Sage&Caïn - Who are you to judge ? [FW]

• Mon histoire... Quel était mon histoire... C'était sa question ? Je soupire. Mon histoire, je n'aurais pas le temps pour tout lui raconter ce soir, il me faudrait plusieurs nuits, plusieurs journées pour qu'elle puisse cerner qui je suis vraiment, mais, étant donné qu'elle n'est pas dans le meilleur des états, et que je suis loin d'être ultra sobre, j'veux bien me livrer à quelques confidences. "J'suis seul, mon père est en prison jusqu'à la fin de sa vie, ma mère est morte sous mes yeux quand j'étais gamin, le peu de famille qui me reste et bah... Je n'existe plus pour eux..." Mais ça va, je le vis bien, j'arrive à m'en sortir, j'arrive à vivre une vie qui pour moi me parait normal. C'est pas tellement difficile en même temps si on compare à d'autres personnes. Je ne vais pas me plaindre, c'est moi qui a choisi cette vie. "J'suis loin d'être le gentil garçon, et j'ai pas prévu de t'embrasser vu ton état, te fait pas de film..." Elle pourrait aller dire que j'ai abusé d'elle. J'dis pas qu'elle était moche, loin de là, c'était une belle fille, mais, c'était pas mon but, j'avais pas vraiment de but à vrai dire... "Calme toi je t'ai juste proposé des vêtements secs rien de plus, mais si tu préfères boire, bois." Elle est vachement étrange comme fille, j'savais pas ce qui se passait dans sa tête, mais ça devait pas être beau. Mais, très bien, je lui tend la bouteille après en avoir bu une gorgée, si ça peu l'aider à aller mieux l'espace d'un instant. •

• On dit qu'avec le temps tu oublies. On dit qu'avec le temps, la douleur n'est plus présente, que ta vie a repris un cours normal. C'est faux. Tout ça, c'est des conneries inventés par je ne sais quel connard pour nous faire croire que notre tristesse finira par partir et que tout ira bien dans le meilleur des mondes. J'ai pas oublié, j'ai toujours cette image d'elle, allongé sur le sol, de la bave bien épaisse tout autour de ces lèvres. Non, la douleur est toujours présente. Tu n'oublies pas, tu apprends seulement à vivre avec. "Elle a fait une overdose... Et j'suis surement en train de suivre son chemin d'ailleurs !" Comme j'ai dit, on apprends à vivre avec, et désormais, l'évocation de ma mère ne me donne plus envie de me claquer la gueule dans les murs, non, j'ai juste envie de boire, de me défoncer le crane et de planer. Un aigle royal, ouais, j'voulais être un aigle royal... Putain, l'alcool me fait penser à des trucs vachement étranges... "Tu dis ça parceque t'es bourré ouais !" je rigolais à sa phrase, je n'étais donc pas son style ? Doit on seulement s'arrêter au physique ? C'est ce que je fais la plupart du temps en fait, je l'avoue, mais... Il peu se cacher des milliers de surprises derrière un visage que l'on a pas pour habitude d'aimer et d'apprécier regarder. J'avais finit par lui proposé d'aller dans ma chambre, proposition qu'elle avait refusé. Elle devait surement croire que c'était un moyen pour moi de la faire boire pour ensuite la baiser, alors qu'au final, ça ne m'avait pas traversé l'esprit. J'avais vu de la souffrance dans ces yeux, de la tristesse, j'avais vu une partie de mon reflet, une partie de ma souffrance, et j'avais tout de suite compris qu'avec un geste comme celui qu'elle avait fait, qu'elle avait besoin d'aide. "C'est toi qui décide !" Tirant sur ma clope, je soufflais la fumée en direction du ciel, pour ensuite me laisser tomber, le dos sur le sable, allongé, je fixais les étoiles. Et si ailleurs, dans un autre monde, une autre galaxie, deux personnes identiques à nous avais la même discussion en ce moment précis ? •

• C'est une bonne question. Elle a réussis à mettre le doigt sur un point de ma vie assez étrange. Ma mère est morte d'une overdose, j'ai vu les ravages de la drogue, de l'alcool, mais aussi des armes par mon père, j'ai vu la violence dans ces yeux, dans ces actes. Alors, pourquoi est-ce que je reproduis le même schéma familiale ? Pourquoi je fais un mixte de mon père et de ma mère en moi ? J'aurais très bien pu ne rien consommer, juste disparaitre et vivre une vie de jeune tout à fait normal, boire de temps en temps, fumer seulement aux grosses soirées, mais non, j'étais le cliché du junky, du fêtard par excellence. Alors, je soupire, mais je souris aussi lorsqu'elle me dit que je suis comme elle, que je me tue à petit feu. Elle n'a pas tellement tord sur ce point, oui, je me tue à petit feu, oui, je sais qu'un jour, toute cette merde pourrait bien m'emporter, que moi aussi à mon tour je finirais allongé sur le sol suite à une overdose, mais... Rien ne me retient ici, alors j'ai décidé de profiter de ma vie, de m'amuser jusqu'au jour où je ne pourrais plus. "T'as pas tellement tord... La vie de monsieur tout le monde, ça m'emmerde... Alors je bois, je fume, j'me défonce la tête pour me sentir vivant... Et je préfère suivre les traces de ma mère plutôt que celle de mon père et finir en prison tu vois..." Je savais qu'un jour, tout ça me rattraperait, mais je retardais ce jour le plus possible, je faisais en sorte de vivre ma vie comme moi je l'avais décidé, comme je le voulais, sans personne qui me dicte quoi faire. J'étais le propre maître de mon destin. "C'est parcequ'il fait noir alors, c'est pour ça ! Maaaaiiis... C'est pas grave, j'vais pas t'en vouloir si j'te plait pas !" Je n'étais pas là pour lui plaire, j'étais là par hasard, un mec errant sur la plage, buvant en solitaire, et puis, elle était arrivé, elle a débarqué et désormais, elle me tenait compagnie. Tout deux allongés dans le sable, j'attrape la bouteille qu'elle venait de poser dans le sable, me redressant légèrement pour en boire une gorgée avant de la reposer au même endroit. Je vois qu'elle me fixe, alors, naturellement, je fais de même. Pas pour chercher la confrontation, pas pour voir qui de nous deux tiendra le plus longtemps, juste par habitude. "Tout comme toi je pense ! [...] Mais franchement, je m'attendais à mieux niveau soirée, limite ce soir c'est plus animé que les précédentes grâce à toi !" Elle était venue apporté un peu d'action à cette soirée, et ça, même si il n'y avait que moi qui avait pu le voir, même si cette action ne se déroulait qu'entre nous deux, le sable, l'alcool, les cigarettes, le ciel étoilé et les vagues. "Comment tu t'appelles ?" Avais-je doucement demandé. Je suis d'accord pour garder une part de mystère, mais j'pense qu'avoir son prénom, associé un nom sur ce visage serait pas mal. •

• Et si j'avais décidé de rester entouré d'étudiants d'Harvard ? Et si j'avais pris la décision de rester dans toute cette foule, de rester là où la soirée se passait. Si j'avais pris cette décision, si je me serais mis à boire comme un trou en compagnie d'amie... Que serait-il arrivé ? Est-ce que le destin a fait que je croise le chemin de cette jeune femme pour que je la sauve de sa noyade qu'elle avait provoquée ? Est-ce que si je ne me serais pas trouvé à cet endroit, elle aurait pris la décision d'essayer de mettre fin à ces jours ? Je ne crois pas trop au destin, je pourrais me dire que ouais, si je ne l'avais pas aidé, elle serait surement morte maintenant, les poumons remplis d'eau à défaut d'être rempli de goudron à cause de la nicotine qu'elle aspire en tirant sur cette cigarette que je lui ai passé. Je lui avais évité une mort douloureuse pour lui en offrir une encore plus lente, et encore plus douloureuse. Peut-être que c'était ça le destin, je n'en ai aucune idée, j'ai beau être intelligent, ce genre de chose, ça me dépasse. Alors j'me dis qu'elle a eu de la chance que je sois là, que j'ai choisi d'aller l'aider, de ne pas la laisser se noyer, car si j'ai bien appris une chose, c'est que la vie vaux le coup d'être vécu. Elle doit avoir le même âge que moi, cette inconnue, elle aurait pu être une très bonne amie à moi, et ça m'aurait fait chier de la savoir disparu, de savoir que son corps avait soit servie de nourriture à un groupe de requin, soit qu'il serait en train d'errer dans l'eau, avançant dans l'océan au rythme de l'eau. Aujourd'hui, ce n'était pas son jour, aujourd'hui, c'était le jour de notre rencontre. La poésie et la philosophie n'ont pas toujours fait bon ménage, encore moins sous l'effet de l'alcool sachant que je n'ai jamais été bon philosophe, ni bon poète... "La mort, c'est pas une issue de secours... T'es jeune, t'as peut-être vécu pas mal de trucs, mais j'en ai vécu aussi, et je sais que la mort c'est pas la solution. Tourné comme tu viens de le faire, ouais, ça sonne bien, mais c'est pas ça la mort, c'est pas beau, c'est pas heureux..." J'voulais pas mourir, du moins, pas maintenant... J'avais encore tellement de choses à faire sur cette terre qu'accepter de laisser mon âme et mon esprit quitter ce monde n'était pas envisageable. "Je choisi aucun des deux, je choisi de vivre... Mais pas de vivre une vie comme tout le monde ou celle qu'on m'a choisi, c'est moi qui décide, j'suis mon propre maître... Tu devrais faire pareil." Et peut-être que si elle faisait la même chose, elle allait enfin aimer la vie. J'dis pas que je suis un putain de peace and love, que j'ai envie de me branler contre des arbres et d'organiser des orgies géantes comme dans la Grèce Antique. Je dis juste que j'ai choisi d'être libre et de faire ce que bon me semble. "T'es une broute gazon ?!" Avais-je demandé, ouvrant grand les yeux. Si c'était le cas, c'était du gâchis pour la gente masculine. J'étais pas le genre de mec à bien parler, à utiliser un langage soutenue, je venais d'une famille avec des principes et de l'argent, certes, mais j'ai toujours parlé comme un mal élevé, et c'est pas aujourd'hui que ça changera, je dis ce que je pense, je ne réfléchis pas vraiment avant de sortir mes phrases, mes questions... "Heu... Tu penses que le Summer Camp c'est un espèce de complot pour organiser un génocide et tous nous exterminer ?[...] J'dois avouer que je n'y avais jamais pensé, mais que c'est pas si con que ça... Car au final, ça éliminerait pas mal de monde et de grosse tête !" L'alcool qui parle surement, même si son idée est pas super bien détaillé, que si c'est le cas, ça serait le plus gros bordel au monde vu les fils de qu'il y a à Harvard, mais, c'est pas mal pensé ! Et, j'avais finis par lui demander son prénom, par vouloir mettre un nom sur ce visage. Sa réponse me fit lâcher un petit rire, attrapant la bouteille une fois qu'elle l'avait posé pour boire à mon tour, manquant par la même occasion de boire de travers. "Tu parles au mec qui vient de t'empêcher de faire une connerie sous l'emprise de l'alcool, mais qui te donne une bouteille d'alcool en récompense... Faut revoir toi aussi tes fréquentations !" Sage, elle se prénommait Sage. Doux prénoms... Mais pas lorsqu'on sait ce qu'elle vient d'essayer de faire ce soir... Alors, tendant ma main en sa direction pour attraper la sienne et la saluer, je répondis. "Enchanté alors, Sage ... Caïn." Sage, la femme qui porte un prénom qui a l'air d'être tout le contraire d'elle, et Caïn, l'homme qui, d'après certains écrit, aurait tué son frère et aurait été maudit par le tout puissant... Étrange coïncidence, non ? •

• Tristesse, mort, déception et désolation. Ce sont les maîtres mots de ma jeunesse, de mon adolescence. Je ne peux pas dire que j'ai connu le bonheur, j'ai été heureux, lorsque j'étais innocent, inconscient et que je ne connaissais rien à la vie, que je vivais simplement sans me douter une seconde du mal que mon père pouvait faire et de l'addiction de ma mère. Petit, j'étais heureux, petit, j'ai connu le bonheur, mais ça, ça remonte à loin. J'ai l'impression que c'est une période que je ne connaitrait plus jamais. J'ai finit par m'y habituer, j'ai finis par comprendre que je devais juste vivre ma vie, celle que je m'étais choisi et non celle que l'on m'avait prédis. Je ne laisse plus personne me dicter ma conduite ou ma façon de faire, je décide de tout, sans prendre en compte l'avis des personnes qui ne me voit que comme un pion. Depuis que j'ai adopté ce mode de vie, celui que j'en ai en ce moment, à boire, à fumer, à me droguer et à ne penser à rien, comme si mon cerveau était déconnecté de la réalité, j'étais heureux, en quelque sorte. Pas comme je l'aurais voulu, mais c'était un moyen de substitution en quelque sorte, un moyen d'avancer à ma façon. "Ton choix était mauvais alors... T'as décidé de prendre la fuite plutôt qu'affronter la réalité... Je sais ce que c'est, de se sentir au fond du trou et d'avoir l'impression que jamais on s'en sortira, j'ai connu... Mais j'ai choisi la vie, et même si ça m'a fait mal, même si par moment, le passé refait surface, j'arrive à vivre la vie que je me suis choisi... Et tu devrais faire de même... Même si ce soir t'es mal, même si demain et dans les semaines à venir t'as juste envie d'en finir, montre toi forte et prends pas la fuite, et un jour, ça payera, un jour, tout ça ne sera que du passé... Tu pourras pas l'oublier, ça restera gravé en toi à jamais, mais ça t'aura fait grandir." Je n'étais pas le meilleur pour réconforter les gens, je n'étais pas le genre de mec à mentir et à dire que tout ira mieux demain, car c'est faux, c'est des grosses conneries. Demain, ça n'ira pas mieux, demain, tout sera peut-être plus noir, mais avec le temps, ça changera, avec le temps, elle reprendra gout à la vie et se rendra compte qu'elle a bien fait, de ne pas succomber, de ne pas prendre la fuite, et peut-être, elle se dira que cet inconnu qu'elle a croisé ce jour-là, cet inconnu qui l'a empêcher de faire la plus grosse connerie de sa vie n'avait pas si tord... "Déception amoureuse, alors..." C'était la solution la plus plausible, c'était la dernière explication possible. Elle avait été déçu, surement un mec dont elle était tombé amoureuse, un mec qui avait finit par la décevoir, qui c'était servi d'elle comme un jouet, peut-être. J'en en ai aucune idée, mais lui demander de m'expliquer serait de trop. Elle continuerait d'y penser, et j'suis pas le genre de mec à vouloir ressasser le passé encore et encore. L'alcool avait finit par faire effet, c'est le moins que l'on puisse dire. Nous voilà lancé dans un débat sur une sorte de génocide organisé pendant le Summer Camp, nous étions les futures victimes. "J'pense qu'il faut prévenir la population non ? On a réussi à deviner ce complot ! Et si on nous écoute pas, on lance une révolution et on butte les méchants ?!" J'étais déjà en train d'imaginer des plans de guerre, des façons de contourner la mort qui nous attendait pour s'en sortir. Trop d'alcool tue l'alcool, mais c'est ça que j'aimais, ces longs débats à n'en plus finir, des débats sans queues ni têtes, et, si ça pouvait lui faire oublier son mal être pour l'espace de quelques minutes, j'étais partant. "Le tout premier meurtrier... Pas trop flippé ?" Dit comme ça, je pourrais passer pour un putain de malade, pour un mec vraiment pas clean. Qui se vante d'avoir le prénom du tout premier meurtrier de l'histoire ? Le prénom du plus grand péché que le monde est connu, pas seulement celui de tuer, mais celui de tuer son propre sang, son frère...•

► Feat Sage&Caïn

Fiche de réponse créée pour ILH ®

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