Tout s’écroule, j’ai l’impression qu’on vient d’exploser mon crâne au marteau piqueur. Je n’arrive pas à bouger, je n’arrive pas à respirer, je n’arrive presque pas à me tenir debout et j’crois que si je le fais, c’est par habitude. Ça se répète dans ma tête, ça résonne, sans arrêt. Elle s’est faite violée, et je n’étais pas là. Et je comprends mieux pourquoi elle me fuit, pourquoi je lis autant de mépris dans ses yeux, dans ceux de Wade. Il ne m’apprend rien, je n’ai pas besoin de lui pour culpabiliser. Même si pour garder la face j’essaye de me déresponsabiliser, dans le fond de moi, je le sais, je suis coupable. Je suis coupable parce que je m’étais promis à moi-même de prendre soin d’elle, que rien, jamais, ne lui arriverait. Et j’suis là à ne pas pouvoir bouger, lui demandant de partir parce que … parce que pour la première fois de ma vie, je ne sais absolument pas comme je vais réagir. M’énerver ? Frapper ? Hurler ? Tomber ? M’évanouir ? Pleurer ? Je n’en ai aucune idée, j’suis juste hors de moi, littéralement, pas là, essayant de me raccrocher à n’importe quoi pour ne pas crever sur place. Non, je n’ai pas fini. J’lève des yeux d’enfant perdu et le regarde sans pouvoir riposter, sans pouvoir broncher. Il balance ses miasmes et … putain. Ça fait mal, putain de mal, même si j’fais tout pour que ça ne se voie pas, dedans je brûle, je me tords de douleur. J’peux même pas le contredire, parce qu’à cet instant, j’crois fermement qu’il a raison. Sage est trop bien pour moi, et tout ça est de ma faute. J’incline la tête quand il me dit qu’elle repart avec lui, j’reste là, figé, incapable d’esquisser le moindre geste. J’pensais qu’il était déjà parti, moi j’étais déjà loin. Mais non, y a sa voix qui revient et mes yeux hagard qui ne comprennent pas pourquoi. Qu’est-ce qu’il veut encore ? Ce n’est pas assez ? Ce n’est pas suffisant de savoir que l’amour de ta vie s’est fait violé par ta faute ? Arrête Wade, même toi, tu ne peux pas être aussi cruel et m’enfoncer encore dans ce moment. Pourtant je l’écoute. Et c’est l’hécatombe. Mes yeux s’ouvrent grand et rond, et cette fois je sens que je vais vraiment m’écrouler. Enceinte. Enceinte putain. J’voudrais avoir la force de casser sa gueule à ce connard de Wade juste pour me soulager. Mais là, j’suis juste plus capable de rien. Il s’en va, et j’reste là, paralysé. Une heure, une journée ? Je n’en sais rien. Le fait est que maintenant je sais ce que ça fait de mourir. Et vous le voyez là, le mec au milieu de sa suite raide comme un piquet ? C’est à ça que ressemble un monstre qui vient de se faire bouffer le cœur.