Il était tellement facile de parler avec Noah, tellement que j’en avais oublié la délicatesse qui émanait de sa voix rauque. J’aimais cette voix-là, j’aimais qu’il s’agisse de celle d’un fumeur et que cela le rendait encore plus intriguant. Alors, au-dessus de nous les étoiles, sa main dans la mienne et la mienne caressant sans cesser sa paume rugueuse, le passé s’incrustant dans nos esprits, encore mieux que nous l’avions fait auparavant. La nostalgie n’avait pas eu le temps de me gagner et lui non plus, en tout cas, je ne l’avais pas décelé et le souffle coupé j’étais heureuse de partager ce moment avec lui, rattrapant certainement une continuité jamais terminée. Notre relation était quelque part et quelque chose me disait qu’elle allait exister un bon nombre d’années encore ; là, où les étoiles, elles, ne meurent jamais. Mes yeux étincelaient devant la beauté qui se présentait à nous, ce ciel ébène que l’été n’avait pas fini de créer et la brise qui s’en émanait chatouillait délicatement mes jambes dénudées. Quelques personnes passaient devant nous, derrière nous aussi. C’était un peu comme si nous étions deux personnes sans-abris amoureux, tentant de se mêler à la foule qu’elle-même évitait sans égard, sans un regard, sans soucis. Je me sentais bien là, aux côtés de mon ex enivré, le ciel étoilé comme toi de cinéma, les étoiles comme des têtes d’épingle qui nous scrutaient sans préavis. La beauté du moment s’immortalisait doucement dans mon esprit encore embrumé par les effluves d’alcool qui venaient de ma droite. « Tu viendras avec moi ? » Demandai-je simplement, lorsqu’il me proposait quelqu’un pour me tatouer, chose que je n’avais pas oublié et qu’il fallait que je fasse à tout prix. Il me semblait évident qu’il devait m’accompagner, après-tout, ce dessin corporel était la preuve que notre amour était bel et bien encore là, quelque part entre l’éternel et l’irréel.
Je n’aurais su dire ce qu’il m’avait pris à ce moment-là, lui parler ainsi d’Isaiha, actuel petit-ami était certainement la moins bonne idée que j’avais eue. Il fallait que j’imagine un peu ce que Noah avait ressenti à cet instant précis. Imaginons qu’il éprouvait encore des sentiments pour moi et là, c’était le drame absolu. Il était clair que j’avais fait une bourde monumentale car, il fallait l’avouer, apprendre que la personne qui nous est le plus chère a retrouvé quelqu’un, c’est une bonne claque dans la figure, au sens propre. Et là je me mis à prier, prier qu’il ne le prenne pas mal, qu’il reste là, près de moi et que rien ne change entre nous. Mais c’était peine perdue, c’était Noah, et j’aurais pu lui dire qu’un garçon m’avait simplement touché l’épaule qu’il en aurait eu la rage au ventre. Je le connaissais comme si je l’avais fait, ce garçon. Alors oui, je sentis cette épine se loger délicatement dans mon pied, et s’enfoncer très légèrement plus lorsqu’il me regardait avec ses yeux meurtris.
Quelques longues secondes de silence passèrent entre nous, puis il décida de le couper net, me disant qu’il était heureux pour moi et je n’y croyais pas une seule seconde. Enfin si, il était heureux pour moi, c’était sûr, mais certainement malheureux pour lui-même. Et l’épine qui s’enfonçait dans mon pied se jumela dans mon cœur pour en faire de même avec cet organe noble qui me faisait de plus en plus mal à longueur que le jeune homme me regardait. Sa main dirige la mienne vers ses lèvres et il m’offrit un tendre baiser qui me rassurait malgré tout. Un sourire pouvait se lire sur mon visage mais se masqua directement lorsque Noah se releva en me disant qu’il allait repartir. Instinctivement je me remis assise tout en levant le menton vers lui. Qu’était-il en train de lui arriver, est-ce que j’avais fait une erreur en lui dévoilant ce que je ressentais ? Question idiote, puisqu’évidemment qu’il l’avait mal pris. Je me redressai à mon tour tout en époussetant l’arrière de mon short, le regardant de mon mètre soixante-cinq. « Tu ne veux pas que je t’accompagne ? Ca me rassurerait… » Lui dis-je, une petite ridule créée entre mes deux sourcils relevés. Je soupirai intérieurement, je m’en voulais d’avoir créé un nouveau malaise entre nous alors que tout avait l’air de rentrer dans l’ordre. Le pauvre Noah devait se sentir tellement mal, tellement délaissé de tout et de tous. Alors, la pointe qui s’était logée à l’intérieur de mon myocarde me fit saigner et me fit indéniablement mal au point d’en avoir le souffle coupé. Je détestais cette situation, je détestais faire le moindre mal. Alors, j’attrapais la manche de l’Eliot et la tint avec ferveur entre mes doigts. « S’il te plait Noah, ne pars pas comme ça. Ça m’ennuie… » Par-là, je ne voulais pas dire que cela me dérangeait, cela ne m’apportait aucune gêne mais cela me rendait soucieuse et je ne voulais en aucun cas le laisser tomber maintenant. « Ça m’ennuie de te savoir seul et en plus, dans l’état dans lequel tu te trouves… » Je soupirai un petit moment et passa cette fois-ci ma main derrière son dos. « Aller, tu peux bien me laisser te raccompagner… Non ? » Insistai-je tandis que mes yeux se plongèrent dans les siens pour accentuer mes propos. J’espérais du plus profond de mon cœur qu’il accepte et que nous pourrions ainsi passer encore un certain moment ensemble…
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