J'ai mal au ventre, j'vais mourir. Ma mère nous a fait un Chili putain d'épicé à la maison, sauf que demain j'ai un truc à faire sur le campus du coup j'ai décidé de passer la nuit à la Lowell House, dans ma chambre d'étudiante. Posée dans un canapé du salon de notre douce et belle maison d'artistes, je bouquinais un livre d'informatique, constatant qu'il y avait très peu de personnes dans la pièce. C'est calme, c'est pas plus mal. Quand touut à couuup, un mal de ventre me prend, et un gaz m'échappe. Pas de bruit, mais une légère odeur. Pet ninja quoi. Je lève le yeux en grimaçant, et remarque le regard d'une blonde à côté.  « Tu sens pas un truc bizarre ? » Règle numéro un d'une demoiselle distinguée : Ne pas assumer un pet. Jamais. Never.  « Y a des égouts pas loin de la maison? » Et je ris. En évitant de faire passer ça pour un rire nerveux.

J'étais un peu trop souvent fatiguée ces derniers temps. Du genre, vraiment fatiguée. J'me traînais plus qu'autre chose et au fond, ça m'affolait. C'était pas normal de se sentir comme ça, à moins que je ne panique pour rien mais en attendant, j'étais vraiment pas rassurée. Alors ce soir encore, je restais à la Lowell House dans l'espoir que toute cette dose de repos finirait par me faire sentir mieux. J'venais m'installer dans le salon de la Lowell sortant de mon sac mon calepin à dessin et commençant à griffonner dessus comme à mon habitude. Et puis d'un coup.. D'un coup y avait cette odeur et j'relevais la tête remarquant la brune non loin de moi. « Tu sens pas un truc bizarre ? » Si si. En fait, ça puait. Genre carrément. Un peu comme quand mon frère s'lâchait à la maison. C'est.. Horrible. J'grimaçais alors qu'elle reprenait la parole. « Y a des égouts pas loin de la maison? » J'haussais les épaules pas vraiment certaine que les égouts soient vraiment responsable dans cette histoire. Ou peut être que y a quelqu'un qui a été incapable d'se retenir. T'sais, ça sent comme les bombes puantes que les idiots balancent dans les salles de classe.

Putain mais pourquoi ça me tombe pas dessus une fois dans la chambre, hein ? Je maudis ma mère. Mais merde, son chili con carne est trop bon. Alors j'la pardonne. Mais en attendant, faut que je me sorte de ce pétrin. C'est.. Horrible. Omgg. J'essayais de me défendre comme je le pouvais, parlant d'égouts. Ben quoi, on sort ce qu'on peut. Ou peut être que y a quelqu'un qui a été incapable d'se retenir. T'sais, ça sent comme les bombes puantes que les idiots balancent dans les salles de classe. Je bloquais ma respiration, fronçant le nez en riant.  « J'ai pas forcément envie de sentir en fait. » Ca me décrédibilise ça, hein, hein? Je m’aérais avec mon bouquin, respirant malencontreusement. Oh merde!  « Oh putain ouais, qui c'est le coupable? » Demandais-je à voix haute, m'attirant quelques regards.

Donc en fait, la personne qui venait de se lâcher en toute discrétion était carrément moisi de l'intérieur. C'était encore pire que quand ma mère foutait des oeufs durs dans le frigo et que l'odeur montait au nez à peine on ouvrait la porte. Ouais, sincèrement c'était atroce.  « J'ai pas forcément envie de sentir en fait. » A vrai dire, personne n'avait vraiment envie de sentir un truc pareil. J'étais juste la seule conne qui ne pensait pas à me boucher le nez pour éviter cette remontée qui me piquait presque les yeux. Bon, peut être que j'exagérais un peu. C'était pas si atroce que ça non plus, disons juste que y avait de quoi tuer une mouche en plein vol. « Oh putain ouais, qui c'est le coupable? » Ah bah voilà, elle avait finit par sentir quoi. Et j'pouvais pas m'empêcher de rire comme une conne. Même moi quand je pète ça sent pas si mauvais et pourtant, j'sens pas la rose. Ouais, fallait arrêter les clichés genre quand une fille s'lâche, ça sent la fleur. C'était grave faux, limite on puait plus que les mecs par moment. Pour trouver le coupable, faudrait aller renifler un peu tout le monde. J'te cède ma place hein ? Non mais aller sentir les gens, c'était pas mon truc et j'allais sûrement passer pour la nana la plus weirdo au monde. No way.  

Et vas y qu'elle rigole à se foutre du fait que j'aie aussi senti l'horreur. Bon, horreur, franchement, y a pire. Après j'suis peut-être pas objective, étant donné la situation. Je remontais le col de mon pull contre mon nez. Même moi quand je pète ça sent pas si mauvais et pourtant, j'sens pas la rose. J'éclatais de rire à mon tour, devant le naturel de cette nana qui aborde ses propres pets sans honte. J'l'aime bien. Moi j'suis largement plus timide. Pour trouver le coupable, faudrait aller renifler un peu tout le monde. J'te cède ma place hein ? Je secouais la tête en riant, gardant mon pull bien collé contre mon nez.  « Avec un peu de chance, ça va vite partir, j'ai pas forcément envie d'aller renifler les gens. » Tadah, j'ai réussi à m'en sortir indemne.  « Au fait, j'm'appelle Maddy. » Originale, la rencontre, hein?

Est ce que c'était maintenant que je lui disais que généralement, les gens qui criaient aux pets en premier étaient les coupables ? Mh, non. Parce que du coup, ça voudrait dire que je l'accuserai de s'être lâchée en public et probablement que ça la mettrai mal à l'aise. Quoi qu'au pire, c'était naturel. Et mon père -ce dieu- ne cessait jamais de me répéter que c'était mieux dehors que dedans. Mh, peut être que j'avais une famille assez étrange pour le coup. Mais péter, c'était pas tabou et ça arrivait à tout le monde. Même les princesses elles devaient probablement asphyxier leurs princes sous la couette. « Avec un peu de chance, ça va vite partir, j'ai pas forcément envie d'aller renifler les gens. » Ouais, puis de toute façon, ce serait carrément bizarre d'agir comme ça. Une petite séance de reniflage et on aurait sûrement la pire réputation de tout les temps.  « Au fait, j'm'appelle Maddy. » J'souriais à nouveau regardant la brune qui tentait de s'étouffer avec son pull avant de me présenter à mon tour. Jordan, fille la moins glamour au monde. Ouais, voilà. Après tout, j'venais de parler de l'odeur de mes pets, ça prouvait bien le truc. On devrait faire un mur avec nos définitions. On a déjà la mienne et on pourrait.. L'faire pour tout le monde. Genre "Maddy, .." J'sais pas mais on va trouver.

Bon, ceci étant, j'pense prendre un medoc pour le ventre dès que je serais remontée dans ma chambre. Mais en attendant, c'te fille m'a bien fait rire, et du coup, maladroitement, je me présentais, le nez toujours planqué dans mon pull. Jordan, fille la moins glamour au monde. Je ris en haussant les épaules. On devrait faire un mur avec nos définitions. On a déjà la mienne et on pourrait.. L'faire pour tout le monde. Genre "Maddy, .." J'sais pas mais on va trouver. Maddy, handicapée mentale ? Maddy serial killeuse de claviers. Maddy a abusé du chili con carne. Mouais, j'vais éviter de mentionner ces options.  « Maddy la meuf la plus maladroite du monde, ça ira. Ou genre Maddy la meuf qui est déjà tombée à moitié à poil sur le président Winthrop dans les vestiaires du complexe sportif. » Je pense que ça restera à jamais ma pire gaffe. Tomber en serviette sur Joachim Lazarus. C'est assez unique, comme rencontre, ptet même mieux que celle avec Jordan.  « T'es à la Lowell depuis longtemps? »

Non mais là c'est parce que je ne la connaissais pas alors forcément, c'était pas le truc le plus facile au monde mais j'savais qu'après quelques heures en sa compagnie, j'pouvais facilement trouver un truc. Ouais ouais. J'étais une reine pour les surnoms -ou pas- mais j'me faisais confiance pour lui trouver une jolie définition à placer sur le mur. Quoi que j'étais pas sûre que la présidente sois d'accord si on s'amusait encore à taguer, fallait dire qu'on arrêtait pas ces derniers temps.  « Maddy la meuf la plus maladroite du monde, ça ira. Ou genre Maddy la meuf qui est déjà tombée à moitié à poil sur le président Winthrop dans les vestiaires du complexe sportif. » J'ouvrais grand les yeux attendant le moment où elle allait se mettre à rire mais.. Non, ça venait pas. Attends, répèèèète ? Tomber à poil sur le président Winthrop ? Ca.. C'était le genre de truc qui pouvait pas arriver ? Comment elle avait fait son compte tiens ? Puis j'pouvais pas m'en empêcher et j'finissais par exploser de rire. Genre littéralement. Elle venait quand même de me buter en me balançant un truc pareil. « T'es à la Lowell depuis longtemps? » Déjà, fallait que je retrouve ma respiration pour réussir à lui répondre et ça demandait quand même un petit effort. Un an et demi à peu près, et toi ? Et oui oui, j'étais encore bizut. Mais la première année à Harvard avait été difficile et j'avais des circonstances atténuantes.  

J'crois que c'est la première fois que je parle de cet événement assez honteux je dois l'avouer, même si au final.. Ben ça m'a permis de faire connaissance avec Joachim. Le gars normal il a décidé qu'on s'habille et qu'on tape la causette. Attends, répèèèète ? L'air ahuri de Jordan me fit éclater de rire, et je hochais la tête. Alors qu'elle explosait de rire de son côté, je répondis :  « T'as tellement bien compris, me demande pas de répéter! Ouais, j'suis tombée sur Joachim Lazarus à poil en sortant de ma douche. Littéralement tombée. Sur le cul. Et il était en serviette aussi. » J'me souviens, j'ai regardé ses abdos comme si c'était une autre personne. Trop de muscles pour moi qui suis prude. Puis, curieuse, j'demandais à la blonde depuis quand elle était ici. Un an et demi à peu près, et toi ? Ah ouais, vachement plus longtemps que moi.  « Deux mois.. J'devrais bientôt finir mon bizutage. Mais j'suis à Harvard depuis trois ans. »  

Disons qu'avec tout mes problèmes médicaux, j'avais eu bien du mal à effectuer correctement mon bizutage. Quitter et recommencer à plusieurs reprise. Mais tout le monde avait été très compréhensif et cette fois, maintenant que j'allais mieux, j'étais bien décidée à devenir une Lowell à part entière même si techniquement, je n'avais plus grand chose à prouver. Quoi qu'il en soit, j'étais déterminée.  « T'as tellement bien compris, me demande pas de répéter! Ouais, j'suis tombée sur Joachim Lazarus à poil en sortant de ma douche. Littéralement tombée. Sur le cul. Et il était en serviette aussi. » Mais omg, comment c'était possible ? J'savais bien que j'étais une catastrophe et que j'arrivais à me mettre dans des situations totalement improbable mais ça, c'était le pompom. Et j'en pouvais plus de rire, tellement que je commençais à avoir du mal à respirer. Calm down Jordan. Je crois que tu viens de me détrôner dans la catégorie gaffe, j'en peux plus. Le fait de manger des portes vitrées dans la tête et de s'ramasser dans chaque escalier, c'était vraiment rien à côté de ça.  « Deux mois.. J'devrais bientôt finir mon bizutage. Mais j'suis à Harvard depuis trois ans. » J'souriais ne sachant pas vraiment quoi ajouter de plus. Autant dire que c'était loin d'être une rencontre banale et qu'après voir parlés pets, c'était compliqué de revenir au base d'une discussion de rencontre. T'étudies quoi ? Question bateau, bonjour.