Fatiguée, épuisée. Tout est arrivé si vite hier soir que j'avais du mal à y croire. Et pourtant, quand je pose mon téléphone sur ma table de nuit après l'avoir mis en mode avion, j'ai l'impression d'avoir fait un putain de marathon pour être gentille. Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie, même après les coups que je recevais en Russie. Mais qu'est-ce que deux trois coups pour m'assommer, me rendre plus docile quand on voyait que j'avais quelques côtes brisées, que mon genou était un tetris géant et que mon bras était maintenant en place pour que mon omoplate se remette bien comme il faut. Je soupire fortement. Je suis droitière et on m'a amoché tout le côté droit. Alors écrire des messages, ça passe, mais bouffer les plats dégueulasses de l'hôpital, ça passe un peu moins, surtout quand ils te servent des coquillettes au beurre avec une fourchette. Défaite, je balance ma fourchette dans l'assiette de pâtes et pousse la table loin de moi. Doigt sur la télécommande, j'entends toquer et lève les yeux au ciel. Qui c'est ça putain ? " Entrez " Ronchonnais-je en posant la télécommande sur mes jambes. J'étais insupportable, imbuvable, souffrant comme pas possible, refusant la morphine qu'on me proposait. Sujette aux addictions, je n'avais aucune envie de kiffer la morphine plus que de raisons. La porte s'ouvre et je fronce les sourcils en grimaçant. Ouai, repose même ton visage Carmichael. " Forbes, quelle surprise " Soufflais-je avec un très léger sourire. " Tu m'excuses, je me suis pas fais belle pour toi, j'ai cru c'était Halloween en avance " Soufflais-je, tentant l'humour, voyant ses yeux fixés sur mon visage bleui, meurtri.

Quand je tourne le visage et que je vois Wade, bloquée sur le pas de la porte, je tente de sourire légèrement alors que mon corps tout entier hurle, que chaque parcelle de mon être souffre plus que tout au monde. Pourquoi ? Comment ? Je me pose milles et unes questions. Je ne suis pas là depuis longtemps mais je sais qu'ils vont me garder un petit bout de temps parce que c'est ce qu'il me faut. Il faut que je me repose, que je sois soignée bien comme il faut puis, je leur ai dis que je n'avais plus de lieu où dormir pour la fin du Summer Camp, pour la petite semaine qu'il me reste ici avant de rejoindre Andrew à Londres. Et puis, je la paye cette putain de chambre et le prix fort. C'est ça quand on veut être bien traitée. Et je voulais être traitée comme une personne, je voulais le monde à mes pieds puisque j'avais sauvagement renvoyé celui qui était - sans le vouloir mais tout de même - la cause de mes blessures et qui aurait du endosser ce rôle. Il s'approche, se pose et je ris légèrement. " Ouai, je voulais que tu entres et que tu te dises "putain qu'elle est canon Carmichael, j'en ferais bien mon quart heure, si tout était différent" " Je rigole, bien entendu. Quoi que. Dans ces moments, je vous jure qu'on a juste envie d'être désirable, désirée même si on ressemble carrément à Frankenstein. Je le regarde et quand il me tend un sac plein de bouffe qui sent bon, je bats des cils. C'est douloureux mais bon. " Oh mon dieu... Je vais t'épouser sur le champ " Soufflais-je en appuyant sur les commandes de la télécommande pour redresser le lit et me retrouver en position assise. J'arrache le sac en papier et soupire. " T'as pas idée... Y a du sel dans rien et je crois que la chose la plus grasse que j'ai mangé c'est le milimètre de couenne qu'il restait sur le jambon " Soupirais-je avec un léger sourire. Pas que j'aime manger gras... En fait si, j'adore la malbouffe. Il n'y avait que moi pour commander un hamburger à trois heures du matin au Mandarin Hotel... Quel souvenir... Je souffle légèrement et enfonce quelques frites dans ma bouche. " Qu'est-ce qu'il s'est passé ? " Demandais-je innocemment, en regardant le mur devant moi légèrement renfoncé après avoir jeté la télécommande et le fixe de la chambre. Lancée à vive allure, de la bonne main, ça peut laisser des traces. " Oh ça " Lançais-je ironiquement en montrant mon visage du bout de mon index tout gras à cause des frittes. " C'est l'oeuvre de Cole " Soufflais-je en lui tendant le burger pour qu'il le déballe parce qu'à une main, je suis pas très douée. " T'sais l'anniversaire de Sage, tout ça. Bah il s'est fait passer pour Dante auprès d'Ivy. Avec qui il a couché, bien entendu " Mais ça, il doit surement déjà le savoir. Au pire, enjoy la nouvelle. " Bref. Mon ex a le bras long et il m'a fait suivre. Ses hommes ont cru que je sortais avec Dante et vu que Dante et mon ex ont quelques... soucis " Mafia, tu m'entends ? Je t'emmerde. " Ils s'en sont pris à moi pour lui faire peur. Manque de bol, c'est pas Dante que je me tappe " Je ris légèrement et enfonce des frittes dans ma bouche. Mâche et arrête de rire, ça fait moins mal Kyla. " Et... voilà " Ouai parce que c'était "juste" ça. Juste. On y croit Kyla, on y croit ! Je prenais tout ça à la rigolade mais intérieurement, je n'étais qu'une pauvre loque, qu'un petit bébé qui souffrait terriblement.

Je le regarde et souris légèrement. " Bien sûr Wade, en tout bien toute honneur... " Je lui adresse un clin d'oeil. C'était pas en tout bien, toute honneur qu'on s'était envoyé en l'air l'année dernière, oh non... On était pourri jusqu'à la moelle osseuse à cette époque, complètement paumé. Enfin, je parlais pour deux mais moi, j'étais une grosse paumée de la vie à ce moment là, voulant y laisser ma vie plutôt que de me battre. J'avais bien changé depuis et c'était bien mieux ainsi. " Dans le cochon, y a tout qui est bon mon cher ! " Riais-je légèrement. Mais vraiment très légèrement parce que ça me faisait mal de partout, ça me tirait de partout et que je détestais ça à un point... Pourquoi est-ce qu'on pouvait avoir aussi mal sérieusement ? C'est pas normal. Enfin, c'est de ma faute aussi un peu... Je lui explique vaguement ce qu'il s'est passé, en restant vague parce que je n'avais aucune envie de donner de précisions sur les activités extra-universitaires de Dimitri ni celles de Dante, par la même occasion. J'attrape sa main rapidement et lui souris. " T'y es pour rien Wade, commence pas ! " Je ronchonne légèrement et fronce les sourcils. On dirait un bébé de trois ans qui essaye de gronder un adulte tellement mon visage ne bouge presque pas. " C'est sa faute à lui, t'y es pour rien " Je lâche sa main mais le pince rapidement. Je ne veux pas qu'il pense que c'est sa faute. " Si ça avait pas été Ivy, ça aurait été une autre... " Soupirais-je fortement, désemparée et complètement dégoûtée de tout ça. Moi qui avait voulu qu'on avance main dans la main avec Cole, il avait profité de sa première soirée sans moi pour aller tremper son biscuit dans une autre tasse. Et voilà que j'étais entrain de m'énerver et de mourir de chaud. Calme toi Kyla. " Je prends rien " Lâchais-je en attrapant mon verre d'eau, que je finis en quelques secondes. " À cause de l'année dernière, je prends rien... Je vais aller mieux, je vais plus avoir mal, me sentir mieux et en sortant d'ici, ça va être un sevrage encore " Après mes expériences à la MH l'année dernière, j'avais passé un temps pas possible à me faire contrôler par les médecins pour voir si je ne prenais plus rien, ordre de mes parents. " Mais ça va... Ils m'ont filé une fois de la morphine quand j'ai dégagé Cole de la chambre parce que j'étais... " Complètement hystérique. " Mais ça va, je m'en sors bien " Sauf quand il faut dormir et que ça me lance de partout. " Tu veux des frittes avant que j'avale tout ? " Demandais-je simplement, un sourire sur le visage.

Je ne voulais absolument pas que Wade se croit fautif a quelque niveau que ce soit dans cette histoire. Ça ne concernait que Cole et moi. Pour tout dire, ça ne concernait que Dimitri et moi. C'est lui qui me faisait suivre,espionner et tout ce qui va avec. C'est lui qui m'a brisé une fois et a tenté de le faire une seconde fois. Je le pince quand il ne va pas dans le sens que j'aimerais et son 'ouai' me tord le bide. " Les imagines pas ensemble par pitié " Parce que je l'avais fais. Mon subconscient m'avait foutu des images dans la tête, des images à me faire vomir alors bon... " Pas besoin de te rappeller que nous aussi on a déjà... " Et c'était une terrible erreur. Comme c'est une erreur cette relation entre Ivy et Cole. Mais j'y peux rien, j'peux rien y changer en fait. Il faut faire avec. Je grimace et je lui explique mon cas. Je ne veux rien prendre, rien avaler, rien qu'on m'injecte. C'est trop dangereux, je me connais. " Il m'a fallu une semaine à la mather house pour devenir complètement accroc Wade... J'en rêve de la morphine, je te jure... Mais j'veux pas redevenir une meuf qui attend patiemment de de défoncer à longueur de journée " Parce qu'au final, c'était ce qui était arrivé. " Je juge pas hein... Mais pour moi, non ça ira " En fait si, un peu quand même... Surtout que je me déteste d'avoir flanché, d'avoir fait ce que j'ai fais à l'époque et tout ce qui va avec... " Bien sûr qu'il est venu et encore heureux ! " Lâchais-je sur le ton de la colère. Il ne manquerait plus que ça. " Il m'attendait au retour du bloc mais... Il viendra plus " Soufflais-je tristement. Je lui avais interdis de revenir mais, intérieurement, j'avais envie qu'il se batte pour revenir et tout ça. Je mange mes frites, bois un peu et souris à Wade. " Il me manque tu sais... Je crois que ça l'arrange de pouvoir se défiler " Soufflais-je en baissant les yeux. " Au fait... Je t'ai jamais dis merci pour son anniversaire... Je déteste ce que t'as fais, le provoquer à ce moment là, parler limite de viol avec Alaska mais... Merci la petite amie jalouse et possessive en moi te dit merci... " Un grand merci. Je crois que ça a anesthésié Cole de ces soirées bidon. Je l'espère du moins...

Hj, tkt c'est nickel

Je le regarde et lui adresse mon plus grand sourire. Enfin, si on peut appeler un sourire parce que ça fait un mal de chien. Putain, je devrais vraiment prendre quelque chose pour aller mieux parce que là, ça va plus du tout. Je ris légèrement. " Forcément que c'est moins désagréable... " Et je ne sais pas si c'est moins désagréable parce qu'il s'agit de Wade et moi ou tout simplement parce que ça ne concerne pas Cole. Ouai, c'est ça en fait. Ça ne concerne pas Cole - avec moi - donc ça va tout de suite mieux. Je détestais tout ça, ce secret qu'il y avait entre Wade et moi, le bordel que ça risquerait de faire un jour ou l'autre. Il fallait que je lui dise. Mais pas maintenant. Pour le bien de Wade et de Briony, je ne pouvais pas lui en parler maintenant. Mais y aurait-il un moment propice à ce genre de révélations ? Non. Jamais. Y aurait jamais de "bon moment" pour lui avouer que j'avais couché avec son frère, que je m'étais défoncée pour oublier ma peine, pour oublier la vue de Royce et Delilah ensemble, pour oublier que Léo avait des photos plus que dénudée de ma petite personne... Ça sera jamais le bon moment mais plus j'attends et plus je risque de le perdre. Mais je crois que je vais déjà le perdre maintenant. J'ai plus espoir, plus rien. Surtout pas alors que je souffre de cette manière et que les pensées noires s'immiscent dans mon esprit à longueur de journée. Et puis, prendre quelque chose pour la douleur, c'était tellement tentant mais.... Mais hors de questions de replonger. Je me connaissais assez bien pour savoir que ça serait la solution facile à tous mes maux et que je ne m'en passerais pas cette fois. Si ça faisait du bien à certains, ok, mais pas moi. Je devais me retenir. Je lui souris et finis par me confier parce que j'en avais besoin. J'avais fichtrement besoin de parler de tout ça et Wade était bien un des seul qui m'avait rendu visible depuis que j'avais été admise ici. " Recommence dès que tu peux, dès que t'as l'occasion " Soufflais-je avec un sourire. " Bon, évite juste de les envoyer en cellule... Parce que t'as pas idée du prix de leur putain de caution hein " Lâchais-je en souriant. " Il a réellement essayé de violer Alaska ? " Demandais-je, curieuse. J'en avais peut être pas mal à apprendre sur lui encore, sur eux, sur ces deux crétins d'Eliot que j'appréciais autant que je détestais.