Yours Forever
ft. ANNALYNNE & CLAY

Elle dépose sa main sur mon bras, geste délicat que je l'ai vu faire quelque fois, avant de malaxer de l'autre sa tempe et d'abaisser le regard sans doute un peu groggy d'avoir dansé, si on peu appeler çà comme ça. Fatigue passagère de laquelle elle devrait vite se remettre, mes yeux ne la délaissent pourtant pas lorsqu'elle ouvre les lèvres à la limite de l'éreintement. « Je .. » C'est sur ce mot que je bute légèrement parce qu'Annalynne a toujours eu la condescendance d'achever ses phrases. Mais encore plus lorsque je la vois porter spontanément la main sur son ventre. « T'appellerais un taxi pour moi ? » Mes yeux suivent le chemin emprunté par les siens quelques secondes plus tôt et se posent sur cette pochette tout aussi coruscante que ne l'est sa robe moirée. Est-ce que ça veut dire que je dois aller la chercher? J'en ai bien l'impression puisqu'elle a cessé de bouger et par la même occasion je m'arrête à ses cotés, avouons-le, un peu inquiet. Je comprends parfaitement qu'elle ne veuille rester à attendre toute la soirée qu'Oliver, pour qui d'habitude j'ai du respect, ne daigne lâcher l'autre obsédé. Ce n'était pas ce qui avait été convenu lorsqu'il l'avait invitée quelques jours plutôt.  Et quand bien même, dans le pire scénario, il pourrait l'inviter à rester à leur table puisqu'il s'agit de son jouet, de son os à ronger, image qui me donne à moi aussi envie de gerber quand je les imagine se polisher le membre. Anna a du y songer et sans doute est-ce pour cela qu'elle se trouve légèrement contrariée au point d'en avoir des crampes d'estomac. Je serais à sa place, je n'apprécierais sans doute pas non plus que Nancy m'efface en faveur d'un autre qui n'aurait pas pris la peine de l'inviter avant. Après tout, elle a répondu positivement à son texto pour qu'il ne se retrouve pas tout seul à cet évènement comme un con.

Ma main vient s'apposer sur son bras dénudé avant de répondre positivement à sa demande, « Je t'attendrai chez toi. » Chez moi, loin encore d'être prêt à partager de façon officielle et permanente ce qui m'appartient. Après tout, nous tenons encore chacun à notre territoire bien qu'elle erre sur le mien plus souvent que je ne foule du pied le sien. Alan et son père évidemment, pourraient à tout moment lui rendre une visite impromptue. Elle ne leur a toujours pas dit, à l'un comme à l'autre, d'aller se faire foutre avec leur mariage arrangé et c'est un sujet sur lequel je ne veux  débattre avec elle pour le moment. J'estime que jusqu'à présent, j'ai suffisamment donné de moi pour qu'elle comprenne que je tiens particulièrement à elle, à eux. Je la délaisse donc pour quelques pas vers la table nappée et une fois la main sur son sac, jette un regard aux alentours à savoir si d'aventure je ne croiserais pas la crevette et sa folle distinguée. Non. Ils ont du s'éclipser pour aller mutuellement s'astiquer en aparté. C'est une pensée que je réprime bien qu'elle me fasse sourire car c'est d'Oliver qu'il s'agit. Et faisant volte-face pour aller la retrouver, c'est sur sa silhouette que je m'égare, m'attarde le temps de la contempler, curieux de détailler les courbes qu'elle aurait pu prendre sans que je ne m'en sois aperçu, trop proche d'elle chaque jour que Dieu fait pour me rendre compte des changements opérés. Mais non, elle n'a pas pris un gramme encore, toujours aussi svelte et aérienne bien qu'il me tarde de la voir s'arrondir, gagner du ventre et des hanches, un corps qui tendrait involontairement à séduire mes appétits d'opulence.  

Grillé, elle m'a vu l'observer fixement. Je sors donc de mes réflexions pour la rejoindre définitivement et lui tendre cette pochette qui de droit lui revient. " Le temps que j'appelle, viens prendre l'air également. " et ne reste pas là parmi le bruit constant que ces gosses émettent parce que dans quelques instants certains se verront décernés ces foutues récompenses.

Je pourrais tout aussi bien lui donner mes clefs à défaut de pouvoir la raccompagner, mais conduire dans son état n'est pas la meilleure des idées. Alors mon téléphone en main, je fais défiler de mon pouce la liste non exhaustive de contacts pour y trouver celui à qui j'ai pensé en premier, Aalih, petit chauffeur magrébin d'une quarantaine d'années et qui m'est redevable, si mes souvenirs sont bons, pour une histoire de faux papiers. Nous quittons donc les lieux à deux, contrairement lors de notre arrivée, pour aller sur le coté du bâtiment. Il est tard à présent, les aiguilles de ma montre se sont bien déplacées et rien, pas à chat au dehors si ce ne sont les quelques étudiants sortis pour fumer. J'appelle donc dans la foulée alors que nous continuons à marcher jusqu'à un banc dans le semi clarté d'un réverbère pour convenir de ce service qu'Aalih ne peut me refuser. " Il sera là dans 5min. Tu veux que je prévienne Davis ? " Malgré la déception de le savoir si bien entouré? J'aurais peut-être ainsi encore l'opportunité de recroiser celui qui s'est permis une fois de la toucher. En revanche, inutile de lui demander ce qu'elle a... Je ne la connais que trop bien: elle travestirait la vérité pour ne s'avouer vaincue par un tel enculé.  

Yours Forever
ft. ANNALYNNE & CLAY

Oppressée, j'ai l'âme tremblante, une main qui se pose sur ma hanche, glisse de celle ci à mon ventre, c'est un acte de protection, une rengaine à la con. Une constatation de plus en plus véhémente. Celle de pouvoir avouer sans sourciller qu'il est ce que je possède de plus précieux. Ma vision obstruée par le côté accablant de la situation, je n'ai de cesse de le regarder se mouvoir afin d'accéder à ma requête, et reçois sur mon derme électrisé ses propres prunelles qui n'en finiront jamais de me faire cet effet. Curieusement, il ne semblait pas s'attendre à ce que je le regarde aussi, chose qui me paraissait pourtant totalement justifiée. Et plus encore, Je lui concède une esquisse de sourire à l'instant où il me revient, la pochette à la main. Avec toute son élégance, il me tend mon bien, et murmure à mon oreille ; " Le temps que j'appelle, viens prendre l'air également. " D'un hochement de tête, j'approuve ses dires, et c'est à ses côtés que je prends naturellement le chemin de la sortie. Une paume accrochée à son bras, comme si on avait toujours agit de cette manière là. Comme si jamais, je ne lui avais demandé – pour moi, mon égoïste intérêt – de se cacher.

Une fois sortie de l'habitacle, chancelante, je prends ce qui s'apparente à une énorme inspiration. J'ai le coeur à l'envers, je le sais, j'ai l'impression qu'il va s'ouvrir de toute sa longueur, mon intérieur. Et bien que je ne l'aurai jamais fait avant cela, je me promets d'appeler le médecin demain, histoire de voir si quelque chose ne va vraiment pas. Et tandis que je me jure cela, Clay toujours à côté de moi, passe un coup de fil afin de réserver le taxi qui ne saurait tarder à arriver, il achève sa communication avant de me rendre son attention. " Il sera là dans 5min. Tu veux que je prévienne Davis ? " Mon regard papillonne jusqu'au sien. « Après. » Reste encore. Tu iras une fois que je serai partie, quand je t'aurai laissé à une autre pour encore quelques minutes de cette nuit.

Quand le taxi fait son apparition, je soupire, entre le soulagement et l'appréhension. Il s'arrête, proche de nous, mais je ne l'observe pas vraiment, lui préférant un spectacle plus attrayant. La beauté du visage de Clay, même maquillé. Mon mal être en bandoulière, je m'approche de lui, juste assez, pour d'une voix voilée, lui souffler. « Merci. » D'être venue encore une fois soustraire ma personne à un aparté avec quelqu'un que j'exècre au plus haut point. « Pour cette danse. » Et aussi d'être toi, de m'aimer, me sublimer de cette manière là. D'avoir susurré à mon esprit encore plus d'envie de liberté. De voir notre histoire au grand jour, éclater. De m'avoir montré, qu'on serait bien à se quereller sans cesse sans être brisé. Alors avec un simple sourire, ma main va ouvrir la voiture, j'accuse un vertige, juste quand je me retourne vers mon amant.

Et de mon pouce je redessine sa mâchoire, effleurement affectueux, griffure doucereusement, élan si amoureux. Cette danse c'était une part de ce qu'on est, de ce qu'on pourrait être. Heureux. C'est de mes lèvres fébriles que je l'embrasse, capture sa bouche que j'aime tant, l'espace d'une seconde, d'un faible instant. La main encore sur la porte ouverte, je laisse mes prunelles regarder les siennes avec un certain sérieux, quand je m'entends souffler. « Rentre pas tard. » Ordre détourné, envie de le voir rapidement me retrouver. Un tantinet … Une Malcolm invétérée. Peu certaine de pouvoir supporter de le savoir encore ici entouré, alors que je serai dans son appartement à me reposer, esseulée. C'est lorsque je m'assoie dans la voiture, que je le contemple une énième fois, que je lui remémore une chose à laquelle il n'a eu droit qu'une fois. « Je t'aime. » Pour tout ce que tu es. Pour ces moments tendres que j'aime à penser unique dans leur saveur, dans les guerres que ce font sans rancune, nos coeurs.

Yours Forever
ft. ANNALYNNE & CLAY

« Après. » Bien entendu. J'acquiesce sans conteste à sa demande et me veux patient à ses cotés durant les précieuses minutes qu'il nous reste à partager, jusqu'à ce que des phares ne viennent en troubler la tranquillité. Les mains dans les poches, je la contemple une dernière fois dans le plus bel apparat, enceinte et non dans cette robe qui pourtant est du plus bel attrait cependant. Mais je la préfère indéniablement sans ses atours de princesse, de riche héritière, simple Annalynne aux multiples facettes qu'il me plait de découvrir. « Merci. Pour cette danse. » Content de l'apprendre, même si je continue de penser de n'avoir pas été à la hauteur de tes espérances... Elle ouvre la portière arrière et se retourne encore un court instant pour gratifier mes lèvres d'une caresse improvisée, geste par lequel elle continue inconsciemment de vouloir se préserver. Mais je me fais des idées puisque sans résistance de ma part, j'accuse l'un de ses baisers tendres et furtifs, de ceux qui sont destinés à un adieu sans étalage de sentiments. « Rentre pas tard. » Aucunement puisqu'il me tarde déjà de te rejoindre et de partager mon... notre lit, de te retrouver assoupie et venir chercher au creux de tes reins la place que tu m'as octroyée contre ton corps alangui. Je clos une seconde les paupières au songe de pouvoir m'endormir encore une fois à ses cotés, ressentir cette chaleur aimante que longtemps je n'ai eu le plaisir d'expérimenter. Elle prend place dans l'habitacle et c'est à cet instant précis, une fois confortablement installée, qu'elle me cède deux mots qui vont me séduire. « Je t'aime. » Mes lèvres se fendent sous l'effet grisant de cette parole avant d'apposer ma main sur la portière, ne voulant lui laisser l'opportunité de quitter les lieux sur ce genre d'aveu.  " Tu sais que..." Brièvement, les lieux sont contrôlés afin de m'abaisser jusqu'à elle et, dans une complicité renouvelée, aller chercher dans la promiscuité de l'habitacle du bout des doigts les traits fins de son doux visage. " Moi aussi."  J'ai tout comme elle le désir de le lui dire, avouer une nouvelle fois mes sentiments mais les mots demeurent au plus profond de mon arrogance. Pourtant elle en vaut la peine mais je ne saurais l'expliquer, ma fierté en décharge contre ce manque d'affection pourtant justifiée. A l'instar de son baiser, j'en appose un sur ses lèvres plus fiévreux et possessif qui se laisse à la longue percevoir comme émotif. J'aime ces instants où la sensuelle saveur de ses lèvres, ce plaisir diffus, m'entrouvrent les portes de son amour lascif et charnel, apprécie cette perte de contrôle à l'appel magnétique de sa peau au parfum indigène.

Un dernier coup d'œil vers son chauffeur pour la soirée.... " Pas d'imprudence "au volant parce que ce celle que tu reconduis ce soir vaut plus cher à mes yeux que tout l'or présent en ce bas monde. Et c'est à elle que je souris avant de refermer la portière et de la regarder partir. Je ne trainerais pas plus qu'il ne le faut puisque tu m'attends impatiemment déjà. Alors je me détourne subitement lorsque vos feux se fondent parmi le trafic puisqu'il me faut le prévenir de ton départ.