en plus problématique. Le sexe. Je suis loin d'être des plus bêtes, et suis parfaitement consciente de ce fait là, c'est de moins en moins qu'il me touche, donc à cette pensée qui me le rappelle, mes doigts referment mon paquet de sucrerie. Positionnant mon poids comme la première réticence à ce fait là. « Parce que ça te plaît les femmes enceintes ? » Pique détournée, jalousie injustifiée.

Mais ce n'est pas vraiment important, puisque nous voilà en train de marcher dans le couloir nous menant à l'entrée de ce traquenard. Oui, je me dois de l'avouer, bien que ce soit la seconde fois, c'est toujours à reculons que je me pointe ici. C'est … juste pour lui. Toujours cette même femme au sourire joyeux, qui me reconnaît, coche mon prénom, et bute sur le visage de Clay. Ah … Il est vrai que j'ai omis ce petit détail. " Et vous êtes? Un ami ? " Au moins, c'est avec les deux pieds qu'elle entre dans le vif du sujet. J'en grimace un peu, avant de me dire qu'après tout, ce n'est pas vraiment important. Non, ça ne compte pas, que Kyla l'ait vendu comme notre meilleur ami donneur de sperme, du tout. Alors je reprends ma marche, bien heureuse qu'elle ne se soit pas adressé à moi, lorsque j'entends Clay lui répondre " Son compagnon " Là tout de suite, il vient donc de me faire passer pour une con. Et une menteuse par la même occasion. Alors lorsqu'il me rattrape, je lui lance une oeillade en biais et décide de ne pas lui dire tout de suite le pourquoi elle a été tant surprise de me voir accompagnée par une personne de sexe masculin cette fois. Mes phalanges toujours serrées sur mon paquet, je nous amène sur le côté de la salle, à vrai dire, la même place que la première fois. Je reconnais certaines têtes, et j'ose par pure politesse et dégoût aussi, une esquisse de sourire, parce qu'il ne faut pas abuser, ce n'est pas comme si j'étais aux anges de me retrouver à nouveau ici, contrairement à ces pintades qui semblent avoir pris un foutu abonnement jusqu'à leur accouchement.

Nous voilà donc assis, côte à côte, étrangement, je note sur l'expression ce petit truc dérangeant, ce qui me fait me dire que finalement il n'est pas si à l'aise que ça, lui qui voulait tant venir, intérieurement, j'avoue que je me délecte de ce moment, et presque tentée de lui souffler un « bien fait », parce qu'après tout, je l'avais prévenu. Mais au lieu de cela, à défaut de jubiler de trop, je prends sa main dans la mienne, tente de le rassurer, au pire, ce ne sera qu'une heure de torture et on a déjà vécu bien pire. Et puisqu'on s'est promit plus de mensonge, ou de secret … Je me penche vers son oreille pour chuchoter. « J'ai peut-être dit que j'étais lesbienne la dernière fois. » Parce que j'étais un tantinet en colère contre toi. Et tourne mon visage après cela, pour écouter les choses que l'autre folle furieuse du bonheur a à nous dire cette fois. « Parce qu'il faut bien comprendre que le papa a un rôle très important, il n'est pas qu'au second plan ... » Ah.

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 Il y a au bas mots une petite dizaine de couples déjà présents, assis pour la plupart parce qu'il ne faudrait surtout pas que l'une d'entre elles ne s'écroulent, ca ferait mauvais genre. C'est moi à présent l'angoissé du tatamis qui scrute nerveusement nos homologues tandis qu'Anna, qui a certainement ressenti le changement s'opérer, vient agripper mes doigts. Le contact à lui seul a le don de me sortir de mon introspection, bluffé par son attention, pour venir se pencher vers moi et murmurer: « J'ai peut-être dit que j'étais lesbienne la dernière fois. » Révélation pour le moins choquante et pour laquelle je tique, un sourcil tapit plus bas que l'autre, avant de me détourner vers elle qui observe déjà autre chose. Alors après cette confidence, mes yeux vont découvrir le sujet de son attention qui s'épanche déjà sur le thème de la journée, de cette heure que nous allons tous mettre à profit au nom de la progéniture que chacune va enfanter. « Parce qu'il faut bien comprendre que le papa a un rôle très important, il n'est pas qu'au second plan ... » Et çà, c'était pas dans le dépliant... Mais trop tard pour fuir, surtout avec ma main aux prises de la sienne. Alors j'opine positivement comme tous les autres lorsqu'elles nous épient un par un.

Et lorsque l'éducatrice reprend sa place au centre de la salle, je recouvre discrètement mes observations mal attentionnées, à détailler plus particulièrement la voisine sur son tapis, parce que quelque chose chez elle me turlupine depuis que j'ai posé mes yeux sur ceci: je ne saurais dire où se trouve l'ourlet de son pantalon, perdu sous la rondeur prédominante qu'elle affiche à la vue de tous. Je n'arriverais même pas à deviner de combien elle est enceinte, parce que la comparer à Annalynne n'est même pas envisageable... A terme certainement vu le volume qu'elle occupe, dégueulant presque de son tapis. " Elle va le faire ici. " C'est son compagnon, maigre comme un clou, complètement dépareillé, gringalet à lunettes qui cherche dans le sac de Madame quelques petites sucreries qu'elle s'empiffre dès qu'elles lui sont présentées. C'est donc çà... Timidement mes doigts viennent chercher le paquet qu'Anna a laissé de coté pour gentiment l'éloigner d'elle, le déposer loin de sa portée. On réfléchira à deux fois dorénavant lorsque ses hormones voudront un peu de réconfort. Hélas, la petite manœuvre n'est pas passée inaperçue et le cachalot commence à enfler de son coté, fulminant déjà parce que son compagnon a légèrement pouffé, se foutant peut-être d'Anna par la même occasion. Je n'irais pas défendre qui que ce soit, partagé évidemment entre l'amour que je lui porte et le soutient fraternel échangé dans le regard de mon comparse.

" Aujourd'hui nous allons reprendre dans un premier temps les positions qui soulagent à l'accouchement pour ces messieurs qui n'étaient pas présents. " Rappelez-moi qui a eu l'idée de participer à ce genre de cours. Je me penche à mon tour vers Anna et lui glisse discrètement à l'oreille pendant que d'autres, tout comme nous, réagissent à l'annonce du thème: " Tu le savais n'est-ce pas.." Traquenard. " Puis nous élargirons notre sujet de discussion mais avant, qui pourrait nous rappeler ce que nous avons vu la semaine dernière, des volontaires? " Pour la première fois de ma vie je me fais petit, préfère m’attarder sur le décors que de croiser le regard de la formatrice. Trop tard. " Madame Malcolm et son compagnon? " Alors d'emblée je sors de mon isolement et lui vends la seule excuse valable qui me vient à l'esprit, levant la main vers elle pour signaler mon refus catégorique: " J'étais pas là la semaine dernière. " Je ne pourrais jamais les lui sortir ses positions, inutile de se donner cette peine... " C'est pas grave, nous sommes là pour apprendre. Allez-y."

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ft. ANNALYNNE & CLAY

 Alors mon attention vacille de notre « professeur » au visage de Clay qu'il hoche pour approuver ses dires et je me demande s'il y croit vraiment, s'il sait comment le père doit trouver sa place importante alors qu'il est – dans notre cas – tiraillé entre torture et amour d'une femme des plus hormonale, en colère, euphorique ou déprimée. C'est presque une mission impossible, je le sais, et pourtant lui fait de son mieux pour me supporter. Ca ne fait que rajouter à son parfait, à la vérité. J'avoue tout de même ne pas tout à fait voir à quel niveau il pourrait se positionner à la même importance que moi, ce n'est pas une question d'orgueil mais plutôt d'ovaires pour le coup … Je suis celle capable de le développer, celle qui le porte et qui va se déchirer. Tout est foutrement relatif. " Elle va le faire ici. " Alors mes prunelles se détournent vers la personne désignée, et j'en fronce directement les sourcils, une femme qui est des plus enceinte, de son état c'est clair qu'on ne peut pas en douter, et si je me trouve grosse il est clair que c'est un euphémisme à côté. Et son compagnon qui lui passe de la bouffe comme on le ferait avec un animal aux aboies.

Voilà que Clay s'empare de mes propres chocolats, et j'en pique un fard et sais parfaitement que si ma peau n'était pas ambré je serai en train de rougir de honte et colère à la fois. Les dents serrées je lui intime un ordre craché. « Rends-moi ça. » Parce que bordel, je ne suis pas comme elle, et je suis à deux doigts de l'insulter. De plus que les autres, le couple visé en premier temps, se fiche de ma gueule dans le genre « T'inquiètes se sera bientôt à toi. » Et j'envisage de leur dire d'aller se faire foutre, aux deux mecs, parce que j'aimerai de beaucoup les voir à notre place. " Aujourd'hui nous allons reprendre dans un premier temps les positions qui soulagent à l'accouchement pour ces messieurs qui n'étaient pas présents. " Les positions dont j'ai un vague souvenir, pas des plus cinglants, il faut dire que je n'ai pas réellement écouté la première fois. Ca m'apprendra. " Tu le savais n'est-ce pas.." Mais non, dois-je te rappeler que c'est toi qui a voulu qu'on revienne se perdre jusque là ? J'en lève les yeux au ciel, à la limite du dédain synonyme d'un « n'importe quoi. » " Puis nous élargirons notre sujet de discussion mais avant, qui pourrait nous rappeler ce que nous avons vu la semaine dernière, des volontaires? " Je me renfrogne parce qu'il en est forcément, hors de question. " Madame Malcolm et son compagnon? " C'est con. " J'étais pas là la semaine dernière. " Ce qui n'est pas faux, mais qui signifie aussi que c'est moi qui vais devoir m'en charger. " C'est pas grave, nous sommes là pour apprendre. Allez-y."

Pas totalement stupide pour le coup, je sais bien que je suis celle qu'on attend, et d'ailleurs les regards sont tous tournés vers moi. Sourires bienveillants, de ceux qui encouragent et de ceux dont j'ai horreur. Je ne suis pas une pauvre petite chose qu'on se doit de cajoler ou de prendre en compassion ou bien en pitié. J'en avale ma salive, difficilement, presque vainement, parce que ma gorge elle s'est soudainement asséchée. Je ne me souviens que du pauvre exercice de respiration, et encore, avec Kyla nous n'avons pas été dans le clan des bonnes élèves … Est-ce que si je leur dis qu'on a eu un débat sur la levrette, ça passera ? Et face à mon silence je réalise que les secondes ont bien trop passées, qu'on m'attend toujours et que je suis complètement paumée. Alors je me rappelle d'un truc que j'ai vu dans un magazine que j'ai feuilleté, que je regarde quand je passe mes journées à l'attendre et à m'ennuyer. « Il n'y a pas une histoire de ballon ? » Sur lequel on s'assoit et le soutien du papa dans le dos. Avec la respiration de débile en prime. Et l'instructrice m'offre un foutu sourire, contente que je me sois enfin lancée. « Oui, bien sûr qu'il y a ! » Dans sa voix c'est surtout trop d'entrain, ça me fout le bourdon. Et la voilà donc qui se lève pour s'approcher de la porte d'une pièce adjacente pour déballer ses ballons gigantesques. Ballons que nous ne possédons absolument pas … Encore un truc à acheter ? « Tous les binômes prenez-en un. » Et puisque je suis la femme enceinte, je me contente de récupérer – enfin – mes chocolats, de m'en foutre un dans la bouche et de lui intime, doucereuse ; « Tu y vas ? » Parce que je vais déjà m'asseoir dessus alors autant retarder le moment où je vais devoir bouger, comme je le peux.

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Et dire que c'est moi qui ait eu cette brillante idée... Abandonné de tous, même de mon camarade d'à coté qui doit être soulagé de ne pas avoir été choisit., je me dois de leur montrer des connaissances dont je ne suis en possession. Les positions... J'en connais mais je doute qu'elles soient toutes adaptées à des femmes dans leur condition. Alors c'est naturellement vers Anna qui doit savoir tout de ce sujet que je détourne le regard, à défaut de défier une fois de plus la formatrice. Nous restons comme deux pauvres cons quelques secondes, moi à ne pas savoir quoi faire et Anna à piocher dans ses vagues souvenirs de quoi les satisfaire lorsque soudainement, elle est prise d'un trait de génie. « Il n'y a pas une histoire de ballon ? » Moi aussi j'aurais pu la sortir celle-là, il suffisait de se remémorer l'affiche à l'entrée qui faisait la publicité de ces cours: un petit couple souriant qui se vautrait sur une énorme boule d'un rose écœurant... Alors ma main vient se poser sur la sienne, l'effleure discrètement dans un " C'est pas grave, on avait déjà l'air con tu sais... " prêt à partager son ridicule lorsque le sourire de notre gourou met un terme à ma fierté, « Oui, bien sûr qu'il y a ! » Et j'en reste bouché-bé parce qu'aussi con que l'était cette idée, elle est directement et par tous approuvée. Merde alors. Les yeux plissés, j'observe à présent la blonde se diriger vers l'un des placards et en extirper les fameuses baudruches sur lesquelles elles vont devoir s'assoir. Enfin c'est vite dit, entre celles dont la matrice va rouler dessus et celles qui l'envelopperont totalement entre leurs cuisses, dans la graisse en véritables prestidigitatrices... « Tous les binômes prenez-en un. » Moment d'inattention et Anna profite de cette intervention pour récupérer les gourmandises confisquées. « Tu y vas ? » Je n'ai pas été assez rapide pour l'empêcher d'en gober un lorsque mes doigts effleurent maladroitement le papier froissé. De notre petite lutte voilée, je la sais déjà gagnante alors j'abdique finalement et me relève gauchement, la contemplant un instant elle et ce foutu paquet. Qu'à cela ne tienne, de toute façon ils sont payés alors autant qu'elle en jouisse, pour le temps que ça va durer. Pointant d'un doigt son tribut avant de la quitter, je ne peux pourtant m'empêcher de lâcher tout aussi mielleusement qu'elle me l'a demandé:  " Lâche les choco ou tu vas le faire péter. "

Encore une fois, la fable n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde puisque notre voisine vient de s'esclaffer, esseulée et faussement heurtée par cette petite blague de mauvais gout. " Quoi..." On ne doit pas rire avec elle tous les jours.... Un à un les hommes présents attrapent le ballon qui leur est tendu et je ne sais pourquoi, lorsque vient mon tour, c'est à un duel de regard, légèrement rebutée pour sa part, que nous nous livrons. Lesbienne... Ce mot risque fort d'animer nos conversations de ce soir. Je ne m'aventurerais même pas à deviner ce qu'elle doit s'imaginer: l'ami, le frère, le confident qui vient faire seulement figuration parce que sa brouteuse aura eu l'indélicatesse de se décommander à la dernière seconde. Un peu dégradante comme position... Après quelques secondes, elle libère de ses doigts le ballon pour me le laisser et je rejoins Anna, frustré par cette étiquette dont elle nous a affublés juste par vengeance. " Et maintenant? " Et comme j'étais le dernier à regagner ma place et que tous les autres ont déjà les regards braqués vers notre position, à nous observer comme deux bêtes de foire, j'entends par derrière l'entraineuse répéter ce que je viens tout juste de souffler. " Et maintenant... Annalynne? " D'un coup sec je me retourne peut-être dix secondes, perturbé par cette familiarité sans compter le fait de me sentir insignifiant. Elle est bien loin sa doctrine du " le papa a un rôle très important, il n'est pas qu'au second plan ...",  mais je ne dirais rien, la satisfaction d'Annalynne avant tout...

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Enfournant entre mes lèvres une de ces douceurs pralinées, je lutte en même temps pour garder en main le sachet qu'il n'en finit pas de vouloir récupérer. Je lui lance un regard mauvais lorsqu'il abaisse enfin les armes, et me balance, accusateur ; " Lâche les choco ou tu vas le faire péter. " Ca ne fait qu'un tour dans mon cerveau, et presque je l'insulte en public, mais je préfère de beaucoup fulminer rien qu'intérieurement. Si je ne suis pas fanatique de prouver mon affection en présence de tierces personnes, l'inverse est aussi vrai. Alors je resserre mes mâchoires quand j'avale un nouveau chocolat, bafouée dans ma satisfaction buccale. Et l'autre grosse vache s'en vient à se moquer de notre petit manège, et donc par déduction, de moi. " Quoi..." Avant de partir pour récupérer ce que j'ai moi-même proposé.

Alors finalement je laisse les sucreries, j'abdique dans son dos pour ne pas lui donner la satisfaction de gagner cette fausse guerre entamée. Et de mes prunelles fixées dans son dos je l'observe, lui, homme avec lequel j'ai tant joué sans penser ne serait-ce qu'une minute qu'un jour je me retrouverai avec lui dans un cours prénatal. Les choses ont changé, si vite, sans que je ne puisse vraiment le réaliser. Ballon en main il revient vers moi, tout en inclinant le visage j'esquisse un sourire, c'est une image intéressante à contempler, c'est si grisant qu'à la vérité, c'est presque instantanément que ça me plaît. Mais à ses airs renfrognés, je comprends bien vite que quelque chose ne va pas. Il ne va pas non plus me faire la tronche, n'est-ce pas ? Après tout, c'est lui qui voulait venir jusque là, alors j'en viens à réfléchir à ce qui a bien pu lui passer par la tête pour qu'il me revienne dans cet état. " Et maintenant? " Parce que je suis censée avoir la science infuse ? J'en fronce les sourcils tout en ayant l'espoir de le voir, à mes côtés, s'asseoir, et qu'un autre couple soit sélectionné pour faire les démonstrations, de celles dont je n'ai absolument aucune idée. " Et maintenant... Annalynne? " Là au moins, il est clair que nous sommes sur la même longueur d'ondes lui et moi, puisqu'il se retourne pour lui lancer un regard tandis que le mien se fait assassin. L'intrusion dans notre quotidien, c'est une chose que l'on gère plus ou moins bien. Peut-être est-ce le résultat de ces mois durant lesquels je nous ai forcé à nous cacher.

Mais voilà, ce n'est ne pas seulement le regard béat de le professeure qui m'attaque, mais aussi ceux de tous les duos présents. L'attention sur ma personne, qu'on se le dise, j'adore l'avoir, simplement j'aime de beaucoup maîtriser à quel moment elle est censée me tomber dessus. Ici, à présent, je ne vais pas mentir, tout me dérange, et en mon intérieur ça me dérange. Et avouer mon échec cuisant me fout déjà le bourdon. Pauvre petite Annalynne, qui ne saura pas devenir mère comme il faut parce qu'elle n'a aucune idée de comment elle doit se tenir sur cette baudruche qu'il m'a accusé d'être capable de faire exploser. Après un tour de salle, j'en reviens à porter mon attention sur lui, sauf que de sa bouche aucun son ne sort, bien au contraire, il semble apprécier le fait que pour une fois je reste bouche bée, à la limite d'être gênée. J'en bats des paupières jusqu'à affronter à nouveau l'instructrice. « Je n'étais plus là. » Lorsque vous avez démontrer vos positions et c'est à l'évidence en train de me donner le bourdon. Et face à mon ton sec, elle semble comprendre qu'elle est clairement sur une pente qu'il ne lui faut pas emprunter, c'est sûrement pour cela qu'elle reprend de sa voix ; « On s'assoit sur les ballons, les jambes écartées, et les papas vont aller se placer face aux mamans afin de les tenir en équilibre. » Jamais encore je n'avais eu cette impression de n'être qu'une chose qu'on doit épauler. Je hais la faiblesse de ma condition.

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 Pendant que tous attendent une réponse qui ne semble venir, comme deux écoliers ayant mal appris leurs leçons, nous restons quelques secondes sans mot dire au grand plaisir de la grosse qui doit intérieurement en jouir. « Je n'étais plus là. » Bravo Anna, en voilà de la répartie... Vraie ou fausse d'ailleurs mais puisque c'est une réussite, silencieusement je l'en félicite puisqu'elle vient de nous éviter à tous deux d'être la risée d'un tel public. Qui sait, dans le lot, j'en croiserais peut-être plus tard au détour d'une ruelle un ou deux. C'est donc la formatrice qui reprend les rennes de son cours en nous formulant ce qu'elle attend de nous voir entreprendre. « On s'assoit sur les ballons, les jambes écartées, et les papas vont aller se placer face aux mamans afin de les tenir en équilibre. » Un jeu de gymnastique en somme... Et m'agenouillant en face d'Anna, le ballon rebondissant légèrement au sol, je ne peux réprimer la petite défectuosité de vouloir en déconner, murmurant vers elle: " Jambes écartées ca me plait. " Au grand damne de mon voisin qui ne peut certainement pas en dire autant. Ma paume tamponne délicatement la baudruche placée entre nous deux, l'invitant à venir s'y échouer en bonne fille qu'elle est, un geste, une attention qui j'imagine va l'exaspérer puisque depuis le début rétive à toute forme de gentillesse. " Allez, montre le bon exemple " et sois docile pour une fois. Elle s'exécute non sans faire l'indignée et prend place sur cette enveloppe de plastique gonflée, jongle un temps afin de trouver le parfait équilibre pendant que je me redresse et examine les autres couples qui s'adonnent au même jeu avec beaucoup plus d'aisance. Les mains tendues, mon frêle homologue d'à coté tente de soutenir le cachalot qui lui sert d'incubateur avec de grandes difficultés. Et je l'imite à mon tour, mes paumes offertes à la femme qui tente de garder l'équilibre juste sous mon nez malgré la rondeur de son ventre qui commence sérieusement à se profiler.

Finalement c'est Anna qui avait raison au sujet de ces cours, presque inutiles et superflus, parce qu'il nous aurait suffit de répéter des gestes entrevus sur des tuto de youtube. Des démonstrations de ce genre, il y en a des tonnes sur le net et rien pour le moment n'en diffère. Je m'attendais d'avantage à des conseils donnés au cas par cas, de façon individuelle, parce que chaque femme soit disant vit sa grossesse différemment. Je doute que le cétacé d'à coté ai gerbé ses tripes pendant plus de deux trimestres vu ce que son corps aime visiblement à stocker. Et pendant que nous soutenons les futures mères, d'une œillade méfiante et rapide, j'entrevois l'éducatrice disposer tour à tour derrière les femmes des chaises, sans doute à notre intention. Et tandis qu'elle gravite entre les couples formés, elle s'adonne à quelques précisions: " Les bras de ces messieurs croisés, paumes tendues, vous venez chercher son avant-bras droit de votre main droite. De même pour la gauche et commencez à onduler, un mouvement circulaire et continue. Pendant 5 min. "  Soit, bons élèves nous commençons l'exercice et parce qu'Anna ne se fait pas vraiment violence lorsqu'elle commence à se déhancher, roulant timidement du bassin, je lui souffle une toute autre motivation d'un sourire exagéré: " Imagine que c'est moi... " là, en dessous et sur qui tu t'exerces au chaloupé.  

Brutal Hearts
ft. ANNALYNNE & CLAY

Et tandis que je me renfrogne de plus en plus, je l'observe s'abaisser face à moi et ce ballon sur lequel je me dois de m'asseoir. Faire preuve de … docilité, et c'est sur mon système nerveux que c'est en train de taper. " Jambes écartées ca me plait. " J'en arque les sourcils, parce que sa blague graveleuse, elle n'est pas pour me déplaire, loin de là même, le seul petit hic, parce que ouais, il y en a un, et conséquent en réalité, c'est que depuis que je suis aussi ronde que ce putain de ballon, les mains de Clay elles se posent de moins en moins sur moi. Jambes écartées ou pas. Comme si me toucher à présent que je porte son fils était vraiment quelque chose de répugnant, ce n'est pas comme si, je ne lui avais jamais souligné ce détail là. En manque de notre parties de jambes en l'air qui avait tout pour me plaire. Alors j'avoue que c'est une chose qui renforce mon intention de ne pas faire plus d'effort que cela. Si au départ, j'ai bien voulu céder pour lui faire … plaisir et lui donner l'impression d'un peu plus s'impliquer, il y a mes hormones et mes chocolats qui n'ont absolument rien arrangé. C'est d'ailleurs à cette pensée précise qu'il se décide à tapoter sur l'arme du cours pour m'inviter à m'y positionner dessus. D'un regard, je l'assassine, avant de l'écouter me chantonner ; " Allez, montre le bon exemple " Tu parles … par esprit de rébellion, j'ai un moment d'hésitation qui me pousse à ne pas vouloir obtempérer, mais lorsque je remarque les autres femmes déjà toutes assises ou presque, je me dis qu'il n'est pas le temps de jouer à la mauvaise élève et que tout ce qu'il me reste à faire, c'est de céder.

Et me voilà donc sur ce trône réinventé quand il me tend ses mots, et que d'un air hautain, je finis par poser les miennes dessus. Malgré mon agacement ambiant, je lui sers un sourire aimant, parce que je ne peux réellement lui en vouloir très longtemps. Peu à l'aise, je n'ose rien dire de plus, sur mon ballon, j'avoue ne pas savoir comment me comporter, je suis … complètement paumée. Pour devenir une bonne mère, il faut en passer par là ? Subir une telle démonstration de je-ne-sais-quoi ? Je ne comprends tellement pas en quoi ça va m'aider, et quand Micro teub me donne – ce que je devine comme – un coup de pied, je réalise que lui aussi, de toutes ces merdes, il n'en a rien à cirer. " Les bras de ces messieurs croisés, paumes tendues, vous venez chercher son avant-bras droit de votre main droite. De même pour la gauche et commencez à onduler, un mouvement circulaire et continue. Pendant 5 min. " Mais c'est qu'elle va me faire vomir celle là. J'en soupire longuement en cherchant un brin de soutien dans le regard de mon amant, futur père de mon enfant, ses mains, comme on vient de lui intimer se positionnent, et moi, doucement, je commence à effectuer de pauvres cercles avec mon bassin, gênée. " Imagine que c'est moi... " Mais à défaut de me charmer, cette idée me fait encore plus prendre la mouche, et mes paumes se délient des siennes, quand je me redresse en un mouvement qui s'apparente à un bon. Tranchant une bonne fois pour toute, si bien que les regards se tournent tous vers nous. Peu fanatique de me donner en spectacle, et pourtant, c'est ce que je suis en train de faire, mais pour ce que ça m'importe pour le moment, j'avoue que je ne me contrôle pas lorsque je lui plante. « J'veux sortir d'ici. » Et sans attendre une quelconque réponse de sa part je me retourne déjà vers la sortie. Et même si je passe pour une hystérique, je m'en contre fous, parce que je jure de retrouver ma capacité à respirer au moment où je passe la porte, le couloir, et que la galerie marchande s'offre à moi.

Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il se pointe enfin, à l'évidence, énervé. « De toutes les façons, on se faisait chier. » que je souligne pour essayer d'apaiser cet agacement qu'il semble cultiver. « Puis j'y peux rien, j'ai eu du mal à me souvenir de ce que ça fait de te chevaucher. » La pique est facile, mais j'étais incapable de me contenir de la cracher.  

Brutal Hearts
ft. ANNALYNNE & CLAY

  Doucement elle commence a prendre le pli et se fait aussi disciplinée que toutes ici. Mais je n'aurais certainement pas dû l'ouvrir vu sa réaction, rétive, lorsqu'elle retire de mes bras ses mains et se montre soudainement moins encline à suivre les indications de la pédagogue. Elle se redresse aisément contre toute attente, aidée très certainement par le rebondi de la baudruche sur laquelle elle était assise et lâche au beau milieu de ce silence plaisant: « J'veux sortir d'ici. » Ça sort du cœur, pas l'ombre d'un doute mais je te rappelle que nous avons payé pour ces heures et qu'elles nous serviront tôt ou tard, plus à toi qu'à moi le jour où te seras appelée à te détendre. Mais Anna n'en fait qu'à sa tête, Malcolm encore de souche et digne dignitaire de sa lignée, en quittant la salle sous le regard médusé de beaucoup d'entre nous. La surprise est telle que personne n'ose prendre la parole suite à son départ qui s'est voulu quelque peu...prématuré, juste quelques chuchotements entre deux commères à lunettes qui n'ont depuis le début cessé de nous reluquer.

Alors naturellement, je reste le centre d'intérêt durant quelques secondes encore, jusqu'à ce que je me trouve une excuse pour palier au manque de courtoisie dont elle a fait preuve malgré son éducation dans la haute bourgeoisie. " Une envie de chocolats. " Et peut-être pour souligner la véracité d'un tel mensonge, en haussant des épaules je me sens obligé d'épier la voisine dont le ballon ressemble d'avantage à une courge mal lotie sous son poids. " Vous savez ce que c'est..." D'un geste assuré je m'incline afin d'aller ramasser ce que derrière elle elle a laissé, c'est à dire son sac et me redresse, le bras tendu de par ce nouveau poids." Excusez-nous." C'est un au revoir poliment balancé pour à mon tour me diriger vers la porte qu'Anna a empruntée. Je la retrouve dehors, elle un peu plus apaisée et moi en attente d'explications parce qu'après son petit manège, je pense en avoir le droit. " Bravo." Félicitations Anna, tu t'es surpassée. Et sans même le demander, elle aligne les mots une fois que je l'ai rattrapée. « De toutes les façons, on se faisait chier. » Çà c'est toi qui le dit, je commençais à apprécier vos déhanchés même si certains laissaient à désirer... « Puis j'y peux rien, j'ai eu du mal à me souvenir de ce que ça fait de te chevaucher. »  
 
Le sous-entendu était si subtilement placé que j'en ai perdu le peu de bonne humeur qui me restait. C'est un sujet dont nous avons déjà parlé et je me refuse catégoriquement à la... souiller tant qu'il ne sera pas né. Alors, à rester à la dévisager sans même défendre d'avantage mon point de vue quant à cela, je balance son sac sur mon épaule pour faire un pas au devant de ses reproches. Plus de chocolat pour elle dorénavant, ce sera un aphrodisiaque de moins sur les grandes lignes de son alimentation. Il me faudra aussi me méfier des asperges qu'elle prend parfois un malin plaisir à pourlécher devant moi au diner, des petites entrées préparées à base de céleri et des épices dont elle parsème nos plats quotidiennement. Mais surtout: jeter en douce ses flacons d'huiles essentielles qu'elle fait infuser à longueur de journée, ou plutôt de soirée, pour soi-disant l'apaiser. Mais parce que je sais que mon absence entre ces cuisses la fait pleurer, je me veux pourtant rassurant: " Dans quelques temps, tu me ressentiras de nouveau. " Mais pas avant. Et pris au dépourvu puisqu'il nous reste, à ma montre, plus d'une heure à tuer dans les galeries marchandes, c'est d'un regard complice que je l'invite à me suivre vers une enseigne un peu plus attrayante: Dita Van Teese et ses lingeries guindées qui ne feront pas notre unanimité. Mais parmi tous ces articules brodés et de soie moirée, il doit bien y avoir quelque chose de plus échancré...  Et peut-être comprendra-t-elle alors que malgré les apparences, elle reste la femme parfaite et qu'à ses formes je ne suis pas indifférent.