A la Nouvelle-Orléans, un orphelinat accueillait un petit bébé qui était en réalité une fille. Cette petite fille ? C’est moi. A cette époque, un couple gay, de Boston, voulait adopter à tout prix un enfant. Oui ils sont allés jusqu'à la Nouvelle Orléans pour pouvoir me récupérer. Ce ne fut pas facile pour eux. William (ou Bill), et Ethan se sont battus pour mon adoption, mais pas que. Alors que la famille de Bill acceptait sa sexualité et avait fait entrer Ethan dans la famille, ce dernier était devenu le mouton noir de la sienne. C’est pour éviter ce sentiment de rejet et d’abandon qu’il s’est battu d’arrache-pied pour ma garde, qu’il a finalement réussi. C’est simple, à peine les yeux posé sur moi qu’il avait décidé que je serais son enfant. Rien ni personne ne pouvait changer cette idée de sa tête.

Côté famille, je dois dire que je suis bien servie. Plus du côté de Bill que de celui d’Ethan. Chez Ethan, il n’y avait que sa mère qui avait accepté son penchant et chez qui il donnait le plus de nouvelles (et que j’avais par la suite, eue au téléphone). Bill lui provient d’une famille nombreuse, ma venue fut comme un miracle, tout le monde était heureux de me voir. J’étais à ce moment la petite dernière. L’émotion était palpable en ces fêtes de fin d’année. Bill avait demandé à ce que l’on félicite Ethan de s’être battu si ardemment pendant ces longs mois pour avoir ma garde. Plusieurs familles me voulaient, c’est lui qui a obtenu gain de cause. Il s’est souvenu m’avoir pris fortement contre lui, lui qui m’avait vêtue d’une petite robe rouge, moi qui dormais contre lui, peu sensible au bruit, lui qui m’avait dit des mots tendres et d’amour à mon oreille. La mère de Bill l’avait regardé, heureuse et remplie d’amour pour son beau-fils pour le remercier de s’être si longuement battu et que … la famille d’Ethan devrait être fière d’avoir un fils si téméraire. Ethan m’a alors raconté que Bill m’avait pris dans ses bras et m’avait recouverte pour aller à la messe de minuit, je dormais pendant tout le temps de la messe et avait même fait les bruitages lorsque la scénette du Christ s’était lancée ! J’étais le bébé improvisée dans l’église.

Mes prénoms furent choisis par mes pères : Blueberry Peach Vanille Cannelle Sanders. C’est simple ! Mes pères sont chocolatiers et de grands gourmands ! Comme j’étais à croquer, ils me voulaient des noms à croquer. J’ai grandie avec tous leur amour, tout en passant par des cases très difficiles ... je suis allée à l’hôpital à 4 ans, après un malaise en plein goûter dans ma maternelle. Ma maîtresse avait eu très peur, ainsi que mes pères et c’est à partir de là qu’on me fit divers tests et qu’on y trouva des allergies au gluten, cacahuètes et fruits à coques, même au pollen. On a ainsi comprit pourquoi j’avais un ventre gros, pourquoi je m’en plaignais et pourquoi je pleurais. Depuis que mon régime alimentaire fut mis en place, ma santé revint au galop. Et tout ce passa bien pour moi. Et puis ... j’ai grandis. J’ai toujours aimé mes parents et je me fichais pas mal qu’on me dise « quoi tu as deux pères et pas de mère ? ». Ma mère, je voulais la connaître, savoir qui elle est. Si je lui manque ... si elle pense à moi.


C’est au lycée que j’ai commencé à réaliser des recherches sur ma mère biologique, avec l’aide de mes pères. Je suis allée au lycée. C’était chouette la vie là-bas ! J’y ai vécu de merveilleux moments. J’adorais voir mes amis faire les folles en tant que cheerleaders, je faisais partie d’une troupe de théâtre et de chant, quant à mon meilleur ami, je le soutenais avec son équipe de cross.. Ce que j’adorais le plus, c’était d’aller aider mes pères dans leur chocolaterie. C’était la leur, ils s’en occupaient comme des chefs et moi, j’étais celle qui goûter leurs diverses inventions culinaires. J’adorais être dans la cuisine, moi étant accroc au chocolat, je ne pouvais m’en passer. Et puis un jour, j'ai été acceptée à Harvard et ça a été la meilleure nouvelle de ma vie. Et ce qui a contribué à mon bonheur, et bien ça a été la Lowell House, la maison de mon cœur et de mon âme, une maison que j'aime et aimerais toujours, avec ces personnes qui la peuplent et qui me rendent tellement heureuse. J’ai connu les fêtes au bord du lac, les fêtes du lycée et les harcèlements. Avec l’aide de mes pères, nous nous sommes battus contre cela, je n’étais pas victime d’un quelconque harcèlement, enfin si, mais je ne voulais pas être victime. Je m’étais mise en travers du chemin de la chef des Cheerleader, elle m’avait demandé d’enlevé ma tenue devant tout le monde pour m’humilier. Derrière moi, il y avait une jeune fille en larme qui tremblait de peur, moi je souriais, mon regard fier, mon sourcil haussé. Telle une dramaturge, j’ai regardé les autres pour la pointer du doigt et dire ce que je pensais jusqu’à ce que je m’exécute, disant que je ne voulais pas faire partie de ce gang de … faible. Car oui, j’avais qualifié ceux qui faisaient cela de faibles. Dès que je fus en sous-vêtements on est venu déposer une veste sur mon dos pour cacher mon corps pour ensuite me soutenir, aider la jeune fille qui s’était faite agresser pour enfin, se retourner contre cette garce qui n’avait rien vu venir. On va dire que depuis, j’étais comme devenue la Super Héroïne des élèves que l’on agressait.

Et puis, je suis partie à l’université. Harvard m’avait accepté et c’était le bonheur. Pour combler le tout, j’avais rencontré mon premier amour : Aiden Maxwell Peterson. Il avait un an de plus que moi, nous avions vécu un amour passionnel durant plus d’une année. Je croyais qu’il m’aimait d’un amour pur. Hors je me suis vite rendu compte, que je m’étais laissée entraînée dans un cercle vicieux. Entrant dans un monde que j’ai toujours banni de mon existence. La drogue. Je peux vous assurer que je n’y avais pas touché, mais je voulais qu’il stoppe tout. Par amour pour moi. Il essayait. Avec sincérité. J’étais là pour lui, j’ai même sacrifié quasiment une année pour lui, bien que j’aie réussi à l’avoir avec du mal. Cependant, mon amour pour lui était si intense ... je m’étais faite une mission ... cependant, plus je m’accrochais, plus je me perdais et tout bascula en une nuit. Je l’ai quitté après l’avoir vu dans le lit d’une autre ... tout est allé si vite, il était sorti comme un fou furieux de son appartement, après avoir vêtu un pantalon en quatrième vitesse. J’ai couru pour fuir, mais il m’a rattrapé et plaqué contre le mur de la cage d’escalier et là il m’avait frappé et menacé d’un grand couteau, puis étranglé avant de me violer. Quand il eut terminé, j’étais recroquevillée contre moi-même. Il m’a regardé hautain, disant que je l’appartenais, je me suis difficilement relevée pour lui faire face et hystérique, j’ai hurlé. Il m’a poignardé. Je suis tombée au sol, croyant mon heure arriver. A mon réveil, William et Ethan étaient à mes côtés. Chacun avaient ma main et se tenaient leur main. Ils dormaient sur moi. Nous étions ensemble. Comme s’ils avaient prié mon retour. J'ai trouvais ce moment si émouvant qu’en me rappelant de tout, j’éclatais en sanglots dans ce lit d’hôpital, les réveillant par la même occasion. M’excusant, hurlant ma peine, je crois que j’étais devenue folle de rage contre moi. Une infirmière m’administra un sédatif et je me suis aussitôt calmée. Quelques heures plus tard, une grande discussion se fit entre mes pères et moi. Un câlin à trois aussi et quelques jours plus tard, je suis sortie. Je suis rentrée chez mes pères pour me reposer, avant d’attaquer une procédure en justice contre mon ex, combat que j’ai gagné haut la main.

Je pensais que je n’allais plus retomber amoureuse. J’ai mis du temps avant de reprendre du poil de la bête, j’avais dû travailler d’arrache-pied pour rattraper mon retard. Et puis, au hasard des couloirs de l’université, j’ai rencontré Gabriel Lincoln Blackwood. Certains de mes amis ne le supportent pas à cause de son caractère quelque peu spécial, j’ai ressenti au fond de moi comme un lien indéfinissable. Le destin a voulu qu'on se retrouve, qu'on se bouscule, qu'on prenne un verre ensemble. Le froid était établit entre nous, je me méfiais, j'avais peur, je ne savais pas comment être avec lui. Et puis, il décida de tout. M'annonçant énormément de vérité et surtout, qu'il connaissait ma mère. Je l'ai regardé, croyant qu'il se fichait de moi, mais il était sérieux. Alors je l'écoutais jusqu'au bout. Mon père est mort, m'a mère n'a pas supporté et m'a faite adoptée. Pour finir par se suicider. Ce détail m'arracha des larmes. Ma mère s'appelait Katherine Jillian Manchester. Gabriel se leva et me demanda de le suivre, la curiosité me poussa à prendre sa main. Nous avions pris sa moto et sommes partis. Me tenant fortement à lui, je ne savais pas où nous allions, j'étais juste bien contre lui. Fermant mes yeux, souriant, oui j'étais bien. Nous nous sommes arrêtés et là, qu'elle ne fut pas ma surprise ? Une femme se tenait devant moi, habillée en vrac, cheveux noués dans un chignon pas parfait. Elle tenait une tasse, qu’elle ne voulait pas faire tomber. Je sentais des frissons en moi lorsque je vis son expression de visage. Elle est devenue blanche, appelant le prénom d'une femme. Katherine. Ma mère. Je déglutis. Cette femme, qui se tenait là, était la mère de Gabriel : Georgia, qui fut la meilleure amie de ma mère. J'ai ainsi rencontré son père, Scott, et je me sentais de plus en plus mal à l'aise et je sentais que j'allais perdre pied. La mère de Gabriel m'emmena dans le salon pour discuter.

Georgia m'a montré des photos de ma mère et de mon père, elle n'hésita même pas à me donner quelques photos. Je souris faiblement, reconnaissante et pleine d'émotions. Nous avons énormément discuté et elle a fini par se lever et me donner quelque chose : une lettre. C'était les derniers aveux de ma mère avant qu'elle ne se suicide, un dernier mot d'amour pour sa douce et unique fille : moi. J'ai beaucoup pleuré à la fin de cette lettre, qui m'a déchiré le cœur. Georgia m'a prise dans ses bras, me berçant contre elle. Ainsi, je n'ai jamais pu connaître ma mère, ni mon père, tous les deux décédés. Et puis, je suis partie m'endormir. Gabriel m'emmena jusque dans la chambre d'amis où il me vola un baiser. J'ai souri, faiblement. J'ai hésité longuement à aller le voir pour l'embrasser comme il se devait, mais je n’ai pas cédé à cette pulsion du moment.

Le lendemain, je me suis retrouvée chez moi. Mes pères m'ont vu, tenant des photos fortement dans mes mains. J'ai pleuré, encore, je suis quelqu'un de sensible et nous avions parlé. Je leur ai montré les photos de mes parents. Leur racontant leur histoire et leur a lu la lettre de ma mère. Je les ai regardés, leur remerciant de me donner tant d'amour. J'étais heureuse d'être avec eux. Je le serais toujours et en ce qui concerne ma relation avec Gabriel je me sens complètement perdue. J'aimerais le remercier, mais une chose est sûre, c'est qu'il a ravivé une flamme qui s'était éteinte et ça, j'ai toujours cru que c'était pour toujours ... et puis j'ai rajouté deux prénoms sur ma carte d'identité : Cherry et Berry pour les fruits préférés de mes parents biologiques.

De fil en aiguille, nous sommes sortis ensemble, nous avons vécu quelque chose de beau et pourtant, quelque chose d'éphémère. Je l'aime vraiment. C'était en 2012, j'étais la plus heureuse des jeunes filles, mais il m'a poignardé en plein cœur. Moi qui ai connu que très rarement l'amour et qui a été réellement poignardée, je pensais que nous allons finir notre vie ensemble, mais un jour, il a tout simplement décidé de rompre, car soi-disant, j'étais trop parfaite pour lui. Je l'ai surpris avec une autre fille, dans une soirée, et ça a été de trop. Le pire dans tout ça, c'était que nous nous sommes mis en couple avant le bal et qu'il a rompu pendant. Et puis, il est parti ...

Cette rupture a été très dure pour moi. J'ai eu énormément de mal à la supporter, je me suis réfugiée dans les études en me donnant à fond, peut-être même trop, si bien que j'aie été victime d'ulcère et je suis rentrée chez moi avec une tonnes de médoc à prendre, depuis, je dois faire extrêmement attention à tout ce qui peut me provoquer du stress, j'ai l'estomac fragile. C'est à partir de là que je suis entrée dans une sorte de descente aux enfers. Entre la bombe à la fac où j'ai fait partie des victimes, mais ce fut le combat contre le cancer d’Ethan qui m’a été le plus insupportable. Pendant de long mois, nous étions tous en suspense. Je suis partie de mon propre chef retrouver la famille d’Ethan. Je me suis prise la tête avec tout le monde, leur jetant ma rage, ma haine et ma colère à la figure. C’était la pire espèce parmi les humains que je n’avais jamais vu. La mère d’Ethan me regardait en larmes, elle n’avait pas osé bouger ou dire quoi que ce soit avant de dire « Mon fils va mourir et vous vous inquiétez tous de sa sexualité … mon bébé que je n’ai plus revu depuis des années va me quitter », ma rage s’est changée en tristesse et me suis approchée d’elle pour la prendre contre moi puis, nous sommes parties retrouver mon père. Ça a été un moment si fort et émouvant. Ethan a fini par se battre plus ardemment pour finalement y arriver. Et c’est à ce moment-là que je suis tombée pendant un an en dépression. Mon psy me disait que j’avais atteint une sorte de syndrome post-traumatique dû à ce que j’avais subit.

Mais j’ai fini par m’en sortir. J’ai commencé à créer des vidéos sur YouTube et c’est ça qui m’a aidé à sortir hors de l’eau, même lorsque je me suis faite agresser sexuellement à la fac, je me suis accrochée. Je suis devenue YouTubeuse et danseuse. Pour cette agression, seul Bill était au courant, j’ai fini par tout avouer à Ethan quand j’ai réussi à faire face à ce nouveau traumatisme. Aujourd’hui, je continue sur cette voie de ma guérison, je me suis prise un appartement en ville, qui me permet de souffler et de prendre un nouveau départ.