Yours Forever
ft. ANNALYNNE & CLAY

C'est presque dans la foulée que mes pas l'entrainent , attentionné, vers ce qui s'apparente à une piste de danse ou presque tous profitent d'un moment de calme entre deux morceaux de techno débridés. Beaucoup de couples formés se sont dirigés vers le centre pour un slow improvisé. La soirée bat son plein et j'ai eu tout de même la délicatesse de réserver une ou deux valses à ma cavalière même si je ne suis pas le grand danseur qu'elle espérait.  Je ne connais pas grand chose à l'art du piaffé, juste ce que j'ai pu apprendre et mettre en pratique il y a quelques années lors de mes propres bals de fin d'année. Mais c'est sans y penser que je suis allé la chercher à sa table sous le regard médusé des convives qui l'entouraient, elle aux cotés d'Oliver, un couple quelque peu dépareillé parce qu'il n'a rien de sa candeur faut l'avouer.

Nous sommes certainement les deux plus vieux à nous présenter côtes à côtes mais peu m'importe à présent, certains le savent déjà et ce n'est plus qu'une question de temps. Je soupçonne Jaysaël d'être au courant parce que ce soir là, je me suis un peu trop emporté pour elle, c'est évident. Oliver, lui, le sait depuis un bon moment et rien que ma demande a pu confirmer que nous entretenons toujours cette flamme qui nous consume lentement. Qui d'autre pourrait le savoir... Cole et Kyla sans doute puisque la jeune femme sait que j'entretiens une relation avec une brune dont elle n'a jamais su le nom. Autant il pourrait s'agir de Nancy c'est vrai mais pourquoi irais-je danser avec une autre si tel était le cas... Il y a Ruby qui, contrairement à d'autres, connait la vérité depuis le début ou quasiment, depuis qu'elle nous a vu errant dans les rues commerçantes de Boston. Ma main s'appuie sur sa hanche lorsque nous parvenons finalement au centre et me place en face d'elle, prenant position pour trois minutes de tendresse auxquelles je peux prétendre sans la moindre crainte. C'est comme si, reculant de quelques années, je m’apprête à revivre ce que j'ai partagé avec d'autres femmes, à la seule différence que celles-ci n'avaient pas la moindre importance.

Yours Forever
ft. ANNALYNNE & CLAY

Je n'ai pas compté les mois, j'aurai peut-être du, je ne sais pas, je ne suis pas de ces filles là. De celles qui foutent des numéros partout, qui se soucient vraiment de cela. Alors il est vrai que je ne saurai dire depuis combien de temps il fait parti de ma vie, seulement, c'est comme s'il avait été toujours là. Quelque part, à m'attendre, tandis que je patientais. Une évidence  que j'ai tenté de nier avec véhémence. Et malgré cela, je n'aurai jamais pu deviner qu'on se retrouverait un jour dans un bal de fin d'année, prêts à danser, moi à ses bras, accrochée. Comme si dans nos gestes se trouvaient ce côté naturel qu'avec les autres nous ne pouvons avoir. Sait-il seulement que je ne suis réellement moi que lorsque mes pas me mènent à ses bras ? Une seconde, j'hésite encore, entendant déjà, ce que Cole pourra dire de moi à Alan, cependant, mes prunelles se fondent dans les siennes, et j'en esquisse un sourire incertain. Je réalise, intensément, que j'en ai strictement rien à faire, que ma place n'est pas à échanger. Pour rien, je ne le ferai. Capable de rendre mon royaume tout entier. De m'en délester, première fois, que je m'ose réellement à penser cela. Peu importe ce qu'ils vont croire, envisager, le monde n'en finira jamais de parler, et j'ai passé, bien trop de temps, à me soucier de ce que pensent les gens.

Me servant de ces cours de danse que j'ai pris il y a quelques mois, afin de devenir la parfaite mariée, je laisse ma main glisser sur son épaule, rapprochant mon corps du sien. Seuls au monde, pour un fragment de cette soirée. Délaisser nos propres accompagnants pour tenter d'éterniser le temps. J'en baisse le regard, regarde mes pieds, m'assure, stupide, de les avoir bien positionnés. Je m'en voudrai, de louper cela. D'être un peu trop moi, trop Anna. Et oublie même mes nausées, afin de ne pas gâcher les seuls instants vivants de ma soirée.
Je ne suis pas de celles qui comptent les mois, mais je suis assurément de celles qui sont marquées par ces moments. Ceux qu'il rend unique à chaque fois. Il transforme à sa manière, façonne l'univers. Il me rend plus jeune, fébrile, invente mile et une couleurs et il en teinte mon cœur. Et les accords commencent, tout comme notre début de semblant de danse. Je relève mes yeux, mal à l'aise avec les élans amoureux. « Tu passes une bonne soirée ? » Parce que pour t'avouer, la mienne n'est pas des plus gaies. Te voir avec une autre, alors que tu es avec moi … J'ai horreur de ce que je te fais subir avec Alan, tu vois ? Je n'avais pas réalisé avant ça.

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ft. ANNALYNNE & CLAY

 Et parce que je n'ai jamais réellement quant à moi appris à danser, j'observe sa silhouette se positionner avant de me dire stupidement que rien, même pas un faux pas, ne saura gâcher ce moment. Un slow, c'est - à ce qu'on m'a dit - trois longues minutes à tourner en rond et qui ne s'éternisent que lorsqu'elles ne sont partagées avec la bonne personne. Et le temps de cette chanson, je pense sincèrement l'apprécier à sa juste valeur, voire pas suffisamment, lorsqu'elle appose sa main sur mon épaule et rapproche son corps du mien. Au diable les apparences quand ma paume vient frôler sa hanche pour me saisir de sa taille, je n'en ai que faire à présent surtout au beau milieu de ce rassemblement. Au petit bonheur la chance, personne ne nous auras remarqué si ce n'est Oliver évidemment devant qui j'ai demandé si elle souhaitait m'honorer de cette danse. Et même si les convives attablés en sont restés un peu hébétés, rien de plus naturel je pense entre deux individus issus de la même génération.

Les premiers accords commencent doucement à s'enchainer sur une note d'un instrument que je ne saurais déterminer et même si tout contact est d'ordinaire prohibé, surtout en public, j'ai le bonheur avec elle ce soir de gouter en toute impunité au danger. « Tu passes une bonne soirée ? » Mes doigts taquinent les siens dans un entremêlas souhaité, bras en hauteur à demi-pliés et c'est elle curieusement qui impose l'allure adéquate à cette étrange situation lorsque finalement je lui réponds. " Mieux maintenant " que tu es présente à mes cotés et non plus à des mètres de moi, à des tables peuplées d'inconnus nous séparant. Je n'irais pas jusqu'à dire que cette soirée avec Nancy à mon bras est désagréable, bien au contraire. Elle est, une fois que l'on a appris à la connaitre, une jeune femme charmante à tout point de vue. Mais il y a toujours ce manque et ce regret de n'avoir vécu ce que beaucoup ici expérimentent en ce moment même, en compagnie de la personne voulue. Lentement, les pas s'enchainent sans pour autant quitter du regard ses pupilles éclatantes et de toute beauté, d'un noir irisant sous les spots diamantés. " Ça ne te dérange pas de danser avec un sauvage ? " Ce n'est que soufflé à son oreille et pourtant j'en ricane bêtement, ne faisant référence qu'à mon accoutrement qui se veut bien différent de tous ceux que ces jeunes ont revêtus, loin de ces smokings sur mesure et pailletés qui je trouve, personnellement, n'ont rien de très originaux pour la soirée.  

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ft. ANNALYNNE & CLAY

 Mon derme frissonne, en mon être, seul mon cœur résonne. Un sourire, fin et discret, prends place sur mes lèvres, lorsqu'il vient entrelacer nos doigts. Bravant les interdits, avec une tendresse inouïe. Une appréhension, qui ne résulte plus seulement du fait que nous n'avons pas réellement le droit, non, ça vient de plus loin que ça. L'envie de perfection, encore une fois. D'être meilleur pour moi,  alors qu'il vaut plus que tous les hommes que j'ai pu connaître avant cela. Les notes de musique dépeignent nos premiers mouvements, c'est ici et maintenant que s'arrête le temps. Pauvres destins dénués de sens certains pour les deux protagonistes de la tragi-comédie qui est en train de se dérouler devant un tas d'inconnus. Je le jure, c'est une mise à nue. Ne devinant même pas, à quel point, cette danse n'est pas un simple détail anodin. " Mieux maintenant " Je suis d'accord, tu n'imagines pas comment. Combien, et à quel point. J'invente les secondes s'étirer, permettre à ce moment de perdurer. Je ne lui demanderai pas, si sa cavalière lui va. Je ne ferai pas de scandale, je me placerai comme son égale. Accompagnée par un autre que lui, bien que nous savons tous les deux qu'il est attiré par les garçons. Je doute que ce soit le cas de l'étudiante qu'il avait à son bras. Mais je me refuse à être moi, parce qu'il ne reste que quelques minutes à tout cela. Décompte détourné. A rebours, il est vrai. Ce serait, si bête, de les gâcher. " Ça ne te dérange pas de danser avec un sauvage ? " Sauvage … En apparence, peut-être, mais il en est bien loin du reste. C'est dans ses gestes, dans ses pas, un tantinet maladroits. Jamais encore, je ne l'avais vu sous cet angle là. Il est beau, Clay, assurément, de ces personnes possédant toutes une palette de personnalité, une énigme vivante que j'affectionne plus que tout au monde déchiffrer. Je ne saurai dire où et comment on trouve notre équilibre, mais il est là, omniprésent. Il existe, je le ressens. Au plus profond. Dans mes  entrailles où repose, grandissant, notre enfant. Imprudent, mon visage se cale mieux, à la limite de son épaule, dans son cou parfumé. Odeur que je reconnais. Et sur ce rythme arachnéen, j'en suis ses desseins. « Danser ? » Je le taquine, évidemment, ayant des envies de le voir se détendre, pour de bon. Personne n'aura envie de savoir ce qui se trame entre nous, nous sommes deux anciens étudiants, peut-être amis, supposément amants, mais les drames dont peuvent faire preuve les enfants, leur prendra tout leur temps. Ils nous laissent donc le notre. Je rêve, je nous guide, je prends les commandes, mais pour une fois, je ne le vois pas comme le gain d'une querelle, d'un combat. Je le ressens comme ce partage, ce nous, essentiel, que de plus en plus on envisage. Une relation réelle, et je serai bien prête à la demander à l'éternel. Et mon corps s'expie contre le sien, étrangement serein. Histoire pécheresse dont je savoure l'ivresse. « Je commençais presque à me demander quand tu aurais l'audace de venir me chercher. » C'est toute la soirée, que je t'ai attendu. Peu importe l'accoutrement, c'est comme si je lui demandais ce que ça lui fait de se balancer lentement avec moi, alors que je ressemble à cette princesse que certaines personnes veulent que je sois. Une pâle copie de moi.

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ft. ANNALYNNE & CLAY

« Danser? » Ne pouvait-elle s'empêcher de le souligner? Assurément, je ne suis pas le danseur que toute cavalière est en droit d'espérer. Mais tout comme elle me l'a suggéré en ce mois de décembre où nous nous sommes jurés fidélité en quelque sorte, mes yeux voilés vont détailler tout ce que je suis et porte. " Faudra faire avec çà " Parce que je ne changerais pas ou tout du moins pas à temps, même pour toi. Alors c'est elle qui prend le contrôle pour une fois et impose les pas qu'on lui a appris autrefois, marque cette danse d'un rythme lent et langoureux que je n'ai plus eu l'occasion d'adopter depuis longtemps faute d'avoir été épris d'une femme récemment. Et oubliant un peu ce que mes membres peuvent décrire lentement en suivant les siens, mon attention se concentre peu à peu sur les paroles dépeintes dans la salle en écho à cette danse, en saisis le sens pour mieux profiter de ce moment qui, il est vrai, n'appartient qu'à elle et à moi. Lets face tomorrow, mais je ne fais que çà depuis des mois, à ne savoir sur quel pied danser tout en sachant qu'un jour elle devra me quitter. Mais plus à présent que de façon détournée et totalement involontaire, sans aucun doute prématurée, je l'ai plus que possédée. « Je commençais presque à me demander quand tu aurais l'audace de venir me chercher. »

C'est donc mon visage qui s'incline vers le sien, ma joue frôlant sa tempe tout en détaillant les étudiants qui nous entourent avant de me pencher lentement, presque à portée de ses lèvres qui déjà me tourmentent. "  J'espère que tu ne t'es pas faite de fausses idées, " sur moi et la jeune femme qui à mon bas passe la soirée. Et ce n'est pas l'envie qui me manque de l'embrasser mais cependant, il est un peu prématuré de se laisser aller à de tels épanchements maintenant. Cole n'est pas présent mais qui sait, on n'est jamais trop prudent. Et dire que je suis certainement le plus modéré de nous deux quant à notre délicate position, maintenant qu'il serait difficile de nous séparer faute de ce rejeton. Sentinelle d'un patrimoine qui lentement poursuit son silencieux combat entre ses reins, j'aspire à présent à de bien plus grands desseins que de la baiser sans fin. Appelez çà... l'instinct de conservation.

Ce sont ces mêmes règles que nous avons longuement observées en public que nous foulons peu à peu tout au long de cette chanson, sans savoir pourquoi ni comment ce moment intriguant auquel nous n'avions logiquement pas à prétendre - puisque plus étudiants depuis fort longtemps - scelle notre relation. J'en oublie donc tous ces codes et mes doigts quittent les siens pour souligner d'un geste peut-être déplacé, en une caresse longue et mesurée, les lignes de son bras fuselé pour le déposer tout comme son homologue sur mon épaule. Ma conduite est celle à laquelle elle me destine: agresseur conquérant dans son corps meurtri bien que pour le moment, je la devine me préférer simplement tendre amant. Et c'est avec un léger regret que je lui confesse à son oreille :" J'aurais du apprendre avant de te le proposer, " que cette première fois soit aussi jouissive qu'elle ne le fut pour moi lorsque tu es venue me rejoindre ce soir là dans mes draps.

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ft. ANNALYNNE & CLAY

" Faudra faire avec çà " Le ton est léger, lorsqu'il se détaille d'un regard bourré d'à peu près. Sûrement qu'il ne réalise pas, à quel point, il est idiot lorsqu'il ose affirmer cela. Ca, comme il dit, c'est l'homme que j'ai choisi. Même si je n'ose encore totalement l'assumer, prenant le risque quotidien de le blesser, il est celui que je voulais, avant même que je ne le sache, il est le seul à pouvoir rivaliser face à mon destin tout tracé. Il est ma personne imparfaitement parfaite. Il n'est pas un simple ça, il est bien plus, qu'il n'en doute pas. Mais malgré mes pensées, qui lui appartiennent entièrement depuis que ce soir d'été, en sa faveur, j'ai penché, sans aucun regret. Je me permets de lui servir un rire éthéré, synonyme d'un « S'il le faut vraiment. » Détourné. Je veux bien faire avec ça, encore longtemps. Parce qu'il n'est plus question de compter les jours et les mois,   c'est plus qu'une histoire de cul, plus que du bon temps, il a tout du prince charmant. Même si de notre danse c'est moi qui en contrôle l'instant.

J'ai appris à le faire, il y a quelques journées déjà, dans le sous sol de ma baraque de fille friquée, salle de danse attitrée, dans un endroit qu'il a toujours un peu détesté, même si je l'avais choisi afin de nous retrouver. Avant que notre relation ne prenne cette étrange direction, toute nouvelle dimension. Alors en allant un coup sur la gauche, un coup sur la droite, mes doigts ancrés dans les siens, mon visage s'abreuve de sa peau qui se dessine sous le textile, j'accueille la réponse à mes inquiétudes que je pense tout de même justifiées. "  J'espère que tu ne t'es pas faite de fausses idées, " Sa bouche s'en devient obsédante, autant que notre proximité. Les lois de l'attraction que nous défions, sans arrêt. J'en baisse le regard, pour ma bêtise, sûrement. Parce que des idées, évidemment que je m'en suis fait. Me heurtant à ma jalousie, pour changer, à ma possessivité, impossible à maîtriser. Il m'a pourtant dit, juré, que c'était juste une amie, une fille qu'il apprécie, que c'était comme un service de l'accompagner. Cependant … C'est un bal de fin d'année, j'imagine que c'est normal, d'en être effrayée. J'hésite à lui avouer, parce qu'à présent qu'il danse avec moi, je comprends à quel point j'ai été stupide de ne serait-ce que penser à ça. Et relevant enfin mes paupières vers les siennes, j'assume ma folie passagère. « Un peu, mais raisonnablement, je te promets. » Parce qu'il le sait, être raisonnable est ma plus grande qualité.

Ses doigts deviennent tendrement intrusifs, lorsqu'ils quittent les miens, que mes prunelles interrogent les siennes, j'accueille sa caresse, en un soupir lourd de voir le temps s'arrêter, éterniser cette chanson qui interpelle mes tympans, au moins autant que de son geste son côté gratifiant, électrisant … aimant. Ma paume est déposée, tout à côté de la première, dans a nuque, à laquelle sans sourciller, je me pends. " J'aurais du apprendre avant de te le proposer, " Mais c'est pour cela pourtant que tu m'as toujours plu. Que tu as réussi à t'emparer de mon cœur, à l'usure. Que de notre histoire tu en bats, dans le fond, la moindre des mesures. J'aime à penser que tu es à l'inverse de tous les hommes que dans mon univers je peux côtoyer, adore me confondre dans la réalisation que je ne ressentirai jamais la même chose aux bras d'un friqué, d'un brave con. « Arrêtes ... » Je lui murmure, attaquée encore par ma fébrilité, aussi stupide que toutes les choses que sur lui il se permet de penser. Arrêtes de te dénigrer, de te faire passer pour celui qui ne sait pas, alors que j'ai l'impression que tu contrôles chaque infimes parties de moi. Tu ne réalises même pas, à quel point ça me change d'être avec toi. En bien, cela va de soi. Tu m'as dit être devenu meilleur grâce à moi, ce soir, je n'ai jamais autant pensé l'inverse de ça, c'est en sa faveur que mes idéaux ont grandit en honneur. C'est en son cou, que je m'épanche pour de bon, m'octroyant un geste affectueux, qui peut-être n'atteindra pas le monde et les yeux. Déposant sur son derme parfumé mes lèvres en un faible baiser. Bravant tous les interdits, en y jouant peut-être même ma vie. « J'veux pas d'un danseur. » Juste l'homme qui a su s'imposer en mon intérieur. Dans les tumultes de mon cœur, vainqueur. Trois minutes d'affection à l'encontre totale de mes habitudes insensibles à la con.

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Et alors que je me confonds en un semblant d'excuses pour mes futures maladresses qui dans son monde ne sont caractérisées que par des mots tels que " catastrophiques " et " désastreuses" , elle souffle prédisposée à la tendresse pour ces trois minutes d'accalmie publique un « Arrêtes...» laissé en suspend. Ce n'est pas parce qu'elle a craint un instant d'être entendue, épiée, mais uniquement parce que le moment lui a intimé un peu de félicité. Elle dépose sa joue dans l'alcôve qu'ébauchent les muscles de mon épaule jusqu'à la base de mon cou pour venir s'y lover et redessiner sur mes traits mes pommettes saillantes à demi-fardées par ses propres soins tantôt lorsqu'elle y dépose une marque de tendresse risquée. « J'veux pas d'un danseur. » Tant mieux alors, parce que je ne suis pas prédisposé à le lui donner pour l'heure.  A court terme, je ne suis qu'un cavalier peu hardi dans les pas et mouvements qu'il entreprend. Mais sur le long terme, je peux lui promettre quelque chose de plus séduisant. Je gage d'ailleurs à me risquer à des heures d'apprentissage si cela me permet de lui plaire d'avantage. J'en déforme volontairement sa dernière phrase pour mon propre divertissement, histoire d'alléger un peu ma gène en y attachant une note de possessivité qu'elle appréciera certainement. " Ça m'arrange. J'ai déjà bien du mal à te partager avec Oliver. Alors avec un danseur... " Geste affectueux en réponse au sien, ma joue vient s'apposer sur ses traits fins juste après avoir tenté de sonder d'une vue plongeante - pas désagréable - ses désirs, desseins et ce sourire qui vient de se prononcer sur ses lèvres tatouées d'un rouge carmin.

Nous sommes à mi parcours de créneau autorisé, du temps accordé, de cette cuisante mélopée lorsque me prend l'envie de violer les limites que nous nous étions, pour son image, imposées. Derme contre derme n'est plus qu'un tendre souvenir lorsque de mes doigts son visage je souligne, appose un effleurement sur sa bouche tout en reniant pourtant jusqu'au dernier moment mon désir d'en gouter la saveur sauvage. Il serait si regrettable de faire voler en éclat pour un geste maladroit tout ce que nous nous sommes évertués à protéger, notre intimité. Et pourtant...  J'en soupire fugacement, indisposé par la gêne que m'occasionnent leurs présences. Agacé, mes yeux les fusillent tour à tour, ces petits couples pour la majorité en train de s'embrasser, s'enlacer, réaliser ce qui nous est condamné. Il est vrai que les mondanités pour elle ne sont plus vraiment d'actualité suite au choix, au chemin qu'elle a décidé d'emprunter à mes cotés. Alors la faible distance qui me sépare d'elle est traversée pour y déposer la brulure de mes élans, au souvenir de baisers qui furent tout aussi ardents que la passion qui me ronge en cet instant. Et ma main s'égare, chute de ses reins pour toucher terre sur les rondeurs parfaites que ma poigne étreint, allant jusqu'à froisser sa robe comme esquissée sur elle au fusain.

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ft. ANNALYNNE & CLAY

Pas d'un danseur … J'apprécie sa maladresse qui répond à mon manque d'assurance, que pourtant je traîne généralement en permanence. Cependant l'affection publique n'est pas mon fort, encore plus lorsqu'elle est prohibée, et que les règles sont petit à petit démontées. Par nos gestes, par nos mots. Je ne sais si quelqu'un regarde réellement ce couple d'amants maudits, venus au bal juste pour faire plaisir à des amis. S'octroyant un instant privilégié, de ceux qui restent, je veux bien le croire, mièvre, gravés pour de nombreuses années. Si un jour nous sommes séparés, je n'aurai qu'à fermer les yeux pour revivre cela. Je ferai confiance à ma mémoire, nostalgique de la magie malgré nos déboires. " Ça m'arrange. J'ai déjà bien du mal à te partager avec Oliver. Alors avec un danseur... " Toujours contre lui, j'en soupire un sourire. Sachant que c'est quelque peu n'importe quoi, parce qu'Oliver comme il a prit la peine de nous le rappeler il y a à peine un instant aime les hommes et non les femmes comme moi, mais ça me fait plaisir, il le sait, c'est bien pour cela qu'il l'a prononcé. Clay a eu bien des moments pour constater ma jalousie maladive, ma possessivité, au contraire de ce qu'il veut bien me montrer, brute au cœur tendre qui a bien voulu se risquer à m'aimer.

Dans notre instant de tendresse, nos gestes s'en deviennent plus envieux, même mes doigts semblent le demander puisqu'ils caressent sa nuque dans une douceur que je ne contrôle pas. Pendue à son cou, mon souffle mesuré, sur un rythme que ne suivent plus vraiment nos pieds. Ses propres phalanges viennent me chercher, relève mon visage vers le sien, fiévreuse, je ne décroche pas mon regard de sa bouche, alors qu'il souligne la sienne de ses ongles qui la dessine à nouveau. Quand il soupire, je le fais aussi, lorsqu'il observe les gens, je me prends à son propre jeu, les maudissant. L'instant est latent, malgré les secondes de ces accords qui ne veulent ralentir.

Pourtant, je jure que ces mouvements viennent à l'encontre de mes songes silencieux, parce qu'il alanguit le tempo en inclinant son visage, et gronde en moi de mes désirs toute leur rage. Le charnel de ses lèvres s'appose ses la rougeur des miennes. Il envoie valser les interdits, il prend le contrôle, me meurtrit. Vivante. Mes mains se raccrochent un peu plus, félines quand mes ongles s'amourachent de son cou, ses épaules, mon corps s'accole, épousant le sien, quand sa paume s'aventure et glisse, se perde dans mes reins, s'accroche … M'arrache un soupir entrecoupé par notre baiser, criblé par la force de nos élans, les ressentant dans les moindres parties de moi, dans mon cœur, mon estomac, ma féminité au plus bas. Et c'est transcendée que je fais perdurer la nouvelle couleur de lubricité donné à notre aparté. L'adorant, plus que de raison. Ma langue s'acoquinant à la sienne, qu'elle reconnaît comme sa jumelle, son âme sœur, éternelle, une main dans sa nuque, l'autre effleurant en une griffure son cou, s'agrippant au col de sa chemise, sa veste, hanche … Et bien que je désire au plus haut point continuer, nous laisser le loisir de démontrer notre union, faire exploser au grand jour notre relation, ma lucidité me reprend, m'aide à m'arrêter bien que ce soit avec difficulté, stopper ce supplice délicieux, la force avec laquelle il arrive à me faire flancher. Je ne saurai dire combien de temps il nous reste, ni même si se sont mes sentiments, leur vivacité, leur réalité, mais je suis à l'envers, totalement bousillée. « Tu m'as changée ... » parce que jamais avant lui je n'aurai osé. J'en tremble, il est vrai.

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ft. ANNALYNNE & CLAY

Répondant à mon appel, la belle grisée par le vice se fait complice et malgré le risque partage le même appétit. Nos langues fusionnent en souvenirs charnels, au détriment de ce masque sous lequel il nous plaisait de voguer en toute impunité depuis des mois. Mais je n'en ai plus vraiment conscience, pris dans l'instant par cette envie dévorante. Un seul regard indiscret suffirait à nous trahir et à la faire déchoir de ce statut qu'elle convoite toujours jalousement. Comme revenu dix ans en arrière, je me laisse aller à des égarements quelque peu injustifiés aux yeux d'autrui mais qui le sont suffisamment aux miens, tout comme ce qu'elle semble vouloir me démontrer d'une affection accablante qui dévaste mon cou. De ma langue sur la sienne, je tatoue quelques mots de cette silencieuse vérité, y perd à chaque seconde un peu plus de ma liberté et y dessine le noir de mes pensées. Ses doigts chutent progressivement en contrebas, lacèrent de leurs ongles tout ce qui trouve à leur portée pour finalement me délaisser sur les dernières notes de cette chanson nous ayant portés. Ses lippes, à l'instar de ses phalanges, suivent le même mouvement tandis que je cherche encore quelques instants leur contact pour y imprégner l'image de sa présence. « Tu m'as changée ...» C'est vrai, mais je ne saurais dire en quoi je l'ai transformée, certainement plus femme qu'adolescente pourrie gâtée, plus radieuse qu'elle ne l'a jamais été. Et j'en gage que malgré ses humeurs assassines dans les prochains mois faute du poids qu'elle prendra, je serais toujours aussi enclin à les recevoir si c'est le prix à payer pour qu'elle reste à mes cotés.  " Tout comme tu l'as fait. " Parce qu'il y a encore un an, celui qui venait me chercher pour une broutille se retrouvait vautré sur une table quitte à foutre en l'air l'ambiance d'une soirée. Je me suis à son contact quelque peu assagit et ne sais si c'est un défaut ou une qualité, mais quelque chose a bel et bien changé. Retrouver une fille différente chaque nuit dans mon lit ne me vient même plus à l'esprit puisqu'Annalynne sait subvenir pleinement à mes besoins.

Certains couples déjà quittent la piste centrale et il serait bon de leur emboiter le pas si nous ne voulons d'avantage attirer l'attention. Mais lorsque mon regard s'égare vers la table d'où nous venions, il n'y a plus personne hormis quelques visages méconnus. Oliver a du s'éclipser avec ce connard qui ne grogne plus qu'il ne mord, tout juste bon à se cacher derrière lui. Il n'est toujours pas au courant pour Jay et Anna, pas réellement on va dire, et je doute que le lui révéler maintenant soit au bénéfice de notre amitié bien que l'envie m'en démange fortement. Alors délaissant du regard la table pour en revenir aux deux brillants d'Annalynne, mes mains viennent chercher les siennes pour que nous puissions, comme tous ceux présents, reprendre place à nos chaises respectives. " Quelques heures encore ", à tenir et enfin nous pourrons terminer ce que nous avons entamé.

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ft. ANNALYNNE & CLAY

Un millième de seconde, ma vue se brouille, j'en accuse plus mes sentiments que mes faibles tremblements. Eux aussi provoqués, d'ailleurs, j'en suis certaine par ce tendre moment. Changée, par le moindre de ses élans, par tous ces précédents tourments. Une bataille sans fin, pour nous permettre d'emprunter cette curieuse route partagée, sur le sentier de la paternité. Alors que je vacille et que les accords se font plus faibles à mes oreilles, j'en profite encore pour m'appuyer toute contre lui. Espace temporel réduit durant lequel je peux encore tenter de profiter de lui. " Tout comme tu l'as fait. " C'est un sourire qui se complaît dans la douceur qui vient souligner les traits de mon visage, alors que mes doigts exercent une pression sur lui. Non pas pour l'approuver, parce qu'il était déjà parfait à sa manière dès le premier regard. A jouer les piliers de bar. A vouloir éponger mon parquet tout entier. Parfait.

Je ne remarque pas de suite que la musique vient de s'achever, qu'elle signe avec elle, la finalité de notre aparté. Déjà nostalgique alors que je ne l'ai pas encore quitté. Laissé aux bras d'une autre que moi. Ca me donne la nausée, pas de peur, juste écœurée. De ne pas pouvoir afficher réellement la personne qui partage ma vie. De ne pas avoir le cran, de dire à mon père, que c'est lui que j'ai choisi. Plutôt qu'un homme qui conviendrait à leurs idées, plutôt qu'un Alan, fils de PDG. Moi, c'est lui que je veux, mon flic, avec ses bons côtés comme les vicieux. " Quelques heures encore " Je sais. Encore quelques heures avant de pouvoir retrouver notre propre réalité. J'en ai le cœur qui vacille, ou peut-être que ce sont mes pieds.

Mes mains se déplacent, délaissent son cou, quand la droite va s'accrocher à son bras. Étourdie, la jumelle de celle que j'ai agrippé à sa manche, va à l'encontre de mon front, le masse de la façon la moins inquiétante possible. Effervescence de la danse passée, j'accuse un poids sur mes épaules, incalculé. « Je .. » Fronce les sourcils, réprime une envie de vomir, relâche mon front pour aller déployer mes phalanges sur mon bas ventre, tiraillée. « J'suis » venue avec Oliver, je n'ai pas de chauffeur. Ma fébrilité me prend le corps, quand mon regard cherche sur la table la pochette où se trouve mon téléphone, que j'ai délaissée. « T'appellerais un taxi pour moi ? » Je n'avance plus, je reste là, je soupire, j'expire. Ne pas lui montrer que je flanche un peu trop, ne voulant pas de sa pitié, de son inquiétude injustifiée. « Je t'attendrai chez toi. » Parce que je m'y suis toujours plus sentie chez moi que dans mon propre appartement. Même si j'aime ma liberté, évidemment, ce soir, je veux juste me reposer dans ses draps. Et vomir une bonne dizaine de fois.