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I LOVE HARVARD
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    « Careless whisper. » Clay et Anna.
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    Lien du postDim 15 Mai 2016 - 2:13
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    15h55. Cinq minutes, il a exactement cinq minutes pour arriver, avant que je ne me mette réellement en colère. Pourtant, je me revois bien, ce matin, lui donner l'heure, l'endroit. 16 heures, à l’hôpital, côté obstétrique, forcément. Quand il mettait sa veste pour aller bosser et que j'ai prononcé un « N'oublie pas. » Entre mes doigts, j'en tortille le bout de papier, sur lequel j'avais noté les détails de ce rendez-vous presque improvisé. Avec mes délires, ceux de vouloir avorter, il est vrai que je n'avais pas prévu de faire une première échographie. Et de m'en trouver angoissée.

    15h58. Plus que deux, et j'en range mon téléphone dans ma poche, sur lequel je viens de tapoter, histoire de vérifier que ce ne soit pas moi qui me soit trompé d'heure. Mais non, impossible, je l'ai plus que jamais imprimé. Comme toutes ses futures mères affolées. Je deviens un parfait cliché, irritable à souhaits, plus que jamais. Je suis à l'égale de toutes les femmes enceintes du monde, ça me fait arrangé. Encore plus lorsque j'ai le loisir de constater que les minutes ne veulent pas s'arrêter de passer.

    16h01. En retard. Forcément. Il fallait qu'il le soit. Ca aurait pas été lui s'il s'était pointé à l'avance. Et moi ? Je suis toujours plantée devant l'entrée de l'hôpital, une vraie conne. La prochaine fois, on viendra ensemble. Je ne lui laisserai pas le choix. Quitte à ce qu'il prenne sa journée, parce qu'il n'a sûrement pas idée, de la furie en laquelle je suis en train de me transformer. Évidemment, je pourrai lui laisser le bénéfice du doute, croire en des embouteillages, mais pour l'instant, j'ai l'esprit embrumé. Il n'y a pas grand-chose qui veut le traverser.

    16h03. Enfin. Devant moi, il vient de passer, avec son pick-up, que soudainement je hais, pour aller jusqu'au parking, et je refuse de blâmer les hormones pour quoi que ce soit, je suis certaine de ne pas me laisser contrôler par ces choses là. Je suis en colère parce que je suis moi, et sûrement pas à cause de mon état.

    16h05. Il se pointe devant moi, et c'est assassine que je le regarde, et me retourne presque directement, en marchant vers les portes coulissantes. Crachant à son égard un « T'es en retard. »

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    Lien du postDim 15 Mai 2016 - 14:44
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    17 mai
    Je n'ai jamais eu le prétention d'être ponctuel et à dire vrai, cela n'a jamais été l'une de mes plus grandes qualités puisque je n'ai jamais eu à répondre de mes actes. Mais depuis quelques temps, tout est différent et c'est une habitude à laquelle j'ai encore bien du mal à m'adapter. 16h00 qu'elle a dit ce matin alors que j'ingurgitais les dernières gorgées de son café, enfilant ma veste à la volée pour reprendre du service et par conséquent, me confronter à la gueule de l'autre taré. Si elle a des raisons de s'emporter un peu trop facilement en ce moment, il ne faudrait pas oublier que moi aussi, j'ai de quoi être excité lorsque ce sont les réflexions de Jimenez que je dois supporter. Toute la journée, je me suis répété inlassablement l'heure du rendez-vous auquel je ne suis pas spécialement pressé de me présenter bien qu'il s'agisse d'un moment crucial de notre relation: sa première échographie et je ne sais même pas pourquoi je devrais être présent. Il est évident qu'à quelques semaines, je ne verrais strictement rien, pas avec mon œil de néophyte en la matière. Ça ressemble à quoi d'ailleurs sur un moniteur? A une tache noire parmi tant d'autres?

    15h30, il est presque l'heure. Et même si je ne me trouve qu'à quelques kilomètres de l'hôpital, je ne sais encore bien où exactement il me faut aller. Coté obstétrique qu'elle a précisé et évidemment le moteur de recherche de mon mobile ne me précise pas s'il y a une entrée qui lui est exclusivement consacrée. Je connais les urgences, le hall principal, l'aile réservée à la chirurgie abdominale... Mais bon Dieu, jamais je n'ai eu encore l'occasion d'errer du coté maternité et n'ai jamais eu la présence d'esprit de détailler les différentes indications présentes à l'accueil lorsque j'y étais. Le tout maintenant est de partir sans croiser cet emmerdeur d'adjoint pour qu'il n'y foute encore son grain. Veste à la main, je donne les dernières instructions à mes sous-fifres et quitte le commissariat sans attendre parce qu'à ma montre s'égrainent déjà les dernières minutes du compte à rebours bientôt finalisé.

    L'hôpital est enfin à portée de vue lorsque je suis malheureusement pris dans les bouchons à la sortie du Longfellow Bridge, les nerfs mis à rude épreuve et le pouce pianotant vigoureusement sur le cuir surpiqué de mon volant.  Il s'écrase finalement sur le milieu de l'instrument de direction, sur le sigle de la marque qui y est imprimée, sur ce foutu bélier incrusté. " Avance Connasse! " Il porte un nom le petit univers dans lequel tu vis? Dégage ta caisse de là putain... Il me faudra encore une fois klaxonner, la coller jusqu'à la toucher, pour que cette pouffiasse daigne se bouger. Cinq minutes de perdues et impossible de récupérer mon retard lorsque j'arrive, au dessus de la limite autorisée, sur le parking principal de l'hôpital. Annalynne m'attend déjà, forcément, et ne dit mot lorsque je descends jusqu'à ce que nous soyons finalement engagés entre les portes automatiques. « T'es en retard. » J'en lève une paume pour la stopper avant qu'elle n'aille plus loin dans ses reproches. " Commence pas " Mais merde, je viens stupidement de lui donner une raison de plus de s'indigner, parce qu'une femme enceinte est toujours un peu plus susceptible qu'en temps normal, je l'avais oublié. " Les toubib sont toujours en retard de toute façon. " Fausse excuse pour tenter de me rattraper.


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    Lien du postLun 16 Mai 2016 - 1:57
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    17 mai
    C'est sa paume qui de primes abords me répond, s'élevant dans les airs dans l'espoir d'avorter les quelconques remontrances avec lesquelles je pourrai l’assener. Ce n'est pas le retard du siècle, je le sais, oui, j'en suis parfaitement conscience, et je veux bien avouer que je me laisse un peu trop vite porter par ma propre véhémence. Que je devrais faire preuve d'un peu plus de patience. Cependant, ce n'était pas bien compliqué, pas même la mer à boire d'un trait, afin d'accéder à ma foutue demande pour une fois. Juste être à l'heure, être avec moi. " Commence pas " Pardon ? Rien que ça ? J'ai presque envie de pousser ce vice – hormonal ou pas – naissant jusqu'à la concupiscence de son art, dégobiller une haine amoureuse à son égard. Mais je me retiens, pour ne pas passer pour l'hystérique du coin. La future mère totalement incapable de se contrôler. Toujours en train de chercher à quel moment exactement ça devient merveilleux d'enfanter ? Non parce que ça fait environ deux mois et demi que je me suis lancée dans cette quête. Entre les vomissements, la fatigue, les sautes d'humeurs et les hauts le cœur. Je n'ai foutrement pas la volonté qu'on nous confonde avec ce genre de couple qui ne sont bons qu'à se battre, faire des esclandres en public, et se rabibocher comme des étudiants mal léchés. Non, évidemment, ce n'est pas mon genre, en toute situation, même enceinte, je sauvegarde ces fichues apparences qu'on m'a appris à maîtriser. Et pourtant … " Les toubib sont toujours en retard de toute façon. " C'est fulgurant, combien mon envie est devenue un besoin. Et c'est lorsque je pose mes mains sur mes hanches que j'arrête notre chemin, que je réalise de l'ampleur des propos. Et même s'il va me dire que je fais un monde d'un rien, je pourrai bien répliquer que je suis en droit de le faire, parce que c'est le notre qui grandit aux creux de mes reins. Je m'octroie une seconde pour le regarder, crachant un soupir pour, mon irritation, la traduire. « C'est tout ? » J'angoisse, je crève à petit feu à cause de cette grossesse, et toi, tout ce que tu me laisses, c'est un commentaire à la con au sujet des médecins. Même pas d'excuse bidon. Une essaie minime. Même pas de pommade à me passer, pour tenter de me dire que t'es désolé. « Et le jour de l'accouchement ? » Je ne hurle pas, non, je le jure, je la prononce parfaitement calme, cette question là. Aucun tremblements, ni dans mes mains, ni mes bras campés toujours sur moi, et encore moins dans ma voix. Quand je disais, que c'était à l'extrême que je voulais dérailler. Sauf que mes prunelles sont attirées par l'horloge digitale collée au mur pâlement teinté. Mes doigts s'en viennent à torturer un peu mon front, avant de m'entendre lui dire. « Rien, c'est bon, t'es là maintenant. » Même si l'espace d'une infime seconde j'ai bien cru que tu allais me laisser tomber sur ce coup là. Et je m'approche de lui, à sa hauteur, resserrant les dents, avant de lui demander – ou plutôt intimer aussi gentiment que je suis capable de le faire dans l'instant – ce que je voudrai qu'il fasse maintenant. « Tu vas au bureau des entrées, consultations, maternité, docteur Witter, pour Mlle Malcolm, une grossesse, l'écho du premier trimestre. » Je ne sais même pas comment je fais pour savoir ça, et je refuse de croire que les femmes ont ces putains d'automatismes dans le sang. C'est juste que je me le suis répétée plusieurs fois, pour bien apprendre ma leçon, n'est-ce pas ? « Et tu me rejoins la-bas ? Je vais m'assurer que notre tour n'est pas passé. » Presque à deux doigts de lui demander encore une fois « d'accord ? » pour être certaine qu'il a tout assimilé, je me contente de lui mettre dans les mains, toutes les pièces justificatives nécessaires à la réussite de sa mission improvisée. Et parce que je n'en ai pas eu encore jusque là, de gestes affectueux, je me permets de souligner sa mâchoire de deux doigts, fraction de seconde infime avant que je ne me retourne afin de dévier en direction opposée.


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    Lien du postLun 16 Mai 2016 - 18:40
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    17 mai

    Pour les annales de l'histoire, qu'il soit bien noté que si je suis de si mauvais poil, ce n'est que parce qu'elle m'a informé de ce rendez-vous à la dernière minute. Cet enfant, je l'ai toujours un peu espéré - pour différentes raisons cependant - depuis le jour où elle m'a annoncé être pleine de moi. Par pur orgueil d'abord puis par égoïsme au fil des jours où elle se targuait de vouloir avorter au plus vite d'un accident de parcours.  Après l'échec du 7 mai, la fierté a supplanté tout autre sentiment et depuis ce dernier ne m'a quitté. Mais pris au dépourvu le matin même de son rendez-vous, je n'ai su réagir autrement.  Aussi quand elle s'arrête suite à ma brève remarque sur la ponctualité du personnel de cet hôpital, qui pourtant est une vérité en soi, je l'entends grommeler une fois que je l'ai devancée de quelques pas. « C'est tout ? »  Je me détourne donc de notre objectif que je croyais commun jusque là pour l'apercevoir campée sur ses positions, totalement immobile, les mains sur les hanches, prête à déglutir ce que ses hormones trouveront à redire de mes états d'âme. Mon attention s'égare tantôt sur le couloir, tantôt sur ma montre comme un " tu nous fous en retard " qui se fout de la gueule du monde. « Et le jour de l'accouchement? » Pardon? Sur mes traits peuvent se lire aisément la stupéfaction. " Parce que t'auras rendez-vous pour çà aussi ? " Je comprends parfaitement bien que ses paroles ne sont que le fruit du stress d'une situation à laquelle elle n'a jamais été préparée et c'est ce pourquoi je m'en suis un peu moqué. On ne t'a jamais appris à prendre les dispositions nécessaires pour ce genre d'expédition. T'inquiète, je suis de la même galère, embarqué sur quelque chose que je ne connais et ne contrôle, enchainé par des sentiments qu'avec le temps j'ai appris à aimer même si au début ça ne l'était, dressé à l'idée de te désirer sans jamais pouvoir te posséder.

    Évidemment que le jour de sa naissance je serais sans doute présent. En retard oui, faute de mon travail certainement et j'espère seulement ne pas être en déplacement. Ce sera un peu.... au petit bonheur la chance. Ses yeux défient une fois plus le temps et j'en libère un " Quoi? " innocemment lorsqu'ils s'en reviennent sur moi. Qu'elle n'aille pas me dire que je suis celui qui traine la patte à présent. « Rien, c'est bon, t'es là maintenant. » Les femmes sont parfois surprenantes. Bien évidemment que je suis là, où crois-tu que je puisse aller en un pareil moment? Elle s'anime à nouveau, prends le temps de quelques pas jusqu'à moi, pour clarifier certains points que j'ai bien du mal à saisir. « Tu vas au bureau des entrées, consultations, maternité, docteur Witter, pour Mlle Malcolm, une grossesse, l'écho du premier trimestre. » Un enchainement de mots que je n'ai pas le temps d'imprimer parce que tout ce que j'ai compris, les yeux plissés, c'est qu'elle vient de me dicter mes prochains agissements d'un naturel comme si cela avec toujours été, alors que je n'ai pour habitude de me plier.   « Et tu me rejoins là-bas ? Je vais m'assurer que notre tour n'est pas passé. » Où déjà? J'en reste interdit quelques secondes, aigri suite à ce qu'elle vient de m'imposer. Elle me fait bien rire car je ne sais même pas par quel couloir passer pour revenir auprès d'elle après. C'est à ce moment là que ma vision chute vers ce qu'elle me refile entre les doigts: papiers d'identité, assurance santé, tout ce qu'il faut pour compléter un dossier. Et cette légère irritabilité que secrètement je nourrissais depuis quelques minutes, elle l'efface d'un simple geste lorsque les siens viennent effleurer mon visage pour même en jouer les imbéciles en déformant volontairement ses dires. " Je prends les étiquettes, maladies vénériennes, Dr Witter pour Malcolm et son parasite vaginal.... " Et je ne m'attendais pas à moins qu'un léger heurt sur la joue lorsqu'elle décide de tourner les talons alors que je ricane de mon coté comme un con, les papiers à la main et l'observant me distancer avant de prendre un tout autre chemin.


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    Lien du postMar 17 Mai 2016 - 23:38
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    17 mai

    " Parce que t'auras rendez-vous pour çà aussi ? " Qu'est ce que j'en sais ? Y a pas une date normalement pour nous aider à déterminer son arrivée ? Il va pas se pointer tout à coup et nous faire "Youhou, coucou." Ca doit être un peu calculé, j'ose l'imaginer. En tous les cas, j'en ai rien à faire, que ce soit prévu ou pas, que j'ai un rendez vous où je ne sais quoi, je veux juste qu'il soit présent et je ne me trouve pas non plus hystérique du fait de le vouloir avec moi à ce moment là. C'est comme à chaque fois, comme pour toutes les étapes qu'on a peu à peu franchies pour en arriver jusqu'ici. Je ne fais pas cet enfant seule, point. C'est tout ou c'est rien. Et j'ai choisi, ou plutôt d'un accord commun, il y a dix jours déjà que ce serait tout, et rien que ça. Lorsqu'il me gratifie d'un « Quoi ? » qui a tout de même le don de m'exaspérer, je me contiens, sachant dans le fond que je fais un esclandre pour pas grand-chose puisque ce n'est, en soi, que cinq minutes de retard, pas plus que cela. Alors je soupire, à son égale, avant de lui signifier que l'orage est finalement passé.

    On recommence à marcher, et prise d'une envie de gagner du temps, encore, et de mon angoisse grandissante à mesure que s'écoulent ces foutues minutes, je m'arrête pour lui donner tout ce qu'un futur père pourrait avoir besoin afin d'aller chercher les étiquettes d'entrée de la femme qu'il vient accompagner. Et quand ma paume se perd à aller le toucher affectueusement je l'écoute déblatérer des conneries dont lui seul détient le secret. Grâce à lui, je me détends. " Je prends les étiquettes, maladies vénériennes, Dr Witter pour Malcolm et son parasite vaginal. " C'est tendrement que j'appose sur sa joue un imperceptible coup, avant de me fondre en un sourire aimant, et de le délaisser. Décidée à aller m'asseoir dans cette salle d'attente où je le sais, il me faudra patienter.

    Mes yeux papillonnent au grès des tableaux indiquant le chemin à prendre pour accéder au service précédemment cité. Niveau 1, ok. Je m'avance vers l'ascenseur, appuie et entre rapidement à l'intérieur. Second bouton pressé, je patiente de voir les portes se refermer, ressentant mon coeur – bêtement – s'accélérer. Peut-être que j'aurai du l'attendre finalement, que ça aurait permis à cet instant de prendre une autre dimension que celle dans laquelle je suis en train de me plongée. Une Annalynne encore une fois apeurée. Prête à gerber. Et à faire demi tour afin de se tirer. Je me demande, comment les femmes arrivent à survivre à cela. C'est une chose à laquelle je n'ai jamais été préparée. Un truc que mes parents ont foutu de côté au moment de m'éduquer. Faite pour détenir une partie d'univers financiers entre mes doigts, et non un enfant aux creux de mes bras.

    Les battants s'ouvrent à nouveau, et je m'extirpe de l'endroit rapidement, oppressée. Quand mes prunelles remarquent le secrétariat, tout à côté, et une infirmière plantée derrière un écran, assise sur un fauteuil roulant, une oreillette de téléphone collée contre son tympan. C'est avec le peu de contenance qu'il me reste que je m'approche d'elle, esquissant une sourire, en pleine détresse. « Exusez-moi. » Là encore, je ne me reconnais pas. « J'avais rendez-vous, à 16h, avec le docteur Witter. » Façon détournée, de tenter de m'excuser, encore, du petit retard. « Mon ... » Mon quoi ? Je bute sur le mot, il a bien trop de mal à sortir de mes lèvres qui semblent vouloir se sceller. A défaut de me fondre dans des explications sur la nature compliquée de notre relation. « Mon compagnon est allé faire les étiquettes, il ne va pas tarder. » Elle me regarde, quelques secondes, tapote un je ne sais quoi sur son ordinateur, avant de me dégainer un sourire surfait, comme si bosser ici était la plus belle chose que peut offrir la vie. « Mlle Malcolm, c'est ça ? » J'opine du visage, espérant que je suis toujours sur la liste afin de me confronter pour la première fois à la réelle existence de cet enfant en moi.

    Bien évidemment, je suis consciente qu'il est là, je le sais chaque matin, quand je cours presque pour atteindre les toilettes et dégobiller, parfaire le glamour suprême de la situation. D'ailleurs, je me devrai de demander, s'il n'y a pas des préventions à ingurgiter contre ça, parce que je jure que parfois, j'ai l'impression que c'est le gamin que je vais vomir. Tellement il s'entête à vouloir faire sortir tout ce qui peut se trouver à l'intérieur de moi. Mais je me tais, non parce que je n'ai pas vraiment l'impression que c'est le genre de chose qu'elle entend souvent ici. « Le docteur Witter a une demi heure de retard. » Bordel, si vous pouviez ne pas le préciser quand l'imbécile heureux va se pointer avec les papiers, ça pourrait m'aider. Il va certainement se faire un plaisir de jubiler et de me dire combien il avait raison. « D'accord. » Et déjà mes yeux vont se poser sur les quelques chaises destinées à rendre l'attente moins difficile. Je vais donc me poster sur l'une d'elle, gardant un siège vide à côté. L'endroit est assez remplie, des femmes, dans le même état que moi, à différents stades cependant. Parce que si ça ne se voit pas sur les courbes de mon corps, ce n'est assurément pas leurs cas. Rondes comme un ballon. Ca fout les jetons. Et parce que c'est impoli de regarder les gens de cette façon là, je tortille encore mes doigts entre eux, avant d'élever les yeux. De me heurter, à cette affiche montrant un bébé. Parfait poupon, blonds aux billes bleus, entrain de me sourire grandement. Effrayant. Clay, putain, pour faire des étiquettes, il t'en faut combien de temps ?


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    Lien du postMer 18 Mai 2016 - 13:46
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    17 mai

    Premier couloir emprunté, il me faut continuer tout droit durant quelques mètres encore pour atteindre le bureau des entrées, là où je me dois de retirer ce qui lui permettra d'être officiellement dans la base de données. Je t'en collerais des étiquettes... Et ses papiers là que je tiens fermement tandis que mes pas me font sillonner entre les ombres qui résident de façon plus ou moins temporaires dans cet hôpital. Visages fatigués, marqués par la maladie pour les uns, pas l'inquiétude pour d'autres qui se font un sang d'encre pour leur proche ici même hospitalisés, ce qui n'est pas du tout mon cas. Pas à l'heure actuelle tout du moins. A ce que je sache, ils vont parfaitement bien tous les deux, peut-être lui plus qu'elle au final, quoique... Étrange constatation que de le masculiniser déjà d'ailleurs. Il est beaucoup trop tôt pour en connaitre le sexe et je me demande à quel moment de sa grossesse nous pourrons en être avisés si tant est qu'Annalynne le veuille évidemment. Puis merde, peu importe car il ou elle est là, bien en elle et résultant d'une passion qui ne se veut éphémère malgré tout ce que nous nous étions annoncé, chose que je n'ose encore de vive voix pleinement avouer.  

    Les différents guichets sont en vue lorsque malencontreusement je laisse glisser l'une des cartes qu'elle m'a refourguées, me refilant ainsi les responsabilités - début d'emmerdes ô combien émouvantes  - auxquelles je dois à présent faire face. Je n'en avais déjà pas assez... C'est sa sécurité sociale qui git à mes pieds et machinalement je la ramasse pour me presser vers la petite blonde esseulée au bureau d'en face. D'un automatisme surprenant, elle m'arrache presque l'ordonnance des mains pour commencer sans un mot à pianoter de ses doigts fins. J'ai le sentiment soudainement de n'être rien de plus qu'un instrument, mon attention jonglant sur ses différents dossiers qu'elle tenait juste avant de les déposer pour palier au désagrément que ma visite occasionne. " Carte d'assurée". Hein?  Dans la confusion du moment, ce sont tous les papiers que je lui jette volontairement auprès de son clavier qu'elle ne cesse de frapper. T'as qu'à dire que je te fais chier, ce sera plus simple. Pas un échange de regard, rien lorsqu'elle récupère le document qui l'intéresse le plus particulièrement. Et ne sachant vraiment à quoi je peux lui servir pour le moment, je m'abandonne à une toute autre introspection sur le mur nous jalonnant. Il y a là une vieille horloge dont la trotteuse reste bloquée sur le 30 et fige de ce fait toute notion du temps. Et je ne sais au final depuis combien de minutes je patiente lorsque soudainement elle reprend la parole en me fusillant: " Mlle Annalynne Malcolm, service obstétrique en consultation avec le Dr Witter. Voici. " Enfin. Tout ceci pour une feuille A4 prédécoupée, franchement... Récupérant les divers documents, c'est sur ce dernier que je m'attarde en lui soufflant faussement enthousiaste lorsque je lui ôte des mains. " Merci "

    Et maintenant qu'il me faut faire le chemin inverse, j'hésite quelques secondes lorsqu'il me faut choisir entre deux couloirs à un embranchement. Droite ou gauche? Rien n'est indiqué alors je tente tant bien que mal, malgré le caractère urgent de la situation, de me remémorer les dernières minutes passées. Pour une fois la chance semble me sourire et je me retrouve là où nous nous étions tous deux présentés pour prendre le chemin qu'elle a emprunté lorsque nous nous sommes séparés. J'en suis les indications péniblement, m'engage dans les goulets sans même me poser de question pour finalement débouler devant un escalier. J'ai peut-être raté une indication lorsque soudainement, emmerdé de devoir repartir de zéro, mes yeux s'accrochent soulagés à un nouveau panneau. 1 er étage. A petites foulées parce que je suis à présent plus qu'en retard, je grimpe les marches pour enfin me présenter devant ladite salle. Maintenant que j'y suis, il me parait plus qu'évident être au bon endroit et ce n'est pas seulement en raison de la présence d'Annalynne qui patiente sagement sur un siège en se triturant les doigts. Beaucoup de femmes attendent également leur tour, certaines plus rondes que d'autres et il est effrayant de constater que, presque à terme, quelques unes d'entre elles n'ont plus rien de très excitant. D'un geste visant à soulager un peu du poids que représente son enfant, une brune se caresse le ventre, visiblement amoureuse de ce qui pousse en dedans. Mais elle dévoile aussi une parcelle de sa peau parsemée de vergetures rouges sang. On se croirait presque dans un film d'horreur, un film d'épouvante. J'en dévisage le coté morbide un bref instant avant d'aller tendre à Annalynne se pourquoi elle m'a envoyé et de m'assoir à ses cotés, lui soufflant discrètement, mes yeux lui insufflant la direction dans laquelle déposer les siens. " C'est systématique? " Parce que je n'ai jamais, dans mes bons souvenirs, remarqué que ma mère en avait également et pourtant elle a du me supporter un peu plus de neuf mois dans son ventre. Mais c'est la rouquine qui se trouve à sa droite qui se permet faiblement d'en rire, s'abaissant autant que le lui permet son ventre rond et de nous répondre. " Non pas forcément. " Alors déjà que je suis le seul homme présent dans cette salle ce qui rend un peu la situation stressante, m'être fait griller la rend un peu plus oppressante. " Votre premier? " C'est à Annalynne de lui répondre parce que je me se sens suffisamment con pour le moment et n'ose même plus la regarder, lorgnant encore maladroitement sur les rougeurs exposées à la vue de tous.  



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    Lien du postSam 28 Mai 2016 - 0:02
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    17 mai

    Alors j'ai cette étrange pensée, celle de me dire que si l'une d'elles a le malheur de me cracher au visage que je rayonne de part mon état, je lui rendrai sa phrase en lui disant que oui, je rayonne aussi, quand je gerbe chaque matin le café que je bois. Quand j'ai l'impression de devoir manger pour trois. Alors que la nourriture, je n'aime pas réellement ça. Surtout lorsque je suis prise d'envie de chose que normalement, je ne mange pas. A défaut de laisser encore mon regard parcourir ce qui m'entoure, photos et femmes enjouées, heureuses d'être des futures poules pondeuses, et donc de couver, je décale mes yeux plus bas, sur mes pieds … Réflexionnant sur le fait, qu'il paraît que ça leur arrive de gonfler à un stade plus avancé. J'envisage de m'attarder sur ceux de mes comparses, mais je suis déjà assez dépitée, donc s'abstenir semble être encore la meilleure solution.

    Au moment même où je commence à me demander à nouveau pourquoi j'ai décidé de m'infliger une telle chose, pourquoi je suis là, mes prunelles baissées se heurtent aux chaussures de Clay, j'en accuse un instant de félicité. Iris dans les siens, j'ai un semblant de sourire qui me vient. Directement j'aurai pu penser, que c'est pour lui, lui et seulement lui que je le fais. Mais ses airs râleurs, son visage aussi réticent que le mien à l'espace qui nous entoure, me prouve une énième fois, que je le fais pour nous. Que, c'est terrible, combien j'aime furieusement tout cela. Notre couple dépareillé, notre enfant que j'ai un jour osé insulté. Mère par avance imparfaite, si loin d'être experte. Alors il me tend les papiers, et mentalement, je me dis que je donnerai les fameuses étiquettes au moment où on passera. Ensemble, une étape à la fois. Mes phalanges repliées sur les feuilles, je l'observe s'asseoir tout en rangeant machinalement ce que je lui avais passé pour qu'ils puissent m'identifier.

    Je l'entends me souffler une phrase qui ne fait pas de suite de sens dans mon esprit. Sourcils froncés, je tourne complètement le visage vers lui et emprunte par la suite de mes yeux le chemin qu'il trace des siens. Tout en passant une de mes paumes sur mes lèvres, de façon lasse et un tantinet décomposée, ce sont les vergetures de cette inconnue cajolant son énorme ventre que j'examine. Assez stupide, je tente d'avaler une vague de salive qui me manque, sans savoir quoi répondre. En une fraction de secondes je me plonge dans nos souvenirs communs, cette nuit où je lui ai dit vouloir de lui, morceau de nous, de comment j'ai pu lui présenter la chose. « Grossir, pendant neuf mois. » Ce sont mes propres mots, mais je ne réalisais pas leur portée à ce moment là. Je ne supporterai pas, non, je le jure, je n'ai pas les épaules assez larges pour cela. Ma gorge asséchée, je la racle, quand l'une des futures mamans gâteau, nous répond, en se moquant mais si mielleusement qu'elle me donne la nausée. " Non pas forcément. " Avec une précaution que je parviens à cacher, je l'espère, mes mains se serrent contre mon bas ventre, j'en fais avec mon enfant, une promesse muette, non, jamais ça. M'inflige pas ça.

    " Votre premier? " Et comme je n'entends pas à nouveau le timbre de Clay s'élever, j'en devine que c'est à mon tour de parler, après tout, je suis celle qui est en train de le porter. Celle qui se doit de préciser si oui ou non son utérus a déjà été torturé. Cependant il est un problème qui n'a pas encore été énoncé ; Je ne suis pas douée, en terme d'amabilité. Handicapée des sentiments, des relations sociales, mais ici je n'en blâme pas mes parents, juste mon stress grandissant. « Évidemment. » Je ne vais pas la répéter des dizaines de fois, l'opération. Puis il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour deviner que c'est la première fois qu'on se retrouve lui et moi dans cet endroit. Je ne suis pas désolée du ton emprunté, après tout, ce n'est pas comme si j'étais du genre à ne pas assumer le fait d'être égoïste et pétasse à souhait, même si j'essaie, pour Clay, de m'améliorer. Et mes mains vont s'accrocher aux poignets de mon amant, sans trop de douceur, afin d'en tourner l'un d'eux, où s'y trouve accrochée, une montre argentée. Les minutes ont bien défilées, les seize heures trente sont bientôt arrivées. « Oui, je sais. » Je lui dis pour devancer la moindre de ses pensées au sujet du retard de l'autre médecin que je qualifie de plus en plus de connard. J'ai horreur de patienter, et malgré cela, entendre mon nom me fait sursauter. « Mlle Malcolm ? » Sur le chemin de la mort, ça y est. Et si c'était pas vrai ? S'il n'y avait rien en mon intérieur ? Je suis comme une gamine qui a envie de hurler un « J'veux pas y aller. » Et malgré ce besoin de fuir récalcitrant, c'est à son encontre que vont mes mouvements. Mes doigts glissent entre les siens, entremêlés. Un dernier regard dans le sien, un millième de seconde où je cherche du courage, où je me rassure en me disant que je ne suis pas seule, que je ne le serai plus jamais. Un soupir, une autre fraction. « On est prêts. » Peu importe ce qu'on va affronter.   



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    17 mai

    C'est hideux mais à la fois impressionnant et je sais qu'Annalynne me tuerait si d'aventure l'enfant que je lui ai donné engendrait sur elle ce genre de désagréments.  « Évidemment. »  J'en déporte mon attention sur les deux femmes, les épiant attentivement, sans pour autant lâcher du regard les veines saillantes dessinées sur ce ventre. De loin, on dirait que Freddy Krueger s'est amusé lui même à dépeindre sur son derme son impatience en la sautant. Et pourquoi ce serait évident? Mis à part mon ignorance à ce sujet, rien ne peut laisser présager du nombre de fois où je l'ai engrossée.... Mais si justement, il y a ce stress suffisamment pesant que nous avons bien du mal tous deux à dissimuler sous ce masque de nervosité apparente. Sa main vient alors ébranler la sérénité que je tentais de retrouver pour venir s'accrocher à mes manches, tourne dans un geste que je ne lui reconnais pas l'un de mes poignets pour y découvrir l'objet de sa concupiscence. Elle m'en décrocherait limite un sourire de complaisance à se montrer aussi impatiente. La grande Annalynne Malcolm en proie à des tourments inédits, situation plus que risible je dois dire. Oui, mais cette condition je la partage également ce pourquoi je ne peux en rire évidemment. Il est vrai que je ne vais pas forcir durant des mois, que je ne me vautrerais pas sur la nourriture pour manger comme trois, que je ne connaitrais pas les nausées qui la répugnent déjà, que je ne serais pas sujet à ces petites irritabilités - çà, chez elle, ça ne changera pas - et ne connaitrais pas les douleurs des seins sensibles et autres que son corps en ébullition lui fera ressentir. Néanmoins, qu'elle voit le bon coté de la chose: elle n'aura plus à protéger ses sous-vêtements une fois par mois.  Il y a cinq minutes encore, je ne connaissais pas la majorité de ces symptômes puisque je n'ai fait que de m'instruire rapidement sur l'un des posters placardés.

    Nostalgique des vieilles montres mécaniques, ses doigts viennent effleurer la mienne à mon poignet. J'en décoche machinalement une œillade lorsque j'aperçois la trotteuse des minutes s'attarder sur le pointeau le plus bas. Ça valait effectivement le coup de s'exciter dans le couloir pour si peu mais je n'ai pas le temps de l'insinuer qu'elle me prend déjà de court. « Oui, je sais. » Ma main vient se poser sur la sienne, suffisamment fébrile et maltraitée pour se les être triturées déjà, avant que ne lui prenne l'envie d'y planter les griffes sous le joug de l'angoisse qui petit à petit pointe.  « Mlle Malcolm ? » Nos regards sont tous deux allés au même instant se planter sur celui qui vient de l'appeler. Évidemment pas de Cooper, je pourrais tout aussi bien rester là et lui faire remarquer que je n'ai pas été demandé, si seulement je voulais réellement y échapper. Mais ce sont ses phalanges et non des mots qui invitent ma personne à la rejoindre, à ne surtout pas la laisser reculer face aux difficultés qu'elle pourrait rencontrer. Il est temps de faire face au désaveu de nos promesses et je prête à sa détresse un regard complice. « On est prêts. » Comme peuvent l'être deux novices, sans la moindre expérience, jusque là uniquement portés par le vice et devant répondre à présent d'un acte de faiblesse, d'une légère défaillance. Il est, bien évidemment à mes yeux, hors de question d'abandonner maintenant et c'est sans doute ce pourquoi je suis le premier à me relever, les doigts d'Anna fermement ancrés aux miens.

    L'homme disparait derrière une porte qu'il nous faut emprunter, couloir de quelques mètres qui donne sur une salle aseptisée et légèrement ajourée. Un bureau, deux chaises et là, sur le coté, tout l'équipement du masochiste sexuel improvisé. Mes pas ralentissent à mesure que nous parvenons au pupitre où sont empilés une tonne de dossiers, certains plus épais que d'autres selon le temps de gestation écoulé de son heureuse propriétaire. Le médecin s'assoit d'abord devant son ordinateur dernier cri et nous invite à prendre place également mais pour l'heure, je suis assez stoïque lorsque mes yeux croisent à nouveau ce que cette salle recèle d'instruments. Un siège drapé sur toute sa longueur et pourvu de deux étriers, bagage du parfait boucher avec de surcroit une installation de godes câblés, sondes reliées à un écran vieillissant, pixelisé de noir et de blanc. " Je vous en prie, assoyez-vous. " Ajoutez son vieil anglais à mon anxiété, il n'en faut pas plus pour me tirer un sourire, le dernier de la journée aux vues de ce qu'il nous attend.
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    Lien du postVen 10 Juin 2016 - 23:28
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    17 mai

    Il y a mes mots, qui résonnent encore en écho, ce dénominatif, « on », on est prêts, on est deux. Un « nous » une entité. Un couple bien qu'il soit encore un tantinet étriqué. De furturs parents, ensemble, apeurés. Et quelque part dans les méandres de mon esprit, ça me plait. Plus que jamais. La peur au ventre. Les doigts crispés dans les siens. L'impression de ne plus être grand-chose, si ce n'est rien. L'appréhension, le risque de paraître idiote, totalement con. La crainte de ne pas avoir d'un autre coeur qui bat à l'intérieur de moi, que ce ne soit que du vent, tout cela. Et on le suit dans le couloir dans un silence qui m'oppresse, j'en subis mes pensées qui partent dans tous les sens, mon cerveau qui ne s'arrête jamais de tourner. Analyse et se répète le moindre mouvement, les infimes souffles coupés. La porte du bureau où tout va se dérouler est poussé. J'en soupire, expire. Vas-y Anna, respire. Je ressens la tension de Clay jusqu'en moi, et mon regard n'ose pas affronter le sien qui détaille ce qui se trouve autour de nous. Ce qui va nous permettre de savoir enfin où on en est. A quoi on va être confronté. Prendre en pleine gueule la réalité. Le médecin s'assoit, et nous on reste là, pantois. A observer ce drôle d'environnement qui nous entoure. Des instruments, des ustensiles que je n'aurai jamais pensé voir un jour. J'en ai du mal à avaler ma salive, d'ailleurs, je me dois même d'avouer, qu'elle en vient à me manquer. " Je vous en prie, assoyez-vous. " Alors mon regard se pose finalement sur lui, se détourne des étriers qui finalisent la table sur laquelle bientôt je vais devoir m'allonger. C'est en un acte manqué que mes doigts effectuent une pression sur les siens, que je n'ai toujours pas lâchés. Il est ma bouée de sauvetage, mon point d'ancrage. Un tout qui ne saurait être rien. Il est en moi, dans mes veines, dans mes pas. Assujettie par la fascination qu'il a su engendrer chez le monstre que j'étais. Et ce n'est qu'après une œillade lancée en biais sur ses lèvres faiblement étirées, que je décide de m'asseoir comme on a pu nous l'indiquer. Mes sourcils se froncent face au côté taciturne de la blouse blanche en train de regarder mon dossier, tandis que Clay vient à son tour se poser sur les chaises austères qui nous sont offertes. « Des nausées ? » J'ai cette impression qu'il commence en douceur, pour me mettre en confiance ... Mais je ne fais pleinement confiance à personne, mis à part ce qui concerne celui qui est à côté de moi. Donc je ne lâche pas les doigts. Je ne sais pas pourquoi, je vais chercher la réponse dans ses yeux, d'ailleurs, comme s'il pouvait le renseigner, à ma place. Mais c'est bel et bien moi qui me réveille en étant en vrac, en ne sachant plus vraiment qui contrôle mon corps, mes envies et humeurs. « Oui. » Il gribouille un je ne sais quoi sur les papiers précédemment sorti de la pochette à mon nom. « Des antécédents familiaux ? » J'en deviens d'autant plus nerveuse, soudainement. Lâchant enfin la main de mon complice, électrisée. Ce n'est pas une chose que je peux cacher, lorsqu'on voit mes parents et moi sur l'un de nos portraits grandeur nature, dans le manoir familial, exposés. Ma peau n'a pas la même couleur que la leur. Je n'ai pas les yeux de ma mère, encore moins l'inclinaison du nez de mon père. Je n'ai rien. Je n'en ai pas honte, je ne le vis pas mal, j'ai appris à le supporter. Je le sais, point. Ca ne va pas plus loin. Je l'ai compris il y a bien des années. Il ne faut pas être un génie, pour deviner. Je n'avais même pas un deux ans, lorsque c'est arrivé, je ne marchais pas encore. Et malgré cela, c'est une vérité que je ne parviens pas souvent à énoncer. C'est juste quelque chose que l'on sait, sur laquelle je me tais. Eduquée à ne rien ressentir, jamais, à ne rien démontrer. Aucune faiblesse, même celle d'être d'ailleurs, de porter en moi le risque de déshonneur. « Je ... » On n'a pas besoin d'en parler. Pas la peine de rappeler au monde entier que ma cuillère dorée n'est pas méritée. Que ma place sur le fauteuil qui trône dans le bureau de la direction d'Omnicom n'est pas légitimée. Mal née. « Je n'en sais rien. » Peu encline à l'amabilité. Il en redresse ses pupilles jusqu'aux miennes. Il attend la suite, putain. Je n'ai jamais aimé qu'on me force la main. Si je n'ai pas mon nom, je ne suis rien. C'est autour du monde des Malcolms que j'ai été façonnée. Une ombre, écrite à la craie. « J'ai été adoptée. » La sentence est donnée. Et je suis de celles qui n'ont jamais recherché les personnes qui ont pu l'engendrer. Je suis une Malcolm … qu'importe le mal que ça a pu provoquer enfant de me dire qu'ils n'ont pas voulu de moi, mes véritables parents. Qu'importe s'ils sont morts ou vivants. J'en ai une vague idée pourtant … C'est une chose enfouit dans les abysses de mes sentiments, sous les forteresses de mon cœur. C'est encore plus profond comme douleur. Une lame enfoncée, qu'on essaie d'oublier. Un étrange refrain qu'on a pas envie de chanter. Une foutue chanson démodée. Parce que je ne suis pas à plaindre, j'ai été sauvée, des bidonvilles de Bombay. Pauvre petite Anna. Putain de moi. « Bien, et pour le papa ? » Mais ça, ça frappe encore plus fort. Une appellation que la moindre de mes terminaison nerveuse adore.
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    Lien du postVen 1 Juil 2016 - 18:02
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    17 mai
    Annalynne ne m'a toujours pas lâché quand elle prend place lentement sur l'un des sièges mis à notre disposition. Deux, évidemment, nombre suffisant pour accueillir comme il se doit les futurs parents. Elle est la première à s'assoir, geste que j'adopte également quelques secondes après, ses phalanges toujours crantées aux miennes qu'elles oppressent légèrement. Et bordel que je la détaille cette salle non sans une certaine appréhension parce que jamais je ne me serais imaginé devoir aussi vite me présenter ici. Ses doigts ont néanmoins le don de me distraire puisque visiblement elle aussi est sujette aux mêmes craintes, voir plus vis-à-vis des futurs sévices qu'elle va devoir endurer. J'ai d'ailleurs encore bien du mal, pour ma part, à croire qu'un autre homme va devant moi la toucher et cela même s'il s'agit d'un professionnel ou pour le bien de notre.... progéniture. Professionnel, parlons-en.... Sur son bureau trainent toutes sortes d'objets, allant du plus banal au plus insolite et s'il n'était pas là, j'irais sans doute de plus près les étudier par simple...curiosité. Comme on est en droit de s'y attendre, il y a une pile de dossiers sur le coté, empilés selon l'heure de passage de ses patientes et sur lesquels se trouvera bientôt celui d'"Annalynne Malcolm ". Porte stylos, écran plat et clavier ergonomique sans fil, nombre de formulaires vierges entassés, des stérilets sous résine époxy et plus étrange encore, des maquettes représentant au complet l'intime anatomie féminine. Et nous dans tout çà? J'ai beau scruter les étagères sur le coté, rien ne nous est consacré. Normal en même temps, nous ne sommes de passage que quelques minutes seulement dans le procédé complexe de la vie.

    « Des nausées ? » Si vous saviez... Tous les matins c'est le même refrain, elle se lève au lieu de me flatter et va direct gerber à coté. Ces réveils ont perdu un peu de leur charme au fil des semaines. Mais ses yeux cherchant soutien dans les miens, je ne peux l'en blâmer. Ce serait égoïste de ma part que de le lui en vouloir pour si peu lorsqu'elle se sacrifie pour une vie à trois et non plus à deux. « Oui. »  Seulement? Faudrait peut-être qu'elle s'en inquiète un peu plus non? La réponse lui convient apparemment puisqu'il abaisse le regard vers le dossier pour y annoter quelque chose que je ne suis capable de distinguer, hors de ma portée. « Des antécédents familiaux ? »  Passage obligatoire lorsqu'il s'agit de soulever de possibles tares héréditaires, c'est toutefois la question qui risque de jeter un froid. Et ça ne loupe pas puisque Anna retire sa main de la mienne, chose que je ne comprends pas. Je suis depuis longtemps au fait de son adoption alors il n'y a lieu de faire preuve d'un malaise envers moi ou de honte à avoir. Je l'ai acceptée comme elle est depuis bien longtemps, qu'elle soit de couleur et moi blanc, femme d'un autre monde qui me plait tant. « Je .. Je n'en sais rien. » Surprenant qu'elle n'a jamais essayé de retrouver ses vrais parents, quoique dans sa situation pas totalement. Un brin trop fière de ce qu'elle est devenue, il lui aurait été sans doute trop difficile de se découvrir petite mendiante de la rue, enfant pauvre des quartiers de Bombay dans une famille ne disposant d'aucun revenu, à l'instar de tout ce qu'elle a pu entrevoir durant l'une de ces soirées caritatives au bénéfice des peuples sous-développés.

    Le gynécologue, dont j'ai déjà oublié le nom, redresse la tête vers elle suite à ses paroles quelque peu incorrectes et j'en jubile déjà, juste un peu moqueur puisque c'est du Malcolm tout craché, foutu caractère que je m'évertue inconsciemment de gommer. « J'ai été adoptée. » Le premier qui lui fait cracher la vérité et ravaler sa fierté... Il y a quelques mois, alors que nous n'étions aussi proches, je l'aurais applaudi. Même à moi, elle ne l'a jamais confié bien que vu ses parents, l'évidence même m'avait sauté aux yeux. « Bien, et pour le papa ? » Pardon? Qu'il me pose la question ne me surprend pas mais le dernier mot employé si. Il aurait pu tout aussi bien dire père, conjoint, compagnon... Papa, c'est un peu comme s'il était déjà là. Et il implique aussi une notion que nous nous efforçons de ne pas encore aborder: une dualité dans l'éducation, un couple confirmé alors que rien encore n'a été concrètement décidé. Si l'enfant est une possibilité plus qu'évidente à présent, notre vie conjugale ne l'a jamais été parce que je ne lui ai jamais offert de bague ni ne lui ai demandé de s'installer. J'ai délaissé subitement Anna du regard pour, étonné, le dévisager lui et sa main tenant fermement sa plume. Et si je me moquais de l'arrogance d'Annalynne précédemment, j'ai quant à moi ce besoin irrépressible de rejeter la question avant de me décider finalement à y répondre:  " Ma mère fait de l'hypertension, "sans doute par tout ce qu'elle a du endurer ces dernières années. Quant à mon père, c'est un foutu pratiquant qui n'acceptera pas Annalynne au sein de son cheptel de croyants. Mais j'ne pense pas que ce soit héréditaire parce que la preuve, moi je ne saurais me passer d'elle plus d'un jour durant. Il me faudra d'ailleurs, après les avoir contrarié avec ma mort, leur présenter la future mère de leurs petits enfants si tant est qu'elle conçoit de rester à mes cotés indéfiniment. " Rien d'autre. "  Il appuie une nouvelle fois sur le papier du bout de son stylo pour y parapher nos mots et se tourne subitement vers Annalynne. " Je vous laisse passer à coté " . Autrement dit le moment tant redouté durant lequel elle doit déjà se déshabiller pour se laisser ....ausculter.



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