I'm never changing who I am

Romy & Aaron

Ce Summer Camp a comme un goût de déjà vu pour moi. Dès que je suis arrivée en Nouelle-Ecosse, j'ai eu l'impression d'être replongée une année plus tôt. Pendant l'année où j'ai décidé de disparaître et faire le tour du monde. Je suppose que ça sera toujours comment ça à présent. Chaque voyage sera l'écho des précédents. Je me surprends à être dans le même état d'esprit, à avoir les mêmes envies. Être seule, découvrir de nouvelles choses, apprendre à me connaître moi-même. Toutes ces choses qui m'ont été tant bénéfiques et m'ont aidée à faire mon deuil de ma meilleure amie. Cette année, je n'ai pas de deuil à faire. C'est différent. Cette année, je suis torturée par d'autres choses, des nouveaux démons comme des anciens. Je suis spectatrice de ma vie, de mes erreurs à répétition. Parfois, j'aurais envie de me gifler, de me seccouer. A croire que c'est plus fort que moi, je dois toujours tout foirer. Dans ces instants de culpabilité, j'aime me retrouver seule, alors aujourd'hui je suis partie marcher le long des bâteaux. Être en tête à tête avec moi-même me permet de réfléchir un peu et de faire le point. Le point sur ce que j'ai accomplis dans la vie, c'est à dire pas grand chose à part voyager et faire des conneries. Le point sur mes relations avec mes proches. Avec ma soeur, mes amis. Histoire que je me donne une après-midi pour m'en vouloir, me blâmer et au final pouvoir retourner à mon cottage le coeur léger. Comme une façon d'expier, parce que j'ai pas envie d'être rongée comme ça tout le reste de l'été. Je ne dois rien à personne, j'ai à m'excuser de rien. Après avoir marché quelques minutes, je m'assieds par terre et laisse mes pieds frôler la surface de l'eau. Je bascule ma tête en arrière et expose mon visage au soleil, dont les rayons viennent m'arracher un petit sourire et un soupire. Je voudrais que cet instant ne prenne pas fin.

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CODES © LITTLE WOLF.

I'm never changing who I am

Romy & Aaron

Les pieds dans l'eau, les yeux clos, j'arrive presque à oublier où je suis, voire qui je suis. Mes pensées s'envollent dans toutes les directions et je trouve enfin un peu de paix. Rien d'incroyable, juste une certaine harmonie que j'ai envie de préserver. Mais le silence qui m'entourait finit par se briser pas une voix que je connais que trop bien et j'ouvre à nouveau les yeux pour les poser sur Aaron. « Parfois, il faut apprendre à se contenter des petites choses, Monsieur Buckley. » je lance à son encontre, un sourire sur le visage. Je suis contente de le voir. D'ailleurs, je me rends compte que ça fait un moment que nous ne nous étions pas croisés. Pas depuis mon fameux accident de kayac, ou mon interminable coma. Pas si interminable en fait puisqu'il n'a duré qu'une semaine, mais une semaine c'était déjà beaucoup pour moi. Sept fois vingt-quatre heures de perdues. Je finis par tapoter le sol à côté de moi pour l'inviter à s'asseoir. « Viens, tu vas voir. Enlève tes chaussures et mets les pieds à l'eau. » je lui dis. S'il a le même état d'esprit enfantin que le mien, il se rendra compte que c'est plutôt chouette. S'asseoir par terre, faire trempette, ne se soucier de rien. C'est comme si le temps était en train de s'arrêter.

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Romy & Aaron

En voyant Aaron s'approcher de moi, j'ai pas pu m'empêcher de repenser à cette fameuse conversation que j'ai eu avec Lewis. Pas de chance, on était dans le même kayak et il a profité de m'avoir sous la main pour me parler d'Aaron. Pour me prendre encore la tête sur le fait que je devais toujours fricoter avec ses proches ou je ne sais quoi. Attendez, maintenant je sais plus si c'était pas un autre jour qu'il m'a parlé de ça. Franchement, je sais plus, tout se confond dans mon esprit. Les disputes, les conflits. Puis le coup de rame que je me suis pris sur la tête n'a franchement pas arrangé ma confusion. Mais en repensant à tout cela, j'aurais sûrement du éviter de parler à Aaron, éviter de lui proposer de s'installer à côté de moi. Mais bordel, j'en ai marre. Lewis l'a bien dit l'autre jour à l'hôpital. On a dépassé les bornes, même lui. J'ai pas à me justifier auprès de qui que ce soit, et si j'ai envie de parler avec Aaron, je le fais. Il s'assieds donc comme je lui ai dit et mets ses pieds dans l'eau. Cela m'arrache un sourire. Il me demande comment se passe mes vacances et je lâche un petit rire. « Plus ou moins. » je dis, ne sachant pas trop quoi répondre. Est-ce que je profite ? J'en sais vraiment rien. « Disons qu'elles ne sont pas vraiment de tout repos. » je rajoute. Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Finir à l'hôpital au début des vacances et devoir se taper des migraines monstre le reste du temps, c'est pas ce que j'appelle profiter. « Et toi ? Ca fait un moment que je t'ai pas vu. » je lui dis, curieuse. Un bon moment même.

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Romy & Aaron

Je lâche un petit rire alors qu'Aaron me parle. Il n'a peut-être pas tort, mieux vaut que mes vacances soient mouvementées que lassantes. Après tout, j'ai toujours cherché à avoir une vie qui sort de l'ordinaire, je suis gâtée à présent. D'ailleurs, quand j'y réfléchis, je me dis que c'est sûrement pourquoi j'ai toujours cherché à m'attirer des problèmes, à me mettre dans des situations sans queue ni tête. Je suppose que c'est le destin ou une connerie dans le genre. J'aurais beau essayer, je changerais jamais, et me dire ça aide à m'apaiser, à me calmer. Cela m'aide à accepter le fait que je sois un peu une cause perdue, que quoi que je fasse, c'est pas vraiment ma faute en fin de compte. C'est ça, c'est pas de ma faute si je foire tout ce que je fais, si je me comporte mal. C'est plus facile à vivre de se dire qu'on y est pour rien. Je soupire alors qu'il me dit qu'il m'a cherchée pendant des semaines. Il a raison quand il dit que je ne suis pas facile à trouver. « Quand je veux pas être trouvée, je ne le suis pas. » je dis amusée. Mes précédentes familles d'accueil en témoigneront. « Mais cette fois-ci c'était pas intentionnel. J'ai passé deux semaines à l'hôpital, dont une dans le coma, c'est sûrement pour ça que tu m'as plus vue. » je finis par dire en essayant de prendre ça à la rigolade. Après tout, il ne sert à rien de dramatiser la situation. Je suis en vie, je suis sortie, c'est tout ce qui compte non ? « Allez, t'as rien de croustillant à me raconter ? » je lance en lui donant un coup de coude. C'est vrai quoi, je suis contente que ses vacances se passent bien, mais j'ai toujours envie d'en savoir un peu plus sur lui. Aaron le mystérieux. J'ai quand même appris qu'il faisait du piano la dernière fois, c'est un progrès.

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Romy & Aaron

C'est pas mon genre de mentir, pourtant quand Aaron me demande ce qu'il s'est passé pour que je finisse dans le coma, j'ai envie de lui cacher la vérité. Ou du moins de ne pas tout lui dire. Pour une fois, je me soucie des conséquences que mes paroles peuvent avoir. Pour une fois, je ne m'en fous pas. Je sais que je suis bien là, que je m'entends bien avec Aaron et que j'ai pas envie de d'installer un froid entre lui et moi. Parce que je sais que dès l'instant où je mentionnerais Lewis, c'est ce qui va se passer. Ce dernier est venu m'accuser de vouloir me faire son meilleur ami, alias Aaron ici présent alors je présume que le concerné a lui aussi eu vent de cela. « J'ai eu un accident de kayak. » je me contente juste de dire. Je zappe toute la partie où j'étais avec Lewis sur ce kayak et que je me suis cognée à sa rame pour finir inconsciente au fond du lac. J'ai pas envie de casser l'ambiance. De toute façon, je veux mettre tout ça derrière moi. Arrêter de toujours mêler Lewis à moi, à ma vie. On s'est mis d'accord pour ne plus faire les mêmes erreurs, pour se laisser respirer. « Ouais, j'ai même réussi à communiquer avec les morts. Tu sais, parce que j'étais ni vraiment vivante, ni vraiment morte, du coup je pouvais même errer parmi les vivants sans qu'ils le sachent. » je lui réponds en partant dans un vrai délire. En réalité non, c'était le trou noir total mais ma version est plus drôle. « Je t'ai même espionné sous la douche. » je dis avec le plus grand sérieux avant d'exploser de rire. En réalité, ce serait tellement cool que ça soit la vérité. J'aurais passé une super semaine dans le coma à espionner tout le monde, savoir ce qu'ils font, ce qu'ils pensent de moi. Puis me rincer l'oeil en les matant sous la douche. Malheureusement, c'est pas la vérité. « J'ai toujours été curieuse tu sais. » je réponds à Aaron qui vient s'étonner de ma curiosité. « Un jour je vais percer tous tes secrets Aaron Buckley. » je m'amuse à le menacer. Je sais qu'il aime entretenir le mystère autour de lui. Mais je sais aussi qu'on apprend à mieux se connaître à chaque fois qu'on se croise.

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