Je cherchais toujours le positif dans tout et n'importe quoi. Même quand la situation était la plus merdique au monde et encore une fois, c'était ce que je faisais. Parce qu'au fond, j'étais ce genre de personne persuadée qu'il y avait toujours une solution. Et peut être qu'avec des efforts, il aurait la possibilité d'arranger les choses avec sa cavalière et par conséquent, passer une bonne soirée. C'était là tout l'intérêt d'un bal pas vrai ? Vivre une sorte de conte de fée. Alors ouais, même si ça mettait en jeu la fierté il était parfois bien de la mettre de côté. Tout le monde fait des erreurs, ça ne veut pas pour autant dire que ce n'était pas pardonnable. Et avec un sourire à la Royce, il était sûrement possible de tout arranger. En tout cas, moi j'y croyais. Allez que je répondais avec un sourire me levant de ma chaise avant de plisser les pans de ma robe. J'pensais vraiment pas discuter comme ça avec toi. Puis par le passé, il était plus du genre à me donner des ordres. Fais pas ci, met toi là, arrête de discuter, c'est l'heure de dormir. Alors ouais, boire aujourd'hui un verre avec lui c'était pas ce que j'aurais pu imaginé quand j'étais encore jeune fantasmant sur ses bouclettes et son sourire parfait.

Qu'est-ce que je fous? Je me plains à une gosse que j'avais y'a quelques années. C'est fou quand même. J'ai l'impression de parler à ma mère, de chialer comme une gonzesse car je me suis embrouillé avec ma cavalière. Oui mais voilà, c'est Teddy et Teddy, elle m'a bien tapé dans l'oeil sans que je m'en rende compte. C'est dingue comme tout nous tombe dessus, comme ça, sans rien demander. Un peu comme Jordan. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que nos retrouvailles vont changer le court de notre vie. Ahah, je regarde trop de films cucul, excusez-moi. Cucul hein pas de cul, non je ne me permettrai pas. « Je suis plutôt ravi de tomber sur toi. » avouai-je en toute sincérité. En plus elle est canon, attendez que les gens me jalousent car je suis en sa compagnie. « Entre nous, entre adultes, sois sincère... j'étais cool comme moniteur? » demandai-je, le sourire jusqu'aux oreilles, à l'attente une réponse positive. Je sais que j'étais beaucoup sévère quand il fallait être sérieux. Mais quand on avait des temps pour déconner, j'étais le premier à faire l'enfant.

Ew, weird. Fallait pas qe je pense à ça en fait. Parce que c'était gênant et que me connaissant, j'allais rougir toute seule ce qui forcément, allait attirer des questions. Autant éviter tant que possible. De toute façon, Royce avait été le crush de toutes les gamines comme moi. Forcément, en pleine adolescence avec un beau gosse pour s'occuper de nous ça laissait place à la stupidité ambiante. Je me demandais s'il s'en était rendu compte. Des gloussements sur son passage, de celle qui minaudait devant lui. De même, j'peux au moins te montrer que j'ai évolué. Et que je suis plus aussi moche qu'autrefois. J'aurais pas la prétention de dire que j'étais belle et tout ça mais.. J'étais mieux disons, dans un sens. Il reprenait la parole et je l'écoutais attentivement avant de sourire. Mh.. J'sais pas. J'haussais les épaules d'un air innocent avant de répondre. Honnêtement, oui. Mais je t'en ai toujours voulu de m'avoir consigné pour avoir fait un croche patte à cette bécasse de Kimberley. J'savais bien que c'était pas sympa mais dans cette période là, j'étais mauvaise par moment. Encore plus quand je me trouvais face à une potiche. Et après avoir subit ses moqueries pendant des jours, j'avais juste pris ma revanche. Tu sais qu'elle le méritait quand même ? Non mais clairement, c'était elle qui de base n'avait pas été cool avec moi.

Ouais, sacrément évolué. Je ne sais pas si je parle de ses formes ou de sa maturité, surement un mixe des deux. Je lui demandais tout content si j'étais cool comme moniteur. C'était les plus belles années de ma vie, moi qui suis un grand enfant, j'adorais partir en vacances, me détacher des endroits que je connais pour partir à l'aventure. Je fronçais un sourcil et j'en levais un autre avant d'exploser de rire. Je me souvenais même pas que je l'avais punie. Pour moi c'était la petite fille parfaite et sage qui obéissait à tout ce qu'on lui disait. « T'as fait un croche patte à une fille? » demandai-je tout haut, comme si ça allait m'aider à fouiller dans mes souvenirs pour voir de quoi elle parlait. « Quoi? Qu'est-ce qu'elle t'a fait? Elle t'a tiré les cheveux? » je riais de ça car pour moi, les disputes enfants ça restait de bonne guerre, c'était normal d'avoir pleins d'ennemis jurés. J'en avais eu un nombre incalculable de fois  et pas beaucoup de garçons m'appréciaient. J'ai pas peur de le dire, j'étais plutôt solitaire et inintéressant comme enfant. On m'appelait le fou à cause de mes crises.

Et il était probablement inutile de ressortir cette vieille histoire mais.. J'avais pas pu m'en empêcher. Après tout, c'était lui qui m'avait posé des questions sur quand il était moniteur et forcément, ce souvenir en particulier était revenu à mon esprit. Mon dieu ce que j'avais pu détester cette fille. Pour le calvaire qu'elle m'avait fait vivre, pour s'être fait passer pour un ange auprès des adultes et tellement de chose encore. Ouais, j'avais clairement été puni injustement et.. C'était le passé. J'avais pas besoin de revenir la dessus, ça n'avançait strictement à rien. Tu ne t'en souviens pas ? Logique. Après tout, ce qui me marquait moi n'était pas censée le marquer lui. Puis il devait avoir l'habitude de ce genre de comportement, les filles entre elles c'était toujours des pestes même si concrètement, j'avais toujours été la plus calme de toute. Elle se moquait de mon appareil dentaire que je bougonnais finalement. Allez vas y, fous toi de moi. Après tout, c'est ridicule du coup je t'en donne le droit. Mais n'empêche qu'elle m'avait pourrit la colonie cette fourbe et j'avais jamais autant détestée partir en vacance. Tu pourrais quand même avouer que c'était une sacré peste. Allez, dis moi que t'étais pas dupe de ses beaux cheveux blonds et de ses grands yeux bleus toi aussi.

Je fronçais fort les sourcils pour réfléchir, comme si ça allait m'aider à retrouver la mémoire, mais hélas non. Je suis un petit Nemo moi, faut toujours me répéter plusieurs fois la même chose. Un vrai gosse quoi. Mais quand Jordan m'expliqua que c'était à cause de son appareil dentaire, j'hochais la tête. C'est fort probable. La pauvre. Moi je fais partie de cette catégorie de personne qui avait une dentition parfaite dès l'enfance. Bonjour je me la pète, ça n'arrive pas très souvent alors laissez-moi me vanter wesh. « Oh oui, elles te chantaient sourire d'enfeeeer. » chantonnai-je en bougeant la tête. Oh ça va c'est pour rigoler, rien de méchant. J'espère qu'elle ne le prenait pas mal, j'ai pas envie de lui faire revivre des moqueries de son passé. Mais si je me souvenais bien de quelque chose, c'était de cette chanson du célèbre dessin animé. « Oui, totalement, j'aurais dû lui faire la fessée. » plaisantai-je à nouveau en adoptant un faux air sérieux. Je me trouvais drôle ce soir, ça veut dire que je commençais à apprécier ma soirée. « T'étais aussi en kiffe sur moi, je le sais, quelqu'un a vendu la mèche. » dis-je en haussant les sourcils. C'est drôle de la mettre mal à l'aise, je me demande bien ce qu'elle va me répondre. Nier, ou avouer. Moi j'étais bien amoureux de ma prof de dessin alors prout.

Sinon, c'était clairement pas cool. Puis j'faisais pas le poids contre elle à l'époque. Probablement toujours pas maintenant d'ailleurs mais.. Peu importe. J'avais dépassé ce stade et je ne portais plus d'appareil dentaire, c'était quand même une sacré évolution dans ma vie ça. MAAAAIS.. Je lui donnais une tape sur l'épaule mimant un ar offusquée. Me rechanter cette chanson c'était pas drôle. Ou juste un peu. Lui faisant une grimace digne d'une enfant je finissais par reprendre. De toute façon, c'était nul comme hymne. Et très blessant quand je n'avais que quatorze. J'y pouvais quoi si j'avais eu besoin de me faire redresser les dents, hein ? Allez, continue à te moquer. Je secouais la tête d'un air résignée avant de rire. Je savais bien que c'était ridicule mais moi, cette fille je trouvais que c'était un sacré démon. Et non, je pardonnais l'enfer qu'elle avait fait de mon séjour. Puis quand il reparlait, là je rougissais comme une idiote. WHUT ? Qui avait fait ça ? C'était une blague pas vrai ? Merci, j'avais viré au rouge tomate. J'étais jeune et... Rooooh, t'étais obligé de remettre ça sur le tapis ? Ouais, autant prendre le truc à la plaisanterie.

J'avais raison, ça la faisait chier. Ça va, c'est mignon, c'est juste pour balguer. J'ai eu des insultes aussi quand j'étais petit et je traitais les gens de ma classe, c'était normal à l'époque. Maintenant, j'ai l'impression que ça me manque de m'en prendre aux autres, de leur tirer les cheveux, de leur cracher dessus, de leur péter aux oreilles. Alala, j'aimerais redevenir un enfant par moment. Bon allez stop là, t'arrêtes de te moquer Royce, tu iras au coin et tu seras privé de veillée. S'il y a bien un truc que j'ai retenu par rapport à Jordan, c'était qu'elle avait eu un faible pour moi, comme beaucoup de petites filles d'ailleurs. Moi à ce temps-là, je couchais avec quasi toutes les monitrices, j'étais en mode prédateur. Et je vous rassure, j'avais aucune attirance pour les petites filles, et les petits garçons d'ailleurs. Mais là, six ans après, je dois reconnaître qu'elle ne me laisse pas indifférent Jordan. Elle rougissait. « Moh tu rougis, c'est trop meeeugnon. » dis-je émerveillé en posant l'intérieur de ma main sur mon menton, comme si j'admirais quelque chose avec attention. « Et ça va? Je suis toujours à ton goût? » pas trop vieux? Pas trop ridé? Pas trop de muscles? J'ai la phobie de vieillir et devenir moche alors son avis compte plus que tout.

C'était le crush des adolescents. Qui n'était jamais tombé amoureux de son moniteur de vacance ? Elle avait pas échappé à la règle Jordan et elle s'était surprise plus d'une fois à le regarder en biais, rougissant plus que de raison quand il lui adressait un sourire. Et puis comme tout, ça passait. Il avait six ans de plus qu'elle, elle n'était qu'une enfant, les vacances avaient prit fin et tout n'avait été plus que souvenir. Revenir sur ce genre de sujet plaçait la rousse dans une situation inconfortable. Elle n'était pas habituée à vrai dire, elle parlait pas librement de ses sentiments. Qu'ils soient du passé ou bien d'actualité. Jordan elle était pas à l'aise avec tout ça, elle avait du mal à se livrer. Alors elle utilisait son éternel sourire plaisantant rapidement, espérant que le sujet ne s'éterniserait pas. Et voilà qu'il la fixé, avec ses grands yeux, comme s'il était dans l'admiration la plus totale de la gamine. Elle, elle détournait les yeux, souriant à plusieurs reprise avant de poser ses mains sur les yeux de son interlocuteur. Arrête ça tu veux. Elle aimait pas être dévisagée la rousse, elle préférait de loin passer inaperçu. C'était plus facile quand les gens n'avaient même pas conscience de son existence. Euh.. Bah.. T'es toujours charmant. Si c'était ça qu'il voulait entendre. Mais y avait bien des années qu'elle ne l'avait pas revu. Le crush qu'elle avait pu avoir s'était évaporé avec le temps et elle avait grandit. T'es du genre à adorer les compliments en fait qu'elle reprenait pointillant le tout de son petit rire cristallin. Aimer être aimé. C'était le lot de beaucoup de personne.

J'adorais déstabiliser les filles, les rendre nerveuses rien qu'avec mon regard. C'est pas pour rien que j'ai eu le prix du meilleure dragueur cette année. Bon on va oublier celui du plus infidèle, merci. Mais c'est pas pour autant que je suis un enfoiré avec les filles. Je drague certes, j'aime plaire mais à part ça j'abouti vraiment à rien avec les femmes. Je me comporte comme un pied. Je ne sais pas si cette expression existe, sinon je l'invente. Je clignais des yeux lorsque Jordan posa ses mains sur ceux-ci. « Mais je ne fais rien. » dis-je en secouant la tête pour chasser ses mains. Oh, je suis toujours charmant, comme ça me touche. Pourquoi j'ai ce sourire con sur le visage? Je pouvais pas m'empêcher de montrer ma dentition parfaite. « Ça me touche. » comme si elle venait de me faire une déclaration. Est-ce que j'aimais bien les compliments? Oui, c'était pas difficile à deviner en même temps. Ce n'est pas pour rien que j'ai un ego surdimensionné. « Venant de toi, oui. » mon dieu ça sent la drague à plein nez! Stop stop, ça va trop loin. Je terminais mon verre puis je voyais au loin ma cavalière qui semblait chercher quelqu'un. Moi peut-être. C'est le moment d'aller m'excuser, haha ou pas, d'aller lui reprocher pleins de trucs. « Je vais devoir te laisser, navré ma chère mais une autre femme m'attend. » je dis bien femme, car Jordan était encore une petite fille pour moi. Est-ce qu'on va se revoir? Je ne sais pas, je l'espère. Je me penchais vers elle pour lui faire un bisou qui pète sur la joue pour lui dire au revoir.