Ouais, j'étais carrément en train de céder à la panique. Fallait me comprendre aussi c'était nouveau et certainement pas facile. Déjà, j'voulais pas m'attacher au gens mais si en plus j'commençais à me poser des questions sur ma sexualité, ça n'allait rien arranger du tout. Bien au contraire. Alors ouais, j'avais un peu de mal à parler, j'avais la respiration qui accélérait un peu trop, peut être bien que j'étais en train de perdre pieds ou quelque chose comme ça. Quoi qu'il en soit, j'étais paumée. C'était le cas de le dire. Plus dix ouais. que je marmonnais certaine qu'il m'avait tout de même entendu. Mais il savait bien que ce n'était que pour l'embêter. Puis à côté de moi, il était vieux avec ses presque dix ans de plus, fallait pas déconner hein. Mais il deviendrait un vieux crouton que.. Ouais non, c'était pas le moment de penser à mon avenir limité. Puis j'sentais ses mains qui enserrait mon visage et je plongeais mes yeux dans les siens souriant faiblement. Tu crois que c'est contre nature, comme dit Sam ? Peut être que c'était pour ça que j'avais autant la trouille en fait. Parce que Sam c'était mon amour et que j'voulais pas qu'elle me juge comme ça. Comme un monstre. Je.. C'est une copine et elle m'a embrassé. Juste comme ça, c'était juste comme ça mais j'sais pas. J'ai bien aimé, je l'aime bien elle aussi et.. J'en sais rien..

Je lève les yeux au ciel en entendant sa petite réflexion sur mon âge. C'est quand même pas très gentil, car certes je suis plus vieux qu'elle, mais je suis super bien conservé. Le sport, ça aide vachement, c'est moi qui vous le dit. En y repensant, ça me fait vraiment bizarre d'attaquer l'année 2016, car elle marque aussi l'année de mes trente ans. Gosh, déjà la trentaine, ça passe trop vite. Il faudrait d'ailleurs que je songe à me poser, et puis fonder une famille aussi, pourquoi pas. J'ai bien envie de ça en ce moment c'est vrai. Assez parlé de moi, il fallait que je réussisse à aider Jordan afin qu'elle puisse mettre de l'ordre dans ses sentiments. Ce n'est jamais chose facile. Toujours assez proche de la jeune femme, je fais les gros yeux quand elle me demande si son attirance pour une fille est contre nature. « Qui t'a mit ces idées dans la tête ? » demandais-je alors, assez choqué tout de même. Elle n'a pas pu inventer ça toute seule. Je déteste les homophobes, très peu pour moi disons. Bref, Jordan me raconte alors qu'elle a embrassé une de ses copines, rien de très choquant jusque là, mais peut-être assez pour la perturber. Je n'ai jamais été attiré par un homme, mais j'imagine que ce doit être déconcertant quand on s'en rend compte. « Et il s'est rien passé après ? Vous en avez reparlé ? » Je sais que Jordan est encore un petit bébé au fond, et à ma connaissance, elle n'a pas eu de relation avec qui que ce soit. « Si tu as envie de l'embrasser la prochaine fois que tu la revois, te prends pas la tête, fonce. T'es jeune Jordan, profite en. »

Voilà, j'en savais juste rien en fait. Et peut être que je me faisais juste du souci pour rien ou un truc comme ça. Autant, ça m'avait juste pas dérangé mais j'étais toujours attirée par les mecs puissance mille. Ouais, peut être quoi. Fallait que j'arrête de me prendre la tête toujours avec tout et rien. Les gens allaient finir par croire que j'étais complètement parano si j'continuais comme ça en fait et c'était pas du tout le but. Disons juste que quand je me posais un peu trop de question, j'avais tendance à paniquer même si la plupart du temps c'était pas grand chose. Puis le fait que je sois en froid avec la personne que j'aimais le plus au monde, ça aidait pas. C'était sûrement à cause de cette situation que je me prenais beaucoup trop la tête. Sam.. Bien sûr qu'il savait que Sam aka Célestine était ma cousine. C'était une Weasley après tout et il était plutôt proche de notre famille même si elle, elle faisait partie du mauvais côté. Non, j'sais pas quoi en penser alors avoir une conversation maintenant c'est pas la meilleure idée au monde. Pas du tout même. Faudrait sûrement que je m'éclaircisse l'esprit avant de tenter de discuter de quoi que ce soit en fait. J'veux pas être avec quelqu'un, jamais. Tu l'sais toi Kol, que je suis une bombe à retardement et que je veux pas briser quelqu'un en formant un couple alors que ça pourrait pas durer. J'étais en CDD avec la vie, ça posait problème pour les relations. J'devrais probablement faire comme s'il y avait rien eu. C'est mieux.

J'étais très déçu d'entendre que la cousine de Jordan lui avait mis de telles idées dans la tête. Jordan, c'est un bébé dans le fond, et elle est assez naïve. Je la connais par coeur depuis le temps. Je n'ai pas envie qu'on lui dise ce qu'elle doit faire ou pas, et surtout qu'on lui dise n'importe quoi. J'ai déjà dû apercevoir Célestine à des repas chez les Weasley, mais je ne m'en souviens pas, ça doit faire un petit moment. « En tout cas, c'est des conneries. » Oui, je ne cache pas mon énervement car c'est vraiment quelque chose qui m'agace. Je n'ai pas envie que Jordan se sente mal à l'aise, et surtout avec des personnes de sa famille. J'essaie de l'aider et de la conseiller du mieux que je peux, et j'espère que mon avis compte assez pour elle. Au moins, je n'aurai rien à me reprocher. « Si tu ne te sens pas prête, ne te presse surtout pas. Et te prends pas la tête hein. » dis-je à la jeune femme, attrapant sa main pour la serrer dans la mienne. Ses paroles me brisent le coeur, je la sens effrayée. Je sais qu'elle est malade, et je sais qu'elle ne veut blesser personne s'il lui arrivait quelque chose. Je n'ai pas envie de la perdre, mais je suis obligé de me résoudre à accepter cela. « T'es la première à savoir que la vie est courte, mais ne te prive pas si tu as envie de faire quelque chose d'accord ? » dis-je d'une voix douce, comme pour la rassurer. Même s'il lui reste peu de temps, j'aimerais qu'elle en profite. Je pense que c'est ce que je ferais à sa place. « T'es sûre que c'est ce que tu veux ? »

Ouais, juste reprendre le cours de ma pathétique vie et prétendre que jamais ô grand jamais je n'avais embrassé une fille. Peut être qu'avec le temps, Sam finirait par me pardonner cet écart et tout recommencerais comme avant. De toute manière, à quoi ça pouvait bien servir que je me pose toutes ces questions ? Dans tout les cas, j'étais un produit au bord de la péremption, ça n'allait rien changer. J'allais pas vivre de grande histoire d'amour digne d'un conte de fée, c'était comme ça. Autant ne pas m'attarder et faire des vagues pour pas grand chose au final. Il n'y avait pas d'utilité. Ce qu'elle pense ? C'était ça les conneries ? Parce que moi, j'en savais rien. Peut être qu'elle avait raison, que j'étais contre nature et.. Ouais, rien que penser à ça, ça me donnait envie de pleurer, vraiment. J'étais en train de me rendre malade de cette situation. J'ai juste l'impression que tout est beaucoup trop compliqué. Et peut être que c'était le cas. Y avait rien de vraiment facile dans la vie, je l'avais découvert à mes dépends mais ça me fatiguais d'être dans des situations comme celle ci. J'dois me priver, c'pour le bien des autres. Pourquoi personne ne semblait comprendre que je faisais ça pour le bien de tout le monde ? J'avais pas la prétention de dire que j'allais briser des tas de vie quand j'arriverais à la fin mais.. J'allais faire du mal à certaine personne et si je pouvais limiter les dommages, ce serait le mieux. Y a bien longtemps que j'ai appris que je ne pouvais pas faire ce que je veux. Et je ne le pourrais probablement jamais.

Je hoche la tête positivement, car oui, ce sont vraiment des conneries. Je ne suis pas gay, je n'en connais d'ailleurs pas beaucoup, mais ce n'est pas une raison pour les considérer comme des animaux ou je ne sais trop quoi. Je n'ai rien contre les homosexuels, ils font bien ce qu'ils veulent en fait. « Tout à fait. » Même si je sais à quel point Jordan est proche de sa cousine, j'espère qu'elle écoutera la voix de la sagesse, c'est-à-dire, moi. Je suis quand même plus vieux qu'elles deux, et j'ai un peu plus de vécu, donc je décrète que je suis un sage. C'est tout. En tout cas, je remarque bien que Jordy est complètement paniquée avec tout ça. A force de se priver de tout dans sa vie, elle n'a pas l'habitude d'être confrontée à ce genre de choses, en l'occurrence les sentiments qu'elle peut éprouver envers quelqu'un. « Dis pas ça, tu sais que j'aime pas. » Je fronce les sourcils, car en effet, je suis en désaccord avec elle là dessus. Même si elle est malade, et même si ses jours sont comptés, j'aimerais qu'elle profite. De toute façon, tout le monde sera triste quand Jordan viendra à perdre la vie, mais il faut qu'elle fasse tout ce qui lui passe par la tête sans se soucier de qui que ce soit. Son état d'esprit est très noble cependant. J'aimerais lui remonter le moral, lui dire que je comprends, mais ce n'est pas le cas. Je peux juste la soutenir dans ses choix. Du coup, je préfère ne rien répondre à ses dernières paroles pour changer de sujet. Un peu d'humour et de curiosité ça ne fait pas de mal. « En tout cas, je veux bien voir à quoi elle ressemble cette fille. » Je lui adresse un petit clin d'oeil, histoire de la mettre à l'aise. Pas de gêne avec moi non mais.

C'était comme ça, y avait pas besoin de chercher plus loin. Tout le monde n'était pas logé à la même enseigne et moi, je ne l'étais définitivement pas. J'pouvais rien faire contre ça. J'étais pas née avec une bonne fée au dessus de mon berceau pour me protéger de tout et de rien. Non. J'étais née et d'un coup, ça avait été la désillusion. Parce que j'étais pas comme tout le monde et que malheureusement, ce n'était pas gratifiant. J'avais passé les trois quarts de ma vie dans les hôpitaux à tenter de faire en sorte que les choses aillent mieux et ça n'était jamais arrivé. Alors j'avais fini par perdre espoir et j'attendais juste. En fait, j'étais pas sincère avec les gens quand je disais que j'avais appris à vivre avec. Non, je le portais juste comme un fardeau et j'attendais que ça s'termine sans rien attendre de plus de la vie. C'était triste en fait mais c'était comme ça. T'aimes pas mais c'est la réalité. Avec Kol, j'avais pas besoin de mâcher mes mots. J'pouvais dire les choses comme elles étaient parce qu'il était là depuis tellement longtemps qu'il avait vu toutes les phases par lesquelles j'étais passé. Il avait vu les colères, la peine, quand je m'étais laissé entraîner vers le bas. Il savait tout. Vraiment ? Je me tortillais légèrement mal à l'aise avant de finalement sortir mon portable. Après tout, pourquoi pas ? Puisqu'avoir un smartphone c'était la vie (enfin surtout les Iphone) j'accédais directement à l'application facebook cherchant le profil souhaité avant de cliquer sur la photo de profil. C'est elle que je disais en lui tendant l'écran. Et mon dieu ce qu'elle était belle.

Je connais le père de Jordan depuis plus de dix ans maintenant, ce qui fait que j'ai presque vu grandir sa fille. Elle a beaucoup évolué d'ailleurs, mais elle reste une enfant à mes yeux. Une enfant effrayée du monde qui l'entoure. J'aimerais la rassurer et lui dire que tout va pour le mieux, mais ce serait faux, et je déteste mentir. Jordan le sait, et elle se bouffe trop la vie à essayer de faire des concessions qu'elle ne devrait pas faire. Si tel est son choix, je ne peux pas l'en dissuader, mais j'essaie tout de même de la faire changer d'avis sur certaines choses. Je sais. Je lâche un léger soupir, me disant que la vie est trop injuste envers certaines personnes -et souvent envers les meilleures. Jordan est malade, ses jours sont comptés, et j'ai peur de la suite. Je suis complètement effrayé d'ailleurs, et je n'imagine même pas ce qu'elle peut ressentir. Du coup, je préfère éviter de parler de choses qui fâchent, et demande a ma petite protégée de me montrer cette fameuse fille qu'elle a embrassé. Bah ouais, je suis un curieux moi. Je la sens assez gênée mais rapidement, elle sort son téléphone de sa poche pour me chercher une photo sur Facebook. J'attrape son iPhone et je parcours rapidement les photos de cette jeune femme -absolument ravissante au passage. C'est une petite brune, pas bien plus vieille que Jordan je pense, avec de magnifiques yeux noisette dessinés en amande. Je porte à nouveau mon regard vers Jordy en esquissant un petit sourire. Elle est canon. Là, je ne peux clairement pas dire le contraire. C'est qu'elle a de bons goûts en plus, si ça se trouve je vais vouloir lui piquer. Je trouve que vous allez bien ensemble. Franchement en plus. Surtout que Jordan est une magnifique femme elle aussi, qu'on se le dise.

C'était limite pas humain autant de perfection chez la même personne, clairement. Mais c'était le cas, elle était belle, tellement belle que parfois j'en revenais pas. Sauf que forcément, je lui arrivais pas à la cheville. Après tout, je n'étais qu'un baiser échangé par pure gentillesse. C'était pas non plus comme si j'avais pris une place spéciale dans sa vie, bien au contraire. Peut être même qu'elle n'en avait strictement rien à faire et que j'étais en train de me torturer l'esprit pour rien. Ouais, c'était fort probable ça. Mais je souriais aux paroles de Kol avant de tendre la main pour récupérer mon téléphone. Dis pas n'importe quoi. Puis "aller ensemble" c'était un bien grand mot. Déjà, on était complètement différente. Que ça soit physiquement ou bien même mentalement. Et puis, je m'étais toujours demandé ce que les gens entendaient par "aller bien ensemble". C'était quoi les critères en fait ? Pourquoi on est ce qu'on déterminait qu'untel et untel étaient beaux à deux mais pas le couple d'à côté ? Ouais, je comprenais mais c'était totalement un autre débat. De toute façon, elle mérite beaucoup mieux que moi; Deal with that. Mais c'était la stricte réalité de toute façon. J'pouvais pas dire le contraire. Elle méritait mieux qu'une pauvre fille malade qui pouvait lâcher prise du jour au lendemain. Alors non, tout ça ça servait à rien et j'devais juste m'en tenir à mes propres exigences. Autrement dit, n'aimer personne et ne laisser personne m'aimer.

Me levant du canapé, je hausse les épaules en levant les mains, comme pour me dédommager. Si je dis qu'elles vont bien ensemble, c'est que c'est le cas, je n'y peux rien. Ce sont deux magnifiques jeunes femmes, on ne peut pas enlever cela. Je dis toujours la vérité. Bah quand même, elle le sait depuis le temps non ? Du coup, je pars direction le frigo pour me reprendre un verre de jus d'orange. Je suis en manque de vitamine C en ce moment, le boulot me tue, et j'ai hâte que le SB arrive. Alors que je reviens m'installer auprès de Jordan, je fronce les sourcils à ses paroles. Là, non, je ne suis pas d'accord. Là, c'est toi qui dit n'importe quoi. Je bois une longue gorgée de jus de fruit et je posais le verre sur ma table basse. A nouveau, je rive mon regard dans celui de la jeune femme, essayant de comme d'habitude trouver mes mots au mieux. Profite de la vie Jordan, vraiment. Pense à toi avant de penser aux autres pour une fois. Il est certain que personne ne pouvait la traiter d'égoïste. Je n'ai jamais vu Jordan s'intéresser à sa propre personne, jamais.