We're in this together

Oksanna & alexandra

Lunettes de soleil sur le nez, je me laissais guider par le chauffeur que j'avais engagé pour me mener jusqu'au logement de ma meilleure amie. Lorsqu'elle m'avait dit où elle allait habiter pendant le Summer Camp, j'ai refusé de la croire. Je pensais qu'elle prendrait une chambre d'hôtel, comme tous les étudiants d'Harvard. Mais il faut admettre qu'elle n'est pas n'importe quelle étudiante. Elle est princesse d'Angleterre. Si je fais partie des jeunes femmes privilégiées de l'établissement, Alexandra est carrément à un stade supérieur. Cela n'a rien d'étonnant et j'aurais du m'y habituer avec le temps. Cela fait si longtemps qu'on se connait, je devrais m'attendre à tout. Mais je ne vais pas m'en plaindre, car je suis la première à bénéficier de ses avantages. En effet, je dois admettre être contente de ne pas avoir à passer une nouvelle journée à l'hôtel. Au bout d'un mois, cette suite commence à se faire petite et triste. Toujours cette même déco qui ne me plaît pas forcément. Soudainement, je suis nostalgique de mon chez moi. De mon nouvel appartement, celui que j'ai pris avec Misha. Je souris bêtement à cette idée, le regard perdu dans le paysage qui défile par la vitre de la voiture. Je suis contente, heureuse. Voilà, tout simplement. Pourtant, je suis tout le temps fatiguée en ce moment, comme si le bonheur avait la capacité de prendre toute mon énergie. Bien entendu, il y a la compétition du Summer Camp, tout cela, mais quand même. Enfin bref, le bruit du frein à main tiré par le chauffeur me ramène à la réalité et je remarque que nous sommes arrivés. J'attrape mon sac à main, ouvre la portière et sors de la voiture en ajustant les lunettes de soleil sur mon nez. Je remercie l'homme et le congédie avant de m'avancer jusqu'à la porte de la villa. Je me demande comment Alexandra fait pour ne pas se sentir seule ici. C'est si grand. Je m'apprête à sonner quand la porte s'ouvre devant mon nez pour me laisser découvrir ma meilleure amie, toujours aussi splendide. « Salut ma belle. » je dis en m'avançant vers elle, avant de la prendre dans mes bras. Je ferme les yeux l'espace de deux secondes, profitant de cet instant. Chaque fois que nous nous voyons, je me rends compte de la chance que j'ai de vivre sur le même continent qu'elle. Ce qui n'était pas exactement le cas jusqu'à l'année dernière. « Ça va, tu t'ennuies pas trop ici ? » je lui demande après m'être éloignée d'elle et en jetant un coup d'oeil à l'ensemble de cette villa.

✻✻✻

CODES © LITTLE WOLF.

We're in this together

Oksanna & alexandra

En enlaçant ma meilleure amie, je remarque qu'elle a les cheveux mouillés. Décidément, on ne se refuse rien. J'aurais pu déduire qu'elle avait simplement pris une douche mais je ne suis pas stupide. L'autre jour en venant chez elle, j'avais bien remarqué qu'elle avait une piscine. Une piscine rien que pour elle. Quelle jalousie. La prochaine fois que je participe au Summer Camp, je m'assurerais de faire comme elle, de louer une villa juste pour moi et Misha au lieu d'aller dans une stupide chambre d'hôtel. Je sais que mes parents ne m'ont pas vraiment élevée comme ça, qu'ils m'ont toujours dit de rester humble et modeste malgré nos finances, mais c'est difficile. Surtout en côtoyant des gens qui eux se contentent de profiter de leurs moyens. Après réflexion, je finis par me dire qu'ils ont bien raison. A quoi bon être riche si ce n'est pas pour en profiter. Impressionnée par la taille de la villa louée par Alexandra, je ne peux m'empêcher de demander à cette dernière si elle ne s'ennuie pas trop ici. Mais sa réponse ne m'étonne pas. Elle aime être tranquille et compare même son palais en Angleterre à une agora. Je lâche un petit rire et hoche la tête positivement. « C'est vrai, je me souviens qu'on avait toujours du mal à avoir la paix. » je dis en me remémorant toutes ces fois où je lui ai rendu visite chez elle. C'était le bon vieux temps, bien que je ne regrette pas ce que nous sommes devenues aujourd'hui. Deux jeunes femmes, pleines de projets pour l'avenir. Je la suis alors dans sa villa, jusqu'à sa cuisine et la laisse prendre mon sac pour le déposer à la piscine. Mon regard se perd dans les mouvements de l'eau, la lumière du soleil venant la faire chatoyer de milles reflets. J'aurais bien aimé piquer une tête mais il semblerait qu'Alexandra ait d'autres projets pour nous car elle m'annonce qu'on va prendre le petit déjeuner. Elle me pose alors une assiette dans les mains et me prépare même une tasse, un bol et un verre. Je la regarde faire, amusée. « Seule dans une villa, et ménagère ? Tu m’impressionnes Alex. » je dis pour la taquiner. Je sais bien que, malgré ses airs de princesse, elle reste une fille très débrouillarde. D'ailleurs, qui suis-je pour la critiquer ? Moi-même je ne serais pas capable d'offrir un tel petit déjeuner à mon propre petit-ami. « Rappelles moi de te rendre visite ici plus souvent, entre la piscine et le petit déjeuner princier. » je rajoute en gloussant. Sentant mon ventre gargouiller, je m'approche des crêpes avec envie et me penche vers elles pour en sentir leur odeur. Sauf que quelque chose me frappe. Leur odeur justement. Elle n'a rien de putride, loin de là, mais elle m’écœure profondément. Elle me dégoûte, il y a quelque chose qui me repousse. Je ne sais pas quoi mais j'en viens à lâcher mon assiette qui s'écrase sur le sol, et avoir envie de vomir. Je me précipite alors vers les toilettes de la villa. Par chance, je me souviens où elles étaient. Assise devant la cuvette, j'essaye de combattre l'envie de vomir. J'essaye de penser à autre chose que l'odeur de ses crêpes en vain. Je ne tarde donc pas à vider mon estomac pourtant pas bien remplir dans le fond des toilettes.

✻✻✻

CODES © LITTLE WOLF.

We're in this together

Oksanna & alexandra

Alexandra et moi, c'est une amitié qui date, qui a déjà bien vécu. Nous sommes passée par de nombreuses choses, nous avons vécu la distance, nous nous sommes supportées lors de nos peines de coeur, protégées face à nos parents tant exigeants, embarquées dans des aventures aussi folles les unes que les autres. Ce que nous avons toutes les deux est une amitié qu'il serait impossible de remplacer. Nous sommes comme deux soeurs aux famille différentes, bien qu'à ce jour je considère ses proches comme les miens et inversement. Comme deux âmes qui ont réussi à se trouver dans ce vaste monde. Quelles étaient les chances pour qu'on se rencontre un jour ? Si j'avais été une Russe lambda et elle une Anglaise lambda, nous n'aurions jamais eu vent l'une de l'autre. C'est à notre argent et nos familles que nous devons d'être si proches à ce jour. Pourtant, malgré notre proximité, il nous arrive encore d'avoir des secrets l'une pour l'autre. Des petits mystères que nous révélons volontiers ou non. Pour ma part, j'espère qu'elle n'apprendra jamais que c'est moi qui ai fait fuir son petit-ami lorsqu'elle est tombée enceinte de lui. Quant à elle, elle avait eu beau me dire qu'elle adorait la cuisine, je n'avais jamais eu l'occasion d'en être témoin. A vrai dire quand nous nous voyions, les repas étaient déjà préparés par ses employés ou les miens. Puis j'admets m'être montrée mauvaise langue lorsqu'elle m'assurait avoir réussi une tarte ou une sauce quelconque. Je la regardais amusée et me disais qu'elle exagérait probablement. Aujourd'hui, je m'en veux un peu alors que je me retrouve face à tout ce qu'elle a préparé pour moi. J'ai beau connaître Alexandra par coeur, je sais qu'elle me réservera toujours des surprises dans ce genre. « Tu as certainement raison, surtout si ce que tu prépares est aussi bon que cela en a l'air. » je lui réponds amusée en me dirigeant vers les crêpes et autres bonnes choses exposées sur sa table. Mais voilà que quelque chose me frappe : l'odeur de la nourriture. Pour le coup, tout cela me semble bien moins appétissant, j'en suis limite dégoûtée. Comme si j'avais déjà mangé trois kilos de crêpes et qu'on m'en reproposait une autre pour m'achever. Comme si l'on m'avait fait tourner sur moi-même pendant dix minutes avant de me faire entrer dans cette cuisine. Il y a quelque chose qui cloche, mais je n'ai pas le temps de me poser davantage de questions car je cours en direction des toilettes pour y finir la tête la première. Je ne sais pas ce qui me prend mais après avoir vomit une première fois, je me sens mieux, malgré un énorme frisson dans le dos. Je reste assise par terre quelques minutes, tout juste le temps pour Alexandra de me rejoindre. J'ai envie de rire en entendant sa remarque. « Ne te moques pas de moi. Avoues que tu as essayé de m'empoisonner ! » je dis pour la taquiner. J'arrive à sourire malgré l'état nauséeux dans lequel je suis. Mais mon estomac se retourne à nouveau rien que de penser à ses crêpes ou à quoi que ce soit relié à la nourriture. Je redirige ma tête en direction de la cuvette pour prévenir une nouvelle envie de vomir, mais j'arrive à calmer la crise. « Oui faisons ça. Je pense que c'est un peu passé là. » je rajoute dans un faible hochement de tête. Le contact de la serviette fraiche sur mon front m'arrache un soupire de satisfaction et ferme les yeux alors qu'Alex me prend dans ses bras. « Non, ne le dérange pas pour rien ! » je demande tout de même à ma meilleure amie alors qu'elle considère le fait d'appeler mon frère. « C'est pas grand chose, j'ai déjà eu ça l'autre jour avec Misha à l'hôtel, ça va vite passer. » je lui dis en prenant appui sur le mur des toilettes pour me relever. C'est vrai, je serais remise sur pieds d'ici quelques minutes. Je suppose que je dois mal digérer l'eau de l'hôtel ou bien un autre aliment du restaurant. Peut-être que j'ai tout simplement attrapé un virus. Ou que le changement de pays ne me réussi pas. J'en sais rien. « Je suis vraiment désolée, pour ton déjeuner. » je m'excuse auprès d'Alexandra. Oui, je m'en veux car elle n'a pas préparé tout ça pour rien. « Je dois avoir attrapé quelque chose. J'espère que je vais pas te le refiler ... » je rajoute, clairement gênée J'ai l'impression d'être un boulet là. Si en plus de gâcher la nourriture, je rends mon amie malade, je m'en voudrais vraiment trop. J'aurais dut m'aliter quelques jours quand j'ai été mal la première fois, peut-être que j'aurais pu empêcher une nouvelle crise.

✻✻✻

CODES © LITTLE WOLF.

We're in this together

Oksanna & alexandra

Je ne suis pas de ces personnes qui aiment s’apitoyer sur leur sort ou encore attirer toute l'attention sur eux. Je suis quelqu'un qui aime avoir sa vie privée et par dessus tout se débrouiller toute seule. Mes parents m'ont élevée comme ça car ils voulaient que je ne doive dépendre de personne en grandissant, que je puisse faire mes preuves afin d'être fière de moi même. Aujourd'hui encore, je les en remercie pour m'avoir éduquée de la sorte. C'est clairement un trait de mon caractère que je ne changerais pour rien au monde. Alors quand j'entends ma meilleure amie qui veut appeler mon frère parce que je suis malade, je hoche la tête négativement. Non il n'en est pas question. On va pas déranger toute ma famille parce que j'ai une sorte d'indigestion. C'est bon, d'ici quelques minutes ce sera passé. J'ai plus dix ou quinze ans, je sais prendre soin de moi-même. Bien que je suis contente qu'Alexandra soit à côté de moi là tout de suite. Sa présence m'apaise, elle arrive limite à me faire rire avec ses petites remarques. Clairement non, ce n'est pas elle qui m'a empoisonnée. Ca doit venir de l'hôtel. Ou bien de Misha tiens. Non je rigole. Je pense que c'est juste la nourriture et le stress de la compétition qui me mettent dans cet état. « Franchement, ne t'inquiètes pas, je suis sûre que c'est trois fois rien. Mais si ça recommence, promis j'irais consulter. » je dis à ma meilleure amie pour la rassurer. Sincèrement, j'ai pas envie d'aller déranger un médecin qui a déjà assez de boulot comme ça, juste pour lui dire que je suis barbouillée. Je dois juste faire plus attention à ce que je mange et à mes activités, voilà tout. « Arrêtes un peu ! Je peux prendre soin de moi, tu me connais. Je suis pas du genre à mener un rythme de vie dangereux quand même. » je lance amusée. C'est vraiment mignon de voir Alexandra se faire du soucis comme ça pour moi. On a toujours eu un côté très maternel l'une envers l'autre, parfois trop même. On essaye de se surprotéger mutuellement, je suis sûre que si on pouvait nous mettre dans une bulle, on le ferait. C'est rassurant en soit car ça montre bien qu'on sera toujours là l'une pour l'autre. A veiller au grain. Je me lève avec son aide et elle nous dirige jusqu'à la piscine où je m'installe sur un transat, un verre d'eau à la main le temps qu'Alexandra aille faire je ne sais quoi dans sa villa. Elle finit par revenir avec un jus d'orange que j'accepte volontiers. S'installant auprès de moi, je vois son regard concerné et fronce les sourcils, appréhendant le discours qu'elle va me tenir. Je la connais Alexandra, je sais ce que ce regard signifie, et j'avais raison. La voilà qui commence à me parler comme si elle était ma mère et comme si j'avais quinze ans. Je manque presque de m'étouffer avec mon jus d'orange. « Alex, je t'arrête tout de suite, mais je crois que t'es en train de te faire des films. » je lui réponds, je sachant pas si je dois rire ou être gênée par cette conversation. Si je comprends bien son langage relativement codé, elle s'imagine que je suis enceinte. Et puis quoi encore ? « Si ça peut te rassurer, c'est absolument pas à l'ordre du jour. Puis de toute façon, je suis assez prudente à ce propos. » je rajoute. Très prudente même. S'il y a bien une chose pour laquelle je ne suis pas prête, c'est ça. C'est même hors de question. On vient seulement de s'installer ensemble, on aimerait un peu profiter de notre vie à deux avant de se retrouver à trois sous le même toit. « Puis arrête un peu de mentir, je sais bien que t'en rêverais. » je finis par dire avec un clin d'oeil. Puis je me rappelle de son expérience à elle et je regrette tout de suite d'avoir dit ça. Je me doute bien qu'un tel sujet doit être délicat à aborder pour elle. « Un jour tu feras une superbe tata (mais pas tout de suite) et une superbe maman. » je lui dit en prenant sa main dans la mienne.

✻✻✻

CODES © LITTLE WOLF.

We're in this together

Oksanna & alexandra

Le coeur, l'esprit et l'estomac léger. Quand j'entends les suspicions de ma meilleure amie, j'ai presque envie d'éclater de rire. Trop innocente pour me poser les mêmes questions qu'elle, je ne suis même pas en mesure de d'avoir le moindre doute, comme si rien ne pouvait m'atteindre et surtout pas ça. D'ailleurs, je n'ose même pas mettre un mot sur la chose. Elle non plus, nous nous contentons de faire des illusions comme si on avait peur que cela devienne soudainement réel. Très sincèrement, je ne suis pas prête à avoir des enfants. Je ne cesse ne me convaincre que je n'ai pas d'instinct maternel, ou plutôt que l'intégralité de ce dernier est déjà dirigé vers mes proches, mes amis, ma famille. Qu'il n'y a pas de place pour autre chose dans mon coeur. Du moins pour le moment. Je ne dis pas, peut-être qu'un jour avec Misha on en décidera autrement, certainement, j'en sais rien. Mais ce n'est tout simplement pas le moment. Impossible. Pas avec tout ce qui arrive à ma famille. Pas avec tous les ennuis qui nous tombent dessus et ceux qu'on s'attend encore à nous voir tomber dessus. C'est comme si nous avions une épée de Damoclès sur la tête, comme si nous attentions l'heure fatidique. Ce n'est pas un environnement dans lequel j'ai envie de me lancer dans un projet d'enfants. Je peux comprendre qu'Alexandra s'inquiète pour moi, qu'elle ne veuille que mon bien. Mais je sais ce que c'est de s'inquiéter pour tout le monde et je ne veux pas de cela pour elle. Si quelqu'un doit être heureux parmi mes proches, je veux que ça soit elle. Car c'est celle qui mérite le plus de l'être. « Pas de surprise, c'est promis ! J'ai pas envie de te perdre dans une crise cardiaque que j'aurais moi-même provoquée. » je lui lance sur le ton de l'humour. J'essaye de détendre un peu l'atmosphère car j'avoue que ses doutes m'ont légèrement stressée. Elle m'a mise la pression et là j'ai juste envie de penser à autre chose sinon je vais vraiment me sentir mal et me mettre la pression pour rien. D'autant plus que j'ai évoqué un autre sujet sensible. La grossesse qu'elle a vécu il y a quelques années, celle qui a pris un terme. « Je comprends. » je me contente d'abord de répondre, la boule au ventre. Je sais de qui elle parle. Elle parle de ce garçon avec qui elle sortait, de celui dont elle était enceinte. Celui à qui j'ai demandé de disparaître de sa vie, pour son propre bien à elle. « On peut pas savoir comment il aurait réagit. Certains disent que la paternité change les hommes, mais moi j'y crois pas. Il est parti alors qu'il avait pas de responsabilités, je suis pas sûre qu'il aurait été différent en ayant celle d'être bientôt père. » je lâche un peu trop impulsivement. Ce mec était un connard, c'est pour ça que je l'ai éloigné d'Alexandra, alors j'ai pas le moindre scrupule à mentir à son propos. Il est pas parti pour rien, il est parti à cause de moi, mais ça revient au même car il aurait finit par partir un jour, ou faire souffrir ma meilleure amie, ou les deux à la fois. « Si tu veux mon avis, tu mérite bien mieux que lui. » je rajoute. Comme ça, c'est dit. De toute façon, ce n'est pas un secret. A mes yeux, Alexandra mérite la crème de la crème.

✻✻✻

CODES © LITTLE WOLF.